De l'apparition de la violence et de son appréhension
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De l'apparition de la violence et de son appréhension
Bonjour,
je réédite mon post sur la violence pour réfléchir non pas en terme de responsabilité mais d'action soignante à mettre en place afin de réfléchir sur la violence, son mécanisme de formation, les signaux repères et les soins à mener en amont.
Pour ce qui est de régler des comptes institutionnels je souhaiterais que cela se concentre exclusivement sur le post : "de la violence, de la psychiatrie" (que je continuerais à suivre autant que possible mais mon rythme d'écriture ne me permet pas réagir suffisamment vite).
En préalable à la lecture je vous demande, même si certains posts sont long de ne surtout pas les lire en diagonal afin d'éviter des interprétations malheureuses (pour toutes digressions n'hésitez pas à m'envoyer un MP, j'échangerais avec plaisir avec vous).
L'idée de la violence faisant souvent effraction dans le processus de penser il semble important de pouvoir échanger autour d"un tel thème.
La violence est bien souvent réduite à une infime partie de sa définition. Possiblement en cause la sur-médiatisation d'actes meurtriers qui nous fait associer immédiatement violence avec dangerosité voire mort. Violence, de violentia : "caractère emporté, farouche, indomptable", si ce mot renvoie également à l'idée d'une destruction, son origine se tient également d'un dérivé de "vis" qui désigne "la force en action", "la force vitale" et qui procède d'un élan de vie.
Pour citer Bergeret "la violence demeure une pure protection d'un sujet en voie d'autonomisation". Ce qui, je pense, rappel assez bien ces situations d'hospitalisation où l'on assiste à une régression de l'autonomie. Pour finir ma transition je cite Bertold Brecht "On dit d'un fleuve emportant tout qu'il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l'enserrent".
Les services de psychiatrie, l'institution forment une partie des rives du fleuve interne des patients accueillis mais le personnel soignant possède des outils pour moduler ces rives. Je ne veux pas dire par là que les soignants sont responsable de tous les actes de violence, mais que nous ne pouvons pas faire comme si cela était inéluctable.
Un travail difficile se joue pour les soignants afin de sécuriser psychiquement le patient aux prises avec une agressivité le protégeant de sa vulnérabilité induite et par la maladie psychique et par sa position de patient (il est important de pouvoir différencier l'agressivité de la violence). Pour cela il faut également que le soignant soit sécurisé, toujours psychiquement. Si pour le patient ce travail passe par l'action extérieur du soignant, pour le soignant c'est d'un travail de soi qu'il s'agit (mais la sécurité psychique passe aussi par une sécurité physique et un appui certain de ce qui fait pour lui institution) ; je veux dire par là que le soignant n'est pas dans le service pour trouver cette sécurité interne (et je précise bien interne), s'il a un travail préalable à faire c'est ailleurs : par exemple par une approche théorique, des échanges, une formation, une analyse personnelle (ce n'est qu'un exemple).
La question avant de faire face à une situation de violence est donc de pouvoir accueillir ce mouvement agressif particulier. Particulier parce qu'il ne vise pas l'attaque de l'autre, mais est une défense de sa propre vulnérabilité (je parle toujours autant du patient que du soignant).
Pour faire le lien avec l'étudiante qui posait dans sa description d'une situation de crise clastique chez une adolescente que l'IDE n'avait pas su réagir, il faut savoir que dans bien des situations d'agressivité, ne rien dire mais rester présent est l'acte qui porte le plus à la création d'un lien (pour ne pas dire qu'il peut même être créateur d'un transfert).
L'agressivité est a entendre comme quelque chose de constitutif de l'individu, un état émotionnel qui nous donne l’énergie de nous maintenir en vie. Je reprends les mots de Maurice CHAMPAGNE "Les amours les plus durables naissent souvent de mouvements spontanés, et avoués, de répugnance et d'agressivité réciproques" . Elle est a différencier de la violence mais à pour lien d'être un mouvement préparatoire de la violence.
je réédite mon post sur la violence pour réfléchir non pas en terme de responsabilité mais d'action soignante à mettre en place afin de réfléchir sur la violence, son mécanisme de formation, les signaux repères et les soins à mener en amont.
Pour ce qui est de régler des comptes institutionnels je souhaiterais que cela se concentre exclusivement sur le post : "de la violence, de la psychiatrie" (que je continuerais à suivre autant que possible mais mon rythme d'écriture ne me permet pas réagir suffisamment vite).
En préalable à la lecture je vous demande, même si certains posts sont long de ne surtout pas les lire en diagonal afin d'éviter des interprétations malheureuses (pour toutes digressions n'hésitez pas à m'envoyer un MP, j'échangerais avec plaisir avec vous).
L'idée de la violence faisant souvent effraction dans le processus de penser il semble important de pouvoir échanger autour d"un tel thème.
