RÉFLEXION

Handicap et sexualité : comment en parler... et mieux prendre en charge ?

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Publié le 07/02/2025

Comment aborder et mieux prendre en charge la vie intime et sexuelle des personnes en situation de handicap ? Telle était la question centrale du séminaire de recherche porté par le centre hospitalier de Plaisir sur la santé mentale. L'occasion de rappeler certaines définitions aux soignants et, surtout, impulser la création de projets pour mieux prendre en compte cette question dans le quotidien des soins.

La sexualité chez les patients atteints de handicap : le sujet choisi par le centre hospitalier de Plaisir pour son dernier séminaire de recherche sur la santé mentale* était pour le moins « Délicat, essentiel, mais pas facile », confie Cécile Omnès, présidente de la Commission médicale de l’établissement (CME). Mais l'objectif en était important : permettre un moment de réflexion entre professionnels de santé pour mieux les aider à prendre en compte cette problématique au quotidien et améliorer la qualité de vie de leurs patients.

Répondre aux attentes et interrogations du terrain

Les préoccupations qui ont présidé à l’organisation de cette journée ont été remontées directement du terrain, notamment via les fiches de déclaration d’événements indésirables, comme l’a expliqué Britt Leblanc, cadre de santé à la Direction des soins du CH de Plaisir et membre de l’association de recherche, l’ADRPsy (voir encadré), mais aussi personne ressource au sein de l’établissement pour favoriser le développement de la recherche. Comment parler sexualité avec ces patients et répondre à leurs questionnements ? Comment les orienter vers les bons acteurs ou organismes ? Comment réagir, aussi, face à certaines méconduites ? Ce sont ces questions – et bien d’autres – qui occupaient les 180 professionnels de santé (dont infirmiers, médecins, mais aussi psychologues et sages-femmes) venus assister à ce séminaire.

Une priorité : déconstruire certaines idées préconçues qui peuvent nuire à la prise en charge de la sexualité chez les personnes en situation de handicap.

Au programme donc, des interventions pour remettre à plat des notions importantes à maîtriser pour les soignants : santé sexuelle, intimité, handicap, consentement… et la présentation des ressources qui existent pour soutenir et accompagner les patients, leurs proches, mais aussi les soignants. « Ce que j’ai trouvé, ce sont des notions, des définitions. Et du réseau vers lequel on pourrait se tourner si on avait des questions, si on avait besoin d’une aide plus spécialisée », approuve Agathe, infirmière dans une équipe mobile de psychiatrie de crise au CH de Plaisir. Les équipes du centre ressource francilien du réseau Intimagir, chargé d’informer les personnes en situation de handicap sur leur vie intime et affective ou leur parentalité, ou encore d’Handigynéco, qui s’appuie sur l'intervention de sages-femmes libérales, volontaires, formées au handicap, sont ainsi venues présenter leur structure respective.

Une opportunité pour imaginer des projets adaptés

Le séminaire a aussi un autre intérêt : impulser des projets au sein des établissements, insiste Britt Leblanc. « On s’est dit que c’était une thématique importante à aborder, pour pouvoir en faire quelque chose au sein de nos établissements. Pour l’instant, il n’y a pas forcément de projets ou d’actions mis en œuvre. Et on souhaitait que cette journée soit le déclencheur pour mener à bien plusieurs projets. » Avec une priorité identifiée, celle de parvenir à déconstruire certaines idées préconçues, qui peuvent nuire à la prise en charge de la sexualité chez les personnes en situation de handicap, et sensibiliser les soignants à ses différents enjeux afin qu’ils adaptent au mieux leur pratique. Une démarche qui est loin d’être anodine : « Les femmes en situation de handicap sont deux fois plus victimes de violences sexuelles que les femmes sans handicap », a en effet rappelé Alexis Gannat, sexologue et éducateur spécialisé au sein du réseau Intimagir.

L'association ADRPsy
L'Association pour le Développement de la Recherche en Soins en Psychiatrie (ADRPsy) a été créée fin 2022 afin de promouvoir la recherche en soins psychiatriques et améliorer et valoriser les pratiques soignantes. Elle rassemble des soignants, essentiellement des infirmiers même si elle reste ouverte à toutes les composantes de la psychiatrie, qui s'impliquent dans des projets de recherche sur la santé mentale.

* Séminaire organisé le 18 octobre 2024 à Saint-Cyr-l'École.


Source : infirmiers.com