Sortie de l’hôpital à l'arrache ?

[pamela06]

Je suis un peu furax car une de mes patientes a été hospitalisée 15 jours suite à une chute (sans gravité mais elle a fait une pneumopathie d'inhalation en même temps).
Donc aujourd'hui, elle est sortie de l'hôpital et est rentrée chez elle, sans une seule ordonnance ni même un dossier de suivi, elle ne marche plus et est grabataire, en prime elle est incontinente totale (alors qu'elle ne l'était pas avant). Je l'ai retrouvée plein d'urines et de selles, pourtant ils l'avaient changée avant de partir mais moi jusqu'au soir ça fait long !!!!

La famille avait pourtant demandé un séjour en convalescence, mais l'hôpital aurait refusé.

Résultat des courses : je me retrouve avec une patiente qui ne bouge pas de son lit, la fille est présente quelques jours mais ne pourra pas rester éternellement, les places en maison de retraite médicalisées comportent une liste d'attente assez longue et en attendant c'est moi qui vais me coltiner le sale boulot

Puis je leur renvoyer la patiente car sa sécurité n'est pas assurée à domicile une fois qu'elle sera seule ?

[Durden]

Rapproche toi de l'HAD pour commencer, c'est ce que j'ai fait pour certains patients qui sont revenus comme ça et que je ne voulais pas prendre en charge.

[Anonyme222222]

La 1ère question c'est en effet, est ce que tu veux/peux prendre en charge cette personne, que souhaite la famille et bien sûr la patiente si elle est en capacité d'émettre des vœux.

[pamela06]

Non je ne veux pas, et la famille a bien émis le souhait de rester en structure.

[Anonyme222222]

C'est au mg de la faire réhospitaliser en exposant les motifs si possible au besoin en passant par les urgences.

[pamela06]

D'accord, il vient demain, merci pour vos conseils

[Maripasoula]

Sujet très intéressant !
Je vais vous donner mon avis vu "de l'autre côté", c'est à dire d'un service urgences/ post-urgences, où est sans doute restée ta patiente...
Il n'y a aucun cynisme dans mes propos (je précise au cas où)

Il n'y a que peu de lits en convalescence/ soins de suite... et bien sûr, au choix, il préfèrent des gens "un peu" autonomes... et jeunes. Idem en gériatrie aiguë.
Donc les lits de médecine post-urgence, en cette saison hivernale, sont pleins de personnes âgées avec des pneumopathies et/ou chutes.
La perte d'autonomie en service est souvent très rapide après quelques jours d'état médical précaire ayant obligé un alitement. Les kinés manquent et sont débordés, le personnel manque pour aider les gens à se (ré)autonomiser comme on le voudrait... et enfin, les places manquent.

Alors dès que les malades vont un peu mieux : retour maison

Vous savez tout ça...
Mais ça veut aussi dire que si la patiente repart dans le même circuit, il lui arrivera les mêmes déboires, avec encore moins d'autonomie.
Au total, si c'était ma patiente (ou ma grand-mère) je préfèrerais essayer d'organiser les choses avec le médecin traitant, depuis le domicile, sans la renvoyer à l’hôpital
Il me semble bien qu'en sortie d'hospi on a droit à des aides à domicile renforcées (voir CPAM ou CCAS ?), voire à un séjour en EHPAD sur les lits "d'aide à l'aidant" ?

Bon courage à vous et à la famille...

[Anonyme222222]

Je crois que ce que dénonce pamela06, outre la dégradation rapide de l'état de santé de la patiente qu'elle est quand même en état de comprendre vu qu'elle est IDE, c'est la façon minable avec laquelle sa patiente a été mise dehors.

Il n'y a que peu de lits en convalescence/ soins de suite... et bien sûr, au choix, il préfèrent des gens "un peu" autonomes... et jeunes. Idem en gériatrie aiguë.

Ils sont là pour soigner les gens sans distinction blablabla et pas pour émettre des préférences.

La moindre des choses, c'est donc de préparer le retour à domicile et de s'assurer qu'il est possible ; ce qui sous-entend de se mettre en contact avec le MG et l'IDEL ainsi que d'écouter et entendre la famille voire le patient quand c'est possible.
Donc, clairement cela risque d'être un retour à l'envoyeur (je parle bien sûr des problèmes et non de la patiente). Et pamela06 n'est pas la seule IDEL à vivre ça.

Il me semble bien qu'en sortie d'hospi on a droit à des aides à domicile renforcées

Même si il y a un accord de principe des proches et intervenants, cela demande du temps, de l'anticipation et de la préparation. Quand les patients sont très dépendants, c'est souvent insuffisant et/ou hors de prix.

[lazovi]

hors de prix...Et puis il faut que cela soit possible ! c'est hyper difficile de trouver des aides à domicile comme ça du jour au lendemain. et lorsqu'il s'agit de trouver des auxilliaires de vie ou des AS c'est carrément mission impossible.

[Maripasoula]

.

[Anonyme222222]

hors de prix...Et puis il faut que cela soit possible ! c'est hyper difficile de trouver des aides à domicile comme ça du jour au lendemain. et lorsqu'il s'agit de trouver des auxilliaires de vie ou des AS c'est carrément mission impossible.

