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meisje
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Message par meisje »

Bonjour

Aide soignants, aide soignantes,
Futur professionnels,
Et professionnels en milieu psychiatrique,

Je souhaite vous partager 2, 3 «anecdotes» que j’ai vues en hôpital psychiatrique.
Ce n’est pas facile pour moi d’écrire ce qui suit, comme vous pourrez le constater. J’ai essayé de ne pas faire trente six pages, de résumer des évènements en «gros», espérant que c’est compréhensible, tout de même.


Alors j’explique tout d’abord un peu les conditions qui m’ont amené à rentrer dans ce monde particulier, qui est l’hôpital psychiatrique.
Ma sœur, jeune adulte, a été internée, il y a quelques années, pour des actes d’automutilations et TS répétitives. Depuis un an, celle-ci s’était enfoncée dans le monde de la drogue et marginalisé. Lors de mes fréquentes visites, j’ai été bien des fois choquée, et pardonnez-moi, plus souvent par les «soi-disant» soignants que par les soignés.

Mon attention n’est en aucun cas de blâmer, de juger, d’étiqueter ou de catégoriser le personnel soignant en psychiatrie. Je souhaite simplement partager un vécu.

Une première «anecdote»,
Ma sœur aimait beaucoup dessiner. Au bout de quelque temps en hôpital, je lui ai apporté du papier ainsi que des crayons, sur l’accord de son psychiatre. Le jour où je les lui ai donnés, ses yeux ont étincelé, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Pendant les temps qui suivirent, elle a colorié des pages et des pages durant des heures. Ses crises étaient moins fréquentes et moins violentes : elle était plus calme. Je suis revenue au bout de deux semaines. J’ai trouvé ma sœur dans sa chambre, assise sur son lit. Je lui ai demandé de me montrer ses derniers dessins. Elle m’a répondu qu’elle n’avait plus de matériel. Je suis allée voir l’équipe soignante pour une explication. Peut-être les avaient elle foutu par la fenêtre. L’équipe soignante m’a dit qu’elle leur donnait tous ses dessins, et dieu sait combien ils étaient nombreux, qu’ils en avaient marre, que leurs corbeilles étaient remplies : ils ont confisqué le matériel.

Une seconde «anecdote» : Je téléphonais régulièrement à l’hôpital, pour joindre ma sœur, ou si ce n’était possible, pour parler aux infirmiers.
Au début d’un mois d’Août, j’ai téléphoné chaque jour au pavillon, car je n’arrivais pas à la joindre. On me répondait systématiquement : votre sœur est sous la douche, votre sœur dort, elle est dans son bain, elle est au fumoir, …Cela a durer 9 jours. Le dixième jour, un travailleur médical a eu l’amabilité de me répondre : votre sœur ! mais sa fait bien une semaine qu’elle est parti du pavillon.
Je ne comprenais pas bien et j’ai donc appelé le psychiatre. Celui-ci m’a rétorqué : …vacances d’été, moins de personnels, problèmes de crises avec elle, vous comprenez, mesure de prévention et de sécurité pour tous…
Je me suis déplacée. J’ai vu le docteur et j’ai tapé des pieds et des mains pour la voir. Elle était dans un pavillon vétuste, où la plupart des patients étaient sanglés à leur chaise. J’ai eu du mal à ne pas faire demi-tour pour sortir. J’en étais malade. Je remerciais le règlement d’avoir mis des blouses blanches au personnel soignant. Je me suis réellement demandé qui étaient les soignants ici…..
J’ai trouvé ma sœur, dans la chambre d’isolement avec le lit fixé au sol, contentionnée. (Ce n’était pas la première fois que je la voyais en CI, ni qu’elle était contentionnée, et ce n’était pas la première, ni la dernière fois qu’elle vivrait.)
Elle était attachée, et allongée sans matelas, sans draps, directement sur la planche de bois, nue.
Je suis rentrée, avec l’accord du docteur, seule. Les sangles n’étaient pas les spéciales avec vos clefs, mais celles comme des ceintures. Je les ai détachées. Elle s’est mise en position fœtale.
Le personnel soignant était resté derrière la porte close, prêt à intervenir, et «mort de peur»…..
On m’a autorisé à rester jusqu’à 21 heures. Merci.

