Votre poème préféré ?
Modérateur : Modérateurs
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Vous craquez sur quoi vous ?
Le mien reste toujours Gerard De Nerval :
'El Deschidado'
'Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phoebus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée '
C'est une vraie merveille ce poème .
Si vous avez des coups de coeur poétique , n'hésitez pas ;- )
Open to All ... !
Le mien reste toujours Gerard De Nerval :
'El Deschidado'
'Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phoebus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée '
C'est une vraie merveille ce poème .
Si vous avez des coups de coeur poétique , n'hésitez pas ;- )
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je m'y connais très mal en poemes...je vais chercher.
ah voilà le seul que je connaisse à peu près par coeur et que j'adore:
ahhhhhh je fonds


ah voilà le seul que je connaisse à peu près par coeur et que j'adore:
Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce ?
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer ;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille,
Une communication ayant un goût de fleur,
Une façon d'un peu se respirer le coeur,
Et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme !
ROXANE
Taisez-vous !
CYRANO
Un baiser, c'est si noble, Madame,
Que la reine de France, au plus heureux des lords,
En a laissé prendre un, la reine même !
ahhhhhh je fonds


Avant j'avais des principes, maintenant j'ai des enfants
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-la
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisee rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de meme
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand meme ce jour-la
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crie ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie epanouie
Et tu t'es jetee dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu a tous ceux que j'aime
Meme si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu a tous ceux qui s'aiment
Meme si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abime
C'est une pluie de deuil terrible et desolee
Ce n'est meme plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crevent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin tres loin de Brest
Dont il ne reste rien.
C'est un poème un peu long, mais tellement riche de sentiments humains. Il me bouleverse depuis que j'ai 10 ans!
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-la
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisee rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de meme
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand meme ce jour-la
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crie ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie epanouie
Et tu t'es jetee dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu a tous ceux que j'aime
Meme si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu a tous ceux qui s'aiment
Meme si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abime
C'est une pluie de deuil terrible et desolee
Ce n'est meme plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crevent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin tres loin de Brest
Dont il ne reste rien.
C'est un poème un peu long, mais tellement riche de sentiments humains. Il me bouleverse depuis que j'ai 10 ans!
L'espérance est un risque à courir. G Bernanos.
Il faut se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille. N.Bonaparte
Il faut se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille. N.Bonaparte
C'est de qui ?
Ca me rappelle une chanson de Stratovarius , 4000 rainy night sur le thème de la pluie aussi :
'4000 Rainy Nights
These empty days are filling me with pain
After I left it seems my life is only rain
My heart is longing to the better times
When everything was still so fine
I wonder why it happens so fast
You give your heart away knowing it might not last
I'm still here waiting for the rain to fall
And to see you once again
4000 Rainy Nights
4000 Nights I'd be with you
4000 Rainy Nights with you
I keep your memory in my heart
You give me hope when everything is so dark
That thing nobody can take away
Forever in me
4000 Rainy... '
Ca me rappelle une chanson de Stratovarius , 4000 rainy night sur le thème de la pluie aussi :
'4000 Rainy Nights
These empty days are filling me with pain
After I left it seems my life is only rain
My heart is longing to the better times
When everything was still so fine
I wonder why it happens so fast
You give your heart away knowing it might not last
I'm still here waiting for the rain to fall
And to see you once again
4000 Rainy Nights
4000 Nights I'd be with you
4000 Rainy Nights with you
I keep your memory in my heart
You give me hope when everything is so dark
That thing nobody can take away
Forever in me
4000 Rainy... '
Si tu peux rester calme alors que, sur ta route,
Un chacun perd la tête, et met le blâme en toi;
Si tu gardes confiance alors que chacun doute,
Mais sans leur en vouloir de leur manque de foi;
Si l’attente, pour toi, ne cause trop grand-peine:
Si, entendant mentir, toi-même tu ne mens,
Ou si, étant haï, tu ignores la haine,
Sans avoir l’air trop bon, ni parler trop sagement;
Si tu rêves, – sans faire des rêves ton pilastre;
Si tu penses, – sans faire de penser toute leçon;
Si tu sais rencontrer Triomphe ou bien Désastre,
Et traiter ces trompeurs de la même façon;
Si tu peux supporter tes vérités bien nettes
Tordues par des coquins pour mieux duper les sots,
Ou voir tout ce qui fut ton but brisé en miettes,
Et te baisser, pour prendre et trier les morceaux;
Si tu peux faire un tas de tous tes gains suprêmes
Et le risquer à pile ou face, – en un seul coup –
Et perdre – et repartir comme à tes débuts mêmes,
Sans murmurer un mot de ta perte au va-tout;
Si tu forces ton cœur, tes nerfs, et ton jarret
A servir à tes fins malgré leur abandon,
Et que tu tiennes bon quand tout vient à l’arrêt,
Hormis la Volonté qui ordonne: “Tiens bon!”
