Psychiatrie et tout sécuritaire

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dan65
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Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par dan65 »

Bonjour, depuis "l'affaire" de Pau (déjà 2 ans :roll: ) et la mort de deux collègues, plusieurs incidents, accidents et un meurtre (Grenoble) ont conduit le gouvernement à une politique du "tout sécuritaire" en psychiatrie (murs plus hauts, règlementation des sorties etc.). Il serait intéressant de faire un premier bilan de cette nouvelle politique : la ressentez-vous, y trouvez-vous des avantages, vous sentez-vous plus en sécurité, quelle est la vision de vos collègues, des cadres, des psy, des patients ? Merci de vos témoignages :) .
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antochrit
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par antochrit »

Le premier bilan c'est que les unités sécurisées pour patients sous placements contraints fleurissent, que les cameras sortent de terre, mais que le personnel diminue toujours !
Ce n'est pas de vigiles, de bracelets électroniques ni de cameras que nous avons besoin, mais de personnel en suffisance pour prendre en charge nos patients sans devoir se contenter de faire les garde chiourmes.

Je pense sincèrement que les patients d'aujourd'hui ne sont pas plus dangereux que ceux d'hier. Ce qui est plus problématique c'est le manque de formation tant des infirmiers que des psychiatres, la main mise des labos pour leurs traitements souvent inefficaces (au regard de ceux utilisés il y a 20 ans)mais 1000 fois plus chers.

Plutôt que d'envoyer systématiquement (quasi) les D398 en CH qui ne sont pas des lieux de détention et dont les soignants ne doivent pas devenir des matons, il faudrait renforcer les structures de soins en maison d'arrêt.
Et peut être aussi cesser de croire que tous les petits délinquants et trafiquants relèvent de la psy!!!!!
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par dan65 »

antochrit a écrit :Le premier bilan c'est que les unités sécurisées pour patients sous placements contraints fleurissent, que les cameras sortent de terre, mais que le personnel diminue toujours !
Ce n'est pas de vigiles, de bracelets électroniques ni de cameras que nous avons besoin, mais de personnel en suffisance pour prendre en charge nos patients sans devoir se contenter de faire les garde chiourmes.

Je pense sincèrement que les patients d'aujourd'hui ne sont pas plus dangereux que ceux d'hier. Ce qui est plus problématique c'est le manque de formation tant des infirmiers que des psychiatres, la main mise des labos pour leurs traitements souvent inefficaces (au regard de ceux utilisés il y a 20 ans)mais 1000 fois plus chers.

Plutôt que d'envoyer systématiquement (quasi) les D398 en CH qui ne sont pas des lieux de détention et dont les soignants ne doivent pas devenir des matons, il faudrait renforcer les structures de soins en maison d'arrêt.
Et peut être aussi cesser de croire que tous les petits délinquants et trafiquants relèvent de la psy!!!!!
100% ok, antochrit :) . A côté de ce bilan bien triste fleurissent quelques perles : un patient venant de la prison voisine vient pour des soins somatiques encadré par une escouade de gendarmerie. Le même patient vient plus tard pour des problèmes psy, l'administrateur de garde doit trouver des volontaires dans les services pour aller le récupérer à la prison. Il en trouve :roll: et tout ce beau monde (détenu compris) se fait...contrôler pour alcoolémie (négative heureusement) par les gendarmes sur le chemin du retour :clap: . C'est bon de rire parfois...
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antochrit
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par antochrit »

Cette différence faite entre le somatique et la psy pour les détenus est un vestige d'un autre temps, de même que le fait de devoir accompagner pendant le temps de son hospitalisation un patient en HO! N'avons nous pas le même diplôme maintenant ??? Alors pourquoi un patient HO, en somatique doit être gardé par des infirmiers de l'hôpital psy ???
Pourquoi un patient détenu est surveillé par les forces de l'ordre en hôpital général et laissé aux bons soins uniques des infirmiers à l'hôpital psy??? Sommes nous des matons???

