Coup de gueule !

[Ex esi28]

Je viens ici, pour donner mon petit coup de gueule. Un coup de gueule sur cette profession d'infirmière qui est en perdition.
Il y a 3 ans, je passais mes concours d'infirmiers, des rêves pleins la tête comme vous futurs candidats ou futurs infirmiers. Des idéaux, oui j'en avais beaucoup. Je pensais trouver un métier Humain, avec un grand "H". Je pensais trouver dans cette profession un minimum d'humanité et de compassion. Je pensais y rencontrer des personnes amoureuses de leur job et qui mettent chaque jour leur cœur au travail. Je pensais comme vous tous, qu'infirmière était un beau métier, proche de l'humain, proche de l'Autre. Mais je suis tombée de haut. De très très haut.
Dès qu'on pousse les portes de l'hopital et qu'on est du coté "coulisse", on se rend vite compte qu'en fait c'est une machine à fric, ou le fric passe avant le patient. On fait des économies sur tout : "ré utilise la même compresse, on doit faire des économies" m'a dit un jour une IDE. Le fric toujours le fric. et le patient dans tout ça ? C'est un numéro de porte ou une pathologie. Pire, comme disent certains professionnels, le patient est "con", "chiant", "taré". sans compter l'hypocrisie omniprésente : bien se tenir devant son patient et dès qu'on ferme la porte : "putain qu'il est chiant celui là ! "
Je ne sais pas vous, mais moi j'avais pas choisis ce métier pour entendre ce genre de reflexion à longueur de journée. Je comprends que les professionnels soient à bout. je comprends. Mais il y a un minimum de respect à avoir. L'hosto deviens de moins en moins humain. Bon nombre d'infirmières, font aujourd’hui ce job pour le fric, pour la sécurité de l'emploi pas pour la relation avec le patient. Et c'est moche à dire. Sincèrement.
C'est ce qui m'a fait claquer la porte il y a peu. J'étais en stage en troisième année. il ne me restait plus qu'une année avant le DE. J'étais en chirurgie cardiaque. Une dame, effondrée par le décès de son fils et par la peur de l'intervention se confie à moi. Je prends une chaise et je décide de l'écouter pendant 5 minutes. On me l'a reproché. On m'a dit qu'on n'avait pas le temps. L'infirmière était vénère, je l'avais retardé dans son planning. Ce fut la goutte qui a fait déborder le vase : Ce jour là, j'ai compris que c'est le jour ou je claquerai la porte de l'ifsi. Dégoutée, oui, carrément dégoutée par le monde hospitalier, par le traitement des patients, par ce comportement exécrable de certains professionnels, par cette non prise en charge de la douleur, par cette non écoute du patient, par ces responsabilités trop pesantes. Alors j'ai claqué la porte. Et pourtant : infirmière c'était le métier que je voulais faire depuis l'âge de 8 ans. Je pensais que c'était ma vocation. Mais je me suis pris une grosse claque. le métier est bien loin des belles paroles que nous inculquent les formateurs des ifsi. On nous parle d'humain, on nous parle de respect, de dignité pendant ces 3 années d'études. Mais ou sont ces valeurs sur le terrain ? Où sont elles ? C'est de belles paroles en l'air je trouve. Je suis sortie de tout ça, avec une grosse déprime.
Alors, oui, il y a sans doute dans le monde hospitalier des personnes passionnées par ce qu'elles font. ça existe je le sais. Mais il y a aussi un tas de personnes qui ne savent pas très bien pourquoi elles sont là et qui traitent les patients comme on traiterait des dossiers ou des objets.
Alors s'il vous plait, vous, futurs professionnels, si vous allez au bout de ces études, si vous n'en ressortez pas dégoutée et déprimée, soyez des professionnels à l'écoute, aimant et dévoués. Traitez les patients comme vous aimerez que l'on traite l'un de vos proches. Soyez humbles. Toujours.
C'est un beau métier. Mais il est bien loin de tous les clichés, et de tous les idéaux que nous pouvons nous faire. C'est un métier ou malheureusement le soin technique passe avant le soin relationnel. Combien d'étudiant de ma promo étaient affolé à poser une perf plutot qu'à écouter un patient...C'est usant d'avoir à faire à des professionnels qui rabaissent et jugent les patients dès que leur porte est fermé. C'est vraiment épuisant C'est moche. Mais c'est la réalité du terrain. Alors s'il vous plait, vous, futurs professionnels, allez à contre courant ! Ne rentrer pas dans ce petit jeu inhumain, soyez des professionnels HUMAINS.
Pardonnez moi, si ce message choque certaines personnes. mais voilà, il fallait que ça sorte. 2 ans et demi que j'ai porté ça. Il fallait simplement que je le dise.

