Prise en charge d'une patiente autiste asperger en réa
Modérateurs : Modérateurs, Infirmiers
Prise en charge d'une patiente autiste asperger en réa
Bonsoir,
Je me tourne vers vous car depuis cet après-midi nous accueillons (réa) une patiente de 20 ans, diagnostiquée autiste asperger pour immunodépression, sepsis et insuffisance rénale.
Le contact avec cette patiente est difficile à établir, elle a verbalisé le refus de contacts physiques au SAU mais a accepté les soins (sauf ceux d'hygiène), la tension est néanmoins palpable (prostrée, ne regarde pas le personnel soignant). Ne verbalise visiblement pas la douleur.
D'après l'entourage la patiente est brillante dans ses études,a une vie sociale, suivi psychiatrique dans le privé.
Auriez vous des informations (situations vécues etc.) avec des autistes asperger ?
Comment mettre en place un cadre de soins adapté ?
Comment réagir face à une refus de soins ?
Établir un lien de confiance ?
Merci d'avance pour vos lumières.
Je me tourne vers vous car depuis cet après-midi nous accueillons (réa) une patiente de 20 ans, diagnostiquée autiste asperger pour immunodépression, sepsis et insuffisance rénale.
Le contact avec cette patiente est difficile à établir, elle a verbalisé le refus de contacts physiques au SAU mais a accepté les soins (sauf ceux d'hygiène), la tension est néanmoins palpable (prostrée, ne regarde pas le personnel soignant). Ne verbalise visiblement pas la douleur.
D'après l'entourage la patiente est brillante dans ses études,a une vie sociale, suivi psychiatrique dans le privé.
Auriez vous des informations (situations vécues etc.) avec des autistes asperger ?
Comment mettre en place un cadre de soins adapté ?
Comment réagir face à une refus de soins ?
Établir un lien de confiance ?
Merci d'avance pour vos lumières.
iade en réa
Re: Prise en charge d'une patiente autiste asperger en réa
Bonsoir,
je n'ai pas de situations vécues telles que la votre, cependant je suis passionné par l'autisme et ai déjà eu l'occasion de travailler auprès d'eux alors peut être vais-je pouvoir vous apporter quelques infos utiles.
Je pense que la première chose à envisager c'est de faire intervenir (dans la mesure du possible) l'entourage de la patiente, ce sont des personnes ressource qui ont l'habitude de cette personne, qui savent comment elle fonctionne et surtout qui connaissent sa "routine quotidienne".
Cette "routine" a sûrement été perturbée par l'hospitalisation, peut-être y a t'il une possibilité d'apporter quelques éléments de son environnement à elle dans le but de rendre la situation moins anxiogène ?
Les personnes autistes sont dans une "bulle" qui leur est confortable et rassurante, tenter de les en extirper est d'expérience souvent voué à l'échec.
Par contre, lorsqu'on apprend à les connaître est qu'on essaye d'entrer avec eux dans leur monde les résultats peuvent être surprenant.
Nous sommes à l'écoute de nos patients, là il va vraisemblablement falloir être super super à l'écoute ^_^
La verbalisation est un bon outil, de plus le fait qu'elle soit brillante dans ses études, intégrée socialement indique qu'elle pourrait être en mesure de comprendre l'intérêt de son hospitalisation, n'hésitez pas à lui expliquer en détail les soins et leur but avant de les réaliser.
Face à un refus de soins, j'aurai envie de dire que tout dépend du soin ^^
Si celui-ci est réellement indispensable, vital, la santé prime évidemment.
Si c'est un soin dont la patiente peut se passer, le bénéfice est peut-être inférieur au préjudice.
La tâche la plus dure va être de jauger les moments les plus propices à la prise en charge de votre patiente, les moments où la communication sera possible, où elle acceptera la présence des soignants, et les moments où elle aura besoin de se recueillir dans son monde à elle, de se protéger, des moments qu'il sera bon (indispensable ?) de lui laisser.
Par rapport à la douleur, les personnes autistes (asperger ou non) en ont une perception différent des personnes non autistes.
Il m'est déjà arrivé de voir un jeune enfant autiste se frapper la tête contre le sol sans pour autant manifester la moindre attitude de douleur.
Il faut y faire d'autant plus attention, parce que la douleur habituellement associée au symptôme d'une complication (ou autre) n'apparaîtra pas forcément.
En contre-partie, il est possible que le simple contact de votre main sur sa peau lui soit insupportable.
Là encore, il vous faudra jauger ^^
Voilà mes quelques conseils, je n'ai pas la prétention d'affirmer qu'ils seront à 100% efficaces avec la prise en charge de votre patiente mais j'espère qu'ils vous seront utiles !
Bon courage et n'hésitez pas à donner des nouvelles de la suite des évènements !
je n'ai pas de situations vécues telles que la votre, cependant je suis passionné par l'autisme et ai déjà eu l'occasion de travailler auprès d'eux alors peut être vais-je pouvoir vous apporter quelques infos utiles.
Je pense que la première chose à envisager c'est de faire intervenir (dans la mesure du possible) l'entourage de la patiente, ce sont des personnes ressource qui ont l'habitude de cette personne, qui savent comment elle fonctionne et surtout qui connaissent sa "routine quotidienne".
Cette "routine" a sûrement été perturbée par l'hospitalisation, peut-être y a t'il une possibilité d'apporter quelques éléments de son environnement à elle dans le but de rendre la situation moins anxiogène ?
Les personnes autistes sont dans une "bulle" qui leur est confortable et rassurante, tenter de les en extirper est d'expérience souvent voué à l'échec.
Par contre, lorsqu'on apprend à les connaître est qu'on essaye d'entrer avec eux dans leur monde les résultats peuvent être surprenant.
Nous sommes à l'écoute de nos patients, là il va vraisemblablement falloir être super super à l'écoute ^_^
La verbalisation est un bon outil, de plus le fait qu'elle soit brillante dans ses études, intégrée socialement indique qu'elle pourrait être en mesure de comprendre l'intérêt de son hospitalisation, n'hésitez pas à lui expliquer en détail les soins et leur but avant de les réaliser.
Face à un refus de soins, j'aurai envie de dire que tout dépend du soin ^^
Si celui-ci est réellement indispensable, vital, la santé prime évidemment.
Si c'est un soin dont la patiente peut se passer, le bénéfice est peut-être inférieur au préjudice.
La tâche la plus dure va être de jauger les moments les plus propices à la prise en charge de votre patiente, les moments où la communication sera possible, où elle acceptera la présence des soignants, et les moments où elle aura besoin de se recueillir dans son monde à elle, de se protéger, des moments qu'il sera bon (indispensable ?) de lui laisser.
Par rapport à la douleur, les personnes autistes (asperger ou non) en ont une perception différent des personnes non autistes.
Il m'est déjà arrivé de voir un jeune enfant autiste se frapper la tête contre le sol sans pour autant manifester la moindre attitude de douleur.
Il faut y faire d'autant plus attention, parce que la douleur habituellement associée au symptôme d'une complication (ou autre) n'apparaîtra pas forcément.
En contre-partie, il est possible que le simple contact de votre main sur sa peau lui soit insupportable.
Là encore, il vous faudra jauger ^^
Voilà mes quelques conseils, je n'ai pas la prétention d'affirmer qu'ils seront à 100% efficaces avec la prise en charge de votre patiente mais j'espère qu'ils vous seront utiles !

