Reconversion IDE

[Lenalan]

"Haussez le ton" avec les patients, non, pas vraiment (sinon on nous accuse de maltraitance et on prend la porte), faire preuve de diplomatie voire prendre sur soi, oui, mais c'est très dur. un exemple que je vis en ce moment: j'ai une collègue d'origine africaine, et quelques résidents racistes. Ils la traitent de "négresse" et refusent qu'elle les touche pour la toilette. Ils sont dans leur plein droit (on a le droit de refuser les soins, ou les soins venant de quelqu'un en particulier, même si c'est basé sur du racisme), tout comme ils me traitent de "------" ou de "connasse" (ils ont leur tête, on pardonne à ceux qui l'ont pas). On peut juste leur dire qu'on accepte pas leur comportement, ils nous rétorquent qu'ils paient assez cher pour avoir le droit de dire ce qu'ils ont envie à qui ils veulent, et qu'aucune négresse ne s'occupera d'eux (quand il n'y a que des noirs et des arabes, ils sont obligés de se débrouiller seuls parce qu'ils n'ont personne d'autre, moi personnellement je ne prend pas la main quand un résident refuse une soignante noire, je lui dis que c'est elle ou personne, et que ses propos sont intolérables).
Les familles, je suppose que c'est un peu comme les parents des élèves, la culpabilité en plus d'avoir mis leurs parents en institution, donc ils pinaillent sur tout, et font des courriers à la direction. Et la direction nous matraque (elle est du côté de ceux qui paient, le sacré "taux d'occupation", il ne faudrait surtout pas qu'un résident parte ailleurs et qu'on perde ses 2500€ mensuels).

En hôpital c'est la même chose, "le patient roi" donc tout leur est dû, ils regardent tout et se plaignent sur tout (les familles n'en parlons pas), même sur des choses sur lesquels pauvre infirmière qu'on est, on a aucun pouvoir (la voisine de chambre qui est sourde et met la télé trop fort, la chambre qui n'est pas assez grande...).
Et la cadence est infernale, on a le temps de rien (parfois même pas de faire pipi, on sait que ça va nous mettre dans le jus).

Si on cherche l'épanouissement dans la relation à l'autre et la reconnaissance, on peut la trouver avec certains patients, mais c'est pas la majorité. Et ça je suppose que c'est pareil dans l'enseignement, ma mère était prof pendant 40 ans et je retrouve ces caractéristiques: elle a eu de très belles relations avec ses élèves, mais il y en a aussi beaucoup qui l'ont fait pleurer. Par contre la différence c'est qu'elle a toujours eu avec elle sa hiérarchie et le pouvoir de sanctionner un comportement déviant. Nous en EHPAD on l'a pas (on se fait traiter de connasse ou on se prend une gifle, et bah on déclare un accident du travail et c'est tout, mon dernier accident de travail, c'est un monsieur qui m'a frappée alors que je l'empêchais de fuguer).

Tu parles de "c'est l'infirmière", voici son article du jour sur facebook:

[ 686€50 DE RETRAITE PAR MOIS ] 8238 € ÷ 12 mois... J'ai refais le calcul, mais c'est bien ça. Hallucinant.

La CARPIMKO, c'est la caisse de retraite obligatoire à laquelle je dois cotiser chaque année si je veux avoir le droit à ma retraite... À 67 ans.

686€50 par mois à 67 ans. Bordel.

Je ne tiendrais jamais jusque là. Mon corps ne tiendra pas encore 34 ans à travailler comme ça. Alors que je dois me contorsionner dans de minuscules salles de bain, alors que je dois me mettre à genoux, alors que je dois monter et descendre de ma voiture autant de fois qu'il y a de patients sur ma tournée, alors qu'à 33 ans j'ai déjà eu 2 lumbagos et que mon épaule me fait souffrir. Parfois j'ai l'impression d'être plus vieille que certains de mes patients... Mais peut être que c'est mon coeur qui ne voudra plus finalement.

Qui ne voudra plus les écouter gémir, geindre et se plaindre. Les voir souffrir en se sentant inutile, les voir mourir en se sentant d'un coup bien futile... Ou peut être que je ne les aimerai plus mes gens...

686€50 par mois à 67 ans.

Et après j'entends "Oui mais une infirmière libérale ca gagne bien sa vie !". J'ai jamais compris. 4 ans que j'ai ouvert mon cabinet. Entre 20 et 30 patients par jour, avec un temps travaillé chaque mois de 120h environ si je compte le temps-gratuit passé à traiter ma montagne de papiers et je ne gagne pas beaucoup plus qu'un temps plein à l'hôpital avec 7 ans de diplôme comme moi. Certains mois je gagne même beaucoup moins... Quand je gagne plus, je capitalise pour plus tard, quand je gagne moins je croise les doigts pour que l'activité reparte sans souhaiter trop de malheur aux gens...

