Au travers de son histoire personnelle, Marie Pezé, dans son ouvrage « Je suis debout bien que blessée », aborde la question de la souffrance au travail.
La souffrance au travail vue et vécue par une psychanalyste...
Le livre « Je suis debout bien que blessée », de Marie Pezé, docteur en psychologie, psychanalyste et psychosomaticienne apporte un éclairage intéressant sur le burn-out. L'auteure, à partir de son histoire personnelle, explique en effet comment elle en est arrivée à être en souffrance au travail. Bien entendu, les cas qu'elle rencontre durant son exercice quotidien ne sont pas étrangers à sa descente aux enfers, mais ils ne sont qu'un élément d'une équation complexe.
Au fil des pages, l'auteure inspecte son passé, en quête de ce qui l'a conduite à devenir psychanalyste. Resurgissent alors des événements traumatisants, issus de son enfance. Marie réalise très vite que le choix d'exercer sa profession est avant tout un moyen de lutter contre ses traumatismes, mais aussi une façon d'être utile au monde.
Atténuer la douleur
Jour après jour, Marie tente d'apaiser la douleur de ses patients. Elle s'occupe en effet de patients victimes d'accidents du travail ayant subi une opération chirurgicale de la main. L'auteure raconte ainsi : Les accidents du travail ont-ils changé de nature ? Les chirurgiens m'adressent désormais des patients qui décrivent de nouvelles douleurs, et tous avec les mêmes images : sensations de brûlure, coups de poignard, décharges électriques. Ils ne s'en sortent pas, et, au fil des mois, s'enfoncent dans des dépressions graves. Ni hystériques, ni psychosomatiques, ces patients me posent une colle. L'hypothèse de douleurs d'origine psychologiques ne tient pas. Ils sont littéralement engloutis par la douleur. A cette époque, la médecine considère la douleur comme un signal d'alarme. Elle doit correspondre à un dommage visible. Lorsque la preuve médicale manque, les chirurgiens m'adressent les patients.
Marie Pezé, qui à la suite d'une intervention chirurgicale est hantée par une douleur chronique, devient psychologue du travail et ouvre ensuite sa consultation « Souffrance et travail » et découvre des salariés en réelle souffrance. La nuit, ils rêvent de couloirs où les épaules coincées, ils en sont rendus à attendre la boule blanche qui arrive de l'horizon et va les décapiter. Je n'ai vu de tels symptômes que chez les accidentés du travail qui étaient tombés d'un échafaudage et se retrouvaient mutilés. Voir de tels ravages chez les jeunes femmes cadres de La Défense, les caissières du supermarché du coin, les agents municipaux, me laisse sidérée moi aussi
, explique-t-elle. De patients en patients, d'obstacles en obstacles, Marie finit par lâcher prise... Pour mieux rebondir ?
• PEZÉ Marie, « Je suis debout bien que blessée » - Les racines de la souffrance au travail, Éditions Josette Lyon, mars 2014, 171 pages, 16€
Aurélie TRENTESSE Rédactrice Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com
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