La violence est bien souvent réduite à une infime partie de sa définition. Possiblement en cause la sur-médiatisation d'actes meurtriers qui nous fait associer immédiatement violence avec dangerosité voire mort. Violence, de violentia : "caractère emporté, farouche, indomptable", si ce mot renvoie également à l'idée d'une destruction, son origine se tient également d'un dérivé de "vis" qui désigne "la force en action", "la force vitale" et qui procède d'un élan de vie.
Pour citer Bergeret "la violence demeure une pure protection d'un sujet en voie d'autonomisation". Ce qui, je pense, rappel assez bien ces situations d'hospitalisation où l'on assiste à une régression de l'autonomie. Pour finir ma transition je cite Bertold Brecht "On dit d'un fleuve emportant tout qu'il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l'enserrent".
Les services de psychiatrie, l'institution forment une partie des rives du fleuve interne des patients accueillis mais le personnel soignant possède des outils pour moduler ces rives. Je ne veux pas dire par là que les soignants sont responsable de tous les actes de violence, mais que nous ne pouvons pas faire comme si cela était inéluctable.
Un travail difficile se joue pour les soignants afin de sécuriser psychiquement le patient aux prises avec une agressivité le protégeant de sa vulnérabilité induite et par la maladie psychique et par sa position de patient (il est important de pouvoir différencier l'agressivité de la violence). Pour cela il faut également que le soignant soit sécurisé, toujours psychiquement. Si pour le patient ce travail passe par l'action extérieur du soignant, pour le soignant c'est d'un travail de soi qu'il s'agit (mais la sécurité psychique passe aussi par une sécurité physique et un appui certain de ce qui fait pour lui institution) ; je veux dire par là que le soignant n'est pas dans le service pour trouver cette sécurité interne (et je précise bien interne), s'il a un travail préalable à faire c'est ailleurs : par exemple par une approche théorique, des échanges, une formation, une analyse personnelle (ce n'est qu'un exemple).
La question avant de faire face à une situation de violence est donc de pouvoir accueillir ce mouvement agressif particulier. Particulier parce qu'il ne vise pas l'attaque de l'autre, mais est une défense de sa propre vulnérabilité (je parle toujours autant du patient que du soignant).
Pour faire le lien avec l'étudiante qui posait dans sa description d'une situation de crise clastique chez une adolescente que l'IDE n'avait pas su réagir, il faut savoir que dans bien des situations d'agressivité, ne rien dire mais rester présent est l'acte qui porte le plus à la création d'un lien (pour ne pas dire qu'il peut même être créateur d'un transfert).
L'agressivité est a entendre comme quelque chose de constitutif de l'individu, un état émotionnel qui nous donne l’énergie de nous maintenir en vie. Je reprends les mots de Maurice CHAMPAGNE "Les amours les plus durables naissent souvent de mouvements spontanés, et avoués, de répugnance et d'agressivité réciproques" . Elle est a différencier de la violence mais à pour lien d'être un mouvement préparatoire de la violence.
Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Je ne vais pas remettre tout ce que j'ai posté dans l'autre topic.
Simplement, il ne faut pas oublier que la violence procède de la pulsion dite "de vie" par Freud, et rappeler que le pronostic le plus grave pour un malade mental n'est pas déduit d'un comportement très violent, mais au contraire d'un renfermement sur soi et d'un repli, d'un apragmatisme dont l'extrême est la catatonie ou la schizophrénie hébéphrénique.
Je te rejoins sur ton discours sur la violence.
Quelques points :
Mais dans le même ordre il me semble important de souligner que la violence surgit sous différentes modalités. On parle abusivement de "passer à l'acte", mais cela ne veut rien dire en soi. Il existe des passages à l'acte et des acting-out, la nuance me semble très bien explicitée par le fameux tableau à neuf entrées avec, en diagonale, "inhibition", "symptôme" et "angoisse".
La violence dans un registre d'acting-out survient quand ce qui doit être exprimé de l'angoisse, de l'agressivité... ne peut plus être soutenu dans la parole. C'est donc exprimé autrement. L'acte est adressé à l'autre dans une dialectique qui pourra être reprise par exemple dans une psychothérapie, un psychodrame...
Dans le passage à l'acte, c'est l'arrivée à un point de tension insupportable qui déclenche la mise en acte violente parce que plus aucune défense ne tient. Il n'y a pas de symbolisation. C'est le "pétage de plombs" due à une surtension psychique, le registre du symbolique se délite. C'est le réel du coup de poing dans le pif. C'est très impulsif, dans un rapport direct au réel de l'objet, court-circuitant toutes les sinuosités du langage.
La nuance est de taille. C'est de la clinique qui permet d'orienter le suivi médical et infirmier.
Au pif : http://www.ali-provence.com/2012/02/514/
Cela me fait penser à ce que dit Olivier Douville de la violence des paranoïaques, dans le lien que j'ai posté dans l'autre topic :
Simplement, il ne faut pas oublier que la violence procède de la pulsion dite "de vie" par Freud, et rappeler que le pronostic le plus grave pour un malade mental n'est pas déduit d'un comportement très violent, mais au contraire d'un renfermement sur soi et d'un repli, d'un apragmatisme dont l'extrême est la catatonie ou la schizophrénie hébéphrénique.
