SANTÉ DES SOIGNANTS

Des propositions pour en finir avec « la maltraitance institutionnelle des soignants»

Publié le 20/08/2025

Dans un communiqué, le Syndicat national des professionnels infirmiers propose des actions concrètes à mettre en place dans l'ensemble des hôpitaux publics afin de préserver la santé des personnels soignants, ainsi qu'une piste clairement identifiée pour les financer. 

soignants dans un couloir d'hôpital

Instauration de ratios patients/soignants, accès facilité aux professionnels en santé mental, mais aussi sanctuarisation de 1% de la masse salariale de chaque établissement « pour financer des actions concrètes » (remplacement des absents, équipements de protection, formations…) ou encore créer des postes infirmiers dédiés à la prévention, à l’éducation thérapeutique ou à la coordination : dans un communiqué, le Syndicat national des professionnels infirmiers liste plusieurs propositions pour en finir avec « la maltraitance institutionnelle » qui contribue à la dégradation continue de la santé des soignants. Le point d’accroche : la publication de l’ouvrage La Santé des professionnels de santé en France*, qui réunit plusieurs dizaines de contributions d’experts sur le sujet, dont la Fédération hospitalière de France (FHF). Celle-ci y met notamment en avant des expériences locales pour préserver la santé de ses professionnels. « Ces initiatives sont réelles et souvent utiles à celles et ceux qui peuvent en bénéficier », observe le syndicat, tout en soulignant leur insuffisance face aux problématiques structurelles qui pèsent sur l’hôpital public. « Dans beaucoup de services, la qualité de vie au travail reste un slogan. Les soignants travaillent à flux tendu, enchaînent les gestes essentiels sans pouvoir prendre le temps d’expliquer, se heurtent chaque jour à des dilemmes éthiques. »

Assurer de meilleures conditions de travail pour préserver leur santé

Pour assurer le maintien en bonne santé des soignants, il faut « des normes précises, des obligations opposables, des moyens identifiés et des indicateurs publics », poursuit le SNPI. La première urgence étant d’imposer ces ratios entre soignant et patients. Une loi allant en ce sens et perçue comme un « message fort » pour les infirmiers a été votée à l’Assemblée nationale puis publiée dans le Journal officiel le 29 janvier dernier. Mais il ne s’agit encore que d’un cadre, dont l’article unique prévoit de laisser à la Haute autorité de santé (HAS) la responsabilité d’établir le ratio minimal de soignants permettant d’assurer dans chaque spécialité la qualité et la sécurité des soins. « Tant que l’effectif de base est insuffisant, toutes les discussions sur la santé au travail restent un exercice de communication », affirme le syndicat, alors même que les travaux sur les normes réglementaires n’ont pas encore débuté.

Il appelle également à protéger les soignants contre les violences dont ils sont encore trop souvent victimes et à « garantir un accès rapide et confidentiel à un soutien psychologique » pour tous les professionnels de santé. Dans le premier cas, il faut instaurer un programme national obligatoire dans chaque établissement de santé : évaluation des risques pour chaque service, procédures de signalement plus simples et efficaces, prise en charge intégrale des victimes, incluant soutien juridique et aménagement temporaire de poste. La loi PRADAL, adoptée en juin 2025, prévoit des peines aggravées pour les auteurs de violences contre les professionnels de santé et facilite également le dépôt de plainte. Ne reste plus qu’à l’appliquer… Dans le second cas, le SNPI réclame la possibilité d’avoir accès à une « consultation dans les 72 heures après un incident grave ou un signalement de détresse, avec cinq séances financées par an, programmes de soutien par les pairs », mais aussi à « cellules spécialisées pour les « secondes victimes » après un événement indésirable. »

Favoriser le développement de nouvelles carrières

Enfin, le maintien des infirmiers en poste passe par des perspectives de carrière variées. « Le rôle infirmier est déterminant pour prévenir les décompensations, éviter les hospitalisations inutiles et améliorer l’adhésion aux traitements », rappelle le SNPI, qui mise sur des postes spécialisés en prévention ou éducation thérapeutique. En plus de réduire la charge en soin, en évitant les hospitalisations notamment, ils offriraient des « perspectives professionnelles diversifiées ». « C’est aussi une façon de lutter contre l’usure en offrant des parcours moins éprouvants physiquement, tout en renforçant la qualité des soins. »

Pour financer ces mesures, le syndicat propose de sanctuariser 1% de la masse salariale de chaque établissement, dont l’utilisation devra être fléchée, tracée et rendue publique chaque année. Prendre soin des soignants, « c’est leur donner les moyens humains, matériels et organisationnels pour exercer leur métier sans y laisser leur santé. C’est reconnaître que l’usure professionnelle n’est pas un défaut individuel de résilience, mais le résultat d’un système qui tolère, voire organise, des conditions de travail dégradées », conclut-il.

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com