collègue alcoolique
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Re: collègue alcoolique
En libéral on ne voit pas le médecin du travail, on a pas de CSST et on travaille seul donc personne ne verra qu'on est torché, à part les patients... A eux de se "plaindre". reste à savoir à qui
Je pense que quand on arrive bourré tous les jours à 6h du mat, on finit par perdre les patients qui changent de cabinet. A part ça, je ne sais pas qui peut la "dénoncer" et à qui.
J'avais un collègue cuisinier en EHPAD qui venait bourré au travail et continuait à boire sur place, jusqu'à être incapable de servir des repas et devenait agressif (il m'a dit des gros mots, à base de travailleuse du sexe
). J'ai fait une fiche d'événement indésirable en signalant son état d'ébriété évident. il a été licencié. C'est pas une solution pour lui non plus, mais on a pas trop le choix dans ces cas-là, il a des couteaux à disposition.

J'avais un collègue cuisinier en EHPAD qui venait bourré au travail et continuait à boire sur place, jusqu'à être incapable de servir des repas et devenait agressif (il m'a dit des gros mots, à base de travailleuse du sexe

Infirmière DE 2016 En EHPAD
Aide-Soignante DE 2004 En EHPAD
Aide-Soignante DE 2004 En EHPAD
Re: collègue alcoolique
Tout à fait.binoute1 a écrit :Effectivement le médecin du travail pourra décider que sa situation ne lui permet pas de travail sur CE poste, sans l'empêcher de travailelr totalement.
Ce qui peut permettre une prise de conscience.
Sinon le CSST
Il faut pallier à l'urgence (=sécurité de l'IDE et des patients).
Mais pour le reste, ce sera selon sa "motivation" à guérir.
"Il suffit de nous regarder pour voir comment une forme de vie intelligente peut se développer d'une manière que nous n'aimerions pas rencontrer."
Stephen HAWKING
Stephen HAWKING
Re: collègue alcoolique
Le sujet du collègue alcoolique est intéressant car tabou et pourtant plus courant qu'on ne le pense.
A mon sens, il y a beaucoup d'amalgames et d'affect qui nuisent à la prise de recul et l'attitude adaptée à avoir.
D'abord, dénoncer n'est pas alerter.
Ensuite considérer le collègue de la même façon qu'on le ferait avec un inconnu. Etes vous prêt à laisser un de vos proche entre les mains de ce soignant? Non? Alors pourquoi le laisser soigner les autres dans son état?
Alerter en prévenant qui de droit (hiérarchie) sur les risques pour les patients,la souffrance du collègue (et oui, si addiction, il y a mal être!) ainsi que sa mise en danger pour lui même, s'il fait une faute lourde, il reste responsable, l’alcoolisme n'est pas une circonstance atténuante devant la justice! Donc cela peut prendre une tournure bienveillante.
Faire enfin ce signalement par mail de préférence, sur la base d'éléments factuels avec objectivité.
D'un point de vue éthique, j'ajouterai, oser en parler au collègue concerné, lui dire qu'on s'est senti dans l'obligation de le protéger et protéger les autres de lui même, qu'il risque de faire une grosse connerie qui rendra sa situation pire, que c'est pour le bien de tous, que l'on ne le juge pas mais qu'il a besoin aussi de soins.
Voilà ce que je ferais si je me retrouve un jour dans cette situation.
A mon sens, il y a beaucoup d'amalgames et d'affect qui nuisent à la prise de recul et l'attitude adaptée à avoir.
D'abord, dénoncer n'est pas alerter.
Ensuite considérer le collègue de la même façon qu'on le ferait avec un inconnu. Etes vous prêt à laisser un de vos proche entre les mains de ce soignant? Non? Alors pourquoi le laisser soigner les autres dans son état?
Alerter en prévenant qui de droit (hiérarchie) sur les risques pour les patients,la souffrance du collègue (et oui, si addiction, il y a mal être!) ainsi que sa mise en danger pour lui même, s'il fait une faute lourde, il reste responsable, l’alcoolisme n'est pas une circonstance atténuante devant la justice! Donc cela peut prendre une tournure bienveillante.
