Formation pour se sentir mieux en tant que soignant

[Marine759]

Côté prix je ne sais pas vraiment, cela dépendra aussi si cela peut être pris en charge dans le budget formation...

Par contre côté intérêt, un grand OUI !

[Estienne]

Je vais être sincère, donc très très critique, non pas envers ta personne, car tu es certainement quelqu'un de très bien et ton idée part d'un très bon sentiment, mais critique envers le principe même de proposer une formation pour "prendre soin des soignants", au regard de l'étiologie du mal être des soignants.
Je m'explique, en sautant des étapes pour aller directement à l'essentiel, je suis convaincu que la difficulté pour les soignants, leur mal être, leur souffrance, ne résulte pas de ce qui est au cœur de la profession, la maladie, la mort, les patients, mais est le résultat d'une profession maltraitée. Manque de temps, d'effectifs, de moyens, surcharge de travail, manque de considération, mépris de la hiérarchie etc...
Alors on peut proposer des cellules d'écoute psy, du coaching, des séminaires, des formations en gestion du stress, gestion des émotions, relaxation, atelier récréatifs, yoga, Xanax, bains moussants et jacuzzis, tout ça c'est du sparadrap sur une plaie profonde. Qui peut trouver sa place et s'épanouir dans le contexte actuel?
Pour moi, cette approche qui consiste à chercher le meilleur moyen de s’accommoder d'une situation morbide, représente une forme de résignation à laquelle je ne peux me résoudre, ce qui quelque part, indirectement,cautionne ce système de santé à bout de souffle.
Les infirmiers sont à bout, pas de problèmes, on change rien de leurs conditions, parce qu'on peut rien faire, c'est comme ça, faut s'adapter, va falloir s'y faire. Alors on peut les aider à mieux encaisser et supporter leur sacerdoce, une formation, encore une, pour apprendre à accepter et vivre avec l'insupportable.
Désolé, je ne vais pas me faire des amis, mais j'ai du mal avec cette idée, peut-être acceptable dans une grande entreprise, et encore, mais insupportable dans la santé. Pour les soignants, pour les patients, car oui, je suis d'accord, pour pouvoir prendre soin des autres il faut commencer par prendre soin de soi.
Mais si les conditions de travail étaient correctes, justes, logiques, respectueuses des individus, il n'y aurait pas besoin de mettre en place ce type de formation. Ce n'est pas une utopie, ça doit être un combat.
Ne te formalise pas, ton post était un sujet prétexte pour dénoncer une énièmes fois la condition infirmière. Si tu arrives à aider ne serait ce qu'une personne, alors tu es utiles et ton projet méritant. C'est juste que cela me désole que dans cette profession, on en soit arrivé là, à se demander comment soigner les soignants.

[binoute1]

idem !
on peux me proposer des formations pour être bien dans ma blouse, mais si je suis traitée comme une bonniche, pas reconnue, qu'on me rajoute des tâches régulièrement, que j'ai du matériel pourri ....ce ne sera que cautère sur une jambe de bois,
Mais l'employeur aura bonne conscience : il aura rempli son budget de formation et agit sur les RPS

[Jo_bis]

Je suis d'accord avec Binoute et Estienne.

Dans ce cadre je suis en train de monter une formation pour aider les soignants à trouver leur identité de soignant, à se sentir mieux dans leur métier, à prendre du recul sur les situations, à comprendre ce qui m'appartient et ce qui appartient à l'autre pour mieux prendre en charge les situations complexes et de ce fait mieux me protéger.

Vous pensez qu'il y a un lien entre l'identité soignante (personnelle ou collective ??) et le bien-être professionnel ? Je ne suis pas convaincue.

Et entre identité et prise de recul ?? Pas convaincue non plus.

prévenir l'épuisement professionnel, prendre confiance dans ses soins, dans son métier, prendre du recul, affirmer ses compétences peut importe notre métier paramédical et ou médical.

Tout ça en une seule formation ?

Est-ce que vous pensez que vous pourriez acheter ce genre de formation ? Si oui combien ?

Je vous sens "accro", je ne veux pas vous peiner.


Comme l'ont si bien dit Estienne et Binoute, ce ne sera qu'une "énième" formation de ce type. Le bien être professionnel passe par la reconnaissance collective de la profession.

[Estienne]

Quel est pour vous le plus gros obstacle que vous rencontrez actuellement dans votre pratique de soins ?

