relation soin avec un patient qui heurte nos valeurs

Postez ici tous vos messages en rapport avec la réalisation de vos travaux : Travail de Fin d'Etude, Travail d'Interet Professionnel, Travaux de recherche, mémoires...

Modérateurs : Modérateurs, ESI - TFE

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Lou22
Accro
Accro
Messages : 882
Inscription : 15 mai 2004 08:45

Message par Lou22 »

J'en rajoute, parceque je trouve que ce sujet est super, et ça peut donner un TFE hyper passionnant...
On attend tes réponses :clin:
IDE pédopsy
"On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs - mais il est étonnant de voir combien on peut casser d'oeufs sans faire d'omelette décente" (loi de Murphy)
Kik
Messages : 16
Inscription : 09 avr. 2006 10:01

l'envahissement emotionnel du soignant

Message par Kik »

Voici quelques explications:

Cette année, j’ai choisi d’effectuer un stage au Secteur de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire, afin de travailler le notion de “non jugement”. Des questions me venaient déjà à l’esprit : comment faire abstraction de ce pourquoi un patient est incarcéré pour une prise en charge optimale? Peut-on vraiment être objectif dans la prise en charge quand les “murs” nous rappellent ce pourquoi le patient est là? Peut-on prendre en charge un détenu comme un autre patient? Une infirmière qui a le désir d’être mère de famille peut-elle se distancer de ses propres valeurs pour prendre en charge un pédophile?
Au départ, mes appréhensions étaient de ne pas pouvoir m’ entretenir avec un patient ayant commis des actes allant contre mes valeurs (valeurs humanistes : tolérance, respect, intégrité, liberté… ) et de ce fait de ne pas pouvoir exercer mon rôle de soignant. Très rapidement, j’ai pu discuter avec l’équipe soignante de ma peur. Elle m’a confirmé que chacun été déjà sorti de son rôle infirmier lors d’un entretien par exemple, en n’entendant plus le vécu, le ressenti du patient, mais en pensant uniquement à l’acte qu’il a commis, jugé insupportable, à tel point que le soignant ne pense qu’à “brandir la loi”.
Effectivement, j’ai pu par la suite réaliser de nombreux entretiens infirmiers et je me suis trouvée en difficulté avec un pédophile.
Avant l’entretien, je savais la raison de son incarcération et cela n’avait pas interféré dans ma prise en charge lors des ateliers des jours précédents. Cependant, lors de l’entretien, le détenu a évoqué son désir que les juges soient cléments vis-à-vis de sa peine (cela faisait environ un an qu’il était prévenu), il ne critiquait pas ses actes, voire même, il les banalisait. De plus, arriva le moment où il décrit les actes en détaillant ses gestes. Il était difficile pour moi de mettre à distance mes valeurs, une colère m’envahit et je pensais sans cesse à ses actes sans me préoccuper de son ressenti, j’avais envie de lui dire que ses gestes étaient impardonnables. Je ne pouvais plus continuer l’entretien, j’ai donc fait signe à l’infirmier qui m’accompagnait, afin qu’il prenne la suite car je n’arrivais pas à refouler mes pensées. Des sentiments de répulsions et de révolte m’envahissaient. Pour moi, l’enfance renvoie à des notions de protection, d’amour, d’immaturité et d’innocence qui m’apparaissent totalement incompatibles avec la violence des faits. C’était un système de pensée dans lequel je ne trouvais pas de repères ou d’explications.
En exposant cette situation, j’ ai constaté que ma préoccupation centrale lors de ce stage était les cas qui heurtaient mes valeurs humanistes. Les conséquences étant souvent un mal être, une colère, une incapacité à être aidant dans la relation, d’être empathique, à l’écoute des besoins, de la douleur de quelqu’un qui a commis peut-être les pires atrocités. Effectivement, je n’éprouvais pas de difficulté dans la relation face à des receleurs ou à des détenus ayant commis des vols par exemple. Le soignant peut ainsi adopter une attitude de rejet face à des propos ou comportements jugés intolérables, souvent parce qu’ils touchent les affects propres du soignant.
La notion de non-jugement est à mon avis essentielle dans notre rôle infirmier. Il est nécessaire d’analyser son ressenti, son comportement, ses paroles afin de réajuster sa pratique et s’améliorer.

Cette confrontation entre ma conception de mon futur rôle de soignant et les sentiments personnels déclenchés en moi par les pédophiles, m’ont amené à me poser la question suivante :
En quoi les valeurs et affects de l’infirmière vis-à-vis d’un pédophile peuvent-ils interférer sur la prise en charge?

Cependant, cette problématique est transposable à d’autres situations de soins car il s’agit de limites.
Mon projet professionnel est de travailler en pédiatrie. Malheureusement, c’est un service qui pose aussi cette difficulté de non jugement. Il faut que le soignant apprenne à se centrer sur l’enfant pour une prise en charge optimale et non à critiquer, comme les soignants auraient parfois envie, le comportement des parents.
Mon cheminement a donc permis d’ouvrir ma recherche au sens large du soin et d‘éviter de m‘enfermer dans un contexte d‘incarcération, c’est-à-dire à la prise en charge relationnelle lorsque les valeurs du soignant sont mises à mal.
C’est ainsi que ma question définitive est :
En quoi l’envahissement emotionnel du soignant est-il une limite à la prise en charge relationnelle du patient?

