Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
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Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
je n'ai pas tout lu des "règlements de compte", mais pour répondre à la question initiale, il ne s'agit pas de "dénoncer" une collègue, mais de protéger en son âme et conscience les patients.
si erreurs répétées il y a, voire grave (cordarone),puisque je comprends que le sujet a déjà été abordé avec la collègue en question, mais sans changement de comportement, mon avis est qu'il faut en aviser le cadre.
si une erreur vitale ou avec de graves conséquences pour le patient survient, alors que vous êtes au courant du risque réel existant avec cette collègue, aurez vous bonne conscience? pensez vous réellement que votre responsabilité morale et juridique ne sera pas engagée en cas de plainte???
je ne pense pas que ce soit rendre service à cette collègue que de taire ses erreurs et fermer les yeus sur son addiction qui est une réelle maladie (attention, pour ceux qui interprèteraient mes propos, je n'ai pas habitude de dénoncer mes collègues à la moindre petite erreur, moi même n'étant pas parfaite...), effectivement il faut en mon sens seulement parler de ce qu'on a réellement constaté, ensuite au cadre de faire son boulot et de corroborer les dires avec le reste de l'équipe
je pense que si une collègue arrivait sans avoir possession de tous ses moyens, j'en aviserai le cadre, d'autant que nous avons une note de service notifiant que nous devons le faire.
dernièrement une collègue est arrivée avec une migraine terrible; incapable de bosser,je l'ai faite s'installer au calme et est prévenu la cadre de garde afin qu'elle reparte et qu'elle sache que je me retrouvais par le fait seule sur le poste habituellement assuré à 2 IDE. et vous , l'auriez vous laissée travailler dans cet état, sachant qu'elle risquait de commettre une erreur car elle était très incommodée?
la comparaison vous choque? pourtant c'est pareil, on associe à l'alcool honte et jugement, mais ce n'est pas le sujet.
bref en résumé, je pense que non seulement il faut, mais que c'est un devoir d'en parler au cadre,c'est ta responsabilité (et celle des collègues qui ne disent rien) qui est engagée,ce n'est pas une dénonciation, mais simplement rapporter des faits existants pouvant porter atteinte aux patients.
si erreurs répétées il y a, voire grave (cordarone),puisque je comprends que le sujet a déjà été abordé avec la collègue en question, mais sans changement de comportement, mon avis est qu'il faut en aviser le cadre.
si une erreur vitale ou avec de graves conséquences pour le patient survient, alors que vous êtes au courant du risque réel existant avec cette collègue, aurez vous bonne conscience? pensez vous réellement que votre responsabilité morale et juridique ne sera pas engagée en cas de plainte???
je ne pense pas que ce soit rendre service à cette collègue que de taire ses erreurs et fermer les yeus sur son addiction qui est une réelle maladie (attention, pour ceux qui interprèteraient mes propos, je n'ai pas habitude de dénoncer mes collègues à la moindre petite erreur, moi même n'étant pas parfaite...), effectivement il faut en mon sens seulement parler de ce qu'on a réellement constaté, ensuite au cadre de faire son boulot et de corroborer les dires avec le reste de l'équipe
je pense que si une collègue arrivait sans avoir possession de tous ses moyens, j'en aviserai le cadre, d'autant que nous avons une note de service notifiant que nous devons le faire.
dernièrement une collègue est arrivée avec une migraine terrible; incapable de bosser,je l'ai faite s'installer au calme et est prévenu la cadre de garde afin qu'elle reparte et qu'elle sache que je me retrouvais par le fait seule sur le poste habituellement assuré à 2 IDE. et vous , l'auriez vous laissée travailler dans cet état, sachant qu'elle risquait de commettre une erreur car elle était très incommodée?
la comparaison vous choque? pourtant c'est pareil, on associe à l'alcool honte et jugement, mais ce n'est pas le sujet.
bref en résumé, je pense que non seulement il faut, mais que c'est un devoir d'en parler au cadre,c'est ta responsabilité (et celle des collègues qui ne disent rien) qui est engagée,ce n'est pas une dénonciation, mais simplement rapporter des faits existants pouvant porter atteinte aux patients.
en route vers de nouveaux horizons....
Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Ceci est une citation prise dans ce topic.moutarde a écrit : Et d'ailleurs, à qui cette attitude rend elle service ? A ta collègue ? Aux futurs patients d'un autre établissement si elle est à nouveau "remerciée" ?
J'en sais rien, j'y ai pas réfléchit.
Mais... mais, peut-être aussi est-ce pour ça que je suis venu ici pour demander des avis? Allez savoir
Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
pour faire suite à mon précèdent post, je viens de rechercher dans ma récente formation juridique un exemple:
en résumé: une faute grave commise par une IDE en état d'ébriété entraine:
faute disciplinaire pour cette IDE + pour cadre+ pour collègues
(+ faute pénale + faute personnelle pour l'IDE alcoolisée)
+ CIRCONSTANCES AGGRAVANTES pour tout le monde si cet état d'ébriété est habituel (comprenez si personne n'a rien dit)
ceci dit il faut effectivement relater des faits réels:
article R.4312-12 du code de la santé publique:
"les IDE doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité. Il leur est interdit de calomnier un autre professionnel de la santé, de médire de lui ou de se faire écho de propos susceptibles de lui nuire dans l'exercice de sa profession..."
j'espère vous avoir apporté quelques éléments de réflexion, pas facile certes, mais
bon courage Indis pour prendre la bonne décision en votre âme et conscience, et j'ajouterai pour les patients (nous sommes tous là pour eux, non?)
en résumé: une faute grave commise par une IDE en état d'ébriété entraine:
faute disciplinaire pour cette IDE + pour cadre+ pour collègues
(+ faute pénale + faute personnelle pour l'IDE alcoolisée)
+ CIRCONSTANCES AGGRAVANTES pour tout le monde si cet état d'ébriété est habituel (comprenez si personne n'a rien dit)
ceci dit il faut effectivement relater des faits réels:
article R.4312-12 du code de la santé publique:
"les IDE doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité. Il leur est interdit de calomnier un autre professionnel de la santé, de médire de lui ou de se faire écho de propos susceptibles de lui nuire dans l'exercice de sa profession..."
j'espère vous avoir apporté quelques éléments de réflexion, pas facile certes, mais
bon courage Indis pour prendre la bonne décision en votre âme et conscience, et j'ajouterai pour les patients (nous sommes tous là pour eux, non?)
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Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Moutarde a écrit:
Dans la grande majorité des cas, en effet, on ne se connait que par le forum. Tu permettras augusta que je m'interroge sur certains de tes propos alors que tu te destines à exercer en psychiatrie ; services où tu devrais être confrontée à des patients, pour certains, victimes de leurs addictions. j'ai bien écrit victimes et peut-être toujours pour certains, à qui "on" n'a pas tendu la main.
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
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Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Je voulais vous raconter la suite de l'histoire.Leopold Anasthase a écrit :Situation pourrie s'il en est... Ça me rappelle des souvenirs...
1) Il y a bien longtemps, un collègue a commencé à dériver.
Je re-situe le sujet. Un collègue donc, que je considérerais plutôt comme un bon professionnel, un gars qui faisait bien son métier. Pas toujours bon camarade (il se faisait des fois tirer les oreilles pour venir nous relever par exemple), mais qui dans l'ensemble donnait plutôt satisfaction.
J'ai flairé, suite à des indices, qu'il y avait des choses curieuses. J'ai commencé par lui en parler, ne voulant pas le mettre dans la merde suite à des suppositions qui se basaient sur pas grand chose. Il m'a donné une explication qui ne me satisfaisait pas, mais toujours pas de preuve tangible.
