Mes souvenirs...
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Mes souvenirs...
Bonjour,
J'ai été infirmière durant 30 ans! Concernant les problèmes de ces derniers temps, le burn-out, les difficultés du métier etc., je comprends tout à fait.
Je me rappelle d'un cas lorsque j'étais veilleuse dans les années 1990, seule pour une 15aine de patients: une dame en visite critiquait la situation d'un patient qui était seul dans sa chambre, en fin de vie. Elle ne comprenait pas pourquoi je ne pouvais pas rester avec lui toute la nuit.
Ce qu'il faudrait de nos jours et que ceux qui critiquent les infirmières, leur
travail etc., passent un ou deux jours entiers (et non pas juste une visite) dans un hôpital pour observer et comprendre…
Bref,
J'ai été infirmière durant 30 ans! Concernant les problèmes de ces derniers temps, le burn-out, les difficultés du métier etc., je comprends tout à fait.
Je me rappelle d'un cas lorsque j'étais veilleuse dans les années 1990, seule pour une 15aine de patients: une dame en visite critiquait la situation d'un patient qui était seul dans sa chambre, en fin de vie. Elle ne comprenait pas pourquoi je ne pouvais pas rester avec lui toute la nuit.
Ce qu'il faudrait de nos jours et que ceux qui critiquent les infirmières, leur
travail etc., passent un ou deux jours entiers (et non pas juste une visite) dans un hôpital pour observer et comprendre…
Bref,
Re: Mes souvenirs...
Il m'est arrivé un truc un peu similaire ce week-end... J'étais seule pour 40 résidents (sur 4 niveaux), avec des ASH qui étaient affairées de leur côté, moi je finissais des pansements que j'avais pas eu le temps de faire le matin... Une dame a chuté et a dû être conduite aux urgences. J'ai eu quelques remontrances lorsque je l'ai annoncé à sa fille, qui m'a demandé pourquoi je n'étais pas à côté d'elle (ils sont 40, comment être à côté de chacun?). Et j'aurais eu la même si j'avais été à côté de cette dame et si une autre dame avait chuté 2 niveaux plus haut.
"Défaut de surveillance", plainte, ça peut aller loin....
Comment faire? je prends ces "remontrances" comme quelque chose de très injuste, et on le vit tous les jours (des gens qui s'indignent qu'il n'y ait personne au bureau pour leur répondre, parce qu'on est aux étages pour distribuer les traitements ou qu'on fait un soin, on est seule!).
"Défaut de surveillance", plainte, ça peut aller loin....
Comment faire? je prends ces "remontrances" comme quelque chose de très injuste, et on le vit tous les jours (des gens qui s'indignent qu'il n'y ait personne au bureau pour leur répondre, parce qu'on est aux étages pour distribuer les traitements ou qu'on fait un soin, on est seule!).
Infirmière DE 2016 En EHPAD
Aide-Soignante DE 2004 En EHPAD
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- binoute1
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Re: Mes souvenirs...
la plainte relève du pénal; sur quels critères la plainte serait-elle posée ?Lenalan a écrit :Il m'est arrivé un truc un peu similaire ce week-end... J'étais seule pour 40 résidents (sur 4 niveaux), avec des ASH qui étaient affairées de leur côté, moi je finissais des pansements que j'avais pas eu le temps de faire le matin... Une dame a chuté et a dû être conduite aux urgences. J'ai eu quelques remontrances lorsque je l'ai annoncé à sa fille, qui m'a demandé pourquoi je n'étais pas à côté d'elle (ils sont 40, comment être à côté de chacun?). Et j'aurais eu la même si j'avais été à côté de cette dame et si une autre dame avait chuté 2 niveaux plus haut.
"Défaut de surveillance", plainte, ça peut aller loin....
Comment faire? je prends ces "remontrances" comme quelque chose de très injuste, et on le vit tous les jours (des gens qui s'indignent qu'il n'y ait personne au bureau pour leur répondre, parce qu'on est aux étages pour distribuer les traitements ou qu'on fait un soin, on est seule!).
notre profession est déjà assez compliqué, il ne faut pas entrer dans le jeu de certains employeurs (ou onistes) qui brandissent la peur de la plainte
"Le psychiatre sait tt et ne fait rien, le chirurgien ne sait rien ms fait tt, le dermatologue ne sait rien et ne fait rien, le médecin légiste sait tout, mais un jour trop tard"
- Maximousse1989
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Re: Mes souvenirs...