Je te rejoins sur ton discours sur la violence.
Quelques points :
Cela me semble très important.(il est important de pouvoir différencier l'agressivité de la violence).
Mais dans le même ordre il me semble important de souligner que la violence surgit sous différentes modalités. On parle abusivement de "passer à l'acte", mais cela ne veut rien dire en soi. Il existe des passages à l'acte et des acting-out, la nuance me semble très bien explicitée par le fameux tableau à neuf entrées avec, en diagonale, "inhibition", "symptôme" et "angoisse".
La violence dans un registre d'acting-out survient quand ce qui doit être exprimé de l'angoisse, de l'agressivité... ne peut plus être soutenu dans la parole. C'est donc exprimé autrement. L'acte est adressé à l'autre dans une dialectique qui pourra être reprise par exemple dans une psychothérapie, un psychodrame...
Dans le passage à l'acte, c'est l'arrivée à un point de tension insupportable qui déclenche la mise en acte violente parce que plus aucune défense ne tient. Il n'y a pas de symbolisation. C'est le "pétage de plombs" due à une surtension psychique, le registre du symbolique se délite. C'est le réel du coup de poing dans le pif. C'est très impulsif, dans un rapport direct au réel de l'objet, court-circuitant toutes les sinuosités du langage.
La nuance est de taille. C'est de la clinique qui permet d'orienter le suivi médical et infirmier.
Au pif : http://www.ali-provence.com/2012/02/514/
Cela me semble très bien dit.La question avant de faire face à une situation de violence est donc de pouvoir accueillir ce mouvement agressif particulier. Particulier parce qu'il ne vise pas l'attaque de l'autre, mais est une défense de sa propre vulnérabilité (je parle toujours autant du patient que du soignant).
Cela me fait penser à ce que dit Olivier Douville de la violence des paranoïaques, dans le lien que j'ai posté dans l'autre topic :
https://sites.google.com/site/olivierdo ... nstitutionCes précisions établies, il reste à affirmer que la violence dite psychotique n’est pas immotivée. Par le biais de la clinique psychanalytique, les psychiatres et, de façon plus large, les cliniciens ont pu entendre que ces violences d’allure gratuites ou infondées n’étaient pas sans objet. Il en est ainsi de la destructivité interne du paranoïaque. Ce dernier se trouve dans la position de se sentir exclu. C’est bien cela la position paranoïaque : le sujet risque de passer à l’acte du moment où il se rend, brutalement et irréversiblement, compte qu’il a rendu les armes. Il a alors face à lui un autre qui devient tout, qui sature, et qu’il faut au paranoïaque littéralement dégonfler, crever, ou même démembrer. La violence du paranoïaque, toutefois plus souvent retournée sur lui-même qu’on ne le suppose, se présente ainsi comme le prolongement naturel de l’ensemble de ses rapports aux objets et aux autruis.
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
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Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Si je peux me permettre je différencie "passer à l'acte" du "passage à l'acte", le premier étant du champs du discours courant alors que le deuxième relève d'un discours spécifique.
Pour continuer dans l'importance de repérer l'agressivité (et de le nommer ainsi) je pense, surtout à l'heure actuelle, que c'est d'abord cet état qui relève de la pulsion de vie quand la violence (comme concept commun) est l'agir d'une expression non-entendue.
Pour soutenir cette parole il faut pouvoir reconnaître que la violence n'est pas sans objet ce qui est bien exprimé par Olivier DOUVILLE. Mais pour cela il ne faut pas rester dans une position rigide qui ne pourra pas être reconnu par l'autre comme un mouvement de compréhension.
Pour continuer dans l'importance de repérer l'agressivité (et de le nommer ainsi) je pense, surtout à l'heure actuelle, que c'est d'abord cet état qui relève de la pulsion de vie quand la violence (comme concept commun) est l'agir d'une expression non-entendue.
Ce soutien dans la parole est une autre façon peut être plus clair pour exprimer l'idée de pouvoir sécuriser l'autre psychiquement.La violence dans un registre d'acting-out survient quand ce qui doit être exprimé de l'angoisse, de l'agressivité... ne peut plus être soutenu dans la parole
Pour soutenir cette parole il faut pouvoir reconnaître que la violence n'est pas sans objet ce qui est bien exprimé par Olivier DOUVILLE. Mais pour cela il ne faut pas rester dans une position rigide qui ne pourra pas être reconnu par l'autre comme un mouvement de compréhension.
Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Oui, mais à ce moment, je préfère l'expression "mise en acte" ou "mettre en acte" qui me semble plus neutre, et dont "passage à l'acte" est l'une des modalités.
Cela rejoignant l'ambiguité (à mon avis volontaire) du terme freudien d'agieren.
Oui, la violence n'est pas sans objet. C'est à dire qu'il n'y a pas de "violence gratuite" et que donc il faut questionner sa survenue.