Le problème, c'est que les éléments s'accumulaient, des choses qu'il disait à d'autres, à moi, des situations curieuses, toujours pas la main dans le sac. À un moment, j'ai estimé que le cadre devait être informé, pas dans le style dénonciation mais dans le style information. Pourquoi ? Parce que par expérience le cadre est souvent à même de rassembler des informations. Donc à partir d'éléments séparés, il pouvait avoir une vue d'ensemble qui lui permettrait de se faire une idée globale. Je précise que ce cadre est un type profondément humain, pas le genre carotte bâton, il est capable de faire la part des choses. D'ailleurs, quand il y a eu assez d'éléments pour que le doute ne soit pas permis, sa réaction a été de demander à ce collègue de se soigner, il l'a même accompagné dans cette démarche.
A posteriori, je me suis rendu compte que si nous avions pu recouper toutes les informations (en particulier de ceux qui se sont tus), ce que nous avons mis des semaines à repérer nous aurait sauté au visage bien plus vite.
Concernant le fait de l'écarter du service, on peut y voir une sanction, une chasse à l'homme. Je ne vois pas les choses ainsi : en l'écartant du service, certes on protège nos patients de ses éventuelles bévues, mais aussi on le protège lui. Eh oui, laisser la clef des sutps à un toxico, c'est l'exposer.
La suite de l'histoire, c'est qu'il a continué à dériver, se mettant en danger, et mettant dans la merde ses collègues. Il n'y a pas eu d'incidence directe sur les patients, mais c'est en partie du à la chance (eh oui, quand le coffre à stups est plein d'ampoules vides, on peut estimer avoir eu de la chance de ne pas en avoir manqué pour nos patients).
Jusqu'au jour où il s'est fait prendre en train de fracturer un coffre à stups.
D'un point de vue disciplinaire, il a été dans un premier temps protégé par le médecin du travail, encore une femme admirable. Mais là encore, quand il a commencé à dépasser les bornes des limites, elle ne pouvait plus rien faire pour lui. Il a démissionné juste à temps pour éviter le conseil de discipline. Et il est parti dériver ailleurs, on entendait parler de lui de loin en loin (eh oui, nous vivons dans un petit monde), et de ses démêlés juridiques ou de santé.
Et un matin, ses collègues l'ont retrouvé mort dans le poste de soin. Il avait mon âge, disons qu'il est mort quarante ans trop tôt.
Inutile de vous dire que cette histoire me laisse un goût amer. Je ne sais pas si on peut tirer de cette histoire une conduite à tenir, des recommandations, et rien ne me garantie que je ne vivrais pas la même histoire malgré cette expérience. Mais j'en retire quand même l'idée que dans un coup de temps pareil, il ne faut pas rester seul avec ses doutes. À qui en parler, je n'ai pas de réponse définitive, mais il faut en parler. Au collègue certainement, sans se faire piéger, sans se prendre pour Mère Thérésa et Rambo qui vont le tirer de là. Au médecin du travail peut-être. Au cadre peut-être. Aux collègues peut-être. Mais en parler. Parce que le silence tue.
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Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Merci Monsieur Léo de nous donner votre témoignage.
Je pense que c'est ce genre de post qui peut aider Indis dans sa réflexion.

Quand "les autres" te font douter, penses aux malades qui t'ont donné leur dernier regard...et tu sauras ce que tu vaux !
Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Indis a écrit :Hi,
Titre à la con pour parler d'un souci de collègue !
Recemment arrivée où je bosse la collègue en question a surtout fais parler d'elle pour de multiples erreurs, sans conséquences, mais chiantes au quotidien. Rien à dire là dessus on en fait tous.
L'autre jour, une de mes collègues la trouvait bizarre et en s'approchant, sentait "vaguement" une odeur aux reflets tristement alcooliques... Elle a pas poussé plus loin ni cherché à savoir.
Etant un homme gentil et plein d'attention, et ayant croisé notre première collègue lorsque je faisais de l'intérim, je m'en vais me renseigner auprès d'une ancienne collègue, toujours dans l'établissement où j'étais passé.
Officieusement, m'apprit-on que notre nouvelle arrivante avait en fait été remercié, pour "picolo-picolette sur son lieu de travail; et emprunt sans rendre (qui a dit vol? ) dans le stock de stups ...".