Je tiens à insister sur le fait que je ne souhaite ni juger, ni blâmer avec ces textes mais juste à partager une épreuve qui m’a été dure, mais instructive.

Et puis,
Plus d’une fois, lorsque je suis arrivée pour une visite, j’ai vu un «troupeau» de soignant, infirmier hommes, pour la plupart amochés. (Lèvres fendues, nez qui saignent, arcades coupées, etc.) : ma sœur venait d’entrée en isolement.
Elle mesurait environ 1 mètres 65 pour 50 kilos, gonflé par les médicaments, et nécessitait 10 infirmiers hommes pour la contentionnée en CI.
Elle était définitivement difficile…..

Les élèves en psychiatrie,
J’ai vu des élèves infirmiers se faire «rappeler à l’ordre« par le personnel soignant. Plus d’une fois, lors de mes visites, dans le fumoir, avec ma sœur, j’ai vu des élèves assis à parler, rigoler avec les patients. À chaque fois, le personnel soignant venait les chercher. Certains élèves quittaient le fumoir et la personne, sans un mot ; ils obéissaient à leur supérieur. D’autres demandaient 5 minutes, généralement refusées, pour finir la discussion entamée. D’autres expliquaient au patient qu’ils revenaient après. J’ai vu des élèves faire des heures sup, dans l’attente de pouvoir finir leurs discussions avec les patients. J’ai vu des élèves qui ne disaient même plus bonjour aux patients, et qui les regardaient même avec dédain, après deux jours de stage, compte tenu des rappels de la part de l’équipe soignante. J’ai vu des élèves qui envoyaient une carte postale à certains patients après leur départ. J’ai vu des élèves qui avaient une approche différente des patients que ceux de la profession, mais ô combien touchante de les voir respecter ces «malades».

Une aide,
Cependant, ma soeur a retrouvé un certain équilibre pendant les moments où elle ne se laissait pas emporté par la folie. Cet équilibre, c’est grâce à une personne. Peut-être trouverez-vous cela étonnant, mais cette personne n’était pas infirmière. Elle était aide-soignante.
Pour ne vous citer qu’un des changements que cette jeune femme a amené : elle a fait des demandes d’achats de jeux de société pour le service. Elle a pris du temps, l’après midi, pour jouer avec les patients, pendant que le reste de l’équipe soignante papotait et paperassait dans leur bureau.
Cette personne a emmener de la vie dans ces journées sans fin.
Cette jeune femme à donner beaucoup à ma sœur. Elle a passé des heures à la laisser parler. Elle a été choquée quand ma soeur avait ingurgité quantité de médicament (qui lui valurent 48 heures en réanimation avec assistance respiratoire). Cette aide-soignante a approché ma sœur de façon humaine (dans le bon sens du terme), l’a considérée et de plus, elle lui a donné une force inestimable. Sur la fin, elle lui a dit qu’elle n’avait pas sa place dans ce milieu.

(Suite à cet événement, ma sœur est venue chez moi. Alors que le psychiatre a dit qu’elle était irrécupérable (sortie CAM), elle travaille, et vit sa vie aujourd’hui. Lorsque nous parlons de son hospitalisation, qu’elle ne savait pas en HL, elle comprend que je ne l’ai pas sortie avant, vu ses comportements. Aujourd’hui, elle se porte bien, et moi aussi.
Cette personne qui exerçait la profession d’aide-soignante est un cadeau de la vie. Ma sœur désespère juste d’une chose : c’est de ne pas avoir pu et, de ne pas pouvoir remercier cette jeune femme.)


