Insultes et menaces aux urgences : comment gérer?
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avach a écrit :Mais je crois que quand on ne supporte plus ça, il est peut être temps de quitter les urgences ...
On ne supporte plus "ça", d'autant plus que ta hiérarchie se fout de ta gueule et te renvoie la responsabilité entière de la situation. L'effet miroir, d'accord, mais il a ses limites.
Ceci dit, il était effectivement temps de partir et c'est ce que j'ai fait. La prochaine personne que j'allais baffer (la deuxième de ma vie) aurait été mon chef de service...
Justement Dino, je pense qu'il est plus facile de changer tes conditions de service que les patients qui viennent...mais la hierarchie adopte le discours du "les gens de nos jours" qui les arrange bien.
Effectivement, quand je vois des collègues "somaticiennes" se faire insulter, reprendre le patient qui va encore plus gueuler puis menacer etc, je me dis qu'elles se mettent toutes seules dans cette situation. Pourquoi? Pas parce qu'elles sont idiotes ou parce qu'elles sont méchantes, juste parce qu'elles sont pressées toutes la journée comme des citrons et qu'à ce moment là, le mec prend un peu pour tout ce qu'il y a eu avant.
Effectivement, quand je vois des collègues "somaticiennes" se faire insulter, reprendre le patient qui va encore plus gueuler puis menacer etc, je me dis qu'elles se mettent toutes seules dans cette situation. Pourquoi? Pas parce qu'elles sont idiotes ou parce qu'elles sont méchantes, juste parce qu'elles sont pressées toutes la journée comme des citrons et qu'à ce moment là, le mec prend un peu pour tout ce qu'il y a eu avant.
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Les conditions de travail jouent certainement, mais il n'y a pas que ça non plus .
Mon dernier passage aux urgences du CHU (je l'evite généralement) était pour accompagner mon fils mineur, suite à une agression sur la voie publique, un soir très "calme" en matière d'entrées, et pour autant, je qualifierai l'accueil de "spécial" : pas un sourire, à peine un bonjour, je me suis fais claquer la porte au nez, parce qu"on ne m'avait pas vue" , aucun discussion avec les parents ( pourtant tous les deux infirmiers, et formés sur ce CHU.....pas de pot !), aucune explication, aucun compte rendu même succint de l'examen clinique ou des examens biologiques faits, etc...
Ma question fut alors : est-ce que le personnel des urgences est formé (ou peut demander à l'être) à l'accueil, à la communication et à la gestion de conflit ? si ça ne resoud certainement pas tout, ça peut aider...
Mon dernier passage aux urgences du CHU (je l'evite généralement) était pour accompagner mon fils mineur, suite à une agression sur la voie publique, un soir très "calme" en matière d'entrées, et pour autant, je qualifierai l'accueil de "spécial" : pas un sourire, à peine un bonjour, je me suis fais claquer la porte au nez, parce qu"on ne m'avait pas vue" , aucun discussion avec les parents ( pourtant tous les deux infirmiers, et formés sur ce CHU.....pas de pot !), aucune explication, aucun compte rendu même succint de l'examen clinique ou des examens biologiques faits, etc...
Ma question fut alors : est-ce que le personnel des urgences est formé (ou peut demander à l'être) à l'accueil, à la communication et à la gestion de conflit ? si ça ne resoud certainement pas tout, ça peut aider...
Dernière modification par Bracciano-Galley le 10 févr. 2008 11:57, modifié 1 fois.
Truisme n°1 : Quand on fait à la place de l'autre, non seulement on n'est pas à sa place, mais en plus, on empêche l'autre de prendre la place qui est la sienne 