Bon courage et n'hésitez pas à donner des nouvelles de la suite des évènements !
"C'est fou le nombre de gens qui se font de la peine parce qu'ils ne savent pas se servir du langage." Howard Buten
Re: Prise en charge d'une patiente autiste asperger en réa
Nato, merci pour ta réponse !
Attente d'un diag. onco-hémato
.
Mise en place d'un "léger" tranquilisant, suite à agitations (+++) la nuit passée (vraisemblablement à cause des alarmes ... difficile en réa ...). Par contre pas de contentions physiques (heureusement, car si notre patiente ne supporte pas le toucher..).
Ce jour pose d'un KTC pour dialyse, c'est assez gênant moralement parlant de toucher une patiente (pour les soins) qui refuse ces dits soins, mais qui n'est pas en état de s'exprimer clairement.
Pour ce qui est de la routine, la patiente semble très (TRÈS) attachée a ses vêtements, le MAR a accepté de transiger pour un gilet.
As-tu des pistes pour les soins d'hygiène ? Ce fût un moment d'angoisses intenses ce matin car participation difficile pour la patiente.
Pour la douleur, à la vue de sa bio., de la clinique, et des examens réalisés mise en place d'un PSE de morphine.
Elle semble très perturbée par le matériel en place (KTC, sonde U, sonde Rectale, scope, tensio, sat).
Demain passage du psychiatre pour briefer l'équipe et mettre en place un protocole adapté à la patiente.
Dans tous les cas merci beaucoup pour tes lumières, si d'autres ont des témoignages je suis preneuse
Attente d'un diag. onco-hémato

