ENQUÊTE

Les soignants français se sentent moins "considérés" que les autres soignants européens

Publié le 09/04/2025

Une étude Ipsos démontre qu'une majorité de professionnels de santé européens expriment un sentiment de considération  en rapport avec le métier qu'ils exercent, tout en pointant le manque de moyens permanent et une approche "consumériste" de la santé.

staff, hôpital, réunion

Crédit photo : BURGER / PHANIE

L’étude, réalisée par Ipsos pour le groupe Clariane* et publiée le 7 avril 2025 à l’occasion de la Journée mondiale de la santé (voir encadré), démontre ainsi que les soignants des quatre pays européens pris en compte (Allemagne, Espagne, France et Italie) s’estiment en majorité reconnus pour leur travail. Ils sont 66% à déclarer se sentir « considérés », même s’il existe des disparités entre les professions visées. Les médecins sont ceux qui jugent l’être le plus, à 84%, quand seulement un peu plus de la moitié des aides-soignants (56%) exprime le même sentiment. Les infirmiers, eux, sont 60% à le penser. A noter que cette impression est aussi moins forte en France, où elle plafonne à 59%, que dans les trois autres pays européens, loin derrière l’Italie où elle atteint les 76%.

graphique sentiment de considération par profession
Graphique qui représente le sentiment de considération éprouvé en fonction de la profession © Ipsos

Des variations importantes se manifestent également en fonction de la nature des interlocuteurs qui expriment leur reconnaissance. L’entourage proche apparaît ainsi comme le vecteur principal de considération, puisqu’il est mis en avant par 85% des professionnels de santé interrogés, suivi par les patients, à 83%. À l’autre bout du spectre, on trouve les responsables politiques, à 34%, juste derrière les médias (49%).

Des soignants globalement satisfaits de leur métier

Pour expliquer ce sentiment de considération, les professionnels de santé avancent plusieurs explications, à commencer par… la pénurie de soignants (43%), qui permet selon eux de comprendre leur rôle essentiel pour la société. Sont également mentionnées une plus grande sensibilisation du public « aux défis et aux conditions de travail des soignants » (38%), la reconnaissance du rôle « crucial » des professionnels de santé durant la crise sanitaire (37%), ou encore la mise en place de médiateurs pour accompagner patients et familles tout au long du parcours de soin (18%).

Au total, près de 8 professionnels de santé sur 10 se déclarent donc satisfaits de leur métier actuel. Chez les infirmiers, ils sont ainsi 74% à exprimer ce sentiment, contre toutefois 86% pour les médecins ou 75% pour les aides-soignants. Parallèlement, une courte majorité de répondants (57%) conseilleraient aux jeunes générations d’exercer leur profession ; une part qui descend à 52% chez les infirmiers. Un chiffe qui fait donc écho à celui qu’avançait la Fédération hospitalière de France (FHF) en mai 2023, dans une enquête concluant que si les infirmiers hospitaliers sont fiers de leur métier, la moitié déconseillerait de l’embrasser.

Le manque de moyens et de temps nuit au sentiment de considération

Pour autant, « pour 1 soignant européen sur 2, le sentiment de considération s’est toutefois détérioré depuis 5 ans », constate l’étude. En France,où cette impression est la plus forte, c'est le cas de 58% des répondants. Cette dégradation s’explique notamment par le manque de moyens, de temps et de personnel pour écouter les patients (51%), l’approche « consumériste » de la santé (45%) ou encore les attentes des patients, « influencées par les informations trouvées sur internet » (34%). À l’arrivée, un soignant sur 5 envisage de changer de voie. Les trois quarts d’entre eux choisiraient toutefois de poursuivre dans le santé, démontrant ainsi un fort attachement au secteur.

Enfin, interrogés sur les mesures à prendre pour améliorer le sentiment de considération, les professionnels de santé interrogés citent pêle-mêle créer une campagne de communication mettant en valeur le quotidien des soignants et leur rôle dans la société, organiser des interventions dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes à ces métiers, proposer des formations régulières sur l’écoute active, ou encore « mettre en place un système de mentorat entre soignants expérimentés et juniors ».

Un échantillon également réparti sur 4 pays
L’enquête a été réalisée du 10 janvier au 6 février 2025, auprès d’un échantillon de 1 602 soignants, dont :
- 400 médecins
- 402 infirmiers
- 401 aides-soignants
- Et 399 paramédicaux et autres professions médicales et paramédicales (dont soins de support).

Accéder à l'enquête

*Clariane est un groupe européen spécialisé dans les services de santé et de soins de longue durée, qui possède 277 établissements de santé en Europe.

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com