[rubis226]

Bonsoir
J'ai tout lus jusqu'au bout et j'ai une question
Pourquoi n'as tu pas appliqué tes conseils (aller à contre courant) ?

[WILLIAMM]

Je prends note et suivrais tes conseils avec attention.
Oui c sûr que la T2A a fait que l'économique est passé devant le côté humain. Après je veux pas lancer un débat sur elle, on a pas trouvé mieux pour l'instant (enfin d'après mes connaissances, je ne suis que en L1).
Je suis d'accord que être humain est nécessaire.
Et maintenant tu comptes faire quoi comme métier si c'est pas indiscret?
Bonne chance pour la suite.

[Dancehalltime]

Bonsoir
J'ai tout lus jusqu'au bout et j'ai une question
Pourquoi n'as tu pas appliqué tes conseils (aller à contre courant) ?

Même question.

Et sinon les patients chiants oui ça existe. Et oui on le dit.
Quand ils sont attachants on le dit aussi.
En même temps c'est des gens comme toi et moi, y'a de tout.

[Benji30]

J'ai lu ton témoignage avec attention, tu es passionné par ce métier, pourquoi ne pas avoir été jusqu'au bout? Pourquoi t'être arrêté alors que tu voulais faire changer les choses?
Il est regrettable que tu es lâché ta formation ainsi on a besoin de personne passionnée qui veulent à leur niveau faire évoluer les choses

[vaness desiles]

C'est dommage d'avoir laissé tombé, c'est justement de personnes comme toi dont ce métier a besoin.

[magicmelo]

J'ai déjà connu ce genre d'infirmière,j'ai déjà aussi connu l'inverse,des infirmières dévouées,à l'écoute et passionnées. J'ai choisi de travailler en psychiatrie parce que j'ai toujours été plus attachée au côté relationnel de notre profession que la technique. Je suis pour l'instant dans un service qui me passionne,où l'écoute est considérée comme un soin primordial,où t'assoir pour écouter le patient parler,pleurer,fait partie de tes taches.
Je suis dans une unité de proximité qui accueille des personnes après une TS ou en dépression,ou ayant besoin d'un réajustement de traitement. Notre équipe soignante est soudée et ont les mêmes objectifs communs.

Je pense que tu aurais dû attendre de connaître d'autres services,de finir tes études et d'allait voir "comment c'est" ailleurs. Non,il y a encore quelques endroits qui où le patient est considéré comme un patient et pas comme un client.

Pire, comme disent certains professionnels, le patient est "con", "chiant", "taré". sans compter l'hypocrisie omniprésente : bien se tenir devant son patient et dès qu'on ferme la porte : "putain qu'il est chiant celui là ! "

On est pas des bonnes sœurs,le patient,c'est avant tout un humain comme toi et moi,son attitude,sa manière d'être peut autant te déplaire que te toucher,l'affect dans les soins,il y en a forcément.

[rommy]

J'ai bien lu ton témoignage...en effet j'ai constaté les mêmes aberrations dans les services et oui...MAIS ton job est ce que TU en fais, tu y mets ce que tu es , tes valeurs, tes tripes même!
Je comprends que tu te dises "je ne veux pas prendre part à ça...."
mais tu peux aussi te dire: "je sais pourquoi je veux être infirmière et je trouverais un moyen d'exercer comme je le souhaite, de la manière la plus humaine qui soit" et oui c'est POSSIBLE.

Ce que tu décris est une réalité
Ta réaction par contre je m'interroge

[augusta]

J'ai bien lu ton témoignage...en effet j'ai constaté les mêmes aberrations dans les services et oui...MAIS ton job est ce que TU en fais, tu y mets ce que tu es , tes valeurs, tes tripes même!
Je comprends que tu te dises "je ne veux pas prendre part à ça...."
mais tu peux aussi te dire: "je sais pourquoi je veux être infirmière et je trouverais un moyen d'exercer comme je le souhaite, de la manière la plus humaine qui soit" et oui c'est POSSIBLE.