C'est l'éternel "bordel" des changements qui n'évoluent pas ensemble.
Un seul diplôme d'infirmier, un dispositif unique ...cela serait plus logique non??!!!
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par dan65 »

Je rajouterais qu'il est hallucinant qu'on arrive à trouver 3 volontaires (cowboys ?) pour aller se mettre en danger (et si ça avait été un faux contrôle :peur: ?). Certains ont finalement peut-être une vocation de maton :roll: . J'ajoute que le droit de retrait me paraît là tout à fait justifié.
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par malou70 »

dan65 a écrit :Bonjour, depuis "l'affaire" de Pau (déjà 2 ans :roll: ) et la mort de deux collègues, plusieurs incidents, accidents et un meurtre (Grenoble)
C'était en 2004, il me semble :oops:
antochrit a écrit :Le premier bilan c'est que les unités sécurisées pour patients sous placements contraints fleurissent, que les cameras sortent de terre, mais que le personnel diminue toujours !
Ce n'est pas de vigiles, de bracelets électroniques ni de cameras que nous avons besoin, mais de personnel en suffisance pour prendre en charge nos patients sans devoir se contenter de faire les garde chiourmes.
La caméra coute moins cher à la sécu, et est rentable.........
antochrit a écrit :Je pense sincèrement que les patients d'aujourd'hui ne sont pas plus dangereux que ceux d'hier. Ce qui est plus problématique c'est le manque de formation tant des infirmiers que des psychiatres, la main mise des labos pour leurs traitements souvent inefficaces (au regard de ceux utilisés il y a 20 ans)mais 1000 fois plus chers.
Personnellement, je trouve que la psychiatrie aujourd'hui ne reconnait que la thérapeutique chimique au détriment du patient....... Le poids des labos est plus que présent quand on voit que peu de temps apres une visite de x ou y, les PM de x ou y fleurissent....... Pour le cout, il ne cesse d'augmenter et les nouvelles molécules miracles, je suis sceptique au regard de ce que j'ai observé, et parfois le retour au basique est tout aussi efficace. PArfois je me demande si le fait de prescrire ses nouvelles molécules n'est pas le reflet d'une volonté de montrer que l'on est attentif au nouveauté, l'image du psychiatre in :roll:
Hâtons-nous aujourd'hui de jouir de la vie ; Qui sait si nous serons demain ? [Jean Racine]
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antochrit
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par antochrit »

Nous sommes déjà 3 à avoir une vision assez similaire de la situation ....et pas très positive :pleure:
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dedid
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par dedid »

Depuis Pau, on a vu des tas de protocoles fleurir accompagnés de nombreux formulaires à remplir.

Les directions nous responsabilise de plus en plus face aux évènements indésirables (fugues, violences...)

Mais nous ne sommes pas plus nombreux. Ceratins pensent que le PTI peut remplacer le manque de personnel...

Quand aux caméras, il faudrait déjà que quelqu'un soit en permanence devant les écrans pour les rendre plus efficaces. Un infirmier? un maton? Un standardiste (oui, c'est possible)?

Je ne me sens pas forcément plus en sécurité qu'avant Pau? mais aujourd'hui, j'en ai conscience...
Mais pourquoi Coluche est mort???
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bilbo
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par bilbo »

ola,
infirmier D.E. n'ayant travaillé qu'en psy depuis 1996, le tout sécuritaire n'est pas une réponse approprié.En effet la surveillance des patients par des cameras dans certain service, par exemple, en deficit de personnel ne regle rien, au contraire cela augmente les symptomesdélirants, interpretatifs . Deplus cela ne rassure surement pas les patients qui ont besoin en priorité de rapports humains!!! et je sais de quoi je parle je bosse en U.M.D depuis 8 ans et contrairement aux idées recues, nous ne sommes pas du tout pour plus de sécurité(mais il faut l'intergrer comme qq chose de normal dans la pci).
Nico_ide
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par Nico_ide »

Bonjour,

Pour commencer je préciserai immédiatement que la politique du tout-sécuritaire n'est en rien une nouvelle politique (consécutive ou non au drame de Pau), mais est bien une politique à l'oeuvre depuis de longues année, prenant sans cesse plus d'ampleur, plus de vitesse, telle une pierre dévalant une pente.