Personnellement je n'hésite pas à être très cash (tout en restant correct), parce que les gens qui ne respectent rien, se croient à l'hôtel et te mettent des Scuds au moindre faux pas ça va bien 5 minutes.
Tout dépend du ton de la personne en face.
Je me souviens notamment d'une fois en USLD où j'ai du faire face à une famille qui exigeait que l'on soit là tout de suite, dès qu'ils appelaient, allant même jusqu'à entrer dans les autres chambres pour chercher les AS quand il y a vaut une "urgence" (guillemets car nous n'avions pas du tout la même définition de l'urgence).
Bien entendu ces gens étaient en plus extrêmement désagréables et n'écoutaient rien de ce qu'on leur disait...
Un jour ils ont râlé parce que j'ai donné les médicaments de leur mère à 19h15 (mon dieu!) alors que j'étais seul inf pour 45 patients dépendants avec en plus une personne en fin de vie et une autre qui me fait sa petite décompensation responsable à 18h.
La fille de la dame est allée me chercher à l'autre bout du service (alors qu'une collègue AS lui avait déjà expliqué la situation), a vu que je m'occupais des autres et est repartie.
Quand je suis arrivé dans la chambre de la dame j'ai eu droit aux remarques indignées de toute la famille ("mééé comment se fait-il que blablabla? Scandale blablabla ?nous plaindre blablabla").
J'ai répondu que j'étais seul pour 45 patients qui avaient aussi besoin de médicaments, que certains d'entre eux n'allaient pas bien et que de toute façon elle l'avait bien vu puisqu'elle était venu me déranger.
Ils ont bien fermé leurs g... et on en est resté là.
Tout dépend du ton de la personne en face.
Je me souviens notamment d'une fois en USLD où j'ai du faire face à une famille qui exigeait que l'on soit là tout de suite, dès qu'ils appelaient, allant même jusqu'à entrer dans les autres chambres pour chercher les AS quand il y a vaut une "urgence" (guillemets car nous n'avions pas du tout la même définition de l'urgence).
Bien entendu ces gens étaient en plus extrêmement désagréables et n'écoutaient rien de ce qu'on leur disait...
Un jour ils ont râlé parce que j'ai donné les médicaments de leur mère à 19h15 (mon dieu!) alors que j'étais seul inf pour 45 patients dépendants avec en plus une personne en fin de vie et une autre qui me fait sa petite décompensation responsable à 18h.
La fille de la dame est allée me chercher à l'autre bout du service (alors qu'une collègue AS lui avait déjà expliqué la situation), a vu que je m'occupais des autres et est repartie.
Quand je suis arrivé dans la chambre de la dame j'ai eu droit aux remarques indignées de toute la famille ("mééé comment se fait-il que blablabla? Scandale blablabla ?nous plaindre blablabla").
J'ai répondu que j'étais seul pour 45 patients qui avaient aussi besoin de médicaments, que certains d'entre eux n'allaient pas bien et que de toute façon elle l'avait bien vu puisqu'elle était venu me déranger.
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La gériatrie c'est la vie!
Re: Mes souvenirs...
Plainte des familles (qui pensent qu'en mettant leur parent en institution ils seront surveillés H24 et ne tomberont jamais), pour commencer à la direction, ce qui n'est jamais agréable parce que ça va être convocation dans le bureau pour expliquer pourquoi cette dame est tombée et pourquoi elle n'était pas sous surveillance....binoute1 a écrit :la plainte relève du pénal; sur quels critères la plainte serait-elle posée ?Lenalan a écrit :Il m'est arrivé un truc un peu similaire ce week-end... J'étais seule pour 40 résidents (sur 4 niveaux), avec des ASH qui étaient affairées de leur côté, moi je finissais des pansements que j'avais pas eu le temps de faire le matin... Une dame a chuté et a dû être conduite aux urgences. J'ai eu quelques remontrances lorsque je l'ai annoncé à sa fille, qui m'a demandé pourquoi je n'étais pas à côté d'elle (ils sont 40, comment être à côté de chacun?). Et j'aurais eu la même si j'avais été à côté de cette dame et si une autre dame avait chuté 2 niveaux plus haut.
