PORTRAIT / TEMOIGNAGE

Lili Sohn, la bande-dessinée plus forte que le cancer

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Publié le 28/03/2025

Lili Sohn est auteure de bande-dessinée. A 29 ans, elle a fait l’expérience du cancer. Une expérience difficile qui rend moins con, plaisante-t-elle aujourd’hui et qui l’a poussée à se consacrer à la bande-dessinée, son rêve depuis longtemps. Rencontre à Marseille, en images. 

J’ai été diagnostiquée d’un cancer du sein en février 2014, à 29 ans. J’ai également découvert mon super pouvoir de magicienne : transformer le caca en paillettes. Si vous ne la connaissiez pas encore, voici Lili. Lili Sohn , 32 ans, auteur de bande-dessinée. Sa vie a pris un tournant difficile en 2014. A l’époque, Lili habitait à Montréal au Québec. Elle avait la vie d'une jeune femme de 29 ans, sourit-elle, installée dans le canapé du salon de son appartement marseillais. Entendre : elle travaillait (dans le jeu vidéo), habitait avec son chéri et faisait la fête. Un jour, la jeune femme se découvre un téton «un peu bizarre, qui rentrait un peu». Lors des consultations, les médecins ne trouvent rien mais par acquis de conscience, l'envoient tout de même faire une échographie. «C'est là qu'on est tombés sur une tumeur de la taille d'une balle de ping-pong».

Je n’avais pas choisi d’être malade et j’avais au moins envie de choisir comment j’allais vivre avec Günther !

Quotidien "hyper médicalisé" 

A l’époque, Lili Sohn se sent très seule face à la maladie. Je crois qu’on se sent clairement isolé. En plus, le fait que je sois si jeune, on pense que ça n’arrive à personne d’autre… En surfant sur Internet, elle découvre pourtant que ce n’est pas le cas : j’ai vite trouvé plein de blogs, de forums sur le sujet. Lili Sohn créé alors son propre blog, Tchao Günther : l’histoire de Lili et de son cancer du sein. Elle se met à raconter, à travers la voix de son double dessiné, un petit bout de femme à frange et à lunettes : le cancer, les angoisses, les moments gênants, la féminité, tout. Et aujourd’hui, l’après-cancer. Pourquoi Günther ? Parce que les dompteurs de bêtes féroces dans les cirques utilisent les langues germaniques. Une façon d'inciter ce cancer à sortir le plus vite possible de son corps. 

Le quotidien est devenu hyper médicalisé et comme j’avais ce réflexe de vouloir tout raconter en BD, que j’avais tout le temps mon carnet, très vite, le personnel s’est rendu compte de ce que j’étais en train de faire sur mon blog avec ce récit en bande-dessinée, raconte Lili Sohn. Eux, ils trouvaient ça marrant. C’est vrai que, pour une fois, on racontait leur quotidien, et le mien, de manière un peu plus rigolote. J’ai l’impression d’avoir eu une relation privilégiée avec le personnel soignant. Je posais facilement des questions, il prenait le temps de me répondre et de tout bien m’expliquer comme il savait que ça allait se retrouver sur le blog. 

Une mastectomie prophylactique

Lili Sohn est porteuse d’une mutation sur son gène BRCA1, comme Angelina Jolie, on en a beaucoup parlé, ça a été très médiatisé, rappelle-t-elle. Comme l’actrice, la jeune femme a donc choisi de faire une mastectomie prophylactique. J’avais un taux très élevé de récidive et pour me protéger, j’ai préféré faire ôter mes glandes mammaires, raconte-t-elle. La reconstruction s'est achevée l’année dernière

Aujourd’hui, Lili Sohn se consacre à la bande-dessinée et à l’illustration. Si elle a continué un temps à travailler dans le milieu médical et a par exemple sorti une série de vidéos intitulée Chuis pas Docteur, en partenariat avec l’Institut Curie, dans lesquelles elle vulgarise les différentes techniques de reconstruction mammaire, elle travaille aussi à de nouveaux projets : l'autrice de BD publie notamment chez Casterman «Nos poils». Une bande dessinée dans laquelle elle interroge notre rapport aux poils des femmes.

Pour en savoir plus :

 


Source : infirmiers.com