Saturation basse et deces du patient

[Infirmière 02]

Bonjours, j'ai une situation qui m'a énormément perturbé durant un de mes stages.
J'étais étudiante dans un service de gérontologie. Lors d'une nuit où j'étais présente, une patiente BPCO et très anxieuse sonne. Je me dirige à la sonnette, cette dernière dit avoir des difficultés respiratoires sans signe apparent de dyspnée. Sa saturation était de 70%. Je la rassure et lui dit de se mettre dans sa position habituelle pour facilité sa respiration (elle avait l'habitude de se mettre sur le côté pour respirer, ce qu'elle faisait les nuits précédentes). Lors du tour de l'IDE, 1hoo/2hoo plus tard, l'IDE constate la même saturation, elle décide d'administrer un aérosol, elle relève le dossier, mais la patiente décédé avant même que l'infirmière est le temps de la faire. Suis je responsable de ce deces? Aidez moi svp

[myloma]

bonjour infirmière 02:)

la saturation était-elle habituellement dans les chaussettes?
tu l'avais signalée à l'infirmière?
y avait-il un protocole pour cette personne visiblement en "bout de course"?

c'était il y a longtemps? je vois ton pseudo alors cela fait qq mois, années et cela te bouffe toujours,
tu en as parlé ensuite avec l'équipe?

[Infirmière 02]

C'était il y a quelques moi, depuis je suis diplômé, et travaille.
Je n'ai plus le souvenir justement des sat antérieurs.. Mais patiente BPCO, et faisant couramment des crises d'angoisses, donc pour moi c'était une crise d'angoisse, même si j'ai apprit après qu'on ne desaturait pas aussi bas lors d'une crise d'angoisse. Et non, malheureusement je n'ai pas alerté l'IDE..
Cette histoire me bouffe sincèrement.. Et je me sens réellement coupable de son deces..

[Infirmière 02]

Merci d'avoir répondu aussi rapidement en tout cas

[myloma]

à quoi bon te tourmenter ainsi, tu ne peux réécrire l'histoire

je ne connais pas ta patiente mais en ai vu bcp au cours de ma longue carrière

une personne avec une sat si basse qui "encaisse" relativement sans cyanoser, cela signifie que cela faisait xx années que sa maladie évoluait; et qu'elle a "appris" à vivre en s'économisant
son pronostic vital était compromis depuis des années

qq comme toi et moi ne supporterait pas une telle désaturation car ce serait en mode aigu, ici, cela témoigne de l’installation et aggravation chronique de sa BPCO

un étudiant par définition ne sait pas tout
avais-tu des bases sur la pneumo et même si tu en avais eues, avais-tu bien assimilé le cours?

la seule chose à faire est d'en tirer enseignement pour toi mais aussi pour les ESI que tu formes aujourd'hui

[Infirmière 02]

J'avais eus des cours oui sur la pneumologie, et avait dans la tête qu'une BPCO âgée pouvait desaturé très bas sans pour autant que son pronostic vital soit engager..
Cette situation m'a en effet appris beaucoup de chose, et m'aide dans les situations que je rencontre en tant qu'IDE maintenant.
On m'a dit aussi, mais je n'ai pas eut d'information plus précise dans les livres, ou sur internet, qu'une patiente BPCO qui desature en dessous de 80% à peu de chance de remonté au dessus.. Est ce vrai? Cela dépends aussi de la patiente je suppose.
Mais c'est vrai que c'est une situation où je culpabilise encore énormément et pour laquelle j'ai du mal à avancer. Devrais je en parler à l'IDE avec laquelle j'étais?

C'est la qu'on se rends compte qu'on a très à un coeur ce métier, et je l'adore toujours autant.. Les patients nous apportent autant que nous leur apportons!

