Euthanasie: "Je vous demande le droit de mourir"

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Leopold Anasthase
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Message par Leopold Anasthase »

laure a écrit :Je ne parlais pas des douleurs post-op,ni des douleurs dues à l'enfantement,mais des douleurs des patients en fin de vie,notamment en cancérologie.

C'était un exemple. En fin de vie, j'ai aussi vu des patients souhaiter ne pas être soulagé complètement, soit à cause des effets secondaires (la morphine, ça constipe, ça ensuque, et par exemple certains patients souhaitent rester complètement lucides pour leurs derniers jours), soit pour diverses raisons comme la douleur rédemptrice, la douleur compassionelle, la douleur comme papa et maman, la douleur qui rapelle qu'on est vivant...
laure a écrit :Pour les patients "qui ne supportent" plus leurs conditions de vie,je pense qu'ils devraient pouvoir etre entendu et si nous ne pouvons plus les soulager physiquement et moralement leur laisser le pouvoir de décider de leur mort.

Au jour d'aujourd'hui (qui sait, je changerai peut-être d'avis dans dix ans), je ne me vois pas participer à un tel acte. D'ailleurs, je pense que confier ce rôle à un soignant, c'est confondre les genres. Pourquoi ne pas confier ce rôle à la famille ?
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katseiz
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Message par katseiz »

Flossy a écrit :Legiferer pour l'euthanasie pourrait deborder sur des abus, et puis que faudra t-il faire devant un suicidé? le reanimer ou le laisser mourir puisqu'il en a fait la demande?


Un suicidé, généralement il est est en bonne santé physique( peut se mouvoir, communiquer, etc..) c'est un appel au secours, une réanimation s'impose et une prise en charge psychologique va de paire.


Leeloo a écrit :je pense que ds certains cas, l'euthanasie c'est qd même "bien"
qd on sait que la personne ne va pas s'en sortir, qu'elle souffre comme pas possible et malgré les traitements.
enfin moi perso, si il m'arrive qqch, j'aimerai pas finir ma vie comme "un légume" (dsl pr l'expression), ne pouvant plus rien faire (bouger, parler, me laver, manger...)


Je suis d'accord avec toi mais il n'y a pas besoin qu'il t'arrive quelquechose pour etre comme ca...Le temps feras sont oeuvre.

Fais un tour certains EHPAD, tu verras des personnes dans cet état, que l'on fait manger de force, a l'aide d'une seringue. :pleure:

Et dans les yeux de ces gens la, tu peux voir de la tristesse, de la détresse d'en etre réduit a si peu. Ne plus pouvoir parler, bouger, manger seul ou se soulager seul, c'est terrible.

Moi, je suis pour, au dela de la souffrance, c'est un respect de l'etre humain.
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Milou69
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Message par Milou69 »

Pour coupe court aux histoires de chasse, je dirai qu'après avoir passé quelques WE à l'Institut National des Invalides, j'ai quelque expérience des patients tétraplégiques. Je n'ai rien vu d'aussi tranché que ce qu'on essaie de nous vendre. Certains patients souhaitent en finir car ils n'ont pas de "projet" personnel et d'autres voient ce qu'ils peuvent encore faire de leur vie, et certains le font.
Stephen Hawkings n'a jamais baissé les bras, et pourtant, il a dû avoir de sacrés moments de déprime.
Si à la première occasion on l'avait euthanasié, quel homme aurait-on perdu !

Maintenant pour en revenir à l'essentiel, je pense que la quasi totalité de ces personnes ont besoin d'une vraie prise en charge, non seulement du milieu médical, mais aussi de l'ensemble de la société.

C'est vrai qu'il est plus facile de les éliminer que de veiller à cde qu'il bénéficier des mêmes potentialités que les autres citoyens. Qu'on arrête de les faire voyager dans des wagons à bagages, qu'on leur donne la possibilité de s'exprimer, d'exister, et l'on verra alors quelle est la réalité de cette envie de mort.