Si elle "saute aux yeux" aujourd'hui, c'est justement parce qu'elle a atteint un niveau de proximité telle avec les individus qu'elle ne peut plus être déniée ; aurait-elle atteint la sphère individuelle de l'individu ? La sphère de l'intime ?

Pour ce qui est de dresser un bilan des choix politiques (et donc économiques) aberrants qui font de la situation de la France (et donc du monde de la santé) en 2010 ce qu'elle est, je me refuse personnellement à m'abaisser à un tel exercice : faire le listing de défaillance du système ne fait que cautionner la politique de ce système, puisque cela appelle logiquement à une correction/réajustement de ces défaillances en lieu et place d'une remise en cause et d'une modification de la politique initiatrice de ces états de faits.
En effet relever et notifier les bourdes et mauvais choix de Mme Bachelot ou de M. Sarkozy n'amène qu'à débattre des conditions d'application, au mieux amène à un gel, voire un retrait (momentané) d'un projet... mais la même politique contre-réformantante est toujours appliquée, s'efforçant encore et encore de défaire tous les acquis sociaux pensés après-guerre (la deuxième mondiale) pour résister au colonialisme britanique (+/- USA). Pendant que les rebelles de cette politique s'acharnent à démonter les arguments bidons, avancés pour créer l'illusion de progrès, la politique sous-jacente continue son oeuvre destructrice : le temps de freiner un projet, 5 sont mis en place !

Il n'y a donc en conclusion pas lieu de se faire le pion d'une politique de "démarche qualité", qui tend à faire prendre un temps infini pour justifier ce que le bon sens admets simplement, pour démonter par un argumentaire construit et complexe les pensées odieuses de nos dirigeants actuels... tout cela pour n'en arriver qu'au point zéro : juste pour ne pas appliquer un projet de non-sens.
Si toute cette énergie était conservée à l'application usuelle de notre travail, tel que nous le pensons et tel que nous nous efforçons quotidiennement de le penser, avec ce geste simple de résistance qui consiste à ne pas appliquer ce qui apparaît comme dénué de sens, les patients seraient bien soignés car les soignants ne seraient préoccupés que par leur capacité à soigner.

Si un projet est vraiment novateur et réformant (positivement) il convient aux autorité de l'expliquer et de lui donner du sens.
Or ce qui est fait (depuis des années) ce sont des "réformes" actées à la "va-vite" dont on exige qu'elles soient mise en oeuvre sans discussion. Vous savez le fâmeux : "maintenant c'est comme ça qu'il faut faire !"... ah bon ? Et pourquoi ?

Je ne suis pas un mauvais bougre (bien qu'un poil grognon) : je ne demande qu'à mettre du sens dans ce que je fais, qu'à comprendre en quoi ce qu'on me "demande" de faire est bénéfique pour le patient et est au service du soin.
Si je n'exigeait pas de moi-même ce questionnement, pourrais-je encore me prétendre infirmier ?
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jmd21
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nouvelle circulaire pour les hoadressée aux préfets

Message par jmd21 »

Que pensez vous de la nouvelle circulaire en date du 11 janiver 2010 concernant les ho et qui a été adressée à nos chers préfets?
Dans mon établissement il est net qu'il y a eu un durcissement des conditions d'obtention de ces permissions et sorties d'essai, qu'en est il chez vous?

Voilà déjà une premiere réaction que l'on peut trouver sur le net.

Mardi 2 février 2010 2 02 /02 /2010 09:55 Sorties d’essai en hospitalisation d’office : La circulaire qui inquiète les psychiatres
Plusieurs syndicats de psychiatres publics voient dans une circulaire du 11 janvier adressée aux préfets un renforcement sécuritaire au mépris de l’intérêt de leurs patients. Le texte risque en effet de rendre plus compliquées les sorties d’essai des malades psychiatriques, élément pourtant fondamental dans leur réinsertion.