Et pour finir,
Dans les anciens temps, les techniques de contentions étaient visiblement atroces. Quel changement aujourd’hui ???
Aujourd’hui, la camisole n’est plus physique ; elle est psychique. Mais comment aider une personne si elle est totalement amorphe, un vrai légume ????
Je suis rassuré de lire certains de vos textes qui me confirment que je ne peux pas m’arrêter sur une généralité pour ses gens qui oeuvrent en milieu psy.
Comme partout, il y a ceux qui travaillent avec plaisir, intérêt (dans le bon sens du terme), passion et d’autres pour toutes sortes de raison.


Je vous remercie grandement de votre attention.
Je reste très curieuse de vos réactions, quant à ces textes. Je serais heureuse d’avoir un/des retours….s’il y en a !
par delà les notions de bien et de mal, il existe un champs. C'est là que je te retrouverais.
cedr1c

Message par cedr1c »

c'est intéressant: il y a pas mal d'associations d'anciens patients, qui sont écoutés, je ne pense pas qu'il y aura de rejet.

Personellement, quelques passages m'ont fait froid dans le dos, d'autres m'ont agacé (l'ESI qui envoit une carte postale...quelle distance professionelle).
Pour ce qui est des discussions banales, on l'on laisse tomber la distance, je me le permettait avec des patients (pas tous car pour certains celà pouvait tout faire capôter par la suite) le soir (histoire de diminuer l'anxiété), et à quelques occasions (Noel, accompagnements....).

Le transfert non annoncé, cela ne le fait pas, c'est au médecin de le faire, et pas aux soignants, ce qui explique peut etre leurs hésitations au téléphone.
Chandler51
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Message par Chandler51 »

Même avis que Cedric. La description que tu fais de la prise en charge des patients dans cet HP me fait penser au système asilaire d'il y quelques dizaines d'années.
Mais il me vient une question : peut on avoir une vision objective lorsqu'on est soit même acteur de la situation. C'est ton cas, puisqu'il s'agit de ta soeur.
Il me semble que dans ce cas, on a plutôt tendance à ne cerner que le négatif,s'il en est, en occultant certains aspects induits par la patho de la patiente...
Mais ça, c'est juste mon avis... :idee:
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meisje
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Message par meisje »

Bonjour
merci pour ces deux commentaire.
Pour une carte postale, j’ai vu le visage d’un patient s’illuminé (sans jeu de mot). Cela lui a procuré une bonne demi heure de pur bonheur. Qu’une aide-soignante prenne le «risque» de baisser la distance professionnelle pour approcher ma sœur, m’a effectivement «plus qu’étonnée».
Personnellement, je trouve cela vaut le coup. Mais bon je ne suis pas travailleur psy ….
Cette prise en charge ne date pas d’il y a quelques dizaine d’années : elle s’est faite il y a moins de dix ans.
Effectivement, c’est vrai ; je ne peux pas avoir une vision objective. Ce que je souhaitais dire, c’est que le milieu médical psy m’a procuré si peu d’aide dans le but d’approcher ma sœur.
Le problème de pathologie reste un sujet que je ne connais pas. Le psy m’a toujours dit qu’elle était inclassifiable.

Merci pour l’info concernant les anciens patients. Je ne savais pas que sa existait. Je ne pense pas que de parler entre gens rassemblés autour d’une histoire semblable, quelle qu’elle soit, puissent s’apporter grand chose. Au contraire, a mon avis ils auraient plus tendance a s’enfermer dans leur visions.
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cedr1c

Message par cedr1c »

meisje a écrit : Le problème de pathologie reste un sujet que je ne connais pas. Le psy m’a toujours dit qu’elle était inclassifiable.