Sur la question de l'agressivité comme relevant de la pulsion de vie, je dirais, dans une autre topologie, qu'elle procède d'une défense contre un "désir de l'Autre" qui deviendrait un peu trop proche, ce en quoi elle est bien en lien avec l'angoisse. La violence, tu as raison, est un agieren, pouvant relever de plusieurs déclinaisons de celui-ci, soit une agressivité "mise en scène", ou mise sur la scène de l'Autre (acting-out), soit une agressivité qui bascule dans "l'acte sans parole" transperçant le champ du symbolique pour passer directement du fantasme au réel.
Cela rejoignant l'ambiguité (à mon avis volontaire) du terme freudien d'agieren.
Oui, la violence n'est pas sans objet. C'est à dire qu'il n'y a pas de "violence gratuite" et que donc il faut questionner sa survenue.
Sur la question de l'agressivité comme relevant de la pulsion de vie, je dirais, dans une autre topologie, qu'elle procède d'une défense contre un "désir de l'Autre" qui deviendrait un peu trop proche, ce en quoi elle est bien en lien avec l'angoisse. La violence, tu as raison, est un agieren, pouvant relever de plusieurs déclinaisons de celui-ci, soit une agressivité "mise en scène", ou mise sur la scène de l'Autre (acting-out), soit une agressivité qui bascule dans "l'acte sans parole" transperçant le champ du symbolique pour passer directement du fantasme au réel.
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J. Oury
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Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Je suis passionné par votre échange, mais, comme dit sur l'autre topic, je souhaite qu'on ouvre un peu vers l'extérieur. D'ailleurs, il ne me paraît pas anodin que l'on soit obligé à un moment de séparer violence institutionnelle et violence individuelle.
Si l'on est d'accord pour considérer qu'il y a un avant, un pendant et un après "l'acte", on pourra discuter de ces moments incertains où l'on ressent la montée en charge sans pour autant savoir sur quoi cela va déboucher. Donc la violence existe avant l'acte et le "passage" n'est pour moi qu'une projection de l'intérieur vers l'extérieur.
Qu'en est-il alors de ces clashs spontanés ou semblant l'être ? Peut-être faudra t-il chercher loin en amont pour comprendre l'incompréhensible. La violence chez le psychotique est-elle par exemple sans objet ?
Comme tout ce qu'on ne comprend pas, la violence fait peur et les solutions proposées actuellement (formations violence/agressivité, self défense) ne sont que des emplâtres sur des jambes de bois. C'est par un cheminement individuel mais aussi un échange pré et post acte (aide ?) que l'on peut appréhender ce qui n'est pas naturel pour des gens dont le métier est de soigner. A ce prix là, le soignant pourra aider le patient et les témoins dont il ne faut pas oublier la souffrance.
Si l'on est d'accord pour considérer qu'il y a un avant, un pendant et un après "l'acte", on pourra discuter de ces moments incertains où l'on ressent la montée en charge sans pour autant savoir sur quoi cela va déboucher. Donc la violence existe avant l'acte et le "passage" n'est pour moi qu'une projection de l'intérieur vers l'extérieur.
Qu'en est-il alors de ces clashs spontanés ou semblant l'être ? Peut-être faudra t-il chercher loin en amont pour comprendre l'incompréhensible. La violence chez le psychotique est-elle par exemple sans objet ?
Comme tout ce qu'on ne comprend pas, la violence fait peur et les solutions proposées actuellement (formations violence/agressivité, self défense) ne sont que des emplâtres sur des jambes de bois. C'est par un cheminement individuel mais aussi un échange pré et post acte (aide ?) que l'on peut appréhender ce qui n'est pas naturel pour des gens dont le métier est de soigner. A ce prix là, le soignant pourra aider le patient et les témoins dont il ne faut pas oublier la souffrance.
je soigne tout ce qui bouge ! Et parfois même ceux qui ne bougent pas...
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Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Ce que vous entendez par ouvrir sur l'extérieur me semble quelque chose de flou. Si l'on s'arrête au concept d'extérieur je pense que questionner la violence non comme un agir dénué de sens est déjà en soi une ouverture vers l'extérieur.
Si vous entendez par extérieur la difficile concertation de différents professionnels n'hésitez pas continuer l'autre "topique".
C'est ce qui permet de distinguer, dans son discours, l'agir de l'acte. Si pour l'extérieur ces temps peuvent être repérés alors l'agir violent pourra être discuté avec le patient et dans la suite de sa prise en charge anticipé et travaillé (et non anticipé et réprimé dans un unique but sécuritaire) afin d'être sécurisant et soignant.