LE SPEP (Syndicat des psychiatres d’exercice public) est monté au créneau, rapidement suivi par d’autres syndicats (voir encadré) pour réagir à une circulaire du 11 janvier signée par les ministres de l’Intérieur et de la Santé. Le texte, adressé aux préfets, précise les modalités des sorties d’essai pour les patients en hospitalisation d’office (HO).

Les syndicats voient dans la circulaire une application directe du discours d’Antony prononcé le 2 décembre 2008 par le président Sarkozy, annonçant un plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques. Plusieurs éléments de la circulaire sont, disent-ils, « très inquiétants ». La décision de l’acceptation ou du refus de sortie par le préfet n’est pas susceptible de faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir, rappelle la circulaire, se fondant sur un arrêt du Conseil d’État de 1997 qui fait jurisprudence. « Jusqu’alors, cette décision de sortie d’essai constituait un acte médico-administratif, explique au « Quotidien » le Dr Angelo Poli, président du SPEP. Le médecin présentait sa demande au préfet, puis le médecin inspecteur départemental l’étudiait et le préfet signait, dans 99 % des cas. Nous étions dans un genre de modus vivendi, il pouvait y avoir des discussions et, en cas de conflit, le procureur pouvait être saisi, c’est vrai, voire la CDPH (la Commission départementale des hospitalisations psychiatriques). Désormais, et ce depuis le discours de 2008, le gouvernement a mis la pression sur les préfets. On leur dit : "Votre responsabilité est engagée, vous devez contrôler, vous devez être sûr avant de signer une sortie". Nous médecins, nous estimons que nous sommes grands, et que nous réfléchissons avant de demander une sortie. »

Le texte indique également que la sortie doit être motivée par des « éléments objectifs ». « On nous demande de plus en plus de garanties, de donner de plus en plus de détails sur les conditions de sortie de ces patients. Nous risquons d’être acculés à la limite du secret médical. Or, ceux qui sont pris en charge en HO se trouvent précisément, la plupart du temps, dans des situations précaires. Quand on sait pertinemment qu’un patient vit de façon isolée, comment connaître l’identité de la personne qui va l’accompagner pendant sa sortie ? »

La circulaire souligne ensuite qu’un « délai inférieur à 72 heures ne saurait être admis » entre la demande et la date préconisée de sortie. « Nous devons donc prévoir nos demandes de sorties systématiquement à l’avance, même celles qui pourraient requérir une décision en dernière minute. Jusqu’à présent, il était possible, dans certains cas exceptionnels, d’obtenir une réponse du préfet dans la journée même. Par exemple, pour un patient qui souhaitait rejoindre une tante venue de Bretagne pour un week-end et qui ne l’avait su que le vendredi. »

Enfin, les circonstances de l’hospitalisation, date, antécédents d’HO, et notamment en UMD (unités pour malades difficiles) doivent être relatées et « précisées par le chef d’établissement ». « En théorie, nos directeurs doivent donner leur autorisation pour toute entrée ou toute sortie de patients mais dans la réalité… ils nous font confiance. »

Présumés délinquants.

La circulaire n’apporte donc pas clairement de grand bouleversement dans le mode de fonctionnement des sorties d’essai, mais les psychiatres y lisent en filigrane la stigmatisation de ces patients, sous couvert de la sécurité publique. « On est dans la logique sécuritaire. Nos patients sont considérés comme des délinquants potentiels, donc des êtres dangereux. Or, si l’on regarde le nombre de crimes par habitant, le taux n’est pas plus important chez ces patients que dans la population générale. Le risque de passer à un acte violent est même inférieur à la moyenne. Et puis, on fait une confusion entre les patients HO, qui ne représentent que 1 % de nos malades et les 12 à 13 % qui comprennent les patients en HO mais aussi les patients en HDT (hospitalisation sur demande d’un tiers). Cette circulaire vise donc à stigmatiser les personnes dont nous nous occupons, considérées plutôt comme des délinquants potentiels que des sujets souffrant de troubles susceptibles d’être soignés. Et elle tente ainsi de réduire les possibilités de sorties d’essai d’hospitalisation d’office, alors que celles-ci constituent des modalités de préparation à la sortie et de réinsertion qui existent depuis plus de cinquante ans et dont des milliers de patients bénéficient. »

À côté du « renforcement sécuritaire », le SPEP voit dans aussi tout bonnement ce texte comme une façon de « décrire ce qui se faisait déjà dans les cas difficiles mais de rendre compliqués les cas simples. »

Exception française.

