Pour tout professionnel de santé exerçant en établissement hospitalier public, habitué à évoluer dans un environnement bien cadré en termes de rémunération et d’avancement de carrière, le traitement des collègues du secteur privé est souvent jugé comme chaotique, voire totalement arbitraire.
L’Avenant 33 : à la base d’un nouveau système de rémunération et de classification des agents de l’hospitalisation privée
Historiquement en effet, le fonctionnement des hôpitaux privés semblait répondre à des décisions arbitraires dénuées de cadre pour qui n’était pas directement concerné par ce mode de gouvernance. Mais les choses ont bien changé, en témoignent l’accord signé en 2023 par les syndicats CFDT et UNSA, accord majoritaire obtenu avec les principales fédérations représentatives de la branche de l’hospitalisation privée, dont la Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP). Cet accord, dit « avenant 33 », a posé les bases d’un nouveau système de classification et de rémunération commun à l’ensemble des établissements sanitaires, médico-sociaux et thermaux de la branche.
Une enveloppe du Gouvernement jugée insuffisante
Pour donner suite à l’accord de transposition de l’été 2023, les différents acteurs de la négociation, ainsi que les salariés eux-mêmes, attendaient des nouvelles d’un éventuel accompagnement financier des pouvoirs publics qui, convention oblige, est le principal pourvoyeur de recettes des établissements de santé, y compris du secteur privé. Mais les aléas des différents gouvernements qui se sont succédés dernièrement en France n’ont pas été de nature à mettre de l’huile dans les rouages.
Pour un système plus lisible, évolutif et équitable, fondé sur des critères objectifs
La FHP vient tout de même d’annoncer qu’au terme de 24 mois de négociation et de discussion avec le Gouvernement, le montant de son accompagnement financier sera de 80 millions d’euros pour les établissements adhérents. Le communiqué remarque, bien entendu, que cette enveloppe est insuffisante, inférieur en tout cas au besoin requis pour l’Avenant 33, mais qu’il va permettre aux partenaires sociaux d’ouvrir une négociation pour un nouvel accord, qui « préserverait les principes et l’architecture issus de l’Avenant 33, à savoir un système plus lisible, évolutif et équitable, fondé sur des critères objectifs ».
De nouvelles négociations s’ouvrent avec une volonté de valoriser les compétences
La Fédération insiste ici sur les 17 niveaux de structuration hiérarchisés de l’accord pour une « reconnaissance des parcours professionnels, grâce à des éléments complémentaires de rémunération liés à l’ancienneté, à l’expérience et aux compétences ». Elle met en lumière sa volonté de valoriser l’expertise des professionnels et de construire des trajectoires de carrière claires et progressives, « vers une reconnaissance accrue des compétences, de l’engagement et des parcours dans tous les métiers du soin et de l’accompagnement qui bénéficiera aux 250 000 salariés de la branche ».
Pour le président de la FHP, Lamine Gharbi, « cet accord révisé, fondé sur une architecture modernisée, constitue une avancée décisive pour les salariés de notre branche. Nous appelons les partenaires sociaux à nous rejoindre pour discuter de la mise en œuvre, à compter du 1er janvier 2025, d’un accord structurant au service de l’attractivité et de la fidélisation des professionnels ». Ce beau discours, qui est en phase avec l’air du temps, devra s’accompagner de faits sonnants et trébuchants, faute de quoi les négociations risquent encore de s’éterniser.