Situation éthique ue 1.3 en semestre 4

[PixyBN]

Bonjour à tous,

Dans le cadre de l'UE 1.3 S4, nous devons rédiger en groupe l'analyse d'une situation éthique que voici :

Mr X, 53 ans, est atteint de la SLA depuis 1 an 1/2. Il est en fauteuil roulant et porteur d'une gastrostomie. Il est pris en charge par un service d'hospitalisation à domicile. Il refuse la trachéotomie. Il est sous VNI la nuit, et peut avoir des séances de cough assist la journée. Il a été décidé avec Mr X que le jour où il souffrirait d'une détresse respiratoire trop grande, il serait sédaté avec de l'Hypnovel pour pouvoir partir sans souffrance.
Or, malgré une atteinte respiratoire importante, Mr X est fumeur. Ne pouvant fumer seul (il ne contrôle plus ses membres supérieurs), c'est les infirmiers de l'HAD qui l'aident à fumer (un cigare par jour à la visite de 15h).

Mais voilà, est-ce moral de faire fumer une personne atteinte de cette maladie en sachant que cela va délibérément aggraver son état et augmente le risque de provoquer une détresse respiratoire ? Ou au contraire, vu que Mr X est condamné et n'a plus que quelque temps à vivre, est-ce de la bienveillance de lui laisser ce plaisir, sachant que c'est aussi un moment privilégié pour la communication et que cela joue un rôle essentiel dans son bien-être psychologique ?

J'aimerais votre avis sur la question, et aussi savoir s'il existait des repères juridiques concernant ce genre de question...

[augusta]

Bonjour,

Pour moi la situation que tu décris n'a rien à voir avec l'éthique.
D'ailleurs tu emploies toi-même le mot de "moral".

Je pense, de manière générale, et à partir de cette situation que la morale n'a rien à faire dans le soin.

Il ne faut pas confondre la morale (avec ce qu'elle a de castrateur) et la loi.

Pour revenir à ta situation, si j'étais formatrice je dirais que vous ne vous êtes pas trop cassé la tête.
Est-ce bien est-ce mal que ce patient fume un cigare chaque après-midi?
Penses-tu réellement que l'important ce soit ça?

[binoute1]

aussi savoir s'il existait des repères juridiques concernant ce genre de question...

ahhhh, la loi ....

[PixyBN]

Re Bonjour,

En fait, ce n'est que la première partie de la situation. La suite commence le jeudi 13 mars vers 20h où l'épouse de Mr X appelle l'HAD en urgence parce qu'elle pense que son mari fait une détresse respiratoire. Quand les infirmiers arrivent, Mr X est secoué mais il a récupéré physiquement. Par contre, il est à la fois triste, en colère et perdu. Il demande un cigare, et les infirmiers, compte tenu de la situation lui expliquent que ce ne serait pas raisonnable, qu'il pourra en fumer un le lendemain, mais qu'il doit se reposer. Cela agace profondément Mr X, il réplique qu'on ne comprend rien, qu'on est pas capables de l'écouter, qu'il s'en fiche que ce soit raisonnable, et que s'il ne peut pas avoir de cigare, autant qu'on lui injecte l'ampoule. Il dit qu'il en a marre de vivre, que ce n'est pas une vie. Là dessus, les infirmiers lui rappellent que l'ampoule d'Hypnovel ne peut en aucun cas le tuer, elle est juste sensée l'apaiser le jour où il sera en train de partir. Et ils ajoutent "l'euthanasie c'est pas notre job". Après une longue conversation et des négociations, Mr X jette l'éponge pour le cigare et accepte qu'on l'aide à se coucher. Le lendemain, l'HAD prend contact avec l'équipe mobile de soins palliatifs qui vient se présenter à Mr X. Ne voulant pas mourir chez lui, il accepte d'être transféré dans un établissement spécialisé dans les soins palliatifs. A partir de ce jour-là, plus aucun soignant n'a pris le risque de lui faire fumer un cigare, la détresse respiratoire s'annonçant de plus en plus proche. Le mercredi 19 mars, Mr X décède dans le service de soins palliatifs.