Tout ça pour mes futurs 686€50 par mois de retraite. Génial.




Ma mère a pris sa retraite de prof à 60 ans et elle a une retraite d'un peu plus de 2000€/mois (elle est agrégée de lettres).

[Clemencia]

Waow. Témoignage poignant j'en reste sans voix...

Effectivement, je comprends que tu sois épuisée...

Mais ta mère a un statut privilégié tout le monde n'a pas l'agrégation c'est extrêmement difficile et sélectif ! Rare sont ceux qui l'ont et encore au prix de souvent 4 ans d'essais de concours encore et encore !
Prof des écoles ce n'est pas encore le meme metier... à la base je voulais etre dans le 2ndaire également ( College/lycée) mais je ne supportais plus la solitude à l'appartement et ne pas avoir d'argent, ni de voiture etc... Alors j'ai pris le 1er degré pour me rapprocher de chez mes parents et avoir un peu d'argent, une voiture etc... Mais au final je n'aime pas ca. Je n'ai jamais aimé les enfants plus que ca alors c'est difficile de les côtoyer h24. Devoir faire face à la classe est déjà épuisant je dois porter un masque, comme du théâtre, alors en plus rentrer chez moi et devoir encore préparer les cours pour eux je suis à bout, au bout de 4 mois d'exercice.
Idem on a le temps de rien si j'arrive à aller au toilette pendant la récréation c'est un miracle ! Certains pensent que j'ai fait un burn out et c'est tout. Pour autant je n'arrive plus à préparer les cours à la maison. Je suis bloquée. Je ne peux plus exercer ce métier la à l'heure actuel. Je ne peux pas non plus rester la à attendre que le temps passe.

Alors j'ai cherché un autre métier. Infirmiere a l'heure actuel me semble etre le mieux. Je ne dis pas dans 10 ans peut être que je retournerais dans l'enseignement quand j'aurai expérimenté tous les inconvénients que vous énoncez tous... Il est clair que c'est un metier épuisant sur le long terme je m'en rends bien compte mais ce qui donne de l'espoir c'est de se dire que l'on peut se former dans d'autres branches IBODE, cadre etc... Que l'on peut exercer différemment ailleurs si cela ne nous plait plus. Ce qui me fait peur c'est que le métier d'enseignant reste le meme et les lieux le meme. Donc si je n'en peux déjà plus à l'heure actuel je ne peux même pas me raccrocher à quelque chose en me disant dans 2 ans je change ça ira mieux etc...

[Lenalan]

Je pense que de toute façon, à l'heure actuelle, je sais pas si un seul secteur est épargné.
Ce qui m'inquiète c'est que je n'ai que 18 mois de DE et je suis déjà découragée, j'ai plus envie de rien (et surtout pas de me spécialiser, je déteste l'hospitalier donc faire IBODE ou IADE c'est pas moi ). Changer d'EHPAD c'est choisir la peste contre le choléras, retourner à l'hôpital où j'ai déjà fait un burnout (pour le coup bloquée à ne pas pouvoir y aller sans vomir sur le trajet) c'est pas judicieux. Changer pour quoi? Le libéral où de nombreuses IDE crient leur désespoir? Pour moi c'est une voie sans issue.

Tu vois on a à peu près le même discours, je voyais un embellie en envisageant l'enseignement, tu voyais une embellie en envisageant mon métier, j'imagine qu'on pense la même chose: que l'autre est folle de vouloir faire ça

[Jo_bis]

Donc si je n'en peux déjà plus à l'heure actuel je ne peux même pas me raccrocher à quelque chose en me disant dans 2 ans je change ça ira mieux etc...

Et de toute manière, vous ne pouvez que spéculer...ça pourrait aller mieux...ou pas !
Je ne veux pas vous couper les ailes, je sens que vous avez besoin de vous raccrocher à quelque chose.
Mais relisez bien ce topic, les avis sont partagés, il faudra les adapter à votre cheminement.
Si vous voulez tenter le concours, faites-le. Mais n'idéalisez pas, ce sera le meilleur moyen de vous casser la gu**le...

Regardez froidement le positif comme le négatif et surtout les arguments développés.

POSITIF

Moi j étais prof au lycée et ai tout lâche pour faire des études infirmières. Je suis en fin de 2ème année et ne regrette rien au contraire.

C'est un avis d'ESI 2ème année qui ne connaît pas le métier.

J'ai voulu te répondre sans lire toute la conversation, parce que je me suis reconnue dans tes doutes!
J'ai été prof (en collège), j'ai tenu moins d'un an avant de partir, pour passer le concours d'infirmière.
Diplômée depuis quelques mois, pas une seule seconde je ne regrette (comme jamais durant les 3 ans d'études!).

