L'expérimentation Orientation dans le système de soins (OSyS), qui permet aux pharmaciens d’orienter les patients vers l’autosoin, l’infirmier ou le médecin pour des affections courantes, entre en phase de généralisation suite à un accord global avec les pharmaciens. Or, ni les infirmiers ni les médecins libéraux n'ont été consultés selon le syndicat d'IDEL Convergence Infirmière pour qui le Gouvernement vient ainsi de «permettre aux pharmaciens de s’implanter dans le champ infirmier et de réaliser des pansements», tranche-t-il dans un communiqué publié le 26 septembre.
Les soins de pansements au coeur de la discorde
Les infirmiers redoutent avant tout l’extension à des soins comme les pansements, qu’ils considèrent relever de leur rôle propre. «C’est scandaleux», s'emporte Convergence qui parle de «mépris» de la profession. «Les pharmaciens ont décidément à cœur de s’attribuer les rôles de toutes les professions de santé : médecin, vaccinateur, dermatologue, et désormais… infirmier ! Comment peut-on tout vouloir sans jamais se soucier des compétences, de la qualité ni de la sécurité des patients ?»
«Un pansement, ce n’est pas un simple geste technique. C’est une évaluation clinique, un suivi, une expertise acquise au terme de trois années de formation infirmière diplômante. Confier ces actes aux pharmaciens, dont ce n’est ni la formation ni la mission, c’est exposer les patients à des risques inacceptables. Cette dérive ridicule doit cesser. Chaque métier a ses compétences, ses responsabilités et son utilité propre». Convergence appelle les IDEL à résister sur le terrain en «boycottant les pharmacies» et en «s’approvisionnant exclusivement auprès des prestataires de matériel médical». Le syndicat exige «le retrait immédiat de toute extension de l’expérimentation OSyS aux soins infirmiers».
Une expérimentation initiée en Bretagne
L'expérimentation OSyS, initiée en Bretagne en 2021, s’est étendue progressivement à d’autres régions (à l’Occitanie, à la Corse et au Centre-Val de Loire) dès 2024. Ce dispositif organise à l’officine un triage encadré et la prise en charge de situations ciblées dites « petits maux » (plaie simple, piqûre de tique, brûlure du 1er degré, douleur pharyngée, conjonctivite...), avec orientation si besoin vers le médecin ou les urgences. Le protocole national d’évaluation retient jusqu’à 13 situations cliniques* de premier recours afin de fluidifier l’accès aux soins non programmés.
*rhinite, douleur pharyngée, douleur lombaire, diarrhée, vulvovaginite, céphalée, constipation, douleur en urinant, conjonctivite, piqûre de tique, plaie simple, brûlure au 1er degré et brûlures d’estomac.
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