Sondage sur l'EVA

[vané]

"Mais à coté de celà, elle n'avait pas du tout le fasciès de qqn d'hyperalgique et qd je lui faisais remarquer, elle m'envoyer promener... "

Tu parles ici de la composante comportementale de la douleur. Or celle ci diffère d'une personne à l'autre : l'un aura le faciès figé, l'autre grimacera, tel autre aura le même visage que d'habitude parce que par exemple sa culture fait qu'on ne doit pas montrer aux autres qu'on souffre, c'est un signe de faiblesse, tel autre hurlera au contraire etc

Sais tu par exemple que la distraction, dans le sens de détourner l'attention sur autre chose, atténue la douleur ? une personne qui lit, fait des mots croisés, dessine, regarde la télé peut pourtant être très douloureuse...

[Leopold Anasthase]

Je pense que vous avez compris ce que je voulais dire en parlant du concept d'objectivité, en antinomie de la subjectivité qu'implique le jugement par une échelle d'évaluation basée sur l'observation et la quotation d'items remplis par NOUS, soignants...

J'ai bien compris votre propos, mais j'insiste : il ne s'agit pas d'une antinomie objectif/subjectif, mais d'une antinomie auto/hétéro évaluation.

Ensuite, on peut jouer sur les mots et écrire par exemple qu'une fois qu'on a demandé au patient s'il avait mal, on a objectivé sa douleur...

L'évaluation objective est pour le moment du domaine de la recherche, avec par exemple le pupillomètre (outil mesurant la taille de la pupille, utilisé en anesthésie).

Pour prendre un élément de comparaison simple, on peut mesurer de façon objective la fréquence cardiaque. Mais à ce jour, on ne peut pas mesurer de façon objective (sans qu'une personne porte un jugement, et de façon reproductible) la douleur.

[chuji]

Nous sommes d'accord

[Frédérique]

L'EVA est un outil d'évaluation de la douleur, qui comme tous les outils dans ce domaine, a été mis au point pour TENTER d'objectiver un phénomène tout à fait subjectif puisqu'il n'existe pas de marqueurs bien déterminés de la douleur. Cet outil a été validé sous la forme graduée de 0 à 100 millimètres puis a été "déformé" de sa présentation initiale et est le plus souvent formulée de 0 à 10 centimètres. Observez vos réglettes et voyez comme certains labos la fabriquent tantôt de 0 à 100 ou tantôt de 0 à 10, ce qui ne change rien fondamentalement. Si beaucoup de "pub" a été faite autour de cet outil (plan Kouchner), la réalité du terrain est tout autre, en effet l'EVA est en perte d'utilisation au profit de l'échelle numérique et cela pour plusieurs raisons. Peu de soignants donnent le résultat de l'évaluation à la décimale près, peu de soignants ont une réglette dans la poche. Il faut pour le patient avoir une capacité d'abstraction indéniale pour pouvoir l'utiliser, on estime que 10% de la population est incapable de comprendre le "fonctionnement" de cet outil, ce qui ne veut pas dire que ces gens-la sont "bêtes". Lorsqu'un patient est invité à déplacer le curseur sur la réglette, il commente souvent son choix en y ajoutant une note comprise ente 0 et 10 (donc échelle numérique). Bref l'échelle numérique est dans la tête des soignants en non pas dans leur poche, donc toujours accessible. Elle est parfaitement bien comprise par les patients et même si la valeur donnée n'est pas aussi sensible que l'EVA, elle reste très fiable (plus fiable que l'EVS). Voila pour l'EVA. Quant aux commentaires sur la présumée véracité de la douleur du patient, c'est un autre débat. Nos projections, nos croyances, nos préjugés, nos suspicions, nos doutes sont le frein majeur à une évaluation de qualité.

[Leopold Anasthase]

[...] l'EVA est en perte d'utilisation au profit de l'échelle numérique [...]

En effet, l'échelle numérique est en passe de remplacer l'eva dans beaucoup de situations : plus simple, toujours disponible, non ambiguë, plus facile à mettre en oeuvre...

On peut dire, a posteriori, que l'eva aura participé à la prise de conscience des progrès à réaliser sur la prise en charge de la douleur.