Faire enfin ce signalement par mail de préférence, sur la base d'éléments factuels avec objectivité.
D'un point de vue éthique, j'ajouterai, oser en parler au collègue concerné, lui dire qu'on s'est senti dans l'obligation de le protéger et protéger les autres de lui même, qu'il risque de faire une grosse connerie qui rendra sa situation pire, que c'est pour le bien de tous, que l'on ne le juge pas mais qu'il a besoin aussi de soins.
Voilà ce que je ferais si je me retrouve un jour dans cette situation.
Re: collègue alcoolique
Ça, Estienne, c'est la théorie.Estienne a écrit :Le sujet du collègue alcoolique est intéressant car tabou et pourtant plus courant qu'on ne le pense.
A mon sens, il y a beaucoup d'amalgames et d'affect qui nuisent à la prise de recul et l'attitude adaptée à avoir.
D'abord, dénoncer n'est pas alerter.
Ensuite considérer le collègue de la même façon qu'on le ferait avec un inconnu. Etes vous prêt à laisser un de vos proche entre les mains de ce soignant? Non? Alors pourquoi le laisser soigner les autres dans son état?
Alerter en prévenant qui de droit (hiérarchie) sur les risques pour les patients,la souffrance du collègue (et oui, si addiction, il y a mal être!) ainsi que sa mise en danger pour lui même, s'il fait une faute lourde, il reste responsable, l’alcoolisme n'est pas une circonstance atténuante devant la justice! Donc cela peut prendre une tournure bienveillante.
Faire enfin ce signalement par mail de préférence, sur la base d'éléments factuels avec objectivité.
D'un point de vue éthique, j'ajouterai, oser en parler au collègue concerné, lui dire qu'on s'est senti dans l'obligation de le protéger et protéger les autres de lui même, qu'il risque de faire une grosse connerie qui rendra sa situation pire, que c'est pour le bien de tous, que l'on ne le juge pas mais qu'il a besoin aussi de soins.
Voilà ce que je ferais si je me retrouve un jour dans cette situation.
Mais en pratique, c'est un collègue dont vous connaissez le parcours de vie, les difficultés. Vous le côtoyez tous les jours, il vous a souvent aidé/dépanné/remonté le moral.
Il vous a fait rire, il est sympa, attachant...
Moi, je ne l'ai pas dénoncé et aucun de mes collègues non plus.
On le surveillait de loin, on le "protégeait" (je sais, ce n'est pas bien).
Et pour notre grand malheur, nous avons suivi son cercueil avec un fond d'impuissance et beaucoup de tristesse.
Je dirais que, en matière alcoolisme, on ne soigne pas par obligation. Il ne voulait pas s'en sortir, c'est comme ça.
"Il suffit de nous regarder pour voir comment une forme de vie intelligente peut se développer d'une manière que nous n'aimerions pas rencontrer."
Stephen HAWKING
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Re: collègue alcoolique
Si la personne ne veut pas se soigner, personne n'y pourra rien, même sa femme (ou son mari), ses enfants.... Alors perdre son travail, ça reste le grand classique inévitable, avant de finir au cimetière, on ne sauve personne malgré lui.
Infirmière DE 2016 En EHPAD
Aide-Soignante DE 2004 En EHPAD
Aide-Soignante DE 2004 En EHPAD
Re: collègue alcoolique
Avant de débuter ce message, je tiens d'emblée à préciser que je ne cherche pas à polémiquer mais à apporter un point de vue autre sur l'alcoolisme.
Je me le permets dans la mesure où les addictions et la psychiatrie sont le quotidien de mon travail depuis quelques années, ce qui ne veut pas dire que je m'estime spécialiste mais j'y ai une certaine expérience et j'ai beaucoup appris des spécialistes (médecin addictologues et psychiatres).
Donc c'est une problématique qu'il faut aborder autrement qu'avec la simple logique du consentement et de la fatalité.
Vous en témoignez vous même, ne rien faire, laisser faire, c'est laisser la personne se détruire jusqu'à mourir de cette maladie.