Mise en place d'un "léger" tranquilisant, suite à agitations (+++) la nuit passée (vraisemblablement à cause des alarmes ... difficile en réa ...). Par contre pas de contentions physiques (heureusement, car si notre patiente ne supporte pas le toucher..).
Ce jour pose d'un KTC pour dialyse, c'est assez gênant moralement parlant de toucher une patiente (pour les soins) qui refuse ces dits soins, mais qui n'est pas en état de s'exprimer clairement.
Pour ce qui est de la routine, la patiente semble très (TRÈS) attachée a ses vêtements, le MAR a accepté de transiger pour un gilet.
As-tu des pistes pour les soins d'hygiène ? Ce fût un moment d'angoisses intenses ce matin car participation difficile pour la patiente.
Pour la douleur, à la vue de sa bio., de la clinique, et des examens réalisés mise en place d'un PSE de morphine.
Elle semble très perturbée par le matériel en place (KTC, sonde U, sonde Rectale, scope, tensio, sat).
Demain passage du psychiatre pour briefer l'équipe et mettre en place un protocole adapté à la patiente.
Dans tous les cas merci beaucoup pour tes lumières, si d'autres ont des témoignages je suis preneuse

iade en réa
Re: Prise en charge d'une patiente autiste asperger en réa
Bonjour !
Dur dur le diagnostic onco-hémato chez une patiente si jeune
Concernant les soins d'hygiène, je pense qu'encore une fois l'entourage peut apporter des informations, même si l'on est loin du cadre quotidien.
Peut être sur des petits détails (savon, certaines affaires de toilettes perso etc...), mais j'imagine qu'en réa tout est plutôt restreint ?
Peut être aussi en saisissant les moments où elle est calme et où une communication est possible.
Au vu de tout l'équipement médical qui lui est "attaché" j'imagine qu'il n'est pas non plus possible d'effectuer la toilette dans un endroit plus calme ? loin des alarmes et des scopes ?
Je comprends l'angoisse que tu ressens à forcer les soins, même en rendant les soins les moins désagréables possible.
Après, un service de réa n'est évidemment pas adapté pour une prise en charge comme celle-ci, ça risque malheureusement d'être un mauvais moment à passer aussi bien pour la patiente que pour l'équipe
A t-elle la possibilité d'effectuer les activités qu'elle avait l'habitude de faire tous les jours ? Les personnes autistes asperger ont en général un ou plusieurs domaines de prédilection (que ce soit le dessin, l'écriture et bien d'autres...) dans lesquels ils aiment dédier leur temps.
Dans cette situation cela pourrait être une sorte de "garde fou" ?
En tout cas j'espère que la suite des évènements se passera mieux
Je suis curieux aussi de savoir quel protocole le psychiatre à mis en place ?
Bon courage ! a bientôt
Dur dur le diagnostic onco-hémato chez une patiente si jeune