Concrètement, que faire.
Pour ma part, j'estime qu'on sauvera pas tout le monde et que si déclic et prise de conscience il y avait dû y avoir, elle l'aurait eu avant.
L'histoire étant une histoire, au départ, personnelle, je me serait bien gardé d'en causer si ça ne rejaillissait pas sur le boulot, ce qui commence à être le cas (coucou je t'ai mis 2 tranxène 5 au lieu des 2 inexium 20 ; coucou je te passe 3 ampoules de cordarone sur 2H au lieu de 24H ... )...
Je compte bien en aviser ma cadre dès lundi en tout cas...
Je ne compte certainement pas en parler à la collègue concernée... lui parler de ses erreurs "boulotesque" ouais, de ses soucis persos, sûrement pas.
What about you ?
avertir ta cadre sans en parler à l'interressé, mais c'est génial. tu pourrais au moins l'avertir, "tu fais iéch d'etre défoncée à chaque poste on est obligée de faire ton taf, j'en ai ma claque, je le signale à la cadre"
d'une façon général, je suis pour retirer les gens qui ont un problème d'alcoolisme car ils sont dangereux pour les patients pénible pour l'équipe (faut faire leur taf) et on leur rend pas service quoi qu'en dise les béni oui oui de la psy (mais c'est pas de leur faute, ils sont malades.... oui mais quand t'es malade tu te fais soigner ou tu reste chez toi!!!)
mais là sur des on dit et sans faits précis tu ne feras rien de bon. tu peux toujours relater les faits concernant ses erreurs graves et répetés que l'équipe a constatées
j'aime bien Charlie, mais Nigéria a beaucoup plus besoin de nous
#je suis Nigéria
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Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
J'ai aussi prévenu les flics pour qu'ils la fasse souffler à la sortie du boulot, je suis pas un enfoiré quand même...
Sinon Haegen ben, voui ton 2ème paragraphe résume à peu près ce qu'il est prévu de faire à court terme.
De toute façon on doit voir la cadre par rapport à sa période d'essai, quoiqu'on en dise, il est aussi possible de ne se cantonner qu'aux erreurs "médicales" constatées et voire ce qu'il en sort ensuite, et voire si elle fait le lien " boulot - alcool".
Merci Leopold pour le récit en tout cas... =)
A y réflechir je me dis que si elle se cartonne en bagnole en repartant du boulot, je serai moins fier que d'en avoir parlé à la cadre, quitte à me faire une "ennemie", je préfère les ennemis vivants, tous ennemis qu'ils sont.
(quel égoïste !)

Sinon Haegen ben, voui ton 2ème paragraphe résume à peu près ce qu'il est prévu de faire à court terme.
De toute façon on doit voir la cadre par rapport à sa période d'essai, quoiqu'on en dise, il est aussi possible de ne se cantonner qu'aux erreurs "médicales" constatées et voire ce qu'il en sort ensuite, et voire si elle fait le lien " boulot - alcool".
Merci Leopold pour le récit en tout cas... =)
A y réflechir je me dis que si elle se cartonne en bagnole en repartant du boulot, je serai moins fier que d'en avoir parlé à la cadre, quitte à me faire une "ennemie", je préfère les ennemis vivants, tous ennemis qu'ils sont.
(quel égoïste !)
Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Bonsoir, nous avions un collègue alcoolique; très bon IDE par moment (il avait une grande expérience!) mais faisant bien des erreurs...que je couvrais, comme tout le monde...tout le personnel savait mais...
Je ne sais pas si les médecins l'ont convoqué pour lui parler du problème...
Moi: j'ai démissionné... pour ça et d'autres dysfonctionnements...
Et quelques mois après ce collègue s'est suicidé...
L'alcoolisme est tabou en France!
Je ne sais pas si les médecins l'ont convoqué pour lui parler du problème...
Moi: j'ai démissionné... pour ça et d'autres dysfonctionnements...