Statistiquement, 9 fois sur 10, les personnes ne s'en sortiront jamais. Il reste cependant une chance sur dix de s'en sortir, bien plus de chances que celle de gagner au loto! Donc il faut quand même tenter. Et ça peut prendre des années. Mais ça vaut le coup, même s'il ne reste que peu d’années à vivre. Des personnes qui ont réussi à s'arrêter à 50 ans ont fait plus de choses entre 50 et 55 ans que durant leur 40 ans de vie avec l'alcool (ou autre produit). Et une période d'abstinence entre deux périodes de conso, c'est déjà ça de gagné.
En matière d'addiction, pas d'obligation de résultats, mais obligation de moyens.
Et là j'en viens au consentement, à la volonté d’arrêter, au déni, au personnes qui n'y croient pas, aux personnes qui désespèrent de ne jamais pouvoir y arriver.
Et bien ça se travail tout ça, sur la durée bien sur, et en déplaçant la problématique du simple effet addictif du produit. Il faut aller creuser derrière les consommations qui ne sont qu'une conséquence.
Il ne faut pas s’arrêter à l'envie, la pulsion de consommer, mais il faut regarder ce qui correspond au besoin de consommer. LE MANQUE! Le vide à remplir. L'anxiété, l'angoisse, le mal être qui crée se vide. Chaque produit a un effet sur l'humeur, la plupart du temps l'alcool est utilisé pour son effet anxiolytique, une forme d'automédication. Surtout chez les grands alcooliques qui depuis longtemps n'ont plus une consommation hédonique et font le constat de leur propre déchéance.
En prenant le temps de discuter, au delà des discours de façade des alcooliques qui se protègent de leur propres troubles intérieurs, car ils en ont peur, vous vous rendrez vite compte que la plupart souhaiteraient s'en sortir. Mais ça leur parait trop dur, souvent ils se sentent seul, et s'en sortir seul et quasi impossible. On pense qu'il refuse l'aide, mais souvent c'est une posture de défense, ils redoutent surtout le jugement, le regard de l'autre, ils ont peur de décevoir en n'y arrivant pas. Il y a chez eu beaucoup de culpabilité, un travail énorme à faire pour reconstruire une estime de soi mis à mal depuis des années de conso.
Alors oui, tenter de soigner ces personnes, c'est pas simple, c'est énergivore, peu de réussites, beaucoup d'espoir déçu, l'impression de perdre son temps, de se sentir impuissant, de s'épuiser pour rien. Mais quand on arrive à aider une personne à s'en sortir, voir cette personne revivre justifie toute l’énergie que l'on mets aussi pour les autres. Car quelque part on "sauve une vie". Et même si la personne rechute, ce qui se sera passé pendant la période d'abstinence à tout son sens, parfois des liens familiaux se sont renoués.
Donc j'en reviens à mon premier post. Alerter, pour tenter d'inscrire ces personnes dans le circuit des soins, puis laisser faire les personnes qui travaillent sur ce type de pathologie. Ils prendront le temps de créer du lien, de susciter l'envie d'un changement de vie chez ces personnes. Et s'il n'y arrivent pas, ils auront essayé, c'est ça qui est important.
Mais en ne faisant rien, il ne se passera rien, c'est sur.
Je me le permets dans la mesure où les addictions et la psychiatrie sont le quotidien de mon travail depuis quelques années, ce qui ne veut pas dire que je m'estime spécialiste mais j'y ai une certaine expérience et j'ai beaucoup appris des spécialistes (médecin addictologues et psychiatres).
Donc c'est une problématique qu'il faut aborder autrement qu'avec la simple logique du consentement et de la fatalité.
Vous en témoignez vous même, ne rien faire, laisser faire, c'est laisser la personne se détruire jusqu'à mourir de cette maladie.
Statistiquement, 9 fois sur 10, les personnes ne s'en sortiront jamais. Il reste cependant une chance sur dix de s'en sortir, bien plus de chances que celle de gagner au loto! Donc il faut quand même tenter. Et ça peut prendre des années. Mais ça vaut le coup, même s'il ne reste que peu d’années à vivre. Des personnes qui ont réussi à s'arrêter à 50 ans ont fait plus de choses entre 50 et 55 ans que durant leur 40 ans de vie avec l'alcool (ou autre produit). Et une période d'abstinence entre deux périodes de conso, c'est déjà ça de gagné.
