Une idée innovante pour l'apprentissage des théories infirmières

C’est au cours du 9ème Congrès mondial du Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (SIDIIEF) que les trois affiches ont été distinguées après un vote du public. Elles présentent trois études : une visant à mieux acculturer les étudiants en soins infirmiers (ESI) aux théories infirmières, une seconde dédiée à l’éducation thérapeutique des adolescents diabétique, et une dernière portant sur l’élaboration d’un outil de dépistage des troubles de la déglutition chez les personnes âgées.

Quand la littérature rencontre le savoir infirmier : une approche novatrice pour renforcer l’apprentissage des fondamentaux disciplinaires.

Menée par Aurélie Demagny, infirmière en pratique avancée au CH de Valenciennes et enseignante doctorante, l’expérimentation reposait sur l’analyse par les ESI dès la première année de formation du roman Le Syndrome du Spaghetti, de Marie Vareille mobilisant la théorie de la transition de Meleis. Issue de la discipline infirmière, cette théorie permet de situer le passage d’un niveau de soin à un autre, dans la perspective d’un parcours plus global, et d’adapter la prise en charge en fonction de l’évolution des besoins. Les étudiants devaient ensuite présenter leurs travaux sous la forme d’une fiche de lecture. L'exercice a « représenté un défi » pour les ESI, mais ceux-ci ont toutefois pu établir « des liens pertinents entre les expériences de vie du personnage principal », atteint du syndrome de Marfan (maladie génétique, à transmission autosomique dominante, des tissus conjonctifs qui atteint l'ensemble des organes), « et les concepts clés » de la théorie de Meleis. Il a ainsi démontré que le recours à des médiums artistiques peut rendre plus concrètes les théories infirmières et constitue donc un levier d’apprentissage intéressant.

Et aussi...

Adolescents diabétiques : entre soignants et réseaux sociaux, quels outils pour une éducation qui les motive ? » Regard croisés avec les professionnels de santé.

Cette étude, réalisée par Monia Ben Slimane, professeur paramédical à l’Institut supérieur des sciences infirmières de Tunis (Tunisie), est partie d’un constat : le nombre d’adolescents atteints de diabète de type 1 est en hausse en Tunisie, nécessitant de développer de nouvelles approches en éducation thérapeutique. La professionnelle de santé analyse ici le recours aux réseaux sociaux afin d’en déterminer l’intérêt, à la fois pour les patients et les soignants qui les prennent en charge. S’appuyant sur un questionnaire de 30 questions, l’étude relève que la perception des réseaux sociaux diffère selon les deux groupes et que, surtout, ils ne constituent pas un lieu d’échange. Les soignants peinent à s’emparer de ces modes de communication, jugés peu fiables, tandis que les adolescents perçoivent plutôt ces derniers comme des espaces « de loisirs et de divertissement ». L’étude se conclut en préconisant d’intégrer les réseaux sociaux comme un outil éducatif, à condition qu’il soit encadré, et d’investir l’espace numérique « pour une éducation fiable et accessible ». « Il faut se rappeler que l’on ne soigne pas un adolescent comme un adulte miniature, mais qu’on l’accompagne selon ses codes, son rythme… et surtout, avec écoute. »

Validation d’un outil de dépistage des troubles de la déglutition pour les personnes âgées «DEGLUT’G»

« Souvent sous-estimés », les troubles de la déglutition « sont fréquents chez la personne âgée allant de 10 à 19% en hospitalisation. Véritable problème de santé publique, les conséquences sur la morbi-mortalité sont majeures », souligne Seendy BARTHOLET, gériatre au CHU de Martinique, dans l’affiche qui présente l’outil «DEGLUT’G», soit un arbre décisionnel qui doit contribuer au dépistage de ces troubles. Pour en évaluer l’intérêt, l’étude a inclus 40 patients de 75 ans et plus hospitalisés en unité de court séjour gériatrique. Si les soignants sont parvenus à des conclusions concordantes lors de la mobilisation de l’outil, « l’évaluation ORL reste indispensable pour dépister » ces troubles, annonce-t-elle en conclusion.

La présentation de ces trois affiches s’inscrivait dans un appel plus large à communication, incitant les professionnels de santé participant à l’événement – infirmiers, mais aussi médecins et sage-femmes – à partager leurs initiatives ou leurs recherches. Une dizaine de thèmes avaient été identifiés : enjeux de santé, formation, gestion et organisation, gouvernance et leadership, pratique infirmière avancée, promotion de la santé/santé publique, qualité et sécurité, santé environnementale, santé mentale, et transformation numérique.

*Qui s’est tenu du 2 au 5 juin à Lausanne, en Suisse