Et quelques mois après ce collègue s'est suicidé...
L'alcoolisme est tabou en France!
Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Indis a écrit : A y réflechir je me dis que si elle se cartonne en bagnole en repartant du boulot, je serai moins fier que d'en avoir parlé à la cadre, quitte à me faire une "ennemie", je préfère les ennemis vivants, tous ennemis qu'ils sont.
(quel égoïste !)
sauf que là tu nous parle des on dit ce qui n'a aucune valeur donc à part l'enfoncer ça sert à rien. Si t'es sur qu'elle picole et que tu veux lui sauver la vie l'histoire des flics n'est pas si bête.
Personnellement, je préfère mes ennemis morts mais au moins tous savent que je ne suis pas leur ami.... c'est une question de principe

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Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Quand je bossais à l'hopital, j'avais une collègue IADE qui était alccolique. Tellement alcoolique qu'elle coupait son jus d'orange avec de l'alcool modifiée quand il y avait encore de l'alcool modifiée au bloc.
Tout le monde le savait, tout le monde la couvrait, les IADE en premier, quitte à ce que nous fassions son boulot ou que nous lui donnions la responsabilité de l'hémovigilance et du SMUR en journée, les MAR la protégeaient, les IBODE et chir également, jusqu'au personnel du SAU, de la mater et des réa. C'était une fille sympa, humaine, rigoureuse dans son boulot quand elle arrivait clean.
Je me souviens que quand elle était très alcoolisée, ceux d'entre nous qui étaient de garde (donc qui bénéficiaient d'une chambre de garde) lui filions nos clés de nos chambres pour qu'elle aille s'allonger et cuver.
Nous pensions tous qu'elle se suiciderait si nous allions avertir la cadre et la med du travail. Cette collègue avait des ATCD de dépression sévère et avait fait par le passé des tentatives d'autolyse. Elle nous disait souvent que si elle n'avait pas le travail, elle se suiciderait. Donc tout le monde la couvrait.
Jusqu'au jour où il y a eu 3 IADE + 1 MAR en arrêt maladie en même temps, suite à une intoxication alimentaire.
De ce fait, il n'était plus question qu'un de nous ou qu'un MAR aille la remplacer en salle. Ce jour là, elle était sur le programme ORL. Qui dit ORL, dit végétations, drains trans-tympaniques, amygdalectomie...donc des enfants.
La collègue en question était ivre à son arrivée à 9h ( exceptionnellement ouverture de sa salle à 9h alors que le programme op débutait à 8h dans les autres salles, donc à 9h nous étions déjà tous occupés quand elle est arrivée).
L'IBODE du programme ORL est venue nous signaler que notre collègue était ivre. Que le premier enfant était dans le sas. On n'a pas pu faire autrement que d'informer le cadre IADE qu'il y avait un problème, que notre collègue n'était pas dans son état normal et ne pouvait absolument pas rester en salle seule.
La cadre est entrée au bloc et est tombée des nues devant l'état de notre collègue qui a dû se rendre à la medecine du travail sur le champ.
Elle a été mise en arrêt de travail immédiatement.
Aujourd'hui, elle reste très fragile, très surveillée et bénéficie d'un poste aménagé. Quand elle parle de son expérience avec les collègues qui lui sont proches, elle dit que nous lui avons sauvé la vie le jour où nous avons dit "stop" parce que nous étions dans l'impossibilité de prendre sa place sur le programme ORL. Comme dit Léopold, le silence tue, et en nous taisons et en la cachant, nous avons cautionné longtemps son suicide à petit feu.
Ceci dit, je reste sur ce que j'ai déjà écrit au début de ce topic, à savoir que lorsqu'on n'a pas constaté soi même une haleine caractéristique, etc etc, tant que ce sont des on dits et des bruits de couloir " je connais qqn qui connait qqn qui lui a dit que...", bin on ferme sa bouche car les bruits de couloirs= des bruits de chiottes.