En effet, d'autant que dans les boîtes d'aide à domicile (celles que je connais), il y a peu d'AVS mais plutôt des aide-ménagères.Restent éventuellement les SSIAD mais s'il y a (trop) de soins médico-délégués, ce genre de PEC ne les intéresse pas car pas rentable et enfin l'HAD éventuellement si présente et disponible.

[caducee1717]

hors de prix...Et puis il faut que cela soit possible ! c'est hyper difficile de trouver des aides à domicile comme ça du jour au lendemain. et lorsqu'il s'agit de trouver des auxilliaires de vie ou des AS c'est carrément mission impossible.

En effet, d'autant que dans les boîtes d'aide à domicile (celles que je connais), il y a peu d'AVS mais plutôt des aide-ménagères.Restent éventuellement les SSIAD mais s'il y a (trop) de soins médico-délégués, ce genre de PEC ne les intéresse pas car pas rentable et enfin l'HAD éventuellement si présente et disponible.

+1
je partage entièrement cette analyse...c'est du (trop souvent) vécu...

j'ai tout de même du mal à comprendre comment les établissement peuvent faire sortir une personne avec de tels besoins sans se donner la peine d'anticiper le retour à domicile et de veiller à sa "faisabilité"...sans doute parce que c'est une action qui n'est pas "cotable" financièrement, donc perte de temps, donc perte d'argent...

[pamela06]

Je trouve que ce genre de comportement est un manque total de respect envers le patient, la famille et les IDE libérales.

Ok les hôpitaux sont en déficit, vous avez des problèmes de personnel ... je suis passée par là et je le comprend.

Mais nous en libéral, on interviens SEUL(E)S (avec tout au plus la famille quand c'est possible, et j'avoue que beaucoup n'en ont rien à faire de leurs parents). Si les enfants sont agés, on ne peut pas tellement compter sur eux pour aider.

On se retrouve avec des patients totalement dépendants, dans des lits 140 X 200 à ras du sol (car en libéral pour mettre en place un lit médicalisé et toutes les aides qui vont avec, ça prend du temps !! Les médecins mettent du temps à faire les ordonnances, la livraison ne se fait pas comme ça). Va remonter un patient grabataire dans un lit 2 places sans potence quand personne ne peut t'aider..., en plus pas de barrières donc risque de chutes, pas d'alèse imperméable sur le matelas donc génial de trouver le patient baignant dedans au petit matin ... obligé de mettre des draps de bain sous les fesses du patient car pas d'alèses jetables ...

A l’hôpital vous avez des AS et des ASH pour vous aider, du matériel en quantité : nous on a personne et tout le matériel doit être commandé à l'avance car les pharmacies de ville n'ont pas tout en stock. On se retrouve même parfois obligées de faire tourner nous même la machine à laver pour avoir du linge propre (ça m'est déjà arrivé). De même, on ne peut pas se permettre de salir 3 draps, 4 serviettes et 5 gants de toilette par jour quand les gens n'ont pas de machine à laver ni de sèche linge !

Les hôpitaux oublient aussi également les transmissions pour la collègue qui réceptionne le patient. Ils sont les premiers à parler de tracabilité, mais ils oublient ce geste important qu'est la transmission à la personne qui reçoit le patient à la sortie. Les gens sortent sans aucun compte rendu de séjour pour l'IDE, seul le médecin en bénéficie mais ce dit médecin passe au domicile en général tous les mois, donc nous pendant tout ce temps là on doit improviser, aller à la pêche aux infos en demandant au patient où sa famille (vive la fiabilité), et on engage notre responsabilité à chaque fois car une erreur peut toujours arriver.

Donc nous on se retrouve comme des imbéciles, avec un patient grabataire, aucunes consigne (parfois tout juste une ordonnance de traitement !), avec l'impression qu'on est vraiment prises pour des moins que rien, bref on est toujours les dindons de la farce, et je trouve cela inadmissible.

Et quand on voit que tous nos efforts ne nous sont rémunérés grosso modo 7€ de l'HEURE pour une toilette où l'on va se péter le dos à galérer comme des forcenés (même pas le smic pffff), tu comprendras pourquoi les IDE libérales en ont marre d'être prises pour des pigeons.

[stefr38]

Globalement, je suis d'accord avec Pamela06, c'est juste la réalité que tu décris, et ta colère est justifiée. Cette situation, nous l'avons tous vécue....
Comment organiser la PEC (est-ce bien notre rôle d'ailleurs?) si on n'est même pas prévenue de la sortie, de l'état de la patiente, etc....? Et la famille ( quand il y en a!) qui compte sur nous pour tout faire.....Les AVS que personne ne veut payer parce que l'infirmière, elle, elle est gratuite! Alors on charge la mule et on devient "un ange anonyme nommé Françoise", on lave les verres, on fait les courses et on téléphone à la coiffeuse....
Mais bon, c pas grave les libérales sont très, très bien rémunérées, c bien connu.....alors elles peuvent bien faire un effort, hein?

[pamela06]

Tout à fait ! Nous on est "gratuites" et même quand on veut faire payer une part mutuelle de quelques euros, on se prend des réflexions ...