Soigner un patient qui a commis un délit

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AmThLi
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Re: Soigner un patient qui a commis un délit

Message par AmThLi »

Sans vouloir opérer une pénétration phallique dans l'orifice excréteur des drosophiles, je pense qu'il n'est pas tant de peur question que d'angoisse.
J'opère la distinction. Ce n'est pas le même rapport à l'objet. J'ai peur lorsque machin s’apprête à me foutre son poing dans le nez.
Par contre, toute la mécanique de curiosité, aller fouiller voir les antécédents de machin, ça, c'est de l'angoisse.
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."

J. Oury
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ATea
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Re: Soigner un patient qui a commis un délit

Message par ATea »

Il peut y avoir la peur physique oui mais aussi la peur de ce que représente l'autre.
De ce qu'il provoque en moi là directement et le soir quand je rentre.
De ce qu'il me renvoie dans ma vie actuelle (personnelle ou pro), mon passé trop bien enfoui aussi parfois.
De ce qu'il remet en cause profondément.

La peur est une émotion primaire. L'angoisse est plus un mix entre peur et inquiétude latente. Enfin je le ressens comme ça. Mais je ne parle qu'en mon (sur)nom :)
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Jo_bis
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Re: Soigner un patient qui a commis un délit

Message par Jo_bis »

AmThLi a écrit : J'ajoute qu'en général, aller à la rencontre de quelqu'un avec le préjugé qu'il ou elle a déjà été violent(e) par le passé n'aide pas. Bien au contraire : on se fait une idée, mais avec les paroles des autres, avec un regard qui ne nous appartient pas et que l'on ne s'approprie que très maladroitement et hors-contexte. Attention, donc, à ça.
Oui, justement, en tant que soignants, nous devons faire abstraction des "on dit" et autres "bruits de couloir" pour nous faire notre propre opinion (et non jugement), avec recul, professionnalisme et impartialité.

C'est très difficile :
ATea a écrit :La peur est une émotion primaire. L'angoisse est plus un mix entre peur et inquiétude latente.
Il ne faut pas se laisser submerger par nos émotions.
"Il suffit de nous regarder pour voir comment une forme de vie intelligente peut se développer d'une manière que nous n'aimerions pas rencontrer."
Stephen HAWKING
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ATea
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Re: Soigner un patient qui a commis un délit

Message par ATea »

Et pour ne pas se laisser submerger, il faut en parler. Les identifier, les nommer pour mieux les apprivoiser, les reconnaître et ainsi permettre une mise à distance de nos émotions qui dans le cas contraire, peuvent parasiter notre prise en charge...
brrruno
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Re: Soigner un patient qui a commis un délit

Message par brrruno »

Bonsoir,
Rapidement pour ce qui est de la peur ou de l'angoisse, je rejoins AmThLi, la peur est liée à un objet bien défini par celui qui ressent la peur alors que l'angoisse (il y a un objet mais qui n'est pas saisissable ... et qui "est ailleurs") se constitue d'un vide et c'est la réponse que l'on va vouloir donner à cette angoisse qui va alimenter le fantasme dans son rapport à l'Autre. L'angoisse n'est pas une émotion mais un affect (pour reprendre Freud) c'est en ce sens qu'elle n'est verbalisable qu'au travers du corps. Et la certitude qu’entraîne l'angoisse vient faire rupture dans le cours de la pensée et pousse dans l'agir.