Et en tant que cadre, je n'admettrai pas qu'on vienne me raconter des bruits de chiottes. Par contre, qu'on vienne me dire " j'ai constaté qu' untel a une haleine qui ressemble possiblement à une haleine alcoolisé", va effectivement m'interpeller et mobiliser toute ma vigilance et me permettre d'agir si besoin en ayant un entretien avec la personne concernée, la médecine du travail , ma direction.
Quand on se rend compte par soi-même qu'un ou qu'une collègue s'alcoolise sur le lieu de son travail pendant ses heures de travail, ce n'est pas de la dénonciation que d'en avertir le cadre, mais de l'information. C'est être professionnel en regard de l'équipe avec laquelle on bosse, mais aussi envers les patients . Et c'est être civique envers tous les gens que la personne alcoolisée peut croiser sur sa route en venant travailler ou en repartant du taff.
Et puis, pour ceux que ça dérange encore d'informer leur hierarchie qu'il a constaté l'alcoolisation d'un collègue pendant les heures de travail, se donner le courage de le faire en se disant que le patient dans le lit, ça pourrait être son père, sa mère, son enfant, son ami, etc...et prendre un quart de seconde pour se demander si on accepterait qu'une IDE sous l'emprise de l'alcool ou d'autres substances plus ou moins licites ou illicites s'occupe de nos proches et de ceux qui nous sont chers.
Tout le monde le savait, tout le monde la couvrait, les IADE en premier, quitte à ce que nous fassions son boulot ou que nous lui donnions la responsabilité de l'hémovigilance et du SMUR en journée, les MAR la protégeaient, les IBODE et chir également, jusqu'au personnel du SAU, de la mater et des réa. C'était une fille sympa, humaine, rigoureuse dans son boulot quand elle arrivait clean.
Je me souviens que quand elle était très alcoolisée, ceux d'entre nous qui étaient de garde (donc qui bénéficiaient d'une chambre de garde) lui filions nos clés de nos chambres pour qu'elle aille s'allonger et cuver.
Nous pensions tous qu'elle se suiciderait si nous allions avertir la cadre et la med du travail. Cette collègue avait des ATCD de dépression sévère et avait fait par le passé des tentatives d'autolyse. Elle nous disait souvent que si elle n'avait pas le travail, elle se suiciderait. Donc tout le monde la couvrait.
Jusqu'au jour où il y a eu 3 IADE + 1 MAR en arrêt maladie en même temps, suite à une intoxication alimentaire.
De ce fait, il n'était plus question qu'un de nous ou qu'un MAR aille la remplacer en salle. Ce jour là, elle était sur le programme ORL. Qui dit ORL, dit végétations, drains trans-tympaniques, amygdalectomie...donc des enfants.
La collègue en question était ivre à son arrivée à 9h ( exceptionnellement ouverture de sa salle à 9h alors que le programme op débutait à 8h dans les autres salles, donc à 9h nous étions déjà tous occupés quand elle est arrivée).
L'IBODE du programme ORL est venue nous signaler que notre collègue était ivre. Que le premier enfant était dans le sas. On n'a pas pu faire autrement que d'informer le cadre IADE qu'il y avait un problème, que notre collègue n'était pas dans son état normal et ne pouvait absolument pas rester en salle seule.
La cadre est entrée au bloc et est tombée des nues devant l'état de notre collègue qui a dû se rendre à la medecine du travail sur le champ.
Elle a été mise en arrêt de travail immédiatement.
Aujourd'hui, elle reste très fragile, très surveillée et bénéficie d'un poste aménagé. Quand elle parle de son expérience avec les collègues qui lui sont proches, elle dit que nous lui avons sauvé la vie le jour où nous avons dit "stop" parce que nous étions dans l'impossibilité de prendre sa place sur le programme ORL. Comme dit Léopold, le silence tue, et en nous taisons et en la cachant, nous avons cautionné longtemps son suicide à petit feu.
