Comment se préparer à une commission ?

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NurseRose56
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Comment se préparer à une commission ?

Message par NurseRose56 »

Bonjour à tous,
Je suis une étudiante infirmière en troisième année, âgée de 48 ans, ancienne aide-soignante. C'est la première fois que je poste sur un forum, j'espère y trouver les conseils que je recherche, et je m'excuse par avance pour la longueur du message. J'ai parcouru de précédents fils qui pouvaient ressembler à mon problème, mais ils étaient très anciens, et ma situation est finalement très précise.
J'affronte l'une des pires épreuves de ma vie : en effet, je suis convoqué la semaine prochaine en commission disciplinaire suite à un rapport circonstancié pour "mise en danger de la vie du patient".

Ce stage à l'hôpital, et d'une durée de 10 semaines, est arrivé immédiatement après deux années d'interruption de formation, en raison d'un décès proche de la famille et d'une grande précarité étudiante. J'ai donc travaillé de nouveau pour relancer des droits au chômage, toujours dans la détermination et l'optique d'obtenir le diplôme infirmier et de concrétiser mon projet de vie, être infirmière.

Dès le début de mon stage, j'ai informé ma référente de ces deux années d'interruption. Cependant, j'ai rapidement perçu que ma présence posait problème, comme si je dérangeais. L'ambiance était pesante : on me supportait plus qu'on m'acceptait. Ma référente était de très mauvaise humeur le matin, je ne pouvais pas aller lui parler, elle soufflait quand je lui posais des questions, elle ne me répondait pas quand je lui disais bonjour, je me faisais toute petite, pour ne pas la déranger et attiser sa colère. Il était clair que ma référente n'était pas du tout motivée pour m'encadrer, j'avais le sentiment qu'elle ne me supportait pas. Je voyais également les échanges de regards hostiles avec l'équipe, et recevait d'autres remarques désobligeantes des aides-soignantes.

Par exemple, une aide-soignante m'a agressé en hurlant dans le couloir, en me reprochant de ne pas avoir lavé le verre avec lequel le patient prenait son traitement (en effet, c'est une habitude de service que j'ignorais totalement, le patient doit garder le même verre tout le temps de son hospitalisation). Elle voulait que j'aille le laver directement dans la chambre.
Une autre fois, ma référente m'a également crié dessus, me reprochant d'avoir servi un thé chaud : la patiente l'a renversé sur elle. Sauf que ce n'était pas moi qui avait effectué le service... Je passerai sur les attitudes non professionnelles de l'équipe envers les patients, allant des moqueries vulgaires aux accusations directement pointées contre des personnes âgées, en passant par les pénis tagués sur des blouses, jusqu'à ma référente qui, distribuant les traitements aux patients, échangeait au téléphone avec son mari.
Tout cela ne sont que des exemples d'une ambiance très négative qui a fini par m'affecter psychologiquement au fil des semaines. Je ne dormais plus, je faisais des cauchemars la nuit et avait beaucoup de mal à manger, je venais le matin après 45 minutes de trajet, avec la boule au ventre, toujours avec quinze minutes d'avance (anticipant les bouchons, je ne suis jamais arrivé en retard), et craignais les remarques à venir, me disant "quels reproches allaient-ils me faire aujourd'hui".

J'ai très vite prévenu mon IFSI que les choses allaient mal. Un formateur est venu sur mon lieu de stage, j'espérais un minimum de soutient de sa part, mais je me suis sentie infantilisée : il m'a conseillé, ce sont ses mots, d'aller voir un psy, me demandant si j'avais des problèmes personnels, devant ma référente de stage.

J'ai perdu totalement confiance en moi, littéralement, c'est-à-dire que je doutais continuellement de mes gestes, voulant toujours bien faire et craignant des remarques. Je sentais un regard oppressant au-dessus de mon épaule en permanence, qui ne m'a pas mis dans des conditions détendues et favorables.
Ma référente, ne voulant pas m'encadrer, me faisait faire les toilettes, les débarrassages des plateaux repas. J'allais à la pharmacie chercher les traitements et déposer les bilans, j'essayais de montrer ma bonne volonté en demeurant disponible. Je répondais à de nombreuses sonnettes pour montrer mon initiative et ma motivation.

Ainsi, au moment des transmissions de fin de service, ma référente me demande de préparer un antibiotique. J'ouvre le tiroir à traitement de la patiente, je prépare la perfusion sans contrôler la prescription, et en la préparant, je me fais la remarque que je dois toujours avoir la prescription sous les yeux : je me suis rassuré en me disant que l'antibiotique était dans le tiroir de la patiente, car je voulais aller vite. Avant d'administrer l'antibiotique, je fais contrôler la perfusion à ma référente. Malheureusement pour moi, n'ayant pas vérifié la prescription, il s'avère que c'était le mauvais antibiotique dans le tiroir de la patiente.

Je me suis immédiatement excusée auprès de la référente en lui disant que cette erreur me mettait très mal, que je culpabilisais énormément. Le lendemain, en revenant au stage, j'ai réitéré mes excuses, en lui expliquant que je n'avais pas du tout dormi de la nuit et que j'étais très contrariée. Mais elle ne m'a plus du tout adressé la parole suite à cela.