En pratique, l’application stricte ou pas de la circulaire dépendra de la sensibilité, de la personnalité, du vécu, même, du préfet. Les syndicats indiquent cependant qu’ils ont déjà des cas confortant leurs inquiétudes. À Nantes, le Dr Rachel Bocher a déjà essuyé trois refus de sortie non justifiés depuis le11 janvier.

Et puis, derrière toute circulaire, il y a la loi. Celle qui régit les conditions d’hospitalisation d’office date de… 1838. Modifiée en 1990, elle devait être révisable dans les cinq ans. Le texte n’a encore pas été touché. « Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait formulé une proposition, dans le même esprit sécuritaire, mais face à la fronde des syndicats, alliés aux présidents de CME et aux associations de patients, et en période électorale, il avait laissé tomber son projet. Le même qui revient sur le tapis aujourd’hui. » La France se distingue en tout cas au sein de l’Europe dans sa gestion administrative et non judiciaire des autorisations de sorties d’essai.

En attendant le débat (?) sur cette loi, le SPEP mobilise ses troupes et, en concertation avec les associations de patients (l’UNAPAM, Union nationale des amis et familles des malades psychiques, et la FNAPSY, Fédération nationale des patients en psychiatrie), réfléchit à une action visant l’abrogation de cette circulaire. « Ou bien à la rédaction d’un autre texte, à condition que nous, professionnels soyons consultés. »

› AUDREY BUSSIÈRE

Le Quotidien du Médecin du : 02/02/2010

Source : http://www.latetocarhaix.org/ext/http:/ ... iewarticle&
JiPé
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Re: nouvelle circulaire pour les hoadressée aux préfets

Message par JiPé »

Effectivement il ya durcissement.
J'ai même le sentiment que la culture du sécuritaire, servie par un éclairage médiatique trop ciblé, nous ramène tout droit vers un grand renferment.
Ici dans le sud-est, suite à la malheureuse affaire de Roquebrune un préfet a ordonné la réintégration immédiate de plusieurs patients en congé d'essai, sans même interroger les médecins, et encore moins leur famille, sur les facteurs de risques éventuels. Depuis, ils ne sont pas ressortis.
Cette circulaire fait qu'obtenir une permission de sortie devient une gageure.
Les services d'hospitalisation tournent déja à plus de 100%. Les effectifs soignants sont à la ramasse. Les structures d'accompagnements et d'alternatives à l'hospitalisation sont trop rares, et croulent sous les demandes.
Parallèlement pendant ce temps là les contrastes sociaux s'accroissent, les causes d'exclusions et de souffrance se multiplient. Le principe de solidarité a du plomb dans l'aile.
Quelqu'un a dit que la grandeur d'une civilisation se mesurait à la place qu'elle faisait aux plus faibles: les enfants, les vieux et les fous.
La Révolution française a détruit la Bastille où l'on enfermait (aussi) les fous; Louis-Philippe les a renvoyé dans les asiles. Après la Libération le secteur, la psychothérapie institutionnelle et les progrès de la pharmacie ont à nouveau fait sauter les grilles.
Aujourd'hui, dans le même temps où les campagnes contre la stigmatisation se multiplient, le moindre accident où "un schizophrène paranoïaque"est en cause est monté en épingle une semaine durant par les médias, qui les additionnent comme sur un collier de perles, alors que ces accidents, tout aussi tragiques et éminemment regrettables qu'ils soient, ne sont pas plus nombreux ni plus graves qu'auparavant.
Il ya quelqu'un qui ment.
Comme dit le professeur Shadokhs "Quand il n'ya pas de solution, c'est qu'il n'ya pas de problème"
Certains, dans un passé qui se réveille encore ici où là, on jugé que la solution résidait donc dans la suppression du problème....
Excusez-moi de ces frissons, mais l'hiver est bien rude cette année...
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viZir
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par viZir »

Bonjour à tous et à toutes!