Ceci dit, je reste sur ce que j'ai déjà écrit au début de ce topic, à savoir que lorsqu'on n'a pas constaté soi même une haleine caractéristique, etc etc, tant que ce sont des on dits et des bruits de couloir " je connais qqn qui connait qqn qui lui a dit que...", bin on ferme sa bouche car les bruits de couloirs= des bruits de chiottes.
Et en tant que cadre, je n'admettrai pas qu'on vienne me raconter des bruits de chiottes. Par contre, qu'on vienne me dire " j'ai constaté qu' untel a une haleine qui ressemble possiblement à une haleine alcoolisé", va effectivement m'interpeller et mobiliser toute ma vigilance et me permettre d'agir si besoin en ayant un entretien avec la personne concernée, la médecine du travail , ma direction.
Quand on se rend compte par soi-même qu'un ou qu'une collègue s'alcoolise sur le lieu de son travail pendant ses heures de travail, ce n'est pas de la dénonciation que d'en avertir le cadre, mais de l'information. C'est être professionnel en regard de l'équipe avec laquelle on bosse, mais aussi envers les patients . Et c'est être civique envers tous les gens que la personne alcoolisée peut croiser sur sa route en venant travailler ou en repartant du taff.
Et puis, pour ceux que ça dérange encore d'informer leur hierarchie qu'il a constaté l'alcoolisation d'un collègue pendant les heures de travail, se donner le courage de le faire en se disant que le patient dans le lit, ça pourrait être son père, sa mère, son enfant, son ami, etc...et prendre un quart de seconde pour se demander si on accepterait qu'une IDE sous l'emprise de l'alcool ou d'autres substances plus ou moins licites ou illicites s'occupe de nos proches et de ceux qui nous sont chers.
Applique-toi à soigner autrui tel que tu aimerais être soigné toi-même.
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Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Merci à Leo et Sageline qui nous guident vers le positionnement à avoir devant un tel problème
Merci aussi à Cecé17 pour sa judicieuse comparaison migraine/alcool. Oui l'alcool est considéré comme une honte et un jugement....c'est aussi simple que ça

Merci aussi à Cecé17 pour sa judicieuse comparaison migraine/alcool. Oui l'alcool est considéré comme une honte et un jugement....c'est aussi simple que ça

"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Un truc vachement important, et je me demande pourquoi j'en ai pas parlé.
En Mai dernier, une collègue de 31 ans, aide soignante dans le service est décédée après 4H de réa dans les urgences du CHU du coin. Elle avait une petite fille... elle était alcoolique et travaillait dans le service depuis 7 ans.
Cette collègue a été aidée, plus qu'aidée, emmenée plusieurs fois à droite à gauche par des collègues (une fille qui avait 7 ans la veille de son décès, divorcée), associations, urgences où les collègues se sont relayées pendant pendant plus de 48H (urg + uhcd)...
C'est aussi pour ça qu'à un moment je dis "on ne sauvera pas tout le monde", cette collègue, de mon point de vue, a été entourée, aidée, archi-aidée, elle avait une fille etc...
C'est un "passé du service" qui a, lui aussi, laissé des marques, avec tous les comportements et remarques à l'emporte pièce qu'on peut entendre dans la tourmente... à l'annonce d'un décès d'une collègue de 31 ans morte des suites d'une maladie alcoolique...
Il faut bien voir que derrière la culpabilité est là, pour chacune (j'arrivais depuis peu de temps, je l'ai peu connue et me suis pas trop trop senti concerné par son décès...) des filles du service.
Inconsciemment je sais que les nanas ne laisseront pas les choses traîner... ça joue sans aucun doute.
En Mai dernier, une collègue de 31 ans, aide soignante dans le service est décédée après 4H de réa dans les urgences du CHU du coin. Elle avait une petite fille... elle était alcoolique et travaillait dans le service depuis 7 ans.
Cette collègue a été aidée, plus qu'aidée, emmenée plusieurs fois à droite à gauche par des collègues (une fille qui avait 7 ans la veille de son décès, divorcée), associations, urgences où les collègues se sont relayées pendant pendant plus de 48H (urg + uhcd)...