Jeune diplômée encore en "lune de miel"

NEGATIF

je dissuade ...

Je déconseille aussi. En tout cas dans l'immédiat. Car avec ce que vous avez écrit vous allez rater (en beauté) votre orale.

je dissuade...
Si tu étais étudiante, pourquoi pas, mais là, tu as un METIER (bien plus qu'un diplôme)!

Bien que l'EN soit sinistrée, vous allez intégrer un milieu qui l'est encore plus. Parcourez ce forum, et vous verrez que la vie d'une IDE (salariée ou libérale) s'exerce dans un contexte de plus en plus difficile.

Mais j'ai presque 2 ans de DE, sans doute largement le temps pour être tellement dégoûtée par ce métier que je ne suis pas objective....

Il faut quand même bien noter, qu'entre les soins, l'administratif, la gestion des stocks, des entrées/sorties, des toubibs qui font pas correctement leur boulot en ne faisant pas de prescription et j'en passe et des meilleures....le temps pour le relationnel est bien limité malheureusement...

MITIGE

Clemencia, au lieu de suivre ta sœur en libéral (car le travail est quand même différent), tu pourrais faire une EMT (si ça existe toujours...) Expérience en Milieu de Travail.

Je vous ferais bien une note de synthèse!

Vous avez 22 ans et l'avenir devant vous...à vous de prendre votre décision...

[Clemencia]

Avec tous les commentaires je n'idéalise pas du tout le métier. Ma famille également fait tout pour m'empêcher d'être infirmière et de quitter l'enseignement !
Pour autant mon mal-être est tellement important en tant que prof que je ne trouve plus de ressource pour le continuer, je préférais même pouvoir me forcer ce serait plus simple que reprendre des études ! Et pourtant je n'y parviens plus donc je cherche d'autres métiers. J'en suis arrivée à un point où mettre le pied même dans l'établissement me révulse.
En effet, celui d'infirmière a des inconvénients non négligeables qu'il faut prendre en compte. Mais si je prend conscience que je me sens bien dans ce métier je fonce sans réfléchir ! Pour cela j'ai pris rendez-vous avec le pôle emploi et j'aimerai faire un autre stage en hôpital. En libéral cela c'est bien passé avec les avantages/inconvénients, on ne m'a rien caché !

[blocop]

J'ai contacté pôle emploi j'y vais lundi car j'aimerai discuter avec eux du financement de la formation et surtout pouvoir essayer de réaliser un stage en hôpital !

hello,
tu ne dépends pas de pôle emploi, tu es fonctionnaire! Tu dépends du rectorat, cellule reconversion professionnelles ou cessation d'activité.

[blocop]

hello,

moi aussi découragée! et quand je vois l'état de santé de mes collègues restées à l'hopital, j'ai de la peine pour elles! carrément! dos cassé, yeux cernés, insomnies, burn out, précarité, statisme dans les services, une maman de jumeaux (+1 enfant d'un an de plus) s'est vue refuser sa demande de 80% après les 3 ans de ses enfants!

non mais quoi???? c'est ça la vie de rêve?

J'ai tenu 9 ans en intra. J'ai quitté car j'étais enceinte de mon second, pas moyen de trouver une nounou ou crêche (à cause de mon métier!!!! j'ai des nounous qui m'ont dit "ah moi je garde que les enfants de profs!), et que j'étais au bloc opératoire avec 1 garde sur place et 1 astreinte par semaine (en plus de mes 35h!). Sauf que qd tu as des enfants, et un mari pas flexible au niveau des horaires, la famille à 50km (et des parents qui bossent encore évidemment!), tu mets où ton marmot qd tu es appelée à 19h? ben tu demandes à la fille de l'accueil de te le garder....
j'ai voulu diminuer mon temps de travail, on m'a carrément refusé, même pas un 80%! j'avais l'impression d'être une roumaine "sivouplé madame, 1 80%"...du coup j'ai du changer de service: hospit de jour.
On m'a dit : service fermé le lundi, fermeture à 18h le soir, et pas de week-end!!!!! ohhh le rêve! ben le rêve a duré 2 mois!
-ouverture le lundi!
-service ouvert passé 20h car gueguerre entre chir et anesthésiste: aucun des 2 ne voulaient s'octroyer les autorisations de sortie des patients!
-des patients qui devaient sortir à 18h max gueulaient tout ce qu'ils pouvaient parce qu'ils étaient encore là à 20h!
-des patients qui prenaient du coup la fuite en catimini, mais sans consignes de sortie!
-des ASH qui ralaient car les gens étaient partout!

le r^ve!

[Clemencia]

Découragé(e) certes mais pas déprimé(e) pour autant ! Il y a quelque chose qui vous fait tenir ! Et ce n'est pas des le début de la pratique mais avec le temps !