Personnellement je pense que c'est là le point de départ de tout ce qui fera de nous un soignant en psychiatrie : si l'on considère que la violence d'un psychotique est sans objet alors on ne peut pas être sécure intérieurement et il n'y a aucune raison à être attentif aux mouvements psychiques. Mais il ne faut pas non plus croire que l'on pourra tout comprendre. Les interprétations délirantes d'un psychotique pour qui tel ou tel signe, mouvement, intonation d'un soignant renverra à une expérience douloureuse ou trop heureuse sont difficiles à comprendre mais peuvent (doivent ?) être entendable. Tout soignant aussi bien formé qu'il soit ne pourra pas se mettre en avant auprès de tout patient (j'ai pris cet exemple car il est un peu compréhensible mais quand il faut partager un peu du délire du patient afin de percevoir le lieu de son angoisse la description m'est guère possible).
Si vous entendez par extérieur la difficile concertation de différents professionnels n'hésitez pas continuer l'autre "topique".
Je ne pense pas qu'il y ait d'autre séparation que celle induite par la notion de violence, dans le cours de la pensée. L'un venant se répercuter sur l'autre et vice versa. Une vignette clinique pourrait être intéressante mais au vu des facilités actuelles à faire d'un un tout je ne suis pas certain que ce soit pertinent.D'ailleurs, il ne me paraît pas anodin que l'on soit obligé à un moment de séparer violence institutionnelle et violence individuelle.
cette réflexion est intéressante, Jean Marie FORGET dans "l'adolescent face à ses actes" prend le temps de définir l'acte comme un franchissement qui est déterminé par ces trois temps intégrés par l'adolescent.Si l'on est d'accord pour considérer qu'il y a un avant, un pendant et un après "l'acte"
C'est ce qui permet de distinguer, dans son discours, l'agir de l'acte. Si pour l'extérieur ces temps peuvent être repérés alors l'agir violent pourra être discuté avec le patient et dans la suite de sa prise en charge anticipé et travaillé (et non anticipé et réprimé dans un unique but sécuritaire) afin d'être sécurisant et soignant.
cette violence avant "l'acte" "l'agir" "la mise en scène" c'est ce que j'évoquait sous le terme d'agressivité.Donc la violence existe avant l'acte et le "passage" n'est pour moi qu'une projection de l'intérieur vers l'extérieur.
d'abord un petit rappel du lien partagé par AmThLi https://sites.google.com/site/olivierdo ... nstitutionQu'en est-il alors de ces clashs spontanés ou semblant l'être ? Peut-être faudra t-il chercher loin en amont pour comprendre l'incompréhensible. La violence chez le psychotique est-elle par exemple sans objet ?
Personnellement je pense que c'est là le point de départ de tout ce qui fera de nous un soignant en psychiatrie : si l'on considère que la violence d'un psychotique est sans objet alors on ne peut pas être sécure intérieurement et il n'y a aucune raison à être attentif aux mouvements psychiques. Mais il ne faut pas non plus croire que l'on pourra tout comprendre. Les interprétations délirantes d'un psychotique pour qui tel ou tel signe, mouvement, intonation d'un soignant renverra à une expérience douloureuse ou trop heureuse sont difficiles à comprendre mais peuvent (doivent ?) être entendable. Tout soignant aussi bien formé qu'il soit ne pourra pas se mettre en avant auprès de tout patient (j'ai pris cet exemple car il est un peu compréhensible mais quand il faut partager un peu du délire du patient afin de percevoir le lieu de son angoisse la description m'est guère possible).
- augusta
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Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Tout à fait d'accord.dan65 a écrit :Je suis passionné par votre échange, mais, comme dit sur l'autre topic, je souhaite qu'on ouvre un peu vers l'extérieur.
Pour reprendre les mots d'AmThLi, attention de ne pas céder "au confinement" et "au cloisonnement".
"Penser, c'est penser jusqu'où on pourrait penser différemment" Michel Foucault
Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Quand je parle d'ouvrir vers l'extérieur, je ne fais qu'exprimer mon sentiment que le sujet mérite plus de deux interlocuteurs et que si l'on s'en tient à "camillou parle à amthili qui répond à camillou qui lui dit qu'il est d'accord", le topic se mordra vite la queue. Or (même si je suis le premier à me constituer une bibliothèque grâce à vos références
), le thème de violence mérite autre chose et doit interpeller tous ceux qui bossent en psy mais aussi celles et ceux qui gravitent autour et qui sont amenés à devoir soigner à un moment un patient ayant des troubles psychiatriques. Et ceux-là doivent pouvoir intervenir et confier leurs questionnements.
Faut-il absolument chercher à comprendre le pourquoi de l'acte ? Je me souviens d'une jeune qui avait fracassé un verre sur la tête de son vis-à-vis qui continuait imperturbablement à manger sa purée. Il n'y avait aucune raison objective, aucun différent entre ces ados, mais probablement le produit d'un délire auquel personne n'avait accès. Passer du temps à expliquer pour soigner me paraît une perte de temps tant l'acte est lié à la psychose. Et du coup il faut trouver autre chose que la rationalisation pour se remettre d'aplomb lorsqu'on est touché par un acte si incompréhensible.
Ce qui n'empêche pas une réflexion "post-acte" avec ses collègues.