Ce que tu décris est une réalité
Ta réaction par contre je m'interroge

+1
Moi aussi la réaction de tout envoyer balader m'interroge...beaucoup.

Lors d'un stage aux Urgences je m'étais aussi fait reprendre, comme toi, par une IDE qui me disait "qu'on n'avait pas le temps pour le relationnel".
Crois-tu que je l'ai crue?
Je l'ai prise pour une bouffonne
Maintenant je suis IDE et je travaille comme j'en ai envie. Je suis loin d'être parfaite. Moi aussi certains patients me gonflent alors que d'autres me touchent énormément.
En tous les cas j'apprécie mon travail, que je fais aussi pour l'argent!

[Akane72]

Je trouve dommage que tu es attendu d'abandonner pour en parler! Car effectivement, même si c'est plus facile à dire qu'à faire, tu aurais pu t'accrocher afin de pouvoir être une infirmière humaine comme l'indique tes valeurs!
Les infirmières sont des personnes comme tout le monde, il y en a des bonnes et des moins bonnes. Il y a le burn-out, il y a les mauvaises conditions de travail et il y a également des caractères très différents.

Le métier étant ouvert sur de nombreuses possibilités d'exercice, je suis persuadée que tu aurais pu trouver où exercer ton métier selon tes valeurs une fois ton DE en poche!

Bonne continuation pour la suite et surtout ne change pas car on a besoin de personnes de valeur!

[Lenalan]

Je suis aussi assez surprise que tu ais préféré claquer la porte plutôt que d'aller à contre-courant.... Et c'est dommage de partir par rapport au comportement des autres (on peut avoir plein de raisons pour arrêter des études, mais celle-là c'est quand même dommage!).

Evidemment, beaucoup qui passent le concours pensent qu'elles vont entrer au pays des bisounours avec des IDE humaines, passionnées et respectueuses de tous (ça englobe les patients et les étudiants) et se prennent des claques dès le 1er stage (par contre je ne suis pas d'accord avec l'image de l'infirmière dévouée qui dit amen à tout, des patients chiants ou carrément puants ça existe, à nous d'être pro et de savoir gérer sans s'énerver, ça ne nous empêche pas de se soulager en toute discrétion en disant à la collègue qu'il est chiant, et même que c'est un gros C** ). On a le droit aussi de ne pas faire ce travail que pour aider son prochain mais aussi pour l'argent, moi perso l'argent est une de mes motivations, pas la principale sinon j'aurais choisi autre chose mais ça compte aussi

Tout ça est à prendre en compte mais le plus important c'est de te dire que chacun choisit le soignant qu'il a envie d'être (pour maintenant et pour plus tard). Si tu as envie de prendre 5 minutes pour t'asseoir et parler avec une patiente angoissée à toi de défendre ta vision des choses, aucune IDE ne marquera jamais sur les points négatifs de ton bilan de stage "fait trop de relationnel", on ne pourra jamais te reprocher sérieusement d'avoir pris 5 minutes pour parler à quelqu'un, tu ne seras jamais convoquée par ta directrice d'ifsi parce que tu as voulu écouter 5 minutes une patiente qui avait besoin de parler (sauf si tu as la voisine de chambre qui fait un arrêt cardiaque ).
Ce que pensent les autres, ce que disent les autres et leur manière de faire, après tout qu'est-ce que ça peut te faire? Du moment que toi tu es en phase avec ce que tu penses sincèrement être le mieux pour les patients?

C'est un peu comme les IDE qui prennent les AS pour des petites mains qui vont faire les tâches ingrates dont elles n'ont pas envie de s'occuper, le genre d'IDE qui t'appelle avant de faire un pansement pour que tu nettoies le caca. Certaines font ça, refusent de faire la moindre toilette, jettent les médicaments à côté de la blédine qui refroidit parce que c'est le boulot de l'AS, d'autres font manger les gens, proposent à l'AS de faire les toilettes avec pansement en binôme, n'appellent pas l'AS quand une dame veut aller aux toilettes mais y va elle-même... C'est exactement pareil et chacune choisit sa manière de faire et la manière dont elle a envie de travailler!