Désolé, j'aurai du commencer par répondre à ta question.
Et ma réponse est:
L'absurdité des mesures et directives contre-productives imposées par la hiérarchie, prisent uniquement par soucis d'économie sous couvert d’efficience, au détriment de la PEC des patients et contre l'avis unanime du service, médecin compris. L'absence totale d'écoute de cette hiérarchie, qui dit entendre et n'écoute rien (vous savez, le fameux "j'entends ce que vous dites", mais si on entend un son avec l'oreille, on écoute une musique avec l'intelligence). Le manque de temps et de moyens pour faire correctement mon travail. Et pourtant, j''ai vu pire.
Le stress lié à l'exercice de la profession était au cœur de mon sujet de TFE, j'ai trouvé des méthodes et techniques efficaces, qui me servent encore aujourd'hui au quotidien pour tenir dans cette profession, sans trop y laisser des plumes. Mais pour ce qui est de s'y épanouir..... alors parfois je me dis "à quoi bon tenir"? Parce que le coté "bien bon(ne), bien con(ne), bien soumis(se)", c'est pas ce qui m'a attiré en premier lieu dans ce métier. Certes, il reste quelques moments fort avec les patients, rares et humainement enrichissants, mais qui pèsent bien maigrement face aux nombres de fois ou j'ai l'impression de ne pas pouvoir répondre à leurs attentes comme cela devrait se faire, parce qu'ils sont les premiers à pâtir de la dégradation de notre système de santé.
Et que je sache, on n'est pas dans un pays en voie de développement, n'y en situation de guerre. Du fric, il y en a, mais pas pour ça. Pourquoi devrions nous accepter la situation telle quelle et se résigner. Il y a un combat à mener, même si rien ne garanti qu'il puisse un jour être gagné, mais à minima il faut se défendre et ne pas oublier que tout ce que nous sommes en train de perdre, des gens se sont battu il y a longtemps pour l'obtenir.
La santé pour tous, à ce rythme là, il en restera pas grand chose dans quelque temps.
C'est un ressenti, sans avis, sans jugement, sans critiques ce coup-ci.
Voilà, si ça peux faire l'objet d'une piste de réflexion pour toi dans ton projet.

[cosmos]

L'absurdité des mesures et directives contre-productives imposées par la hiérarchie, prisent uniquement par soucis d'économie sous couvert d’efficience, au détriment de la PEC des patients et contre l'avis unanime du service, médecin compris. L'absence totale d'écoute de cette hiérarchie, qui dit entendre et n'écoute rien (vous savez, le fameux "j'entends ce que vous dites", mais si on entend un son avec l'oreille, on écoute une musique avec l'intelligence). Le manque de temps et de moyens pour faire correctement mon travail

Je vis cela , de plus en plus,,, (jamais vu en 30 ans de service...)

A votre avis, pourquoi en est-on arrivé à cet état de dérive ???
Y a comme un truc qui cloche ?? non ???

[loulic]

Tout a été dit plus haut.

Déjà il faut être clair, nous vivons dans un des pays les plus riches du monde, et de l’argent il y en a beaucoup. On est pas obligé de croire sur parole Le Figaro ou valeurs actuelles.


Donc moi je me sentirai bien à mon boulot quand je pourrais le faire sereinement, et que je serai payé correctement. Mon positionnement professionnel il est simple : je dois pouvoir faire mon job en sécurité. Sécurité pour moi, et sécurité pour le patient.

Le reste c’est de la foutaise. Mais c’est très à la mode en ce moment les démarches qvt et autres gignoleries pour nous expliquer que si on n’est pas heureux dans notre boulot c’est notre faute.

[Estienne]

Sinon, pour ceux qui sont intéressés, je vends des hamacs commerce équitable aux propriétés relaxantes cliniquement prouvées, des bouteilles de vins rosée "bonheur simple"millésimes 2017 par lot de 49, la 50 ème est offerte, et de l'herbe bio qui détend à prendre en infusion ou à inhaler, par sac de 15 kg, 3 pour le prix de 2. Le tout déductible des impôts et remboursé par toute bonne mutuelle.

[loulic]

Pour le rosé il vaut mieux attendre un peu, avec la pénurie qui se profile, vous pourrez faire un joli bénéfice et en profiter pour créer une boite d’audit consulting afin de pomper encore un peu de pognon à nos structures.

[binoute1]

aux ehpad