SANTÉ MONDIALE

Sortie des USA de l’OMS : le CII alerte sur l'urgence d'investir dans les soins infirmiers

Publié le 17/02/2025

Face à l'annonce de la sortie des États-Unis de l'Organisation mondiale de la santé et à ses conséquences sur les populations, notamment les plus vulnérables, le Conseil international des infirmières (CII) rappelle l'absolue nécessité d'investir dans la profession infirmière, première garante de l'accès aux soins.

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Pour les acteurs de la santé mondiale, c’est un coup de tonnerre dont les impacts négatifs ne se sont pas fait attendre : quelques heures seulement après son investiture, Donald Trump, le président des États-Unis, signait un décret annonçant la sortie du pays de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une initiative qui bouleverse l’organisation des soins dans le monde, et pourrait notamment mettre un frein aux programmes visant le développement des soins infirmiers et d’accès aux soins. Dans un communiqué, le Conseil international des infirmières (CII) avertit que « le retrait des États-Unis de l'OMS avait déjà mis un terme à certains services dirigés par des infirmières, notamment les programmes de vaccination et les soins aux personnes atteintes du VIH/SIDA ».

Si ce retrait ne doit être effectif que dans six mois ou un an, ses conséquences sont, elles, très claires. L’OMS perd en effet un de ses plus gros financeurs (à hauteur de 20% de son budget annuel) ainsi que l’ensemble des experts états-uniens placés au sein de son institution. « Depuis plus de 70 ans, l’OMS et les États-Unis ont sauvé un nombre incalculable de vies et protègent la population américaine comme le reste de la population mondiale face aux menaces sanitaires », réagissait l’OMS dans un communiqué le 21 janvier, citant en exemple la lutte contre la variole et la poliomyélite. Lutte contre le VIH, la tuberculose ou la malaria, développement de la santé maternelle et infantile ou encore prévention et gestion des épidémies… ce sont des millions de vies qui pourraient être menacées par ce retrait.

Un retrait aux lourdes conséquences pour la santé mondiale

Dans ce contexte, « il est impératif d'accélérer nos efforts pour assurer un financement mondial durable et équitable de la santé », martèle Pamela Cipriano, la présidente du CII, citée dans le communiqué de l’organisation. « Sans un investissement soutenu dans les soins infirmiers et la santé, nous ne serons pas en mesure d'atteindre nos objectifs mondiaux communs pour garantir que chacun, partout dans le monde, puisse accéder aux soins dont il a besoin. »

À ce retrait, vient s’ajouter le démantèlement de l’USAID (pour United States Agency for International Development, en anglais), l’agence américaine pour le développement international. Celui-ci a « aggravé la vulnérabilité de milliers de personnes qui dépendent de programmes fournissant des soins humanitaires et de santé de base. » Ainsi, en Afrique du Sud, pays qui compte l’un des taux les plus élevé de personnes séropositives (14%) et parmi les principaux bénéficiaires du Pepfar (pour President’s Emergency Plan for AIDS Relief – « Plan d’urgence présidentiel de lutte contre le sida »), les dispensaires et autres centres de lutte contre le sida ont dû fermer, laissant des milliers de patients sans traitement. « N'oublions pas que des centaines d'infirmières dans les pays mettent en œuvre des programmes de santé publique pour les personnes atteintes du VIH et du SIDA, qui viennent d'être interrompus parce que l'argent a été coupé. Nos pensées vont à ces collègues. Nous craignons que cela ne rende encore plus difficile la réalisation des objectifs de développement durable et de la couverture sanitaire universelle », s’émeut de son côté Howard Catton, directeur général du CII.

Le rôle des infirmiers reconnus mais toujours en manque d'investissements

Le retrait des États-Unis a une autre conséquence pour les infirmiers : la nécessité pour les États membres de l’OMS de redéfinir leurs priorités de financement, et ce alors que la contribution des infirmiers aux systèmes de santé (développement des soins, amélioration de l’accès aux soins, lutte contre les maladies non transmissibles…) est de plus en plus reconnue. « Les soins infirmiers ont figuré en bonne place à l'ordre du jour des sessions du Conseil exécutif de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) de cette année à Genève, avec des discussions clés sur l'extension des Orientations stratégiques mondiales pour les soins infirmiers et obstétricaux* », se félicite ainsi le CII. Mais encore faut-il que cette reconnaissance s’accompagne des investissements adéquats. « Pour atteindre nos objectifs de couverture sanitaire universelle, nous devons veiller à ce que les soins de santé soient à la fois accessibles et abordables », s’inquiète également Pamela Cipriano, soulignant que les coûts élevés de la santé laissent sur le carreau des millions de personnes. Des patients sont ainsi contraints de choisir entre besoins vitaux et besoins fondamentaux, négligeant leur santé. Face à eux, les infirmiers travaillent souvent en sous effectifs, notamment dans les pays les plus pauvres. « À la lumière de la décision des États-Unis, le travail du CII pour plaider en faveur des infirmières et de la santé est plus important que jamais », conclut l’organisation.

*Ces orientations, qui s’étendent de 2021 à 2025, prévoient 12 priorités politiques pour aider les pays à faire en sorte que le personnel infirmier et obstétrical contribue au mieux à la réalisation de la couverture sanitaire universelle et des autres objectifs concernant la santé des populations.

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com