Cet article fait partie du dossier :
Revue Soins et La Revue De l'Infirmière
n° 769 - Octobre 2012
Avant-propos - Appréhender le temps
L’approche conceptuelle du temps procède d’un cumul de notions scientifiques et temporelles, toutes reliées les unes aux autres et rendant complexe son étude. Son apprentissage, la perception d’une durée, la prise de conscience d’une période et la capacité à se projeter dans un autre espace temps relèvent d’une multitude de connexions et de contraintes que le soignant doit connaître pour accompagner au mieux celui qui découvre, apprend et vit sa maladie au quotidien.
À l’hôpital, tout se passe souvent comme si les soignants n’avaient jamais le temps. Que serait “avoir le temps” dans une logique de prendre soin ? Il s’agit d’être disponible et concentré sur l’instant en évitant de penser à l’endroit où il faudra se trouver dans cinq minutes ou à ce qui reste encore à réaliser. En effet, est-il possible pour le soignant d’adopter une logique d’accompagnement de qualité quand il est davantage tourné vers une logique quantitative de quête du temps ? “Avoir” le temps serait ainsi “être” le temps, c’est-à-dire l’incarner, s’accordant le droit d’être présent et de donner de soi que ce soit avec le patient, la famille ou les collègues.
Le temps passe d’autant plus vite qu’il n’est jamais pleinement investi. Les missions de planification demandent aux soignants d’être à la fois dans l’organisation d’un quotidien, avec des tâches récurrentes, et dans l’imprévisibilité du jour, avec des événements subits. L’anticipation demande de la réactivité et le temps futur se pense dans le passé. Le présent, quant à lui, espère un futur meilleur.
Le temps est à la fois maladie et remède. Il se suffi t à lui-même pour exposer une problématique et en découvrir la solution. Il est nécessaire pour être, faire, dire et comprendre. Le temps de la formation et du choix des méthodes pédagogiques pour permettre à l’apprenant d’acquérir des connaissances et de les contextualiser est un gage de compétences.
L’infirmière doit aussi être capable de se transporter dans le temps et accepter de se trouver immergée dans une autre temporalité que la sienne : celle du patient qui vit la maladie et la perception de sa mort éventuelle, mais aussi celle de celui qui, dans la rencontre interculturelle, raconte son histoire de vie, sa migration, son exil parfois. Le temps du récit devient alors temps sacré et le soignant se doit de l’accueillir et de l’honorer à sa juste mesure. La mise en œuvre de l’alliance thérapeutique, de la confiance dans la relation de soins et d’une relation humaniste en dépend.
Au sommaire du dossier "Le temps dans les soins"
- Le temps psychologique, définition et enjeux Sylvie Droit-Volet
- La question du temps dans la rencontre transculturelle Gésine Sturm
- Temps, pédagogie et formation en soins infirmiers Myriam Héron
- L’éducation thérapeutique, le temps d’un autre prendre soin Stéphanie Maguéro
- L’annonce du diagnostic de cancer, temps du choc et de l’urgence Sophie Poujoulat
- La transplantation hépatique, une expérience temporelle spécifique Ilham Sabar, Gaël Berthelot, Colette Danet et al.
- L’accompagnement de la temporalité du patient cérébrolésé Hélène Samson, Ivana Belouin, Christel Coquereau
- La perception du temps en unité de soins palliatifs Pascale Tocheport, Valérie Tambouras, Alain Azemard
- Le temps des bénévoles et des patients en soins palliatifs Claude Cocozza
- Le temps dans le soin à domicile Lætitia Delaunay

Myriam HERON - Coordonnatrice du dossier
Revue SOINS n°769 - Octobre 2012
http://www.elsevier-masson.fr
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Commentaires (2)
binoute1
628 commentaires
#2
mais bien sur...
"Le temps passe d’autant plus vite qu’il n’est jamais pleinement investi".
donc si les soignants se plaignent qu'ils n'ont pas le temps, c'est parce qu'ils ne savent pas s'organiser ???
Utilisateur supprimé
494 commentaires
#1
HUM...
[...À l’hôpital, tout se passe souvent comme si les soignants n’avaient jamais le temps...]
:)
Bref, encore du blablabla de cadre qui laisse supposer que l’IDE a du temps ("comme si") et qu’il l’occupe à de moins nobles besognes que celles suggérées dans ce pathétique pamphlet.
Tout cadre que vous êtes, citer et intellectualiser ne suffit pas… encore faut il argumenter.
Et les cadres, à quoi dont pourraient ils/elles occuper le temps qu’ils/elles ne passent pas au service des patients à charge y compris dans le lien structure/ville ?
[... L’infirmière doit aussi être capable de se transporter dans le temps...]
:)
Encore une nostalgique de star trek...
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