[caqui13]

Découragé(e) certes mais pas déprimé(e) pour autant ! Il y a quelque chose qui vous fait tenir ! Et ce n'est pas des le début de la pratique mais avec le temps !

Ne pas oublier les conges , c est fini les 2 mois d été + 15 jours Toussaint +15 jours Noel +15 jours Fevrier +15 jours Pâques + les ponts divers et variés , la ma pauvre tu travailleras les we , pour Noel , pour le we de Pâques , fini les repas de famille et autres réjouissances .

[Lenalan]

5 semaines de congés payés par an, quand on fait un boulot comme ça, c'est ce qui tire le plus. Surtout quand on se les fait repousser par "manque de personnel pour remplacer" ou que le personnel de remplacements c'est nous. C'est comme ça que j'ai pas eu un jour de vacances entre juillet 2016 et septembre 2017, où j'ai pu poser 4 jours

[Reussirinfirmiere]

Bonjour Clemencia,

Je ne vais pas te dissuader ni t'encourager car tu as l'air déjà bien décidée et puis au final c'est ton choix.
C'est sur qu'à l'oral ca risque de coincer mais tu as de bons arguments et tu as eu toutes sortes de témoignages sur ce forum qui pourront t'aider encore plus à argumenter le jour J. Tu pourras dire que tu as l'habitude de travailler avec des personnes récalcitrantes ou qui sont dans le refus voire agressives (?) parce qu'au final les personnes hospitalisées "régressent" surtout lorsqu'elles restent longtemps à l'hôpital et finissent par se comporter comme de grands enfants (pas toutes heureusement!).
J'ai créer un blog ou je parle entre autre de mon concours et des erreurs à ne pas faire (reussirinfirmiere.wordpress.com) parce que j'avais fait medecine sans succès avant et ils m'ont harcelé de questions à savoir si je ne choisissait pas infirmiere par défaut ou pour de mauvaises raisons. J'étais persuadé d'avoir raté le concours et à présent me voilà infirmiere depuis bientôt 3 ans.
Le libéral c'est bien pour découvrir le métier (avec ta sœur encore mieux!) mais rien a voir avec l'hôpital (organisation, horaires, travail d'équipe etc) donc essaie de faire un stage d'observation à l'hôpital où tu verras vraiment à quel point les IDE croulent sous les responsabilités, stressent et manquent constamment de temps pour le relationnel (ca tu le sais déjà!).
En tout cas n'hésite pas si tu as des questions en MP ou sur mon blog, je pourrais parler de mon métier pendant des heures! Il n'y a pas que des inconvénients, heureusement et on a La chance de pouvoir changer si le service ne nous plaît pas (ou carrément changer de métier) donc essaie et tu verras bien!
Bon courage et si c'est vraiment ton rêve alors fonce!

[loulic]

Découragé(e) certes mais pas déprimé(e) pour autant ! Il y a quelque chose qui vous fait tenir ! Et ce n'est pas des le début de la pratique mais avec le temps !

Tenir ? Faut bien manger et payer les factures. En dehors de ça ...

[Lenalan]

Clairement oui.....

[loulic]

Quant à pas déprimé, ça reste à voir.

En france en 2015 le taux d’absentesime est de 4,5 % pour l’ensemble des salariés. Le seuil d’alerte pour une entreprise est à 8%.

Dans la fph et dans le secteur hospitalier privé il est de 13 %. Le nombre de jours d’absence moyen par agent est de 54, contre moins de 7 jours par agent pour l’education Nationale.


Et ce sont bien les as et les ide qui sont le plus touchés.

[augusta]

Reconversion que je déconseille également.
J'ai connu l'Education Nationale....et franchement avoir 2 semaines de vacances toutes les 7 semaines....c'est trèèèès agréable!
Ok, pendant la récré on ne peut pas manger un pain au chocolat, fumer une clope et aller aux toilettes....c'est vrai qu'il faut choisir lol

Il y a des services où tout va tellement vite que les soignants n'ont même pas le temps (ne le prennent pas en tous les cas) d'aller aux toilettes (souvenirs de stages).
Vos congés? Vous ne les choisirez pas au début, ni la durée ni les dates. Enfin si, la durée, c'est selon le contrat.

Vous n'aurez aucune liberté....aucune.
En repos? vous serez rappelée sur des arrêts.
Vous serez crevée....se lever à 5h pour débuter à 6h30...ça va un temps.

Je vous conseillerais plutôt d'aller parler à un professionnel pour comprendre d'où vient votre mal-être actuel.
Vous allez tout envoyer balader....faire 3 ans d'études difficiles....prendre un poste (et encore si vous tenez le rythme et la pression des études)....et si vous êtes mal de nouveau?
Que ferez vous?

L'hôpital va mal....très mal.
Lisez sur les GHT.
Toutes les catégories, tous les grades sont touchés par l'épuisement professionnel.