C'est aussi pour ça qu'à un moment je dis "on ne sauvera pas tout le monde", cette collègue, de mon point de vue, a été entourée, aidée, archi-aidée, elle avait une fille etc...
C'est un "passé du service" qui a, lui aussi, laissé des marques, avec tous les comportements et remarques à l'emporte pièce qu'on peut entendre dans la tourmente... à l'annonce d'un décès d'une collègue de 31 ans morte des suites d'une maladie alcoolique...
Il faut bien voir que derrière la culpabilité est là, pour chacune (j'arrivais depuis peu de temps, je l'ai peu connue et me suis pas trop trop senti concerné par son décès...) des filles du service.
Inconsciemment je sais que les nanas ne laisseront pas les choses traîner... ça joue sans aucun doute.
Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
Très exactement ce que je pense sauf que l'on est pas obligé de le faire dans le dos du professionnel concerné.sagéline a écrit :Quand on se rend compte par soi-même qu'un ou qu'une collègue s'alcoolise sur le lieu de son travail pendant ses heures de travail, ce n'est pas de la dénonciation que d'en avertir le cadre, mais de l'information.
La différence entre information et dénonciation, c'est que l'une est avérée, constatée par soi-même, vérifiée et vérifiable et le but est de protéger le patient, l'équipe et l'agent en question ; alors que l'autre peut être diffamante et calomnieuse car basée essentiellement sur la rumeur, les bruits de couloir et les conversations de vestiaire et/ou salle de repos et a des relents nauséabonds.
Le courage et la loyauté voudraient aussi que la personne sur qui pèse la suspicion voire l'accusation soit elle aussi avertie de la démarche qui va être entreprise au près de l'ICS si bien sûr il y a confirmation et persistance. Parce que à mon sens, parler, échanger s’intéresser, essayer de comprendre les causes, c’est aussi une façon de protéger des conséquences (pour tous) de certaines dérives addictives.
Tout dépend ce que l'on entend par écarter du service parce que dans le cas présent, si c'est vrai, le "problème" a juste été déplacé ; et quid de la protection des patients et de l'IDELeopold Anasthase a écrit :Concernant le fait de l'écarter du service, on peut y voir une sanction, une chasse à l'homme. Je ne vois pas les choses ainsi : en l'écartant du service, certes on protège nos patients de ses éventuelles bévues, mais aussi on le protège lui.

Indis a écrit :Officieusement, m'apprit-on que notre nouvelle arrivante avait en fait été remercié, pour "picolo-picolette sur son lieu de travail; et emprunt sans rendre (qui a dit vol? ) dans le stock de stups ...".
Re: Hey mais tu sens l'alcool ? Non, j'ai bu le flacon
pour cette partie je suis d'accord (pour une fois avec moutarde)moutarde a écrit :Très exactement ce que je pense sauf que l'on est pas obligé de le faire dans le dos du professionnel concerné.sagéline a écrit :Quand on se rend compte par soi-même qu'un ou qu'une collègue s'alcoolise sur le lieu de son travail pendant ses heures de travail, ce n'est pas de la dénonciation que d'en avertir le cadre, mais de l'information.
La différence entre information et dénonciation, c'est que l'une est avérée, constatée par soi-même, vérifiée et vérifiable et le but est de protéger le patient, l'équipe et l'agent en question ; alors que l'autre peut être diffamante et calomnieuse car basée essentiellement sur la rumeur, les bruits de couloir et les conversations de vestiaire et/ou salle de repos et a des relents nauséabonds.
Le courage et la loyauté voudraient aussi que la personne sur qui pèse la suspicion voire l'accusation soit elle aussi avertie de la démarche qui va être entreprise au près de l'ICS si bien sûr il y a confirmation et persistance.
pour le reste, les bons sentiments envers les collègues, je trouve que ça masque trop souvent une hypocrisie. on est là pour soigner les malades PAS les collègues
j'aime bien Charlie, mais Nigéria a beaucoup plus besoin de nous
#je suis Nigéria
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