Merci pour tout, beaucoup de jeunes diplômés ont se sentiment de culpabilité

[myloma]

en parler à l'IDE ?
tu la revois depuis?

aller la trouver pour lui dire qu'il y a 6 mois ...je ne pense pas que ce soit utile

effectivement le pronostic n aurait pas changé pour autant
les patients "s'habituent" de façon relative évidemment, à désaturer de façon graduelle

la théorie et la pratique, c'est bien différent quand on voit "pour de vrai", nous l'avons tous vécu

maintenant, si tu as un doute, je suppose que tu en parles aux collègues et tu encourages l'étudiant à en faire de même

[copa]

Au pire, tu ne seras jamais "responsable du décès ", c'est la désaturation la responsable .
A la limite tu peux te poser la question de savoir si tu serais responsable de ne pas avoir fait ce qu'il faut pour la soigner, mais jamais "responsable du décès".
Pour moi ça change déjà beaucoup de choses.
Pour la petite histoire perso, j'ai beaucoup évolué lorsque j'étais en psychiatrie à mes débuts, dans une équipe franchement pas facile.
On me faisait comprendre (ou croire, avec le recul ) que lorsque c'est moi qui m'occupait de telle personne, celle-ci était plus agitée qu'avec d'autres soignants. Ce qui est possible, bien sûr, mais la façon dont on me le disais laissait presque penser que j'étais responsable de la maladie de cette patiente. Je n'étais pas bien, je me remettais énormément en question, jusqu'à ce qu'un jour j'ai eu une illumination : je me suis dis que je n'étais pas responsable de la maladie de cette patiente !! Et ça m'a beaucoup aidé à prendre de l'assurance !

Quand tu parle de "responsable du décès", cela me fait penser à cette histoire .

[Jo_bis]

Cette personne avait une BPCO visiblement depuis des années, voire des dizaines d'années, avec les conséquences possibles, notamment un "cœur pulmonaire" (=gros cœur avec des capacités d'éjection très amoindries).
Elle risquait l'arrêt cardiaque à tout moment (et devait le savoir...), ce qui s'est finalement produit.

Vous n'êtes en rien coupable (ou responsable) de cela, il va falloir prendre du recul et apprendre à vous préserver.
Passez à autre chose, au lieu de vous miner le moral.

[Infirmière 02]

C'est vrai que avec cette histoire je pensais vraiment l'avoir tué, je pensais même que je ne méritais pas mon diplôme.
Merci beaucoup, c'est vrai qu'au final ce n'est pas ma de ma faute, c'est sa BPCO qui à fait qu'elle à desaturé et donc qu'elle est décédé. Mais des milliards de questions me viennent à l'esprit. Aurait on pi la sauver?
Il faut vraiment que j'apprenne à mettre une distance professionnelle, à m'endurcir, et surtout le convaincre que je ne suis pas responsable! Merci de vos réponses

[Jo_bis]

Mais des milliards de questions me viennent à l'esprit. Aurait on pi la sauver?

Clairement non.
Ne raisonnez pas comme cela...

Si nous allons au bout du bout de votre raisonnement : on réanime, on masse, on intube...pour au final prolonger l'existence de cette dame par la douleur, la dépendance, dans un état végétatif, bref, sans aucune possibilité d'en sortir sans dommages physiques et psychologiques (et je ne parle pas de la souffrance familiale...).

Qui peut souhaiter cela ???
Personne.
Et surtout pas vous, je suppose...

[myloma]

la seule chose qui aurait pu sauver cette personne aurait été une greffe de poumons, mais vu la dégradation générale de sa santé, je doute qu'elle aurait pu en bénéficier
comme dit Jo bis, à part une réanimation lourde, rien de plus à faire, et ce, au prix d'une agonie plus longue, d'autant que cela faisait des années que la pathologie évoluait

c'est difficile de se rendre compte qu'on ne peut "guérir" tout le monde,

un jour viendra ou tu penseras à ce vécu comme un souvenir

[Infirmière 02]

Merci beaucoup! Je pense que je n'ai pas encore assez d'expérience professionnelle pour prendre du recul face à cela, mais ça viendra
Vos messages m'aident beaucoup en tout cas!
C'est vrai que j'ai une autre vision de la situation maintenant. C'est sa pathologie qui l'a emporté. Sa pathologie qui l'a fait desaturé..
Merci beaucoup, je respire de nouveau!

[Infirmière 02]

[quote="Infirmière 02"]Merci beaucoup! Je pense que je n'ai pas encore assez d'expérience professionnelle pour prendre du recul face à cela, mais ça viendra
Vos messages m'aident beaucoup en tout cas!
C'est vrai que j'ai une autre vision de la situation maintenant. C'est sa pathologie qui l'a emporté. Sa pathologie qui l'a fait desaturé..
Merci beaucoup!!

[myloma]

c'est normal que tu sois touchée, tu le seras encore tout au long de ta carrière;
tu te remets en question et c'est heureux;
tu vas apprendre à te protéger émotionnellement (sans te blinder)

bonne continuation