Sujets qu'il ne faut pas aborder avec les patients

[loseyourselftodance]

Bonjour à tous !

Peut-on aborder avec des patients des sujets délicats tel que la politique par exemple ? Si oui, dans quelle mesure ?

Je me pose cette question car j'ai rencontré une situation en stage qui m'a embarassée. En effet, je me chargeais de réaliser l'entrée administratif d'un patient quand celui ci m'a interpellé sur un sujet politique en me demande ce que je pensais du retour de Mr Sarkozy. J'étais gênée et ne savais pas quoi répondre. J'ai pensé qu'il n'était pas convenable d'engager un débat avec un patient, mais je me voyais mal acquiescer ces propos en allant à l'encontre de mes valeurs. Du coup quelle est la bonne conduite à tenir dans ces cas la ? peut on aborder ce genre de sujet et dans quelles limites ?
J'aurais aimer utiliser cette situation pour mon analyse de pratique sur la compétence 6 (communication).

Merci par avance à tous
Au passage si vous aviez une petite liste des sujets abordables ou non avec les patients, ça m'aiderai pas mal à gérer ce genre de situation si cela venait à se reproduire ! MERCI

[cassandre82]

ton questionnement est compliqué....
si un sujet te gène, tu peux essayer de l'éviter, en détournant gentiment la conversation...
après y-a-t-il des sujets à aborder ou non, c'est difficile à dire. tout dépend du patient, du contexte...
la politique reste toujours un sujet qui porte à polémique même dans la vie de tous les jours. donc oui cela peut être un sujet à éviter. mais si un patient te lance le sujet et que cela te gène, te met mal à l'aise, tu peux adopter ma technique : "oh ben vous savez moi la politique je n'y connais pas grand chose". au moins tu ne donne pas ton avis, ça te permet de passer à autre chose. c'est sur ça fait un peu fuite.... lol. mais bon ça peut éviter un conflit.

[loseyourselftodance]

Bonjour, merci pour ta réponse !

En effet j'ai bien essayé de détourner la conversation... et j'ai aussi employé le fameux "oh je n'y connais pas grand chose, je ne m'y interesse pas vraiment" mais Monsieur était coriace et n'a pas laché prise pour autant... j'ai même eu droit à une petite remarque du style "à votre âge vous feriez peut être mieux de vous y intéresser"

Finalement, je pense qu'il vaut peut être mieux acquiescer quitte à se mentir à soi même, non ? on évite le débat, et donc le conflit, on conserve un on rapport soignant-soigné, et tout le monde est content

[caducee1717]

Bonjour,

il m'arrive de temps en temps de me trouver confrontée à un ou une patiente qui veut parler politique mais je me l'interdis car trop personnel et polémique.

Ma réponse est éprouvée depuis pas mal d'années :

"la politique est un sujet bien trop complexe pour pouvoir l'aborder au cours de votre soin"
et le secret c'est de ne surtout pas laisser de temps à l'interlocuteur pour relancer le sujet :
"d'ailleurs à ce propos je trouve que votre plaie...blablabla..." ou " allez je vais procéder à l'injection, installez vous s'il vous plait", etc, etc,
bref garder la maitrise , rester maitresse de la situation en douceur mais...fermement.

[Anonyme222222]

Au passage si vous aviez une petite liste des sujets abordables ou non avec les patients, ça m'aiderai pas mal à gérer ce genre de situation si cela venait à se reproduire ! MERCI

Non abordables :

Religion, sexe, politique, syndicalisme, immigration, social, sociétal, éducation, finances, salaires, patrons,ordre infirmier, culture
.../...

[Patt]

Culture ?

[loseyourselftodance]

Merci beaucoup à Caducee33 et Moutarde pour vos réponses très complète !
Je me pose également la question concernant la culture ? c'est à dire, culture personnel (valeurs) ?

[cassandre82]

ah la réponse de caducee est pas mal et effectivement diriger la conversation directement sur autre chose est bien aussi.
après je suis à peu près d'accord avec moutarde sur les thèmes à ne pas aborder (religion, politique, sexe...). il n'y a que la culture, dans quel sens entendu la culture ? dans le sens art, peinture... ou dans le sens culture culture personnel (origine par exemple) ?

[caducee1717]

pour la culture telle qu'indiquée par Moutarde = un petit clic sur le mot et hop le tour est joué

Sinon je dirais que la culture est appréciée diversement par les uns ou par les autres, elle fait appel à des notions plutôt subjectives (ce qui est admiré par les uns pourra en laisser d'autres totalement indifférents)...

On peut être ému à la vision d'une chose qui parait belle, grande, magnifique, ou être totalement imperméable...
C'est valable pour tout un tas d'autres choses comme un roman, une pièce de théatre, un paysage, un plat, une chanson (perso moi je ne comprend l'engouement général pour la chanson de pharell "happy" ), bref, confronté à un avis différent on a deux choix : dire "j'aime pas", ou esquiver par un "ha oui, je connais, oui, oui" sans trop se mouiller...mais c'est difficile de maitriser l'hypocrisie par omission...
Il est préférable de mettre en place des techniques de diversion pour ne pas avoir à mentir...même si c'est juste pour ne pas contrarier quelqu'un (je parle des interactions professionnelles car dans la vie je préfère l'honnêté dès lors qu'elle n'est pas volontairement provocatrice).