Mais, de toute façon, il ne nous appartient pas de donner la mort pour soulager qui que ce soit.
Quand un soignant réalise un acte violent envers un patient, il le fait car il sait que cet acte permettra d'aporter un soulagement ou une aide au patient.
Jusqu'à preuve du contraire, personne n'a pu apporter à ce jour la preuve que la mort était un soulagement... ou alors pour les autres éventuellement.
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laure
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Message par laure »

Il n'est pas question "d'executer" des patients mais de répondre à leur demande quand nous ne pouvons plus les aider.
Milou69
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Message par Milou69 »

laure a écrit :Il n'est pas question "d'executer" des patients
Ah si ! C'est exactement de cela qu'il s'agit. On peut se cacher la vérité en l'enrobant dans du papier de soie, c'est quand même bien d'assassinat qu'il s'agit.
Nous sommes des soignants pas des "suicideurs par procuration réelle e ou supposée".

laure a écrit : mais de répondre à leur demande quand nous ne pouvons plus les aider.
Mais nous pouvons toujours les aider. I ln'y a pas que la thérapeutique qui permette de supporter une vie différente de celle que l'on avait auparavant et de celle que l'on se rêvait.
Notre mission est d'accompagner, le terme est important. Pas de précéder, mais de rester aux côtés de celui qui souffre bien souvent plus dans sa tête que dans son corps.
Et de rappeler à son entourage et à la société que nous avons tous une mission de soutien de celles et ceux qui souffrent.
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laure
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Message par laure »

le problème c'est que l'on parle de notre façon de voir les choses,mais nous sommes que les"temoins" de ces drames,la décision ne nous appartient pas.
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Amodeba
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Message par Amodeba »

Personnellement, je trouve que le problème vient de deux éléments :

A qui cette question est-elle posée ? Et je pense notamment aux sondages réalisés au téléphone ou dans la rue. L'état de santé des personnes est-il quotifié dans les sondages ? Permettez-moi d'en douter. La question est posée à des personnes bien portantes. Je pense néanmoins que la maladie peut "changer" la personne, dans le sens où lorsqu'on vit une épreuve, on ne réagit pas comme dans la vie de tous les jours. Et la maladie grave est une épreuve. Certains témoignages (voir par exemple le livre Vivre une maladie grave, de P Aiach et al) montrent que les personnes voient les choses d'un autre oeil avec la maladie.

Pour nous soignants, que représente notre métier ? Que recherchons-nous lorsque nous soignons des personnes ? Que représente le fait de soigner ?
Pour moi, soigner n'est pas tant guérir (attention, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, si on peut guérir, c'est évidemment le must) qu'apporter un soulagement à une personne. Or, soulager n'implique pas forcément la guérison, notamment pour les patients en fin de vie.

Enfin, que représente l'humain pour chacun de nous ? A partir de quel moment peut-on dire qu'on n'est plus humain, qu'on n'est plus une personne ?

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Message par Leopold Anasthase »

Amodeba a écrit :Je pense néanmoins que la maladie peut "changer" la personne, dans le sens où lorsqu'on vit une épreuve, on ne réagit pas comme dans la vie de tous les jours. Et la maladie grave est une épreuve.

J'ai rencontré bon nombre de patients qui nous disaient avoir effectivement changé leur façon de voir suite à la maladie, mais dans le sens inverse : ils ne pensaient pas pouvoir supporter autant de choses. Nombre de fois, j'ai rencontré des personnes qui avaient au cours de leur vie affirmé qu'ils ne souhaitaient pas vivre s'ils étaient diminués. Mais le jour où ils le sont réellement, ils trouvent en eux une formidable énergie, une formidable envie de vivre, même sans jambes, même avec un anus artificiel, même avec une trachéotomie, même avec l'O2 à domicile...

Peut-être avez-vous entendu parlé de Stephen Hawking, auteur (entre autre) de Une brève histoire du temps.
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Message par Amodeba »

Je parlais dans le même sens que vous, Leopold... Peut-être était-ce mal exprimé. Merci en tout cas pour votre témoignage. Et non, je n'ai pas entendu parler de cet auteur...

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Message par Leopold Anasthase »

Amodeba a écrit :Je parlais dans le même sens que vous, Leopold... Peut-être était-ce mal exprimé.