Autre question sur laquelle il serait intéressant de se pencher (mais pas le temps, là) : l'acte vaut-il punition ?

Faut-il absolument chercher à comprendre le pourquoi de l'acte ? Je me souviens d'une jeune qui avait fracassé un verre sur la tête de son vis-à-vis qui continuait imperturbablement à manger sa purée. Il n'y avait aucune raison objective, aucun différent entre ces ados, mais probablement le produit d'un délire auquel personne n'avait accès. Passer du temps à expliquer pour soigner me paraît une perte de temps tant l'acte est lié à la psychose. Et du coup il faut trouver autre chose que la rationalisation pour se remettre d'aplomb lorsqu'on est touché par un acte si incompréhensible.
Ce qui n'empêche pas une réflexion "post-acte" avec ses collègues.
Autre question sur laquelle il serait intéressant de se pencher (mais pas le temps, là) : l'acte vaut-il punition ?
je soigne tout ce qui bouge ! Et parfois même ceux qui ne bougent pas...
Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Les autres peuvent participer, on est pas sur un forum privé... Lorsque j'avais lancé des sujets sur des questions similaires il y avait eu du débat, c'était bien, si on s'en tient au sujet et qu'on ne revient pas aux vilénies auxquelles on a assisté précédemment.que le sujet mérite plus de deux interlocuteurs et que si l'on s'en tient à "camillou parle à amthili qui répond à camillou qui lui dit qu'il est d'accord", le topic se mordra vite la queue.
Oui il faut.Faut-il absolument chercher à comprendre le pourquoi de l'acte ? Je me souviens d'une jeune qui avait fracassé un verre sur la tête de son vis-à-vis qui continuait imperturbablement à manger sa purée. Il n'y avait aucune raison objective
Aucune raison objective, mais sans doute une bonne raison subjective, qu'on peut sans doute relier à l'angoisse, à la dissociation... Je ne sais pas, j'y étais pas. Mais laisser un tel "acte sans parole" rester justement sans parole me semble un peu léger.
La situation que tu décris me semble totalement folle, et interpelle aussi sur les pratiques globales d'un service. Le réflexe humain naturel quand on se prend un coup est soit de l'éviter, soit, une fois reçu, de le rendre ou en tout cas d'y réagir. Se manger un verre en pleine tête et de faire comme si de rien n'était, ça aussi, c'est surprenant.
Il faut voir la situation dans son ensemble, pas juste "le coup porté", ou juste "le coup reçu", mais l'ensemble de la situation, parfois il faut même se demander ce qui passait à la télé dans le service, que le jeune a vu, et qui l'a angoissé au point d'un "passage à l'acte", sinon c'est dissocié, et on y comprend rien !
"passage à l'acte" dont en effet on entend dans la formule l'idée d'un passage, d'un franchissement, celui de la "barrière du langage" qui vole en éclats telle la vitre que ce patient défonçait un jour d'un coup de poing, image évidente d'une traversée en même temps que celle d'un acte sexuel.
Punition ou sanction, oui, parfois cela est nécessaire, mais ce n'est pas aux infirmiers d'en décider. Si une confrontation à la loi est requise, c'est à son représentant d'en opérer. Il n'y a rien de pire qu'un service qui rend la justice en interne, se croyant ainsi au dessus des lois de la cité. Il n'y a pas pire cloisonnement que de dire "au sein de l'hôpital, c'est nous qui faisons la loi".Autre question sur laquelle il serait intéressant de se pencher (mais pas le temps, là) : l'acte vaut-il punition ?
En pratique ça donne "tu as insulté machin, c'est la chambre d'isolement !", "ah le salaud, il a frappé truc, c'est l'isolement et le loxapac au cul !". C'est du vécu, du pur vécu, je grossis à peine le trait.
On a eu un type en HL qui a commis des attouchements sur une autre (c'est aussi une violence), il s'est retrouvé une semaine en chambre d'isolement sans que ça dérange grand monde, et le médecin s'étonnait qu'il lui fasse la remarque que c'était "punitif"...
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
J. Oury
Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
C'est exactement cela sinon pourquoi avoir ouvert un second topic avec pour souhait l'expurgation "du dehors".dan65 a écrit : le sujet mérite plus de deux interlocuteurs et que si l'on s'en tient à "camillou parle à amthili qui répond à camillou qui lui dit qu'il est d'accord",
Vous (pluriel) avez enfermé "vos" patients d'abord parce que vous vous êtes enfermés vous même rendant inaccessible la psychiatrie.
Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Donnes nous plutôt ton avis sur les 4,50 euros brut des IDEL pour aller faire une IM à un patient, histoire de rester dans le vif du sujet.
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J. Oury
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Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Je l'ai déjà donné il me semble.
Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Bien. Histoire que le sujet ne déborde plus, relisons ensemble son inauguration :
Merci de bien vouloir respecter cette demande. Il y a un autre topic pour les provocations et règlements de comptes inconscients (ou non).Bonjour,
je réédite mon post sur la violence pour réfléchir non pas en terme de responsabilité mais d'action soignante à mettre en place afin de réfléchir sur la violence, son mécanisme de formation, les signaux repères et les soins à mener en amont.
