La pénurie de professionnels de Santé, en France mais aussi dans l’ensemble des pays dits développés, n’est plus à démontrer, la presse généraliste faisant ses choux gras à propos des déserts médicaux ou des ratios patients/soignants. Dans ce contexte, les médecins, ainsi que les personnels infirmiers et médico-techniques sont les catégories les plus impactées. Mais un autre corps de métier est également touché : les cadres de santé.
Une baisse notable des effectifs encadrants

Car les métiers du management hospitalier deviennent eux aussi les parents pauvres du système de Santé. On ne compte plus, en effet, les missions de faisant fonction de cadre dans les hôpitaux, surtout au sein des grandes structures, ni les postes de cadre qui ont un nombre de paramédicaux trop important à gérer. Sans parler du corps des directeurs de soins, qui connaît une situation encore bien pire, avec une crise des vocations amplifiée sans doute par l’obligation de s’exiler durant une année à l’EHESP de Rennes pour suivre et valider la formation dédiée à cette fonction.
Toute personne, qui a passé ne serait-ce que quelques jours dans un service hospitalier, ne peut pas ne pas se rendre compte que le service fonctionne, bien sûr grâce aux soignants et aux médecins, mais aussi en grande partie grâce à l'organisation et l'encadrement.
La pénurie de managers de santé n’a donc pas trouvé l’audience qu’elle mériterait. C’est la raison pour laquelle le Pr Gabriel Steg, chef du service de cardiologie à l’hôpital Bichat (AP-HP) a souhaité s’exprimer sur le sujet sur la plateforme scientifique Medscape. Il y publie une vidéo dans laquelle il exprime son inquiétude quant à l’évolution de la démographie des managers de santé et alerte sur les dangers que peuvent encourir les patients hospitalisés si l’organisation des services de soins n’est pas assurée de manière qualitative.
Les cadres de santé, « une cheville ouvrière fondamentale du fonctionnement des services hospitaliers »
« Toute personne, qui a passé ne serait-ce que quelques jours dans un service hospitalier, ne peut pas ne pas se rendre compte que le service fonctionne, bien sûr grâce aux soignants et aux médecins, mais aussi en grande partie grâce à l'organisation et l'encadrement que fournissent les cadres de santé qui sont une cheville ouvrière fondamentale du fonctionnement des services hospitaliers », annonce-t-il en préambule. Il explique la pénurie de ces encadrants notamment par les responsabilités importantes qui leur incombent et par une inadéquation entre leur niveau de rémunération et les responsabilités qui sont les leurs. « Et même souvent, les cadres de santé peuvent se trouver dans des situations où ils vont avoir des revenus inférieurs à ceux des infirmiers et des infirmières qu'ils encadrent », ajoute-t-il.
Une tâche aveugle dans le paysage mental des décideurs institutionnels
Le Pr Steg parle d’une tâche aveugle dans le paysage mental des décideurs institutionnels et engage les pouvoirs publics à prendre la mesure de la pénurie de cadres. L’évolution des besoins des populations, qui engendrent des parcours de soins souvent complexes, tant en termes qualitatifs que quantitatifs, doit être suivie par la montée en puissance des managers de Santé. Certains IFCS peinent aujourd’hui à remplir leurs salles de cours. Il est urgent d’inverser la tendance.
Retrouvez ici la vidéo et l'intégralité des propos du Pr Gabriel Steg