Peut-être que j'ai lu trop vite...
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Message par katseiz »

Léopold Anasthase a écrit :J'ai rencontré bon nombre de patients qui nous disaient avoir effectivement changé leur façon de voir suite à la maladie, mais dans le sens inverse : ils ne pensaient pas pouvoir supporter autant de choses. Nombre de fois, j'ai rencontré des personnes qui avaient au cours de leur vie affirmé qu'ils ne souhaitaient pas vivre s'ils étaient diminués. Mais le jour où ils le sont réellement, ils trouvent en eux une formidable énergie, une formidable envie de vivre, même sans jambes, même avec un anus artificiel, même avec une trachéotomie, même avec l'O2 à domicile...

Peut-être avez-vous entendu parlé de Stephen Hawking, auteur (entre autre) de Une brève histoire du temps.


Moi je parlais de cas extrèmes, pas d'accidents qui handicapent a vie, ou la, l'euthanasie doit etre refusée.

Par cas extrèmes, j'entends des cas ou le patient est dans un état similaire a celui de Vincent.
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Message par Leopold Anasthase »

Léopold Anasthase a écrit :Peut-être avez-vous entendu parlé de Stephen Hawking, auteur (entre autre) de Une brève histoire du temps.

katseiz a écrit :Moi je parlais de cas extrèmes, pas d'accidents qui handicapent a vie, ou la, l'euthanasie doit etre refusée.

Par cas extrèmes, j'entends des cas ou le patient est dans un état similaire a celui de Vincent.

Stephen Hawking, je ne sais pas si ça rentre dans votre définition du cas extrème, mais c'est bien corsé.

Concernant Vincent Humbert, je me rappelle avoir lu la déclaration d'un médecin à l'époque de son décès qui expliquait que dans leur centre ils accueillaient d'autres patients lourdement handicapés mais que VH n'avait jamais pu (encore) adhérer à un projet de vie, mais que bon nombre d'autres patients y avaient adhéré.

Par ailleurs, faut-il légiférer pour l'exception ? Et qui décide de l'exception ?
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Message par katseiz »

Léopold Anasthase a écrit :Par ailleurs, faut-il légiférer pour l'exception ? Et qui décide de l'exception ?


Stephen hawking, peut , par un systeme de voix synthétique, parler.

L'exception, qui doit la décider? ben je pense que c'est au patient de décider, et ensuite, a l'équipe médicale de lui dire si son choix est recevable ou non, avec l'avis de la famille et des proches.
La question est ensuite renvoyée devant un expert ( ou un juge, mais la cela sous entend un alourdissement du système pénal ) qui donne un avis.

En gros, le patient lance la these, l'équipe médicale l'anti these et un expert ( juge ) fait la synthese ( si on peut le dire comme ca )
Car il vrai que les professionnels de santé sont la avant tout pour préserver la vie ;)
Mais bon, c'est ma conception....
Reste a voir ce qui sera décidé
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Message par Amodeba »

katseiz a écrit :L'exception, qui doit la décider? ben je pense que c'est au patient de décider,


Ben dans ce cas, moi je pose la question : est-il en mesure de faire un choix éclairé ? La maladie, le handicap provoque un choc psychologique important...
Je sais que personnellement, j'évite de prendre une décision sous le coup d'une émotion. Je préfère prendre le temps de me calmer, le temps de la réflexion...

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Message par katseiz »

Amodeba a écrit :
Ben dans ce cas, moi je pose la question : est-il en mesure de faire un choix éclairé ? La maladie, le handicap provoque un choc psychologique important...
Je sais que personnellement, j'évite de prendre une décision sous le coup d'une émotion. Je préfère prendre le temps de me calmer, le temps de la réflexion...

Amodeba


C'est pour cela que je dit que l'équipe médicale doit etre la pour faire " l'anti-thèse" de sa demande en montrant des points positifs, des solutions.

Et le fait de faire intervernir un juge, sachant que le système pénal français est des plus long, cela laisserais un délai de réflexion supplémentaire ( je pense en disant cela, au délai minimum pour une IVG, qui est de 10 jours , et celui d'une opération visant a changer de sexe, qui dure plusieur années)
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