Fondée en 2005, l’association Tout le monde contre le cancer s’est donnée pour mission de déployer des actions dans les hôpitaux auprès des personnes atteintes de cancer, de leur famille et des soignants qui les prennent en charge. Avec un objectif : leur offrir des parenthèses de détente ou de bien-être qui les éloignent un peu de leur quotidien et de la maladie. Et c'est dans cette lancée qu'elle est intervenue dans le service de soins médicaux et de réadaptation (SMR) enfant des Hôpitaux Paris Est Val-de-Marne, à Saint-Maurice (Val-de-Marne). Elle y a organisé trois sessions – deux à destination des soignants et une pour les parents – de sa formation « Même pas mal ». Conçue par les référents de l’association présents dans les établissements et par des professionnels de santé dans le cadre de séminaires, celle-ci repose sur un concept simple : pour éviter que les enfants ne gardent un souvenir traumatisant des soins douloureux, le mieux est encore de détourner simplement leur attention.
Une « boîte à malices »
Le temps d’une heure, les soignants découvrent d’abord une panoplie d’objets sensoriels, rangés dans « une boîte à malice » : baguette magique qui s’illumine, boules réfléchissantes, bâton de pluie, veilleuses ou encore balles à picot… « On pense à tous les sens des enfants », explique Céline, cheffe de projet au sein de l’association, qui précise que tous les objets ont été pensés en commun avec les professionnels de santé. Tous, rappelle-t-elle, utilise déjà des objets pour « adoucir le quotidien des enfants » qu’ils prennent en charge. Chaque participant est donc invité à choisir un ou deux objets et à évoquer l’usage qu’il pourrait en faire lors de la réalisation d’un soin douloureux.
Des « massages magiques »
Vient ensuite un second temps : celui des « massages magiques ». Ceux-ci ont été imaginés avec la Fondation La Roche-Posay, partenaire de l’association, dans une même idée de détourner l’attention de l’enfant. Chaque massage, au nom évocateur du monde animal telles ces « pattes de chat » à pratiquer en douceur sur les épaules, se décline par une petite carte. En plus d’être illustrée en accord avec le nom du massage, celle-ci explique le geste à faire et précise également les contrindications. Enfin, un QR Code permet d’avoir accès à de petites histoires racontées par des personnalités. Pour les soignants participant à la formation, essayer ces massages constitue un vrai moment de détente, de lâcher prise, qui leur permet de faire jaillir quelques rires.
Échange de bonnes pratiques et moment d'apaisement
Pour ces professionnels de santé, l’intérêt de la formation est double. D’une part, « ils sont ravis d’avoir des outils qu’ils vont pouvoir utiliser auprès des enfants », observe Véronique, socio-esthéticienne et praticienne massages bien-être qui intervient en tant que formatrice. Et d’autre part, ils ont pu profiter d’un moment d’échange de bonnes pratiques, chose rare dans un quotidien rythmé par les soins donnés aux enfants. « Ils ont parlé d’un sujet qui est très important dans leur quotidien et sur lequel ils ne prennent pas toujours le temps de se poser », note Céline. « Ça m’a bien aidé, de voir tout ce qu’il peut y avoir au niveau de la distraction, autre que ce qu’on apportait déjà », confirme ainsi Sophie, infirmière en service de rééducation chez les moyens et petits. Aurélie, qui intervient dans le même service, mais auprès des adolescents, note l’intérêt de ces objets et massages pour adoucir la séparation avec les parents, qui peut parfois être source d’angoisse. « Ils sont aussi contents d’avoir vécu ce moment d’apaisement. S’ils ont vécu ce moment d’apaisement, c’est qu’ils ont découvert que ces massages, ces objets de distraction peuvent aussi soulager, détendre l’enfant », continue Véronique.
Une formation et des objets sensoriels au profit des enfants
Chaque année, l'association Tout le monde contre le cancer propose à ses référents présents dans les hôpitaux un formulaire qui liste l'ensemble de ses actions. Et c'est par ce formulaire qu'ils peuvent faire le choix de la faire intervenir. En 2025, ils sont ainsi 35 à lui avoir demandé d'organiser l'action « Même pas mal» dans leurs locaux. Deux lots de ces objets sensoriels, rangés dans des meubles à tiroirs transparents et accompagnés d’un petit classeur qui les liste tous, sont par ailleurs offerts aux hôpitaux. Ce don, en partie financé par la fondation La Roche-Posay, répond à un besoin exprimé par les professionnels, mais aussi par les parents, d'équiper les établissements en objets de ce type. De quoi donc permettre aux soignants de « mettre tout ça au profit des enfants », conclut Stella, infirmière en hôpital de jour auprès des enfants polyhandicapés.