"Défaut de surveillance", plainte, ça peut aller loin....
Comment faire? je prends ces "remontrances" comme quelque chose de très injuste, et on le vit tous les jours (des gens qui s'indignent qu'il n'y ait personne au bureau pour leur répondre, parce qu'on est aux étages pour distribuer les traitements ou qu'on fait un soin, on est seule!).
notre profession est déjà assez compliqué, il ne faut pas entrer dans le jeu de certains employeurs (ou onistes) qui brandissent la peur de la plainte
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Re: Mes souvenirs...
C'est comme ça quasiment tous les jours, et avec de plus en plus de familles. certains ne viennent même plus discuter et demander le pourquoi du comment, ils constatent (on est pas là, ils savent pas où on est), et bim, courrier à la direction pour dire qu'il n'y a aucun soignant dans l'EHPAD et que les gens sont laissés seuls à l'abandon (je suis juste en train de m'occuper de quelqu'un dans une chambre, s'ils attendent 10 minutes ils me voient, il n'y a pas de salle de pause secrète où on boit des cafés 7h par jour).Maximousse1989 a écrit :Personnellement je n'hésite pas à être très cash (tout en restant correct), parce que les gens qui ne respectent rien, se croient à l'hôtel et te mettent des Scuds au moindre faux pas ça va bien 5 minutes.
Tout dépend du ton de la personne en face.
Je me souviens notamment d'une fois en USLD où j'ai du faire face à une famille qui exigeait que l'on soit là tout de suite, dès qu'ils appelaient, allant même jusqu'à entrer dans les autres chambres pour chercher les AS quand il y a vaut une "urgence" (guillemets car nous n'avions pas du tout la même définition de l'urgence).
Bien entendu ces gens étaient en plus extrêmement désagréables et n'écoutaient rien de ce qu'on leur disait...
Un jour ils ont râlé parce que j'ai donné les médicaments de leur mère à 19h15 (mon dieu!) alors que j'étais seul inf pour 45 patients dépendants avec en plus une personne en fin de vie et une autre qui me fait sa petite décompensation responsable à 18h.
La fille de la dame est allée me chercher à l'autre bout du service (alors qu'une collègue AS lui avait déjà expliqué la situation), a vu que je m'occupais des autres et est repartie.
Quand je suis arrivé dans la chambre de la dame j'ai eu droit aux remarques indignées de toute la famille ("mééé comment se fait-il que blablabla? Scandale blablabla ?nous plaindre blablabla").
J'ai répondu que j'étais seul pour 45 patients qui avaient aussi besoin de médicaments, que certains d'entre eux n'allaient pas bien et que de toute façon elle l'avait bien vu puisqu'elle était venu me déranger.
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Re: Mes souvenirs...
ça c'est l'idée de la personne, mais sous quel motif juridique ?Lenalan a écrit :Plainte des familles (qui pensent qu'en mettant leur parent en institution ils seront surveillés H24 et ne tomberont jamais), pour commencer à la direction, ce qui n'est jamais agréable parce que ça va être convocation dans le bureau pour expliquer pourquoi cette dame est tombée et pourquoi elle n'était pas sous surveillance....binoute1 a écrit : notre profession est déjà assez compliqué, il ne faut pas entrer dans le jeu de certains employeurs (ou onistes) qui brandissent la peur de la plainte
le pénal, c'est ce qui relève de la Loi et de son non respect. Je suis curieuse de savoir ce qui ne respecterait pas la Loi !
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Re: Mes souvenirs...