En matière d'addiction, pas d'obligation de résultats, mais obligation de moyens.
Et là j'en viens au consentement, à la volonté d’arrêter, au déni, au personnes qui n'y croient pas, aux personnes qui désespèrent de ne jamais pouvoir y arriver.
Et bien ça se travail tout ça, sur la durée bien sur, et en déplaçant la problématique du simple effet addictif du produit. Il faut aller creuser derrière les consommations qui ne sont qu'une conséquence.
Il ne faut pas s’arrêter à l'envie, la pulsion de consommer, mais il faut regarder ce qui correspond au besoin de consommer. LE MANQUE! Le vide à remplir. L'anxiété, l'angoisse, le mal être qui crée se vide. Chaque produit a un effet sur l'humeur, la plupart du temps l'alcool est utilisé pour son effet anxiolytique, une forme d'automédication. Surtout chez les grands alcooliques qui depuis longtemps n'ont plus une consommation hédonique et font le constat de leur propre déchéance.
En prenant le temps de discuter, au delà des discours de façade des alcooliques qui se protègent de leur propres troubles intérieurs, car ils en ont peur, vous vous rendrez vite compte que la plupart souhaiteraient s'en sortir. Mais ça leur parait trop dur, souvent ils se sentent seul, et s'en sortir seul et quasi impossible. On pense qu'il refuse l'aide, mais souvent c'est une posture de défense, ils redoutent surtout le jugement, le regard de l'autre, ils ont peur de décevoir en n'y arrivant pas. Il y a chez eu beaucoup de culpabilité, un travail énorme à faire pour reconstruire une estime de soi mis à mal depuis des années de conso.
Alors oui, tenter de soigner ces personnes, c'est pas simple, c'est énergivore, peu de réussites, beaucoup d'espoir déçu, l'impression de perdre son temps, de se sentir impuissant, de s'épuiser pour rien. Mais quand on arrive à aider une personne à s'en sortir, voir cette personne revivre justifie toute l’énergie que l'on mets aussi pour les autres. Car quelque part on "sauve une vie". Et même si la personne rechute, ce qui se sera passé pendant la période d'abstinence à tout son sens, parfois des liens familiaux se sont renoués.
Donc j'en reviens à mon premier post. Alerter, pour tenter d'inscrire ces personnes dans le circuit des soins, puis laisser faire les personnes qui travaillent sur ce type de pathologie. Ils prendront le temps de créer du lien, de susciter l'envie d'un changement de vie chez ces personnes. Et s'il n'y arrivent pas, ils auront essayé, c'est ça qui est important.
Mais en ne faisant rien, il ne se passera rien, c'est sur.
Re: collègue alcoolique
Petit témoignage : j'ai eu un collègue alcoolique, sympa, toujours aidant quand nous avions besoin , qui trouvait les veines difficiles , qui avait de l'expérience...
Il buvait en service, et tout le monde le savait et tout le monde le couvrait: "il est sympa"...même les médecins, ce n'est pas facile d'en parler; et pour finir il s'est suicidé, seul...
Ce n'est pas très glorieux.
Il buvait en service, et tout le monde le savait et tout le monde le couvrait: "il est sympa"...même les médecins, ce n'est pas facile d'en parler; et pour finir il s'est suicidé, seul...
Ce n'est pas très glorieux.
Re: collègue alcoolique
malheur...sucre34 a écrit :Petit témoignage : j'ai eu un collègue alcoolique, sympa, toujours aidant quand nous avions besoin , qui trouvait les veines difficiles , qui avait de l'expérience...
Il buvait en service, et tout le monde le savait et tout le monde le couvrait: "il est sympa"...même les médecins, ce n'est pas facile d'en parler; et pour finir il s'est suicidé, seul...
Ce n'est pas très glorieux.


"Il suffit de nous regarder pour voir comment une forme de vie intelligente peut se développer d'une manière que nous n'aimerions pas rencontrer."
Stephen HAWKING
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