Attention, je ne critique en rien le travail fait aux urgences, loin de là.
Je pense simplement qu'une durée max d'exercice dans ce service serait sans doute plus appropriée, si l'on considère les difficultés inhérentes à la prise en charge des patients dans ce secteur.
En 3ème année, j'y ai fait un stage de 6 semaines où j'ai vu toute sorte de personnel : des gens sympa, compréhensifs, empathiques, des surmenés, des exécrables, des têtes à claques, le tout marinant dans une espèce d'auto satisfaction générale de travailler aux "Urg", comme pour se rassurer que la qualité du travail était encore là...
Ambiance oppressante ++ de la hiérarchie et de quelques médecins dont je m'étais empressée de rabattre le caquet, ce qui m'a valu une appréciation de stage pour le moins subbjective... Mais hurler ouvertement contre une famille entière en plein milieu du couloir en les traitant de tous les noms, se prendre pour Dieu le père alors que le travail y est bien souvent bâclé, faute de moyens suffisants et d'alternatives, Non merci !
J'ai par la suite dû me rendre 2 fois aux urgences :
* Mon mari avait fait une chute à moto. On l'a fait entrer dans un box après tous les examens d'usage, pour suture + gros pansement. Après avoir poireauté encore et encore, l'équipe m'ayant reconnu m'a dit, tu n'as qu'à t'en occuper, on a pas le temps ( je n'étais plus en stage chez eux depuis quelques mois ). Eh bien, je me suis servie du matos du box: Pansement complet en 4 temps, j'ai couru après le doc pour les sutures et lui ai demandé entre 2 portes une ordo d'AINS et d'antalgiques !!!
* La 2ème fois, c'était pour moi
Ablation des 4 dents de sagesse sous AG. No problem, puis douleurs ++ à la mâchoire au bout d'un mois. Je sens une grosseur qui n'en finit plus et me fait mal à mourir ( je suis étudiante à l'IFSI ). Je me pointe aux urgences un dimanche, après avoir attendu suffisamment pour me dire que je ne pouvais rester comme ça ! Personne ne vient me voir et l'IDE d'accueil arrive, passe un bras à travers la vitre, touche mon énorme "boule" et me dit, bah c'est pas une urgence ça. Vous n'avez qu'à faire des bains de bouche, ça passera tout seul.
Résultat, abcès +++ surinfecté avec ablation immédiate en service de chir !!!!
Donc, je ne cautionne pas toujours les messages du genre : " C'est de la bobologie, allez voir ailleurs" !
Tout comme je ne cautionne pas les conditions déplorables dans lesquelles les IDE sont contraints de travailler, et qui doivent être plus qu'usantes à la longue ...
Je pense simplement qu'une durée max d'exercice dans ce service serait sans doute plus appropriée, si l'on considère les difficultés inhérentes à la prise en charge des patients dans ce secteur.
En 3ème année, j'y ai fait un stage de 6 semaines où j'ai vu toute sorte de personnel : des gens sympa, compréhensifs, empathiques, des surmenés, des exécrables, des têtes à claques, le tout marinant dans une espèce d'auto satisfaction générale de travailler aux "Urg", comme pour se rassurer que la qualité du travail était encore là...
Ambiance oppressante ++ de la hiérarchie et de quelques médecins dont je m'étais empressée de rabattre le caquet, ce qui m'a valu une appréciation de stage pour le moins subbjective... Mais hurler ouvertement contre une famille entière en plein milieu du couloir en les traitant de tous les noms, se prendre pour Dieu le père alors que le travail y est bien souvent bâclé, faute de moyens suffisants et d'alternatives, Non merci !
J'ai par la suite dû me rendre 2 fois aux urgences :
* Mon mari avait fait une chute à moto. On l'a fait entrer dans un box après tous les examens d'usage, pour suture + gros pansement. Après avoir poireauté encore et encore, l'équipe m'ayant reconnu m'a dit, tu n'as qu'à t'en occuper, on a pas le temps ( je n'étais plus en stage chez eux depuis quelques mois ). Eh bien, je me suis servie du matos du box: Pansement complet en 4 temps, j'ai couru après le doc pour les sutures et lui ai demandé entre 2 portes une ordo d'AINS et d'antalgiques !!!
* La 2ème fois, c'était pour moi
Ablation des 4 dents de sagesse sous AG. No problem, puis douleurs ++ à la mâchoire au bout d'un mois. Je sens une grosseur qui n'en finit plus et me fait mal à mourir ( je suis étudiante à l'IFSI ). Je me pointe aux urgences un dimanche, après avoir attendu suffisamment pour me dire que je ne pouvais rester comme ça ! Personne ne vient me voir et l'IDE d'accueil arrive, passe un bras à travers la vitre, touche mon énorme "boule" et me dit, bah c'est pas une urgence ça. Vous n'avez qu'à faire des bains de bouche, ça passera tout seul.
Résultat, abcès +++ surinfecté avec ablation immédiate en service de chir !!!!
Donc, je ne cautionne pas toujours les messages du genre : " C'est de la bobologie, allez voir ailleurs" !
Tout comme je ne cautionne pas les conditions déplorables dans lesquelles les IDE sont contraints de travailler, et qui doivent être plus qu'usantes à la longue ...
lola1006 a écrit :Je pense simplement qu'une durée max d'exercice dans ce service serait sans doute plus appropriée, si l'on considère les difficultés inhérentes à la prise en charge des patients dans ce secteur.
Tout dépend de l'ambiance, me semble-t-il ; pendant quelques années j'ai travaillé dans la joie et la bonne humeur, même avec des situations lourdes à gérer. Et puis, la hiérarchie a changé (cadre, médecins...) et cela n'avait plus rien à voir... Je ne me dédouane pas à tout prix en disant "c'est la faute à nos chefs" mais l'exemple vient quand même souvent "d'en haut"...
Il suffit parfois d'une cadre ambivalente et d'un chef de service pervers pour torpiller toute une équipe...
avach a écrit :Appeler un médecin étranger quand on est traité de raciste?!?! Et par ce fait marcher dans le jeu du patient ...
Mais quand la personne ne sait pas parler français (sauf certains mots


