Jeune D.E paumée (parmi tant d'autres)

[Pcaw]

Bonjour à tous et toutes,

J'ai pu lire plusieurs messages sur le forum laissés par des jeunes diplômés en perte de confiance, vivant le stress et l'angoisse du début, et ne sachant plus quoi faire...
Je ne suis pas très originale, c'est aussi un peu mon cas.
Mon parcours à l'IFSI s'est très bien passé, très bons résultats théoriques, très bonnes appréciations de stage, aucun rattrapage, pas de stage problématique.
Une fois diplômée, je n'ai eu que des services qui, dans un premier temps, me faisaient "rêver" : j'ai été prise en néonat alors que je n'en avais jamais fait. J'étais beaucoup trop angoissée, je le vivais mal au quotidien, cela me bouffait littéralement, et j'étais épuisée. J'ai décidé d'arrêter.
Juste après, j'ai été prise en pédiatrie, sur le pool de nuit : j'y suis restée un peu plus de deux mois, mais j'ai arrêté car le rythme ne me convenait pas du tout. J'aimais le travail que l'on faisait, mais je ne dormais que trop rarement entre mes nuits, je ne mangeais plus car envie de vomir tout le temps... Je suis donc partie.

Par la suite, j'ai été prise en service d'hémato-oncologie pédiatrique, un service dans lequel, une fois de plus, je n'avais jamais été, mais qui m'intéressait énormément. J'étais sûre que ça serait "le service" qui allait me passionner, me donner l'envie d'aller travailler.
Résultat : je ne me sens toujours pas bien. Je suis moins stressée qu'au début quant à mes capacités : je le suis toujours, certes, mais j'ai réalisé que je n'étais pas nulle et que j'allais apprendre, que j'irais plus lentement probablement et que je serais plus débordée, mais que ça me viendrait aussi. J'adore le relationnel avec les enfants, les problématiques liées aux soins palliatifs, l'accompagnement dans ce contexte.

Et pourtant... Je me sens mal. Je me sens angoissée, je ne pense qu'au travail en dehors de mes périodes de boulot, j'ai envie de tout plaquer, je pleure avant d'y aller, je rumine en permanence, je m'épuise et m'écoeure de la profession en ne voyant que les aspects négatifs. J'ai décidé d'arrêter également car cela me pompe toute mon énergie.

A chaque fois, les cadres ne comprennent pas car tout se passe bien. Je sais, tout va bien mais... moi pas.

Je me pose énormément de questions : certes, j'ai eu un parcours scolaire "sans faute", mais est-ce que cela signifie que je vais me plaire dans ce métier ?
J'ai peur, peur de regretter ces choix, peur de m'être trompée en arrêtant ces postes et de me retrouver "bannie" de ces secteurs qui à la base m'intéressent... Peur de m'être trompée de profession, peur de ne jamais trouver un poste qui me passionne et de finir ma vie dans quelque chose qui me barbe... Je suis complétement perdue (et je me pose certainement beaucoup trop de questions, j'en conviens !)

En bref, merci à tous ceux qui auront eu le courage de lire jusqu'ici, et merci par avance à celles et ceux qui auront quelques mots afin que je puisse avoir un regard extérieur à ma situation !

Bon week-end

[lafolldingue]

Salut, tout comme toi je suis jeune DE.je suis de nuit sur le même poste depuis le diplome dans un service de médecine polyvalente.
On connait tous ce stress des débuts, l'impression de ne pas être au top, se remettre sans cesse en question, douter... tout ça est plutôt sain à la base, mais il ne faut pas que ça te bouffe.
Tu le dis toi même que ça te plaît, que tu apprends, c'est juste que tu manques de confiance en toi.
Ne regrettes pas tes choix. Ils sont faits. Si tu as pris ces décisions, c'est que tu en avais besoin. Ça ne sert a rien de ruminer là dessus car on ne revient pas sur le passé.
L'assurance ca vient avec le temps.

[Lenalan]

Et puis quand ça vous bouffe et que ça dure des mois, je me dis que c'est parce que ça va pas changer, et que c'est peut-être pas la discipline en elle-même qui ne va pas (ou le métier) mais simplement le service (quand je me bouffe les nerfs au travail encore au bout de 3 mois et que j'avance pas, je me dis que c'est temps de partir). Je pense qu'un service de médecine ne ressemble pas à un autre, et un ehpad ne ressemble pas à un autre, et qu'il ne faut pas tous les condamner quand on a eu une mauvaise expérience. La 1ère année du DE est super dure. Il faut se laisser du temps mais ne pas non plus persévérer quand on se sent vraiment mal, ça on le sait au fond de nous que ça n'ira pas mieux avec le temps.

[Pcaw]

Merci à vous pour vos réponses, cela fait chaud au cœur.

Pour l'hémato-onco pédiatrique, j'ai l'impression de partir un peu tôt, je ne suis pas restée longtemps, j'ai comme été prise de panique, je ne dormais plus, mon copain m'emmenait au boulot lui-même et je pleurais dans ses bras devant l'immeuble... Bref rien de bien normal il me semble, en tout cas rien que je n'avais envie de laisser traîner, pas même en tant que jeune DE...

Actuellement, on me propose un poste en EHPAD dans lequel j'ai déjà fait des vacations et où ça s'était bien passé. Les conditions sont assez bonnes, les horaires me seraient moins pénibles à vivre, et c'est à côté de chez moi.
A l'époque, j'avais refusé, car je voulais (et je veux) vraiment me faire une expérience en pédiatrie et pouvoir bosser dans ce domaine. Avec l'EHPAD, j'avais un peu peur de rester bloquée par la suite dans mes choix possibles...
Mais maintenant je me dis qu'il faudrait peut-être que je revois ma position ?

J'ai le sentiment de mal tolérer les horaires, les nuits, les week-ends,... le sentiment de trop sacrifier ma vie personnelle au détriment de quelque chose qui ne me plaît pas. Je n'ai rien contre l'investissement au travail, au contraire, je ne demande qu'à avoir envie de m'investir pleinement, mais là, jusqu'à présent, j'avais juste l'impression d'y perdre quelque chose.

Encore merci à vous, et bon courage à toi, collègue jeune D.E

[lafolldingue]

Le problème c'est qu'il y a investissement et investissement... on peut très bien s'investir dans son travail mais reussir à decrocher quand on rentre chez soi. Souvent les IDE ont du mal à laisser du travail aux collègues, font des heures sup a gogo et mène bien souvent à des situations que tu décris ..
Je ne pense pas que l'ehpad te freinera. Il faut savoir s'ouvrir à d'autres perspectives. Prends du temps pour toi pour le moment.

[Rinou06]

Peut-être que la pédiatrie ne te plait pas tant que ça au plus profond de toi. Tous ces enfants malades, que ce soit en néonat ou en onco, c'est très dur moralement. Je sais que déjà onco adulte ça a fini par me miner, alors enfant je crois que je n'aurais pas supporté. Des fois on a une idée de ce qu'on veut faire mais la réalité est toute autre.

Je te conseille de prendre le poste en EHPAD et de te poser un peu. De prendre le temps de voir si ça te plait, dans quel état ça te met, et si possible de décompresser par rapport au stress des derniers postes.

[Lenalan]

ça m'a fait pareil en onco/soins palliatifs adultes, je pensais que c'était mon projet professionnel et puis à l'usage, pas tant que ça.... Des fois on a des idées pendant la formation qui changent une fois en poste.