"La plus grande proximité, c'est d'assumer le lointain de l'autre."
J. Oury
J. Oury
Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
De toute façon, tant que les malades seront enfermés dans des citadelles fortifiées dont les gardiens ont perdu les clés, on ne peut/pourra même pas dehors, alerter.
Et en plus outre le manque de formation/informations, alerter qui ? Vu qu'il n'y a ni dossier, ni téléphone ni rien...
Par ailleurs, ces patients sont souvent enclins au nomadisme médical.
L'action soignante devrait commencer d'abord par se et les libérer des entraves ; toutes les entraves...
Parce qu'ils diffèrent selon le moment et le lieu, intrinsèquement liés au contexte. Comme l'amont est lié à l'aval.
Enfin, les mécanismes de formation de la violence diffèrent parce que la vie dehors est différente de la vie de dedans tant sur les plan humain, environnemental, relationnel, familial, socio-économique, juridique.
Le patient psy me fait penser au patient diabétique. On l'hospitalise pour un diabète fortement déséquilibré. En hospitalisation, il devient normo-glycémique voire avec des hypo.
Les ttt sont diminués, les doses d' insulines divisées par 2 ou 3
Et quelques jours après leur sortie,bingo et de nouveau entre 3 et 5 gr...
Il faut tout recommencer.
Et en plus outre le manque de formation/informations, alerter qui ? Vu qu'il n'y a ni dossier, ni téléphone ni rien...
Par ailleurs, ces patients sont souvent enclins au nomadisme médical.
L'action soignante devrait commencer d'abord par se et les libérer des entraves ; toutes les entraves...
A mettre en place où, quand, comment, avec qui ?je réédite mon post sur la violence pour réfléchir non pas en terme de responsabilité mais d'action soignante à mettre en place afin de réfléchir sur la violence, son mécanisme de formation, les signaux repères et les soins à mener en amont.
Parce qu'ils diffèrent selon le moment et le lieu, intrinsèquement liés au contexte. Comme l'amont est lié à l'aval.
Enfin, les mécanismes de formation de la violence diffèrent parce que la vie dehors est différente de la vie de dedans tant sur les plan humain, environnemental, relationnel, familial, socio-économique, juridique.
Le patient psy me fait penser au patient diabétique. On l'hospitalise pour un diabète fortement déséquilibré. En hospitalisation, il devient normo-glycémique voire avec des hypo.
Les ttt sont diminués, les doses d' insulines divisées par 2 ou 3
Et quelques jours après leur sortie,bingo et de nouveau entre 3 et 5 gr...
Il faut tout recommencer.
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Re: De l'apparition de la violence et de son appréhension
Effectivement, je pense qu'il est difficile pour un patient de rencontrer quelqu'un d'appui dans ces conditions, et pour la soignante l'expérience n'a certainement pas été sans conséquence. Je vous souhaite un jour de pouvoir passer outre.Dans le temps… j’ai été punie car quelque peu insoumise. Et ma punition a été d’être affectée en psychiatrie.La bonne volonté manque parfois cruellement mais les bonnes rencontres aussi
De toute façon, tant que les IDEL seront enfermés dans des citadelles fortifiées dont ils ont détruit les clés, on ne peut/pourra jamais travailler avec eux. (comme quoi vous avez de belles phrases) Voila comment j'aurais pu généraliser, mais heureusement dans le secteur où je travaille nous avons la chance d'avoir des infirmiers libéraux qui ont le désir de travailler en partenariat et se sont formés au soin relationnel (bonjour / piqure / au revoir n'est pas du soin relationnel). Malheureusement quand on fantasme un lien impossible, difficile de le créer.
sans doute la phrase la plus démonstrative de votre refus de lien.Et en plus outre le manque de formation/informations, alerter qui ? Vu qu'il n'y a ni dossier, ni téléphone ni rien...
Non les mécanismes ne différent pas, c'est la quantité de situations pouvant amener à la violence et la présence de personnes ressources qui diffèrent. Mais c'est encore une question de vouloir se questionner et, pour rappel : "la violence faisant souvent effraction dans le processus de penser", est entamé en première ligne la capacité de faire des liens. D'ailleurs juridiquement la loi s'applique autant à l'extérieur qu'à l'intérieur des services de psychiatrie (ceci a été à plusieurs mais il semble que vous avez une capacité de séléction de l'information très poussée ou une grande difficulté pour faire des liens).Enfin, les mécanismes de formation de la violence diffèrent parce que la vie dehors est différente de la vie de dedans tant sur les plan humain, environnemental, relationnel, familial, socio-économique, juridique.