J'assume totalement mon erreur sur la non vérification de la prescription. J'ai bien conscience des conséquences graves que ce geste aurait pu induire pour la patiente. Ma priorité a toujours été le patient, sa santé, son bien-être, son confort, c'est le moteur de mon engagement professionnel depuis 20 ans. Je me suis refait la scène des centaines de fois depuis ce jour, je perçois cet évènement comme un manquement important à mes principes. Je culpabilise beaucoup, surtout à l'approche de cette commission, qui me refait vivre les moments avec douleur. Mon médecin traitant m'a prescrit un traitement contre les crises d'angoisse, je ne dors pas bien. C'est un évènement très difficile pour moi. J'ai eu énormément de remises en question, je me suis demandé si j'étais capable d'être infirmière. Mais c'est un projet qui me tient énormément à cœur, je suis déterminé à aller au bout, je sens en moi cette passion pour le soin et l'humain. J'ai la conviction que je peux être infirmière, je ne me vois rien faire d'autre, toute ma vie professionnelle a tourné autour du soin. C'est un moment traumatisant, qui m'a permis de prendre conscience d'une erreur que je ne referai plus jamais. Elle restera gravée dans ma mémoire comme un contre-exemple.

Voilà ce qui est finalement écrit dans mon rapport circonstancié :
"Erreur de préparation d'une perfusion d'antibiotique malgré la vérification de la prescription et le constat que la pharmacie n'a pas délivré le bon traitement pour le bon patient, l'étudiant prépare la perfusion et s'apprête à le délivrer."
Je réalise qu'ils ont choisi de se protéger, car aucun infirmier dans le service n'a constaté l'erreur de la pharmacie. A aucun moment.
Avec un autre infirmier, nous avons même constaté que trois doses d'un antibiotique inapproprié manquaient dans le tiroir de la patiente. Nous avons supposé que ce médicament lui a été administré plusieurs fois, par erreur.

A ma grande stupéfaction, plusieurs situations de mise en danger sont stipulés, tels que : patients en hypoglycémie non resucrés. La glycémie du patient a été mesurée avant que les plateaux repas arrivent, il est dit que je n'ai pas averti la tutrice du taux d'hypoglycémie du patient, ce qui est faux car je lui communiquais toujours les résultats, comme j'ai pu le faire pour l'antibiotique. Il est aussi mentionné la non vérification d'identité d'un patient, sauf que je n'ai aucun souvenir d'avoir vécu cette situation. Sur le rapport circonstancié, il est également stipulé que j'ai eu un "accompagnement rapproché de ma tutrice", et qu'apparemment, elle aurait "repris mes difficultés avec moi", mais jamais rien ne m'a été évoqué.

Aujourd'hui, je suis rendu au semestre 6, j'effectue un stage qui se passe très bien dans un autre secteur de soin, et je n'ai aucun partiel à rattraper, à l'exception de ce stage à l'hôpital. Ayant été aide-soignante pendant 15 ans par le passé, je dispose d'un dossier sans tâche. Je vis ce stage comme une importante erreur de parcours. Je suis une étudiante consciencieuse et sérieuse, car j'ai sacrifié beaucoup pour me permettre ce projet.

J'ai adressé un mail à ma référente pédagogique pour solliciter un entretien, souhaitant obtenir des précisions sur les modalités de la commission et bénéficier de ses suggestions. N'ayant reçu aucune réponse, et m'attendant à n'avoir aucun soutien de sa part, je me tourne désormais vers vous. J'ai besoin de conseils, car je ne sais comment aborder cette épreuve. Je suis totalement seule. Quels arguments mettre en avant ? Quels écueils éviter ? Et comment se préparer psychologiquement à un tel évènement ?

Je suis déterminée à défendre mon projet professionnel devant la commission et à sauver ces cinq années d'investissement, pleinement consciente du risque important d'exclusion devant moi.

Je vous remercie par avance pour la lecture de ce long message, et pour vos suggestions qui me seront très précieuses. :clin:
Leopold Anasthase
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Re: Comment se préparer à une commission ?

Message par Leopold Anasthase »

Bonjour

Vu de loin dans le brouillard, votre situation est plutôt inquiétante. Visiblement on veut votre peau, et il n’y a pas grand monde pour vous soutenir.

En premier lieu, je ne sais pas comment se déroule une commission pédagogique mais ça doit être facile à trouver. Vous devez vous renseigner sur l’organisation, qui est présent, est-ce que vous pouvez vous faire accompagner, comment se prennent les décisions…

Ensuite il faut faire un tri dans ce que vous voulez défendre et ce que vous allez laisser tomber (même si vous estimez que c’est injuste). Par exemple, si vous estimez que les fautes ajoutées dans le rapport circonstancié sont une invention, est-ce que vous voulez argumenter, si votre référente ne vous a pas aidé…

Petit conseil, les arguments du style « j’en ai bavé » n’ont aucun intérêt. L’objectif de l’ifsi est de diplômer des personnes compétentes. On s’en fout de savoir si pendant le parcours il dort dans la rue ou s’il a perdu son chien. Vous pouvez répondre sur le sujet si on vous pose la question, mais sans vous chercher d’excuses.

Il y a un point positif dans votre histoire, c’est que avant d’injecter le médicament, vous avez fait vérifier par l’ide. C’est donc un « presque » accident dont il s’agit.

Il faut aussi lister les éléments qui font de vous une personne capable de devenir ide. Attention, sans se comparer à d’autres ési et sans trop la ramener sur votre passé d’as.

Ça n’est que mon avis…
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