Éthique infirmier- contention - bénéfices risques

[gaelle1874]

Bonjour, voilà je lance un sujet éthique auquel j'ai été confrontée lors d'une de mes prises de poste.
Prise en charge d'une dame trisomique. Cette dernière était sous 02 à 4L et desaturais dès qu'on lui enlevait.
Premier passage 02 en place, deuxième passage elle avais retiré 02 avec sat à 76% - on remet 02 la sat remonte à 92% - on lui explique qu'il faut le garder mais cette dernière cri et l'enlève.
Nous avons été contraint d'attacher ses mains pour pas qu'elle se mette en danger et n'enleve son 02.
Cette situation ma dépassé et ma dégouté de la prise en charge pour cette petite dame qui se mettait en danger sans comprendre les tenants et aboutissants...
Qu'auriez vous fait ? D'un point de vue légal sa dit quoi ?
Je précise c'était la nuit 3h du matin...
Merci pour vos réponses et votre non jugement

[Patt]

Il nous manque beaucoup d'éléments, dont un qui me semble essentiel : quel est le but de ce soin ?
Aura t'elle de l'oxygène à vie ? Est ce une période critique ? Est elle plus confuse car hors de chez elle ? Aurait tu elle mieux supporter le masque ?
D'un point de vue légal : contention = prescription. Sinon, le fait d'attacher les mains ça ne le choque pas forcément, il faut juste en voir la finalité. Si c'est à vie ça me semble déraisonnable, si c'est dur une courte période ça me semble acceptable (mourir asphyxié n'est pas non plus ultra confortable, surtout sans prise en charge médicamenteuse).

[Sushinette25]

Quelques questions pour éclaircir la situation :

- quel service? la surveillance de cette patiente était-elle difficile?
- saturation au départ?
- saturation-cible?
(la SPO2 pouvant être faussée en cas d'agitation, la personne bouge et cela perturbe le signal...)
- quel était l'état CLINIQUE de la patiente sans LNO2? Présentait-t-elle des signes d'hypoxémie, d'hypoxie, etc...?

Je travaille en SSPI et nous avons régulièrement des patients handicapés mentaux, ou lésés cérébraux (ou désorientés...).

Dans la mesure où la sécurité du patient est compromise, il nous arrive de le contentionner - ensuite pour ma part je fais toujours le point dans la foulée avec le médecin, pour faire faire la prescription et faire le point sur le maintien (ou la levée) de la contention.

Après pour les patients handicapés mentaux lourds et opposants, on se base pas mal sur la clinique. Parfois nous ne laissons pas les LnO2, ni la SPO2. Mais c'est toujours "patient dépendant" et vu en concertation avec le médecin.

[gaelle1874]

Patiente rentrée l'après midi même En service de pneumo, à dormi toute la journée, donc pas de souci la journée.

Je pense quelle étais angoissée de la nuit / manque de repère. Un traitement anxiolytiques avait été essayé.

L'02 est pour la phase aiguë, sat de base à 92%, des quelle l'enlève elle desaturai beaucoup, de plus elle étais hyper encombré donc on ne pouvais pas se permettre de lui enlever. La sat cible était au moins supérieur à 87%...

On a essayer lunettes et masque mais elle respirait par la bouche donc lunettes inutile.

Je suis sortie de la chambre hyper mal à l'aise car j'avais l'impression "d'abuser de mon pouvoir" en contentionnant une personne handicapée mentale. C'était vraiment très dur de la voir ainsi mais pour sa sécurité / survie on a pas eu le choix quoi ...

[Gabita]

Bonjour,
Comme dit plus haut, il faut voir la finalité de cet acte, ce n'est pas abuser de son pouvoir......
Avec la contention, on n'est jamais à l'aise, mais si c'est un mal pour un bien, cela change notre regard sur la situation. Par exemple, nous, on a des patients âgés parfois agités et confus, et ayant des fractures, et il arrive qu'on leur mette des contentions sur une courte période; cela provoque bien souvent des discussions au sein de l'équipe, mais dès qu'on explique la cause ( ce sont souvent des syndromes confusionnels post op) et le but, le mal être se dissipe.
Je pense que la souffrance vient souvent du fait qu'on ne connait pas la cause du problème ni le but de ce qu'on fait. Et on a tous nos représentations, croyances, manque de connaissances sur le sujet, etc.
Exemple 1: on avait un patient qui avait des douleurs non calmées par les atg palier 2, et j'avais proposé de débuter un atg palier3; et là, une collègue dit"mais on va pas l'assommer quand même", ce qui a déclenché des discussions pro et contre. Là, c'est un ex d'un manque de connaissance sur les atg tox.
Exemple 2: une patiente démente qui refuse tout (ce qu'on appelle syndrome de glissement); une équipe dit " on va pas la forcer manger, elle a le droit de refuser"; une autre équipe dit" mais on va pas la laisser mourir, il faut faire qq chose". Là, c'est un dilemme éthique dans toute sa splendeur....ce que je veux dire par là, c'est que rien n'est simple et qu'il faut voir à quoi tout cela sert, comme je disait au début.
Voila mon humble avis sur le sujet

[gaelle1874]

Merci pour cette réponse, je deculpabilise un peu. J'essai de me dire que c'était nécessaire pour son bien et sa survie.
C'est tellement pas facile la contention ...
Merci encore à tous

[Rinou06]

Je comprends que certaines situations peuvent choquer les premières fois qu'on les rencontre, mais là vous aviez deux choix : soit la laisser mourir lentement par manque d'oxygénation, soit la contentionner et heurter ta sensibilité. Demande toi ce qui est le plus supportable.

[gaelle1874]

Oui tout à fait ^^