[AmThLi]

Et ouais, c'est pas un métier idéal.
C'est ça le monde réel, la confrontation aux contraintes de tel ou tel boulot... Rien n'est parfait, ya des infirmiers cons, d'autres qui "font du relationnel" (ça veut rien dire cette expression) aux urgences, en psy ou en EHPAD parce que eux se donnent le temps...
Tu as découvert que le monde de la santé était complexe et pas si idéal que tu l'espérait... Qu'il était humain quoi. Dommage que ta réaction ait été si radicale.
En même temps j'ai lu ce texte presque mot pour mot il y a environ un an sur le forum, donc bon...

On est pas des bonnes sœurs,le patient,c'est avant tout un humain comme toi et moi,son attitude,sa manière d'être peut autant te déplaire que te toucher,l'affect dans les soins,il y en a forcément.

Absolument ! Certains patients nous emmerdent, c'est normal on est humains, heureusement qu'on est pas des machines à bons sentiments bien propres et professionnels. Ca serait super angoissant de bosser qu'avec des infirmières sorties de bouquins d'IFSI...

[Creol]

Prenez soit la pilule bleue, qui vous fera croire à une vie normale comme dans les IFSI, soit la pilule rouge, qui vous permettra de savoir ce qu'est la réalité.
L'un comme l'autre il faudra y vivre et l'affronter.

[WILLIAMM]

Prenez soit la pilule bleue, qui vous fera croire à une vie normale comme dans les IFSI, soit la pilule rouge, qui vous permettra de savoir ce qu'est la réalité.
L'un comme l'autre il faudra y vivre et l'affronter.

Je prends la rouge. Mieux vaut affronter la réalité le plus vite possible.

[soleymoon]

Comme dit un de mes formateurs, on apprend des modèles et certainement autant de contre-modèles.
Je suis aussi en troisième année, des couleuvres, j'en ai avalé comme tous les ESI présents ici, mais je dois dire que j'ai croisé bien plus d'IDE humaines et bienveillantes que l'inverse. Malheureusement on retient davantage les bons moments et les pratiques qui nous choquent. C'est dommage de tout planter si près du but alors que tu pourrais appliquer tout ce qui t'avait pousser à faire ces études.
Après, il faut de la modération en tout, je la vois d'ici l'IDE exaltée pleine de bons sentiments, c'est sur qu'elle ne va pas tenir une semaine la pauvre! Tu ne peux pas être tout le temps empathique, ouverte, tolérante, gentille, compréhensive... C'est impossible, des fois tu craques et c'est tout, tu peux avoir un comportement pas exemplaire en répondant sèchement à un patient, pour je ne sais quelle raison et ne pas être pour autant quelqu'un qui n'a pas d'humanité, au contraire.
Ce matin, en stage donc, je me suis fait cracher dessus par un patient. C'est la première fois que ça m'arrivait. Et bien je l'ai remis à sa place et pas qu'un peu. Et ça ne fait pas de moi une mauvaise professionnelle. Nous ne sommes pas des personnes lisses, sans caractère, et des éponges à mauvaise humeur et avec le sourire s'il-vous plait!!!
C'est vrai que parfois on n'a pas trop de temps, mais l'avantage c'est qu'une fois diplômée on s'organise comme on veut. Ce sera à toi de décider si tu prends un moment plus long avec telle ou telle personne, ce sera TA responsabilité. Évidemment que l'IDE qui t'a reproché de passer du temps avec ta patiente a été conne sur le moment, mais je doute qu'elle ait été mal intentionnée, en as-tu reparlé avec elle?
Je ne comprends pas qu'à l'IFSI tes formateurs ne t'aient pas encouragée à bien réfléchir à ta décision, proposé un report, revu ensemble tes difficultés et ton parcours de stage. Franchement, si tu le peux encore (et si tu viens juste de lâcher il n'y a pas de raison), prends le temps de la réflexion c'est trop bête. J'ai même du mal à croire qu'on abandonne tout comme ça.
Tu penses faire quoi maintenant si ce n'est pas indiscret?
Bon courage pour la suite.