C'est surtout que lors de pathologies "pas franches" (qui ne sautent pas aux yeux), mettre un diagnostic nous cloisonne plus qu'autre chose.
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boup
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Message par boup »

des systemes asilaires il en subsiste plus qu'on le pense. tout comme des familles choquées par les soins qu'on peut apporter.
j'ai le souvnir du'ne famille qui ne comprennait pas qu'on ne puiss pas les laisser entrer dans el pavillon mais uniquement en sale de visite,comme des familles qui refusaient de mettre un pied dans le batimen preferant voir leur proche en ballade.suite à des souvenirs douloureux.
des equipes qui ne sont pas a l'ecoute des patients comme des familles y en a un paquet aussi mine de rien!
apres que les esi envoient des carts a certains patients,à voir. moi j'ai connu mon premier service,ou on envoyait une carte de nos vacances aux patients. juste pour leur permettre de s'evader 5 minutes et de ancer de grandes discussions sur leur passé.certe la plupart des patients ne pouvaient pas sortir des murs de l'hopital du coup c'etait leur petit bonheur à eux!
quoiqu'il en soit c'est toujours interressant d'avoir un retour d'un proche.ca permet de revoir son propre travail.meme si nos fonctionnements sont differents.
meisje
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Message par meisje »

euh petite question (ecnore et toujours)
peut on avoir acces au dossier psychiatrique en tant qu'ancien malade psy?
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Message par Breizh' »

meisje a écrit :euh petite question (ecnore et toujours)
peut on avoir acces au dossier psychiatrique en tant qu'ancien malade psy?

Oui, pour cela, il faut que tu fasses une demande écrite auprès du directeur de l'Hôpital. Environ un mois après, tu pourras le consulter en présence de ton psychiatre du moment... Voili voilou !
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Message par meisje »

merci pour la reponse si rapide
par delà les notions de bien et de mal, il existe un champs. C'est là que je te retrouverais.
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Breizh'
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Message par Breizh' »

meisje a écrit :merci pour la reponse si rapide

Pas de quoi, quand on peut ;)
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Précision

Message par Chandler51 »

Une précision cependant : la totalité du dossier médical n'est pas accessible. Certaines parties ne sont jamais communiquées au patient ou à sa famille. Il s'agit des éléments concernant ou émanant d'une tierse personne. :idee:
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abis
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Message par abis »

En général, c'est le patient lui-même qui demande l'accès à la consultation de son dossier médical.
En psychiatrie, le délai de communication de ces élèments est de 2 mois maximum.
Il n'y a pas obligation de passer par un médecin pour obtenir ce dossier, mais pour une bonne lecture des écrits, cela est préférable d'en consulter un.

Ne sont pas communiquées les notes personnelles du médecin psychiatre, c'est-à-dire, sa réflexion personnelle sur l'état du patient ou encore les hypothèses de travail (et aussi, comme dit plus haut, les informations provenant de tiers ou concernant des tiers)
meisje
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Message par meisje »

sa veut dire que après 2 mois, le dossier s'autodétruit ??? :?: :o
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Message par meisje »

je suis desolee. :oops: je voulais signaler que, malgre que j ai ecrit le message nomme partage, je ne suis pas cette personne qui a fait tout cela pour moi. eh oui, je suis la personne qui a ete hospitalisée. le texte que j ai diffuse, est sortie d un commun accord entre nous, après que nous ayons longuement discuter.
cette personne n'use que tres peu d internet. moi un peu plus. je trouvais assez interressant qu'elle puisse partager son experience, surtout dans un site reserver aux infirmiers, mais surtout aux futurs infirmiers psy.
voila voila, bonne journee a tous.... :? :?
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Message par boup »

abis a écrit :En psychiatrie, le délai de communication de ces élèments est de 2 mois maximum.


c'est comme tout c'est variable et depend de la nature de la demande.certains patients demandent à le voir bin apres ce délai,ce qui peut leur etre accepté et l'a deja été tout au moins dans mon hopital.
y a toujorus la regle et les exceptions.
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