Pour terminer avec vous Moutarde si j'ai choisi d'ouvrir un second topic c'était dans le but d'offrir un échange construit et lisible avec des gens intéressés. Mais une fois de plus vous êtes venu déverser votre rancoeur (peut être même de la haine ?) et pourrir avec vos interprétations ridicules ce qui aurait pu être une réflexion intéressante. Votre manoeuvre ayant porté ses fruits, je vous laisserai entre vous sur ce site puisque votre conception de l'ouverture étant de ramener à votre problématique ce qui fait autre.C'est exactement cela sinon pourquoi avoir ouvert un second topic avec pour souhait l'expurgation "du dehors".le sujet mérite plus de deux interlocuteurs et que si l'on s'en tient à "camillou parle à amthili qui répond à camillou qui lui dit qu'il est d'accord",
"pour réfléchir non pas en terme de responsabilité mais d'action soignante à mettre en place afin de réfléchir sur la violence, son mécanisme de formation, les signaux repères et les soins à mener en amont"le thème de violence mérite autre chose et doit interpeller tous ceux qui bossent en psy mais aussi celles et ceux qui gravitent autour et qui sont amenés à devoir soigner à un moment un patient ayant des troubles psychiatriques. Et ceux-là doivent pouvoir intervenir et confier leurs questionnements.
"En préalable à la lecture je vous demande, même si certains posts sont long de ne surtout pas les lire en diagonal afin d'éviter des interprétations malheureuses (pour toutes digressions n'hésitez pas à m'envoyer un MP, j'échangerais avec plaisir avec vous)." Vous avez réussi à y lire une interdiction à l'échange ? Ce n'était que pour les digressions que je proposais d'échanger en MP parce que le fils de discussion perds son intérêt quand ce n'est pas le sujet (à entendre dans les deux sens) lui même qui est perdu. Pour exemple le premier fils de discussion que je vous propose de relire, inutile d'ailleurs d'aller très loin : il y a trois échanges autour du thème et une agression dans les 5 premiers post. Au 8ieme post on change de sujet pour n'y revenir que faussement.
Parce que c'est notre travail de soignant, parce que s'il on ne reconnaît pas en l'acte l'expression d'une souffrance extrème on ne peut que pousser à la répétition et que si l'on accepte ça nous ne sommes que des gardiens. Accéder au délire d'un psychotique n'est pas évident, cela engage fortement le soignant. Mais ça demande également une formation importante avec un socle de bases théoriques et pratiques solides.Faut-il absolument chercher à comprendre le pourquoi de l'acte ? Je me souviens d'une jeune qui avait fracassé un verre sur la tête de son vis-à-vis qui continuait imperturbablement à manger sa purée. Il n'y avait aucune raison objective, aucun différent entre ces ados, mais probablement le produit d'un délire auquel personne n'avait accès.
Autant les euthanasier dès le diagnostic posé. Passer du temps à expliquer pour soigner est une perte de temps pour le soignant qui lui ne trouvera pas de rationalisation dans ce temps ; en même temps, ce temps il est dédié au patient et non à votre personne. D'où "Pour cela il faut également que le soignant soit sécurisé, toujours psychiquement. Si pour le patient ce travail passe par l'action extérieur du soignant, pour le soignant c'est d'un travail de soi qu'il s'agit, je veux dire par là que le soignant n'est pas dans le service pour trouver cette sécurité interne (et je précise bien interne), s'il a un travail préalable à faire c'est ailleurs : par exemple par une approche théorique, des échanges, une formation, une analyse personnelle (ce n'est qu'un exemple)."Passer du temps à expliquer pour soigner me paraît une perte de temps tant l'acte est lié à la psychose. Et du coup il faut trouver autre chose que la rationalisation pour se remettre d'aplomb lorsqu'on est touché par un acte si incompréhensible.
Effectivement la violence, même lorsque le soignant n'en est que le temoin ça touche (L'absence de réaction du jeune de votre exemple devrait d'ailleurs grandement vous inquiéter). Mais si vous êtes atteint à ce point dans votre processus de pensée qu'en est il des patients déjà bien en difficulté s'il ne trouve personne pour s'appuyer dessus. D'autant plus à l'adolescence, je ne vous ferais pas un cours sur la construction de l'individu mais juste pour rappeler l'importance à cet age de l'appui sur l'idéal de l'autre comme résistance à l'appui sur le trait du manque.
"L'agressivité d'abord. Je n'en sais pas le pourquoi. [...] je me vivais perpétuellement sur la défensive, comme une bête traquée par son ombre et par les autres, et que la seule réaction qui me venait c'était la ruade et les coup de griffe. [...] je préciserai que ma véritable violence se tournait en général contre moi" extrait de "Dialogue avec moi-même"
Si j'ai voulu ouvrir un tel sujet sur ce site c'est parce que la fonction soignante en psychiatrie disparaît. Et il me semble que c'est en venant lui redonner sa place auprès de ce qui vient le plus attaquer le lien que l'on pourra de nouveau prendre en charge des patients dans leur individualité et leur humanité. En attendant je souhaite beaucoup de courage aux patients.
"Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c'est l'homme même qui disparaît." F. Tosquelles