LOI INFIRMIÈRE

Les infirmiers scolaires exigent la reconnaissance de leur exercice comme spécialité

Publié le 02/06/2025

Dans une lettre ouverte adressée aux parlementaires, le SNICS-FSU réclame le maintien de l'article de la loi infirmière qui prévoit la reconnaissance de leur exercice comme spécialité lors de son passage en commission mixte paritaire. Celle-ci est en effet essentielle à l'élaboration d'une politique de santé ambitieuse pour les enfants, argue-t-il.

soignante, enfant, consultation du carnet de santé

Crédit photo : BURGER / PHANIE

L’heure est à la colère dans les rangs des infirmiers scolaires. En cause : l’inquiétude de voir une avancée promise dans la récente loi infirmière supprimée en commission mixte paritaire (CMP, 7 députés et 7 sénateurs), qui doit se réunir mardi 3 juin. Les sénateurs ont en effet ajouté lors de son adoption, le 5 mai dernier, un article reconnaissant leur exercice comme une spécialité à part entière, au même titre que ceux des infirmiers anesthésistes, de bloc opératoire ou de puériculture. Or, selon le SNICS-FSU, syndicat représentatif des infirmiers scolaires, les rapporteurs du texte prévoiraient de le faire retirer en CMP. « Cette démarche constitue à la fois un problème démocratique majeur et une marque évidente de mépris à l’égard de notre profession », tacle-t-il ainsi dans une lettre ouverte adressée à la CMP, ce lundi 2 juin. C’est surtout un « manque d’ambition » pour la jeunesse et son éducation.

Les infirmiers scolaires ont un rôle essentiel pour la santé des enfants

Ne pas reconnaître le rôle des infirmiers scolaires reviendrait à sacrifier en partie la lutte contre les inégalités sociales à l’école. Car ce sont eux, fait valoir le syndicat, qui assurent le suivi des élèves « qui vont mal » ou qui présentent des risques de décrochage scolaire. Même chose du côté des violences, à l’intérieur et hors de l’école. « Grâce aux consultations libres et confidentielles qu’elles assurent, elles peuvent détecter des situations de maltraitance, adresser des signalements aux procureurs de la République, ou transmettre des informations préoccupantes aux services départementaux de protection de l’enfance », insiste-t-il. Dans le cadre du renforcement de l’éducation sexuelle à l’école via le programme à la vie affective et sexuelle dévoilée par le gouvernement en janvier dernier, et alors que les infirmiers scolaires sont mis sous pression au milieu d’un combat idéologique nourri aux fake news, se pose la question de leur formation au sujet. Ces professionnels de santé auront en effet à assurer des consultations individuelles et à participer activement à 3 heures annuelles d’enseignement par niveau. « Comment garantir des interventions laïques, respectueuses et confidentielles, en l’absence totale de formation professionnelle et interprofessionnelle structurée ? » qu’une reconnaissance de l’exercice permettrait de formaliser.

Enfin, c’est « un manque d’ambition pour la santé mentale » pourtant définie comme Grande cause nationale 2025. Les infirmiers scolaires pourraient être formés « par des pairs, à l’aide de kits pédagogiques conçus au niveau ministériel, diffusés lors des réunions départementales par les infirmières conseillères techniques. » Le SNICS-FSU dénonce une formation « sans interaction, sans cadre professionnel structuré ».

Un appel à reconnaître la spécificité de l'exercice

Il y a pourtant un vrai manque dans la formation des infirmiers en santé pédiatrique. Depuis 2009, le diplôme n’intègre plus de module spécifique sur le sujet, et sa refonte ne prévoit pas d’en réintégrer. Or, face à l’enfant, « l’infirmerie scolaire est un maillon essentiel du système de santé. Elle intervient en amont du champ curatif. Elle incarne la prévention, l’éducation à la santé, la capacité de l’école à émanciper et à préparer l’avenir », autant de missions qui sont le fruit d’une formation spécifique et dédiée, poursuit le syndicat. Ces professionnels attendent une reconnaissance de leur exercice comme spécialité depuis 1993. « Une demande largement soutenue par la communauté scolaire, par les familles, et par l’ensemble de la profession infirmière, qui nous a publiquement exprimé son soutien ces dernières semaines », ajoute-t-il. Il demande ainsi aux membres de la CMP de ne pas supprimer l’article prévu dans la loi infirmière, dans un souci de déploiement « d’une politique de santé ambitieuse, cohérente et digne pour les enfants et adolescents. » 

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com