Si tu vas dans la foule sans orgueil à tout rompre,
Ou frayes avec les rois sans te croire un héros;
Si l’ami ni l’ennemi ne peuvent te corrompre;
Si tout homme, pour toi, compte, mais nul par trop;
Si tu sais bien remplir chaque minute implacable
De soixante secondes de chemins accomplis,
A toi sera la Terre et son bien délectable,
Et, – bien mieux – tu seras un Homme, mon fils.
Voilà voilà.
Un chacun perd la tête, et met le blâme en toi;
Si tu gardes confiance alors que chacun doute,
Mais sans leur en vouloir de leur manque de foi;
Si l’attente, pour toi, ne cause trop grand-peine:
Si, entendant mentir, toi-même tu ne mens,
Ou si, étant haï, tu ignores la haine,
Sans avoir l’air trop bon, ni parler trop sagement;
Si tu rêves, – sans faire des rêves ton pilastre;
Si tu penses, – sans faire de penser toute leçon;
Si tu sais rencontrer Triomphe ou bien Désastre,
Et traiter ces trompeurs de la même façon;
Si tu peux supporter tes vérités bien nettes
Tordues par des coquins pour mieux duper les sots,
Ou voir tout ce qui fut ton but brisé en miettes,
Et te baisser, pour prendre et trier les morceaux;
Si tu peux faire un tas de tous tes gains suprêmes
Et le risquer à pile ou face, – en un seul coup –
Et perdre – et repartir comme à tes débuts mêmes,
Sans murmurer un mot de ta perte au va-tout;
Si tu forces ton cœur, tes nerfs, et ton jarret
A servir à tes fins malgré leur abandon,
Et que tu tiennes bon quand tout vient à l’arrêt,
Hormis la Volonté qui ordonne: “Tiens bon!”
Si tu vas dans la foule sans orgueil à tout rompre,
Ou frayes avec les rois sans te croire un héros;
Si l’ami ni l’ennemi ne peuvent te corrompre;
Si tout homme, pour toi, compte, mais nul par trop;
Si tu sais bien remplir chaque minute implacable
De soixante secondes de chemins accomplis,
A toi sera la Terre et son bien délectable,
Et, – bien mieux – tu seras un Homme, mon fils.
Voilà voilà.
Je n'ai jamais assisté à des courses de spermatozoïdes mais j'ai donné beaucoup de départs
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Durden a écrit :Si tu peux rester calme alors que, sur ta route,
Un chacun perd la tête, et met le blâme en toi;
(...)
A toi sera la Terre et son bien délectable,
Et, – bien mieux – tu seras un Homme, mon fils.
Voilà voilà.
c'est beau c'est de qui? (non je ne crains pas le ridicule

ah google-isé: If de Kipling!!! C'te honte

Les mains d'Elsa
Donne moi tes mains pour l'inquiétude
Donne moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne moi tes mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur, de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes mains à moi
Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu
Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme
S 'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement.
Louis Aragon
Avant j'avais des principes, maintenant j'ai des enfants
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nash a écrit :Zaloo, c'est de notre bon vieux Prevert !
Dans "Paroles", Jacques Prévert a écrit :La grasse matinée
Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l'homme
la tête de l'homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin
dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde
dans la vitrine de chez Potin
il s'en fout de sa tête l'homme
il n'y pense pas
il songe
il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n'importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête
et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois
un deux trois
cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours
Ça ne peut pas durer
ça dure
trois jours
trois nuits
sans manger
et derrière ce vitres
ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par les boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégées par les flics
flics protégés par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines..
Un peu plus loin le bistrot
café-crème et croissants chauds
l'homme titube
et dans l'intérieur de sa tête
un brouillard de mots
un brouillard de mots
sardines à manger
oeuf dur café-crème
café arrosé rhum
café-crème
café-crème
café-crime arrosé sang !...
Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour
l'assassin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro franc soixante-dix
deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.
2 enfants en pleine forme
A nouveau infirmière, mais où ? Telle est la question
Coucou toi, ça va ? Woooohoooo Ma signature fait 4 lignes.
A nouveau infirmière, mais où ? Telle est la question

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- mimil
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- Inscription : 24 janv. 2005 11:55
- Localisation : probably from space
- Contact :
Archi classique : "le dormeur du val" de Rimbaud
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
"Le jour où l'on comprendra qu'une pensée sans langage existe chez les animaux, nous mourrons de honte de les avoir enfermés dans des zoos et de les avoir humiliés par nos rires" [Boris Cyrulnik]
Un "p'tit" que je trouve sympa. J'espère que vous aurez la patience de le lire jusqu'au bout!!
Vous me dites, monsieur, que j'ai mauvaise mine,
Qu'avec la vie qu'je mène je me ruine,
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dîtes enfin que je suis fatigué.
Oui, je suis fatigué monsieur, mais, jm'en flatte,
J'ai tout de fatigué, le coeur, la voix, la rate,
Je m'endors épuisé, je me réveille las,
Mais grâce à Dieu, monsieur, je n'm'en soucis pas!
Et quand je m'en soucis, je me ridiculise,
La fatigue souvent n'est qu'une vantardise,
On est jamais si fatigué qu'on l'croit,
Et quand cela serait, n'en a-t'on pas le doit?
Je ne parle pas des tristes lassitudes qu'on a,
Lorsque le corps harassé d'habitudes n'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons,
Lorsqu'on a fait de soi son unique horizon,
Qu'on a plus rien à vaincre, à perdre ou à defendre,
Cette fatigue là est mauvaise à entendre,
Elle fait l'oeil morne, le front lourd, le dos rond,
Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond!
Mais se sentir plier sous le poids formidable des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des rires ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain,
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
Aider une existence à continuer sa course,
Et pour cela se battre à s'en user le coeur,
Cette fatigue là monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre,
On aide un être à vivre ou à survivre,
Et sûr qu'on est le port, et la route, et le quai,
Où trouverait-on le droit d'être trop fatigué.
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
Marquent chaque victoire au creux, sur leur figure,
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus,
Parmi tant d'autres creux, il passe inaperçu.
La fatigue monsieur, est un prix toujours juste,
C'est le prix d'une journée d'efforts et de lutte,
Le prix d'un labour, d'un mur, ou d'un exploit.
Non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
Quand je rentre chez moi et que ma maison dort,
J'écoute mes sommeils et là je me sens fort,
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
Et ma fatigue alors, c'est une récompense.
Et vous me conseillez d'aller me reposer!
Mais si j'acceptais là ce que vous proposez,
Si je m'abandonnais à votre douce intrigue,
Mais je mourrais monsieur... tristement... de fatigue.
"L'éloge de la fatigue", Robert Lamoureux.
Vous me dites, monsieur, que j'ai mauvaise mine,
Qu'avec la vie qu'je mène je me ruine,
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dîtes enfin que je suis fatigué.
Oui, je suis fatigué monsieur, mais, jm'en flatte,
J'ai tout de fatigué, le coeur, la voix, la rate,
Je m'endors épuisé, je me réveille las,
Mais grâce à Dieu, monsieur, je n'm'en soucis pas!
Et quand je m'en soucis, je me ridiculise,
La fatigue souvent n'est qu'une vantardise,
On est jamais si fatigué qu'on l'croit,
Et quand cela serait, n'en a-t'on pas le doit?
Je ne parle pas des tristes lassitudes qu'on a,
Lorsque le corps harassé d'habitudes n'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons,
Lorsqu'on a fait de soi son unique horizon,
Qu'on a plus rien à vaincre, à perdre ou à defendre,
Cette fatigue là est mauvaise à entendre,
Elle fait l'oeil morne, le front lourd, le dos rond,
Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond!
Mais se sentir plier sous le poids formidable des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des rires ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain,
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
Aider une existence à continuer sa course,
Et pour cela se battre à s'en user le coeur,
Cette fatigue là monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre,
On aide un être à vivre ou à survivre,
Et sûr qu'on est le port, et la route, et le quai,
Où trouverait-on le droit d'être trop fatigué.
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
Marquent chaque victoire au creux, sur leur figure,
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus,
Parmi tant d'autres creux, il passe inaperçu.
