SANTÉ SEXUELLE

Que contient le programme d'éducation à la vie affective et sexuelle ?

Publié le 24/01/2025

Connaissance du corps, repérage des situations de harcèlement, santé sexuelle... : le programme d’éducation à la vie affective et sexuelle a été soumis aux instances de l’Éducation nationale et doit être examiné mardi 29 janvier par le Conseil supérieur de l’éducation.

salle de classe, cours, adolescents de dos

Son contenu se décompose par niveau, selon le document consulté par l’AFP.

En maternelle et avant 4 ans, il est ainsi centré sur la vie affective et relationnelle, et prévoit la considération du corps, des sentiments, des émotions, du respect de l’intimité et de l’égalité entre les filles et les garçons. À partir de 4 ans, le programme intègre le fait d'identifier des adultes de confiance et d'apprendre à faire appel à eux, de distinguer ce que l'on peut garder pour soi ou entre enfants (comme un secret) d'une situation de danger, ou encore d' « appréhender, comprendre et respecter les différentes formes de famille ». À l’école élémentaire, les élèves se voient présenter des connaissances scientifiques plus précises sur leur corps, via un vocabulaire adapté à leur âge. À partir du CM1, ils apprennent également à identifier les principaux changements du corps qui surviennent à la puberté, à repérer les situations de harcèlement ou à comprendre les stéréotypes pour mieux lutter contre les discriminations. Et l’année suivante, sont abordées les violences sexistes et sexuelles afin qu’ils puissent les repérer et s’en protéger. « Les questions liées à la sexualité ne sont pas abordées » au cours de ces niveaux, précise le ministère de l’Éducation.

La sexualité abordée au collège

« Dans le second degré, les thématiques sont plus complexes. Elles incluent des notions biologiques d’anatomie et de reproduction, de prévention des risques, ainsi que des notions liées aux droits humains », est-il indiqué ensuite. C’est donc à partir du collège que le programme commence à aborder la sexualité. Les élèves doivent appréhender les changements du corps et le respect des autres en 6e, l'orientation sexuelle et le fait de développer librement leur personnalité, notamment en 5e où ils apprennent à  « différencier sexe, genre, orientation sexuelle et respecter leurs diversités ». En 4e, la sexualité est abordée comme une « réalité complexe », pouvant faire intervenir amour, plaisir et reproduction, et sous le prisme de la prévention des risques. En 3e, les élèves doivent être amenés à « interroger les liens entre bonheur, émotion et sexualité », « savoir reconnaître et caractériser des contextes de danger et de vulnérabilité » (risques, mécanismes d'emprise...), les violences sexuelles ou les discriminations.

Au lycée, questionnement et tensions entre intime et social

Au lycée, « la dimension réflexive et critique est approfondie » et le programme invite « au développement de connaissances plus précises ainsi qu’à l’approfondissement de la capacité de questionnement des élèves ». Cela se traduit en seconde par l’exploration des tensions entre « intime et social », à travers les questions d’identité de genre, et en première, par celle des « conduites, tentations, plaisirs et risques ». La terminale, enfin, est consacrée à rassembler l’ensemble des acquis des élèves. Il s’agit, entre autres, de « savoir résister individuellement et collectivement aux violences sexistes et sexuelles et aux discriminations liées au sexe, à l’identité de genre, à l’orientation sexuelle. »

Un programme "absolument indispensable"

En arrivant au ministère de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne a également hérité du dossier, particulièrement sensible, de l’éducation à la vie affective et sexuelle. Obligatoire, en théorie, dans les écoles à raison de 3 séances par an, le programme est en réalité très peu appliqué. Le texte présenté à l’origine en novembre 2024 par Anne Gentetet, la prédécesseuse d’Élisabeth Borne, devait remédier à cette situation. Il avait été immédiatement suscité la colère et l’indignation d’associations de parents, notoirement réactionnaires, ainsi que des élus de droite et d’extrême-droite. Ils s’érigeaient notamment contre l’introduction de la notion d’identité de genre et accusaient le programme de confier à l’école une mission qui devrait, selon eux, relever uniquement du rôle de la famille. Jeudi 23 janvier, Élisabeth Borne a tenu à défendre le texte sur France Inter, le jugeant « « absolument indispensable » dans un contexte où, « un enfant est victime d’agression sexuelle toutes les trois minutes », où « deux millions de mineurs sont exposés à des contenus pornographiques sur Internet » et où « le sexisme augmente ».

La Rédaction d'Infirmiers.com avec l'AFP

Source : infirmiers.com