[cassandre82]

d'ac merci caducee pour l'info sur le lien culture. lol

[caducee1717]

je rajouterai qu'il ne faut pas nécessairement filtrer sa communication pour être forcément en corrélation avec le discours de son interlocuteur, et c'est valable dans la vie perso tout comme dans les différentes interactions sociales qui nous animent.
Il s'agit aussi de rester soi-même, de ne pas porter un "masque" en permanence pour ne pas déplaire car c'est impossible à tenir dans la durée...


Quelqu'un a écrit : "Communiquer c’est autant partager ce que l’on a en commun que gérer les différences qui nous séparent." (Dominique Wolton, fondateur de l'Institut des Sciences de la Communication du CNRS).

Alors bien sûr il n'est pas nécessaire d'être dans la contradiction, l'esquive, ou l'évitement...mais ça dépend essentiellement de l'interlocuteur et des enjeux qui nous lient à lui...

[vanille64]

Au passage si vous aviez une petite liste des sujets abordables ou non avec les patients, ça m'aiderai pas mal à gérer ce genre de situation si cela venait à se reproduire ! MERCI

Tous les sujets sont abordables sans exception....sauf que tu sembles oublier que la chambre d’hôpital n'est pas le café du commerce et que tu as une mission à accomplir.
Tu ne parles pas du service ou tu travailles..Peut être que ce patient cherche par un mécanisme de défense à faire diversion pour calmer ses angoisses...
Pour gérer ce genre de situation la seule chose apprendre c'est savoir te positionner... tu aurais pu par exemple dire à cette personne:"je comprends que vous ayez envie de parler de Mr S.mais ici je suis en stage de 2e annee et l'IDE du service m'a chargé de faire votre admission....Vous sentez vous disponible pour cela ?

[augusta]

Au passage si vous aviez une petite liste des sujets abordables ou non avec les patients, ça m'aiderai pas mal à gérer ce genre de situation si cela venait à se reproduire ! MERCI

Curieuse demande que voilà....

C'est pourtant pas compliqué.
Tu peux échanger (de manière adaptée cela va de soi) sur tout à partir du moment où tu en as envie.
Si tu n'en as pas envie, tu le dis (à toi par la suite de réfléchir pour comprendre pourquoi tel ou tel sujet t'embarrasse).
Ce n'est pas parce qu'on est soignant qu'on ne doit parler QUE de comprimés, piqûres et pansements!

Et alors pitié, arrêtez avec les mots "convenable", "bien, "pas bien".....

[IDEalement]

Pour des gens qui ont argumenté lors de leurs oraux sur le contact social du métier qui les les attirait, ça manque de finesse dans la répartie.

Quand quelqu'un aborde un sujet qui gêne, c'est pas les moyens de botter en touche qui manquent. Et c'est parfois nécessaire. Il y a des cas où c'est très difficile (une famille qui déboule furax dans le service en demandant des nouvelles d'un proche dont le pronostic est pas bon, mais sans être sûr, rien de pire que de les laisser dans le vague). Et des fois où c'est plus simple: Une pirouette humoristique (sur Sarkozy faut être une truffe pour pas en trouver), un petit effet miroir (Sarkozy toujours, c'est typiquement le genre de question posée par quelqu'un qui ne demande qu'à y répondre lui-même)...
Et il y a des fois où ce n'est vraiment pas le moment. Quand un patient est trop inadapté, dans des demandes persistantes, on diffère et on explique pourquoi.

Au passage si vous aviez une petite liste des sujets abordables ou non avec les patients, ça m'aiderai pas mal à gérer ce genre de situation si cela venait à se reproduire ! MERCI

J'ai cru que c'était une blague mais non.

Non abordables :
Religion, sexe, politique, syndicalisme, immigration, social, sociétal, éducation, finances, salaires, patrons,ordre infirmier, culture
.../...

Et ben, les sujets de conversation doivent être passionnants avec toi.
Quand tu tombes sur un patient qui te fait une grosse vanne de cul dégueulasse, tu rougis et tu fais semblant de t'intéresser à n'importe quoi dans la direction opposée?
Avec une mentalité pareille, ça serait plus vite fait de remplacer les soignants par des automates avec des réponses préenregistrées et un tour de médocs programmé à l'avance.

/endbashing

Y'a pas de liste de sujets. Quand t'es soignant, c'est ta tchatche qui compte la plupart du temps. Un savoir-faire et un savoir-être, un temps pour chaque chose et blablabla.
On peut pas être soignant et se comporter comme le pilier de bar lambda, mais on peut pas non plus l'être si on est juste une blouse blanche qui dit bonjour et qui pique ses bilans. Y'a un juste milieu à trouver, et pas avec une liste "bien" et une liste "mal".

Cordialement

[myloma]

bonjour à tous

quand ce genre de question m'est posée et que je ne souhaite pas y répondre , je dis avec le sourire, "je ne sais pas qu'en penser, on verra"
et je passe rapidement à autre chose en déviant la conversation et je n ai jamais eu de "relance" sur le sujet

il m'arrive de parler de sujets divers et variés, sur des lieux (que je ne connais par les livres ou les reportages..),
sur la table, parfois se trouve une revue de chasse ou de bricolage, (cela ne m'intéresse pas) mais c'est un moyen de dire autre chose que
"bonjour M D , je vais vous faire votre transfu"
ou la photo du chat et des petits enfants peuvent aussi être des moyens d'entrer en communication
d'ailleurs, si ces objets sont visibles, c'est une invitation à révéler qq chose de soi, et consciemment ou pas, une invitation à parler d'autre chose que de cette maladie qui nous cloue au lit