Quant à connaître les actes commis par le patient, je pense qu'il est important que certains le sachent et d'autres non parce que cette pluralité des positionnements permettra au patient d'y trouver son compte (reste à l'équipe de pouvoir repérer cela et en discuter).
Je ne crois pas que la question se situe tant à ce niveau, mais comme vous le rappelez si c'est bien, il s'agit d'un travail personnel à faire afin d'identifier ses ressentis et ne pas les projeter sur le patient.
Une personne violente n'est pas juste une personne violente, elle l'est dans un contexte particulier et c'est la psychopathologie qui doit nous guider dans l'attention relationnelle et non l'acte commis.
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nonoht
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Re: Soigner un patient qui a commis un délit

Message par nonoht »

augusta a écrit : Personnellement, je suis comme toi....au début: c'est-à-dire dans le dégout puis dans le rejet.....ensuite j'arrive à oublier...je n'y pense plus.
Bon courage pour ton travail!

j'ai toujours du mal.... surtout la dernière fois quand un papi t'explique que c'est sa petite fille de 6 ans qui l'a aguiché.. bon je passe sur le reste.... mais c'etait cru et crade...

Heureusement que l'on est une bonne équipe soudée pour pouvoir en parler entre nous afin de decompresser... ca aide bcp.


Pour les autres type de délit (souvent des placements SDRE d398) cela se passe souvent bien...
IDE en psy
Celinedt
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Re: Soigner un patient qui a commis un délit

Message par Celinedt »

ifsigre a écrit : Ma question est la suivante : comment prendre en charge un patient lorsqu'il a commis des actes qui vont contre notre morale ? (je parle uniquement de patients malades, et non de personnes incarcérées)
Bonjour, je m'apprête à entamer ma 3eme année à la rentrée prochaine.
Nous devons deja lire des articles afin de commencer l'étude de notre mémoire. Je voulais savoir si ce sujet d'analyse n'avait pas été trop compliqué et si vous aviez eut matière à exploiter.
Merci d'avance pour votre réponse.
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Cannelle2a
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Re: Soigner un patient qui a commis un délit

Message par Cannelle2a »

ifsigre a écrit :Bonjour,

je suis actuellement en stage dans un service de psychiatrie. J'ai choisi de faire une de mes analyse de la pratique sur une situation qui me questionne beaucoup...

J'ai assisté à l'entretien d'un patient schizophrène qui a commis une agression sexuelle. Mon regard sur ce patient a changé après avoir eu connaissance de ça. J'ai éprouvé plusieurs émotions : crainte, colère et dégout.
(en résumé)

Ma question est la suivante : comment prendre en charge un patient lorsqu'il a commis des actes qui vont contre notre morale ? (je parle uniquement de patients malades, et non de personnes incarcérées)

J'ai beaucoup de mal à trouver des réponses à ma question sur Internet et la bibliothèque de mon école est fermée pour le moment... Pourriez m'apporter quelques pistes de réflexions ou quelques éléments de réponses ? Merci d'avance ! :)
Dès la rentrée, je serais ESI, et j'avoue que par rapport à ce genre de situation, je serais avantagée, car jusqu'à il y a 4 ans, j'étais conseillère d'insertion et de probation, et travaillais donc auprès de personnes placée sous main de justice, incarcérée ou non, délinquantes ou criminelles. J'ai donc appris, par le biais de mon ancienne profession, à dissocier la personne de l'acte qu'elle a commis.
Il est très important de se dire qu'il y a la personne d'un côté, et l'acte de l'autre. Dans ce cas, il y a le troisième paramètre, la maladie. Il y a donc la personne, la maladie, et son acte. Ce n'est pas facile, mais dans le pratique, nous rencontrerons des patients en milieu hospitalier qui auront commis des délits ou des crimes et auront retrouvé la vie civile après avoir purgé leur peine, et nous ne le saurons pas, de fait, nous n'aurons pas ce problème de conscience morale. Mais si la situation se présente, il faut savoir penser qu'avant d'être un délinquant, c'est une personne que l'on soigne. Il y a des gens qui sont violents pathologique dans leur foyer et dont nous dirons qu'ils sont adorables ...
Pour vous aider, pensez à Hippocrate.

Bon courage
ESI 2017/2020 IFSI Ajaccio
Stage S1 HP Psychiatrie DMTC
Stage S2 UNV
Stage 2 S2 Ehpad, démence et alzheimer
Stage S3 : Unité de chirurgie ambulatoire
Stage S4 : Cardio
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