De plus, je ne sais pas si vous travaillez dans un grand CHU mais dans les p'tits hôpitaux près de chez moi, le même gens viennent très souvent aux urgences et savent qui demander !!!
De plus, même si on vient à marcher dans le jeu du patient, je prends en compte ma sécurité avant !

Infirmière en entreprise et l'autre temps chez les pompiers...
Diplômée à l'IFSI d'Annemasse (74)
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dino a écrit :lola1006 a écrit :Je pense simplement qu'une durée max d'exercice dans ce service serait sans doute plus appropriée, si l'on considère les difficultés inhérentes à la prise en charge des patients dans ce secteur.
Tout dépend de l'ambiance, me semble-t-il ; pendant quelques années j'ai travaillé dans la joie et la bonne humeur, même avec des situations lourdes à gérer. Et puis, la hiérarchie a changé (cadre, médecins...) et cela n'avait plus rien à voir... Je ne me dédouane pas à tout prix en disant "c'est la faute à nos chefs" mais l'exemple vient quand même souvent "d'en haut"...
Il suffit parfois d'une cadre ambivalente et d'un chef de service pervers pour torpiller toute une équipe...
c'est un fait , ça peut le faire ....est-ce pour autant aux patients et à leurs accompagnants de trinquer ?

Donc je repète ma question

et j'ajouterai même : est-ce que certains d'entre vous y sont formés ?
Truisme n°1 : Quand on fait à la place de l'autre, non seulement on n'est pas à sa place, mais en plus, on empêche l'autre de prendre la place qui est la sienne 

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merci avach pour cette réponse
... en effet, cela peut être un beau projet
.
j'avoue que je suis toujours étonnée que le monde médical et para-medical ne s'interesse pas plus à ces questions de communication , gestion de conflit etc, alors que des formations spécifiques existent, ont été testées même dans des administrations, et ont largement fait leurs preuves sur la baisse de l'agressivité ambiante.
Cela ne peut qu'être bénéfique
, autant pour les patients que pour le personnel 


j'avoue que je suis toujours étonnée que le monde médical et para-medical ne s'interesse pas plus à ces questions de communication , gestion de conflit etc, alors que des formations spécifiques existent, ont été testées même dans des administrations, et ont largement fait leurs preuves sur la baisse de l'agressivité ambiante.
Cela ne peut qu'être bénéfique


Truisme n°1 : Quand on fait à la place de l'autre, non seulement on n'est pas à sa place, mais en plus, on empêche l'autre de prendre la place qui est la sienne 

flog a écrit :dino a écrit :lola1006 a écrit :Je pense simplement qu'une durée max d'exercice dans ce service serait sans doute plus appropriée, si l'on considère les difficultés inhérentes à la prise en charge des patients dans ce secteur.
Tout dépend de l'ambiance, me semble-t-il ; pendant quelques années j'ai travaillé dans la joie et la bonne humeur, même avec des situations lourdes à gérer. Et puis, la hiérarchie a changé (cadre, médecins...) et cela n'avait plus rien à voir... Je ne me dédouane pas à tout prix en disant "c'est la faute à nos chefs" mais l'exemple vient quand même souvent "d'en haut"...
Il suffit parfois d'une cadre ambivalente et d'un chef de service pervers pour torpiller toute une équipe...
c'est un fait , ça peut le faire ....est-ce pour autant aux patients et à leurs accompagnants de trinquer ?![]()
Donc je repète ma question: est-ce que le personnel des urgences est formé (ou peut demander à l'être) à l'accueil, à la communication et à la gestion de conflit ?
et j'ajouterai même : est-ce que certains d'entre vous y sont formés ?
pour répondre à ta question oui il existe des formations pour gérer le stress, je l'ai eu l'année dernière et elle était très intéressante. et en effet on s'appercoit que l'on peut désamorcer une situation qui devient très tendue mais desfois ce n'est pas possible quand les gens sont cons, ils le restent et on a beau expliquer qu'il y a des urgences plus importantes ils ne veulent rien entendre. on pense toujours plus à soi qu'aux autres dans ce monde invidualiste qu'est notre bonne France.
pour moi oui il faut se former pour mieux gérer l'agressivité mais il faut aussi que les gens soient moins "nombrilistes"