Merci d'avoir ouvert ce sujet de forum, bien que ma déception soit déjà importante de voir le peu de messages qui y ont été laissés pour le moment!
Il y a en effet bien peu de lieu d'échanges d'infirmier-e-s, d'aides-soignant-e-s où ce sujet est directement abordé, et ce de manière explicite. Je ne reviendrais pas sur les raisons qui font que ces professions ont du mal à se coordonner sur des positions "politiques" (et non politiciennes). Il va s'en dire que la création de l'ordre ne va certainement pas améliorer les choses!
Alors je le dis encore: se positionner, critiquer, développer des solidarités, sont les seules solutions pour défendre nos valeurs, nos ambitions,nos compétences pour exercer le métier de soignant que nous avons choisi, et cela dans l'intérêt des personnes soignées, les premières concernées.
Je propose d'échanger ici mais je lance également l'idée de créer un blog ou un site fait par et pour les infirmier-e-s (exerçant en psychiatrie ou non) afin de créer des ponts avec d'autres soignant-e-s, mais aussi avec des usagers de soins. Je réfléchis à cette idée depuis un certain temps, mais je ne me sens pas capable d'animer ce projet seul, et d'ailleurs je n'y verrai pas vraiment l'intérêt si c'était le cas.
Alors j'attends des réactions, des propositions, je laisse également mon mail perso: vizir2004@yahoo.fr, mais je préférerai dans un premier temps d'échanger sur ce forum.
Dites-moi ce que vous en pensez, quelles idées vous avez de votre côté...
Pour info, je laisse quelques adresses de site qui m'aident beaucoup à tenir le coup et à continuer (ou à débuter) la lutte.
http://www.collectifpsychiatrie.fr
http://www.psychiatrie-desalieniste.com ... ucien.html
http://www.serpsy.org/
http://www.cliniquedelaborde.com/
http://www.contrordreinfirmier.org/
http://contreordreinfirmier.free.fr/Site/index.php

Voilà, j'espère vous lire bientôt.
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par lilix74 »

bonjour a tous,
Je passe actuellement le concours d'entrée en école d'infirmière et ai été recu à 5 oraux. Je travaille également en tant qu'AS ds un service Alzheimer...une question récurrente à l'oral est:"quel service redoutez-vs?" moi personnellement c'est la psychiatrie parce que je trouve que l'image global qui est donnée de ce milieu fait peur:(drame a Pau, a Grenoble...des malades agressifs...ou dépressif,ou dément, que l'on bourre de médocs pck il n'y a pas assez de psy pour les écouter...)seulement lorsque j'ai dit que je redoutais ce service lors de mon oral de la semaine dernière j'ai eu du mal a justifier ce choix...Le jury m'a dit "pourtant en Alzheimer c'est bien des cas psy"
J'aimerai énormément connaître votre avis sur les différences qu'il y a entre un service de psychiatrie et un service alzheimer?( je ne connais pas la réalité du milieu psychiatrique...)
Merci mille fois à ceux qui tenteront de m'aider!
Dans un coin perdu de montagne...
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antochrit
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Re: Psychiatrie et tout sécuritaire

Message par antochrit »

Pour ma part je dirais que dans un service dédié aux patients présentant des démences de type Alzheimer ou apparentés, on reste dans les démences.
Néanmoins, l'expression des troubles peut être très variée (agitation, troubles comportementaux, agressivité...)
Vous retrouvez souvent la désorientation temporo spatiale, l'aphasie, les troubles cognitifs divers...
En psychiatrie, non seulement il y a pléthore de pathologies différentes et aussi des multitudes d'expressions
Pour résumer, si vous arrivez à travailler avec des patients Alzheimer c'est déjà un bon point vis à vis d'une approche de la psychiatrie où nombre de pathologies demandent de la finesse dans l'écoute et l'observation de leurs expressions.
Il faut bien trouver des canaux annexes pour communiquer avec des patients déments, et c'est aussi souvent le cas pour communiquer avec les patients délirants.
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