Pourquoi décider de le priver de cigare à ce moment-là et pas avant à ce compte-là ? Peut-être qu'en le laissant fumer un dernier cigare, Mr X serait décédé à peine quelques jours plus tôt, mais en ayant eu la satisfaction de fumer ?

Augusta, je suis d'accord quand tu dis que la morale n'est pas l'éthique, mais ce sont quand même nos repères moraux, nos valeurs, la loi, la religion, etc. qui déterminent ce qu'il y a d'éthique dans une situation, non ?

Aussi, quand tu dis que la morale n'a rien à faire dans les soins, est-ce que ça veut dire que tu serais prête à prodiguer un soin en trouvant ça immoral ou que pour toi, tout est moral dans le soin ?

Je ne suis pas sure d'utiliser les bons mots, j'ai du mal entre éthique, morale, valeurs, notion de bien et mal ...

Je suis là pour rechercher de l'aide, j'accepte les critiques quand on les explique. Qu'est-ce que c'est l'important quand on est emprisonné dans son corps et qu'on sait qu'on va bientôt mourir ? Pour moi ce cigare est le symbole d'un morceau d'autonomie qui reste à Mr X, sa capacité à investir la vie...

[execho]

je crois que tu dois recadrer ta réflexion sur:ton monsieur fait une demande à un professionnel de santé pas à un copain.

[augusta]

Bonsoir PixyBN,

Avec la suite de ta situation c'est beaucoup mieux.
On est enfin au coeur du sujet.

En ce qui concerne tous ces termes qui te paraissent flous, tu pourrais aller chercher différents articles parus sur inf.com. Il y en a.

Tu dois bien faire attention à employer les bons mots. Quand tu disais "est-ce moral de...."....tu employais un mot inadapté.
La morale, c'est ce qui est bien et ce qui est mal.
Or qui sommes-nous pour juger de ce qui est bien ou de ce qui est mal pour une personne?

La démarche éthique doit être une démarche pluridisciplinaire, ou collective en tous les cas. Il ne s'agit pas qu'une personne décide seule ce qui doit être fait ou ne pas être fait.

Je te donne quelques repères sur la différence entre morale et éthique, issus de mes cours:

Morale / Ethique
Elle impose/ Elle dispose
Intemporelle/ Actuelle
Lois, commandements.../ Règlements, désirs, conseils
Devoirs généraux/ Devoirs incombant à une action
Impérative/ Relative
Fixe des lois intangibles/ Détermine des règles explicites
Relative aux sociétés/ Relative à un groupe
Donne du sens/ Donne de la cohérence
Que devons-nous penser?/ Comment dois-je vivre?
Que devons-nous faire?/ Comment dois-je agir?

Marie- Ange Coudray a écrit un article sur le sujet: Ethique et droits des usagers (je n'ai pas le nom de la revue).

[augusta]

Petit rajout ici:

Au lieu de penser pour l'autre, l'éthique est fondée sur la pensée de l'autre.

Autre référence: O. Patcheng et S. Szerman L'Ethique dans les soins aux Editions Heures de France.

[augusta]

Pourquoi décider de le priver de cigare à ce moment-là et pas avant à ce compte-là ? Peut-être qu'en le laissant fumer un dernier cigare, Mr X serait décédé à peine quelques jours plus tôt, mais en ayant eu la satisfaction de fumer ?
Qu'est-ce que c'est l'important quand on est emprisonné dans son corps et qu'on sait qu'on va bientôt mourir ? Pour moi ce cigare est le symbole d'un morceau d'autonomie qui reste à Mr X, sa capacité à investir la vie...

Tes questions sont intéressantes.
Je n'ai pas de réponses à te donner (y en a-t-il d'ailleurs?).
Le plus important n'est pas d'avoir une réponse mais bien de se questionner.
Pour moi l'éthique ce serait cela: s'interroger, non pas sur ce qui est "bien" ou ce qui est "mal".....mais sur ce qui serait le mieux pour cette personne.
L'éthique est une interrogation.

Bon courage pour ton devoir!