La fatigue monsieur, est un prix toujours juste,
C'est le prix d'une journée d'efforts et de lutte,
Le prix d'un labour, d'un mur, ou d'un exploit.
Non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
Quand je rentre chez moi et que ma maison dort,
J'écoute mes sommeils et là je me sens fort,
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
Et ma fatigue alors, c'est une récompense.
Et vous me conseillez d'aller me reposer!
Mais si j'acceptais là ce que vous proposez,
Si je m'abandonnais à votre douce intrigue,
Mais je mourrais monsieur... tristement... de fatigue.
"L'éloge de la fatigue", Robert Lamoureux.
Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis.
- arnautylus
- Régulier
- Messages : 43
- Inscription : 20 déc. 2004 19:08
L’enfant
A quoi jouait-il cet enfant ?
Personne n'en sut jamais rien.
On le laissait seul dans un coin
Avec un peu de sable blanc
On remarquait bien, certains jours,
Qu'il arquait les bras, tels des ailes
Et qu'il regardait loin, très loin,
Comme du sommet d'une tour.
Mais où s'en allait-il ainsi
Alors qu'on le croyait assis ?
Lui-même le sut-il jamais ?
Dès qu'il refermait les paupières,
Il regagnait le grand palais,
D'où il voyait toute la mer.
Maurice Carême
A quoi jouait-il cet enfant ?
Personne n'en sut jamais rien.
On le laissait seul dans un coin
Avec un peu de sable blanc
On remarquait bien, certains jours,
Qu'il arquait les bras, tels des ailes
Et qu'il regardait loin, très loin,
Comme du sommet d'une tour.
Mais où s'en allait-il ainsi
Alors qu'on le croyait assis ?
Lui-même le sut-il jamais ?
Dès qu'il refermait les paupières,
Il regagnait le grand palais,
D'où il voyait toute la mer.
Maurice Carême
- daphnée
- Star VIP
- Messages : 7837
- Inscription : 26 déc. 2004 15:07
- Localisation : avec mathis kunzler *siffle*
Le déserteur (Boris Vian)
Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter.
Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Qu'elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins.
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faul donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer
et j'en ai un 2ème que j'aime beaucoup aussi
Du peu de mots d'aimer (louis aragon)
Du peu de mots d'aimer j'ai peine
Qui fait que la phrase me faut
Je ne sais rien voir que mes veines
Et m'est la parole inhumaine
Comme blesse le blé la faux
Du peu de mots d'aimer j'ai doute
De ce qu'est l'amour exprimé
Je suis le mendiant des routes
Personne ma chanson n'écoute
N'entend le peu de mots d'aimer
Du peu de mots toujours les mêmes
Qui font semblables les amants
Et plus encore les poèmes
À rougir de dire je t'aime
Comment se contenter comment
Du peu de mots d'aimer que faire
Battez les cartes des nuées
Le jeu du ciel ou de l'enfer
À vivre ou mourir ne diffère
Les mots sont des oiseaux tués
Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter.
Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Qu'elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins.
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faul donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer
et j'en ai un 2ème que j'aime beaucoup aussi

Du peu de mots d'aimer (louis aragon)
Du peu de mots d'aimer j'ai peine
Qui fait que la phrase me faut
Je ne sais rien voir que mes veines
Et m'est la parole inhumaine
Comme blesse le blé la faux
Du peu de mots d'aimer j'ai doute
De ce qu'est l'amour exprimé
Je suis le mendiant des routes
Personne ma chanson n'écoute
N'entend le peu de mots d'aimer
Du peu de mots toujours les mêmes
Qui font semblables les amants
Et plus encore les poèmes
À rougir de dire je t'aime
Comment se contenter comment
Du peu de mots d'aimer que faire
Battez les cartes des nuées
Le jeu du ciel ou de l'enfer
À vivre ou mourir ne diffère
Les mots sont des oiseaux tués
Je vends mes charmes Et mes armes Ma violence et ma douceur. Je vends ce que je vaux Et si ça ne vaut pas un clou Tant pis, je donnerai tout. Je vends mon âme au diable et j'envoie ma vie en l'air;
Il n'y a pas d'amour heureux
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux
Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux
Louis Aragon (La Diane Francaise, Seghers 1946)
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux
Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux
Louis Aragon (La Diane Francaise, Seghers 1946)