Merci de m'avoir lu et d'avoir répondu à mon message. N'hésitez pas à me critiquer, ou me demander des précisions.Merci
Dernière modification par Kik le 13 sept. 2006 16:31, modifié 1 fois.
cedr1c

Message par cedr1c »

tu as parlé d'empathie, réfères toi a cette notion et a son apparition dans nos décrets.

regarde aussi le concept de résilience selon cyrulnik (un petit aperçu ici )
cedr1c

Message par cedr1c »

j'ai mis ton sujet en lien dans le post it du forum psy liens vers tfe portant sur la psy, tu peux y jeter un oeil, il y a un sujet "tfe émotions" et d'autres ou tu peux trouver quelques pistes :clin:
invite584
Compte supprimé ou banni
Compte supprimé ou banni
Messages : 10810
Inscription : 08 sept. 2005 21:02

Message par invite584 »

A priori comme ca je chercherais dans la notion de loi et de Loi. Mais faut que je reflechisse un peu avant de revenir sur ce topic.
Ton cas est extremement bien présenté et remarquablement humain :clin:
"A force de contempler l'abyme, l'abyme te contemple"-Nietzsche
cedr1c

Message par cedr1c »

c'est ce que je me disais aussi, c'est tellement bien présenté que j'ai déjà vu des introis de tfe moins belles que ton post
Kik
Messages : 16
Inscription : 09 avr. 2006 10:01

Message par Kik »

cedr1c a écrit :tu as parlé d'empathie, réfères toi a cette notion et a son apparition dans nos décrets.

regarde aussi le concept de résilience selon cyrulnik (un petit aperçu ici )



merci pour tes conseils. Je viens de regarder ton lien à propos du concept de résilience mais j'hésite, je ne suis pas sure que ce concept soit réelement adapté à mon cas. Penses tu vraiment en ayant lu ma situation de départ que ce concept doit y figurer?
Kik
Messages : 16
Inscription : 09 avr. 2006 10:01

Message par Kik »

merci c'est gentil. Je voulais aussi savoir: pensez vous que le mot "limite" dans ma question de départ n'influence t-il pas ma question? Je pensais sinon à le remplacer par "interfère t-il à la PEC..." ou "influence til...". Si vous avez des conseils? Merci pour tout.
cedr1c

Message par cedr1c »

non, moi cela me va limite, il ne faut pas se voiler la face avec d'autres mots

pour la résillience, c'est juste pour avoir un regard sur la situation avec le détenu que tu décrivais, et comprendre pourquoi il paraissait si froid face a la situation
Kik
Messages : 16
Inscription : 09 avr. 2006 10:01

Message par Kik »

ok pour limite.Je regarderai ton lien en approffondissant un peu plus alors.En revanche, j'ai vu des liens interessant avec tout ce qui concernait la RA et ca m'interesse! Merci
cedr1c

Message par cedr1c »

mon lien n'est qu'un exemple de ce concept, et je ne le trouve pas particulièrement bien fait, si tu trouves autre chose ailleurs...
Kik
Messages : 16
Inscription : 09 avr. 2006 10:01

Message par Kik »

je vois ke mon topic n'est plus visité, je souhaiterai le préciser comment peut on changer le titre?
craie.l
Messages : 13
Inscription : 11 sept. 2006 13:39

Message par craie.l »

ou avoir la capacité à se décentrer pour ne pas entraver la relation soignant-soigné en voulant faire dire au soigné ce qu'on attend de lui, au lieu de tenter de comprendre sa demande pour l'aider à cheminer tout seul.
C'est donc le contraire de l'empathie = vouloir se mettre à la place de l'autre

Pour t'aider dans tes recherches, je te conseille de bousculer cette notion d'Empathie qui est martelée pendant 3 ans en Ifsi !!!

En tant qu'infirmière, j'ai pu bénéficier de formations complémentaires (concernant l'aide au malade alcoolique, mais même si la spécialité diffère, le thème est le même: comment aider l'autre au-delà de nos propres convictions ?) En toujours en tant qu'infirmière, je pense que la formation en IFSI ne nous apprend pas à se situer en tant que partenaire, mais en tant que dirigeant du soins...

Des formations complémentaires existent après les études: elles obligent à travailler sur soi pour apprendre à se détacher de son propre système de pensées
cedr1c

Message par cedr1c »

Kik a écrit :je vois ke mon topic n'est plus visité, je souhaiterai le préciser comment peut on changer le titre?

éditer, en haut a droite du premier message de ton sujet :clin:
Kik
Messages : 16
Inscription : 09 avr. 2006 10:01

Message par Kik »

cedr1c a écrit :
Kik a écrit :je vois ke mon topic n'est plus visité, je souhaiterai le préciser comment peut on changer le titre?

éditer, en haut a droite du premier message de ton sujet :clin:


merci, c'est ce que j'ai fais ms je vois pas mon intitulé changer.... (suis un peu con!, c pas faire...)
Répondre