[Anonyme222222]

Pour moi l'éthique ce serait cela: s'interroger, non pas sur ce qui est "bien" ou ce qui est "mal".....mais sur ce qui serait le mieux pour cette personne.

HUM… Et l’IDE est il/elle dans son rôle à faire le bien et/ou le mal ou le mieux ? Et en fonction de quoi et selon quels critères? Et jusque où ?

Le cigare pour ce monsieur et quoi pour les autres ?

[execho]

ben oui,quoi d'autre:chanter,danser,le promener sous la pluie ,lui mettre en route des films porno,insulter sa belle mère,lui faire boire un verre de gin avant de dormir....tout est possible entre amis.Ici il s'agit d'avoir un rôle soignant le cigare,c'est un peu différent que de placer le réveil dans la bonne position .Pour ma part,je pense(à tord?) que lui faire fumer un cigare c'est lui confirmer que chaque minute qui lui reste n'a aucune importance dans nos yeux de soignants et que à ce stade être soignant n'a aucune raison d'être. Bref,c'est confondre les métiers de service et d'aide.

[augusta]

Avoir une démarche éthique n'a rien à voir avec le fait de se positionner en tant qu'ami!
Il ne s'agit pas de faire plaisir.
Il s'agirait plutôt de s'interroger de façon collective au bien-être de l'autre.

La prise de décision éthique est toujours unique à un moment donné dans un contexte donné.
Les différentes étapes pourraient être:
- évaluation du contexte.
- délibération (cela ne relève d'un choix individuel).
- argumentation de toutes les personnes concernées avec émergence de différents choix possibles.
- prise de décision qui pourrait être assimilée à un "acte sage".
Accepter un compromis suppose une sensibilité éthique et une ouverture au raisonnement, surtout si la décision finale prise en commun est loin de ses propres croyances et valeurs.

Je n'ai pas de source, seulement ce que j'ai compris et retenu de mes cours!

[execho]

oui,c'est ce que je voulais dire;le professionnel de santé même si il est très proche du malade n'a pas à raisonner comme un ami ou comme un bon ami a envie de faire.Le malade fait ce qu'il veut avec son traitement mais il ne peut pas faire ce qu'il veut des professionnels de santé.Ce n'est pas un métier de servage,et à ce propos,certains ne se gène pas avec les auxilliaires de vie mais pas deux fois en ma présence.

[loulic]

Dans ta situation le patient est d'abord à domicile avec sa famille ?

Dans ce cas pourquoi l'infirmier l'aide à fumer son cigare ?

[PixyBN]

Merci pour toutes ces réponses, on travaille encore sur la situation mais je vous ferai part de notre travail de groupe !

loulic : en fait, il manque quelques infos ! Oui, ce Mr est à domicile, mais son épouse garde des enfants en bas âge à la maison toute la journée. Ils ont convenu pour plusieurs raisons que Mr X habiterait dans le garage (qui a été plus ou moins aménagé en salle de soins), notamment pour ne pas effrayer les enfants (c'est ce qu'a dit l'équipe soignante) ! De plus, leur relation a été altérée avec l'apparition de la maladie (ils avaient des propos agressifs l'un envers l'autre). Et Mme ne cautionne pas franchement l'idée de fumer, même si elle respecte la volonté de son mari.

execho : tu ouvres une voie à laquelle je n'avais pas pensé. C'est d'autant plus difficile de garder une distance professionnelle qu'ici le patient est chez lui, et l'équipe le connaît depuis de longs mois. Il y a forcément des liens au-delà d'une simple relation soignant-soigné qui se créent. Aussi, les règles ne sont pas les mêmes qu'à l'hôpital où il est interdit de fumer dans sa chambre, sans exception. C'est vrai que certains patients ont parfois des exigences farfelues, ou qu'ils sont énormément demandeurs, mais plutôt que par désir de se faire servir, je pense pour ma part que c'est une manière pour eux de retenir le soignant auprès d'eux et pour ne pas rester seul.

[binoute1]

La morale, c'est ce qui est bien et ce qui est mal.
Or qui sommes-nous pour juger de ce qui est bien ou de ce qui est mal pour une personne?

et la morale, c'est personnel