Excellente intervention, en effet, nous n’avons pas besoin de ça, et les employeurs en jouent régulièrement.binoute1 a écrit :la plainte relève du pénal; sur quels critères la plainte serait-elle posée ?Lenalan a écrit :Il m'est arrivé un truc un peu similaire ce week-end... J'étais seule pour 40 résidents (sur 4 niveaux), avec des ASH qui étaient affairées de leur côté, moi je finissais des pansements que j'avais pas eu le temps de faire le matin... Une dame a chuté et a dû être conduite aux urgences. J'ai eu quelques remontrances lorsque je l'ai annoncé à sa fille, qui m'a demandé pourquoi je n'étais pas à côté d'elle (ils sont 40, comment être à côté de chacun?). Et j'aurais eu la même si j'avais été à côté de cette dame et si une autre dame avait chuté 2 niveaux plus haut.
"Défaut de surveillance", plainte, ça peut aller loin....
Comment faire? je prends ces "remontrances" comme quelque chose de très injuste, et on le vit tous les jours (des gens qui s'indignent qu'il n'y ait personne au bureau pour leur répondre, parce qu'on est aux étages pour distribuer les traitements ou qu'on fait un soin, on est seule!).
notre profession est déjà assez compliqué, il ne faut pas entrer dans le jeu de certains employeurs (ou onistes) qui brandissent la peur de la plainte
Dans mon établissement le plus compliqué c’est l’utilisation de neuroleptiques sur des patients déments terminaux avec hurlements/agressivité physique récurrente sur les soignants.
Les familles se plaignent de trouver pépère ou mémère « trop somnolent à cause des cachets » et que c’est de la « maltraitance ».
Les médecins et la direction en ont tellement rien à foutre que les AS et moi même nous fassions hurler et cogner dessus qu’ils baissent immédiatement les traitements.
Je tente d’expliquer à mes AS qu’elles ont parfaitement le droit de refuser de faire une toilette à un patient trop agressif mais par « présumée bienveillance » et surtout par peur... elles l’a font quand même.
Je me suis moi même fais traiter de fainéant par un MG pour avoir refusé de piquer un bilan prescrit à son patient déchaîné (obligé de le tenir à 3).
Le pire c’est ensuite l’utilisation de la culpabilité « ce n’est pas sa faute, c’est une maladie, c’est de la démence, vous n’allez tout de même pas laisser ce Monsieur sans soins »...
A se taper la tête par terre je vous le dis.
Bientôt 6 ans de DE: comment qu’on fait pour sortir de là ??!
Re: Mes souvenirs...
Nous on a la situation inverse, les familles demandent qu'on assomme certains résidents (pas leurs parents évidemment, mais celui qui les dérange) avec des "cachets" (certains crient et insultent, mais on a essayé de charger, ils bavent, dorment toute la journée et font des fausses routes à table, c'est mieux?), et qu'on les attache au fauteuil pour éviter qu'ils se lèvent et tombent. Si on ne charge pas en "cachets" et qu'on refuse les contentions au fauteuil ("on" c'est le médecin vu que c'est une prescription): accusés de maltraitance parce qu'ils tombent à cause de notre inaction.
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Re: Mes souvenirs...
On devrait former le Club des IDE en gériatrie
Tout ce que vous avez dit j'en ai également fait l'expérience (bon sauf le médecin qui me traitéede feignant, je pense que je lui aurais mis le plateau dans les mains avant de lui souhaiter bonne chance), en USLD, en SSR G,en UGA...on entend souvent les mêmes refrains.
Évidemment ce ne sont pas toutes les familles, mais celles qui posent problème suffisent pour nous obliger à nous couvrir, on passe alors des plombes à écrire des rapports d'événements indésirables, des transmissions ciblées sur leur comportement...etc etc.

Tout ce que vous avez dit j'en ai également fait l'expérience (bon sauf le médecin qui me traitéede feignant, je pense que je lui aurais mis le plateau dans les mains avant de lui souhaiter bonne chance), en USLD, en SSR G,en UGA...on entend souvent les mêmes refrains.
Évidemment ce ne sont pas toutes les familles, mais celles qui posent problème suffisent pour nous obliger à nous couvrir, on passe alors des plombes à écrire des rapports d'événements indésirables, des transmissions ciblées sur leur comportement...etc etc.
La gériatrie c'est la vie!