En voie de développement dans les établissements de santé et médico-sociaux, l'écoconception des soins nécessite de repenser le soin dans sa globalité. Cette approche, comme l'a rappelé lors d'un salon virtuel organisé le 16 octobre Fanny Auger de l'agence de conseil en RSE et développement durable Primum non nocere,"prend en considération les aspects environnementaux lors du processus de conception et de développement dans le but de réduire les impacts environnementaux négatifs tout au long du cycle de vie d'un système". Et, par définition, l'établissement souhaitant se pencher sur la question doit y consacrer du temps et des ressources.
Plateforme Osmose
La mise en place repose sur une analyse des besoins, du matériel utilisé et des pratiques. Or, a souligné Titouan Pinto, chef de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) à l'Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH), les établissements de santé et médico-sociaux sont confrontés à deux contraintes : celle de ne pas être des spécialistes de l'analyse de cycle de vie (ACV) et de ne pas avoir de temps dédié sur la collecte de données sur laquelle repose l'ACV et donc l'écoconception des soins.
Pour y remédier, l'ANFH, avec Primum non nocere, a décidé de mettre en place une plateforme numérique à destination des établissements qu'ils soient privés ou publics pour les épauler dans leur démarche d'écoconception des soins. Elle s'appuie notamment sur la soixantaine d'ACV, la modélisation de trente à cent dispositifs médicaux ainsi que sur une quinzaine d'actions d'écoconception. Appelée Osmose, pour outil de suivi et de mesure pour l'optimisation des soins vers l'écoconception, elle ne s'arrête pas qu'au volet développement durable, a insisté Titouan Pinto, mais "étudie sur les différents impacts", avec en toile de fond la norme Iso 14001.
Des préconisations classées en fonction de l'impact global du soin
Concrètement, le soignant va pouvoir renseigner sur un soin les différentes étapes conduites dans son établissement, ainsi que les dispositifs médicaux, médicaments et consommables utilisés. Pour résumer, le soin sera décortiqué pour permettre une évaluation. Un scoring sera ensuite proposé et les impacts de toutes les étapes mentionnées. Osmose formulera alors des préconisations "et non des obligations" pour tendre vers des soins plus écoconçus, a expliqué Zélie Charuel, chargée de l'innovation écoconception à Primum non nocere. "L'établissement peut alors piocher dans ces préconisations", l'idée étant que chaque fois cela s'adapte à ses besoins. Il pourra comparer le soin initial et final sous le prisme de l'écoconception. Les préconisations sont classées en fonction de l'impact global de l'acte de soin, a souligné Titouan Pinto. Elles seront ainsi mises à jour régulièrement et l'ANFH pourra les challenger afin de rester au plus près du terrain et des évolutions liées à l'écoconception des soins, une notion en mouvement.
Une phase de tests va être lancée en novembre 2025 dans des établissements pilotes et Osmose devrait être disponible à titre gratuit en mars 2026.