Concernant les soins d'hygiène, je pense qu'encore une fois l'entourage peut apporter des informations, même si l'on est loin du cadre quotidien.
Peut être sur des petits détails (savon, certaines affaires de toilettes perso etc...), mais j'imagine qu'en réa tout est plutôt restreint ?
Peut être aussi en saisissant les moments où elle est calme et où une communication est possible.
Au vu de tout l'équipement médical qui lui est "attaché" j'imagine qu'il n'est pas non plus possible d'effectuer la toilette dans un endroit plus calme ? loin des alarmes et des scopes ?
Je comprends l'angoisse que tu ressens à forcer les soins, même en rendant les soins les moins désagréables possible.
Après, un service de réa n'est évidemment pas adapté pour une prise en charge comme celle-ci, ça risque malheureusement d'être un mauvais moment à passer aussi bien pour la patiente que pour l'équipe

A t-elle la possibilité d'effectuer les activités qu'elle avait l'habitude de faire tous les jours ? Les personnes autistes asperger ont en général un ou plusieurs domaines de prédilection (que ce soit le dessin, l'écriture et bien d'autres...) dans lesquels ils aiment dédier leur temps.
Dans cette situation cela pourrait être une sorte de "garde fou" ?
En tout cas j'espère que la suite des évènements se passera mieux

Je suis curieux aussi de savoir quel protocole le psychiatre à mis en place ?
Bon courage ! a bientôt
"C'est fou le nombre de gens qui se font de la peine parce qu'ils ne savent pas se servir du langage." Howard Buten
Re: Prise en charge d'une patiente autiste asperger en réa
Salut Nato,
Merci pour ta réponse.
Tout est très restreint dans notre service, d'autant plus avec une patiente en aplasie... Et impossible de mobiliser la patiente plus que pour un simple changement de position dans le lit. De même pour les activités, ses proches nous ont indiqué qu'elle aimait les encyclopédies (le MAR lui a donné un Vidal
), mais avec les règles d'hygiène +++ et vu l'état de a jeune file cela me semble bien compliqué...
C'est un peu triste comme histoire, vu que c'est sans solutions (on ne peut pas ne pas "toucher", ni ne pas faire les soins d'hygiène, ni couper les alarmes des PSE, scope...), le psy a mis en place un "bon" traitement et briefé l'équipe (pour tordre le cou aux psychorigides
). C'était me semble t'il nécessaire quand on voit l'attitude de certains soignants, sans respect face à une patiente qui en plus de manifester tous les signes possibles d'angoisse répète qu'elle ne veut pas qu'on la touche. D'une manière générale, il (le psy) nous a conseillé de prévenir la patiente, d'éviter au possible les masques (MHC, VNI...), et de laisser tant que possible de la place pour l'entourage.
En tous cas c'est une expérience très intéressante bien qu'un peu frustrante sur certains points .
Merci pour ta réponse.

Tout est très restreint dans notre service, d'autant plus avec une patiente en aplasie... Et impossible de mobiliser la patiente plus que pour un simple changement de position dans le lit. De même pour les activités, ses proches nous ont indiqué qu'elle aimait les encyclopédies (le MAR lui a donné un Vidal

C'est un peu triste comme histoire, vu que c'est sans solutions (on ne peut pas ne pas "toucher", ni ne pas faire les soins d'hygiène, ni couper les alarmes des PSE, scope...), le psy a mis en place un "bon" traitement et briefé l'équipe (pour tordre le cou aux psychorigides

En tous cas c'est une expérience très intéressante bien qu'un peu frustrante sur certains points .
iade en réa