«On voulait faire un film qui est comme une expérience physique», explique Petra Volpe, dont le film montre la lente dégradation de l'état d'esprit d'une infirmière hospitalière surmenée.
De mettre ainsi le spectateur «dans les souliers» de Floria, cette héroïne en souffrance, la réalisatrice, qui a elle-même vécu avec une infirmière, espérait faire ressentir la réalité de terrain de cette profession, encore très soumise aux clichés. «Aujourd'hui, les gens ont une vision assez simpliste de ce qu'est ce métier : dans les médias, on voit les infirmières toujours en arrière-plan, elles tombent amoureuses du docteur...», détaille la réalisatrice. Pourtant, ces professionnelles sont au plus proche du patient. «On voulait donc vraiment faire un portrait très réaliste de ce travail». Le long-métrage montre finement comment, peu à peu, l'infirmière doit trouver en elle la ressource de se dédoubler, de se montrer patiente, avec une vieille dame, avec un patient odieux, avec les proches inquiets, le film montre comment elle doit aussi assurer les soins techniques en urgence, palier le manque d'effectifs, ou gérer son propre stress quand celui-ci retombe brutalement sur ses collègues.
Découvrez notre interview de la réalisatrice du film >>
Dans chaque chambre, un autre monde qui s'ouvre
«L'aspect humain de ce travail, je voulais aussi le montrer dans toutes ses facettes», explique Petra Volpe. Avec chaque patient, l'infirmière noue une nouvelle relation, elle doit trouver du temps pour discuter, échanger, rassurer, répondre aux questions. «Ça m'a fascinée quand j'ai fait mes recherches car j'ai réalisé à quel point dans chaque chambre, il s'agit d'un autre monde». Le film est donc aussi une manière «de montrer et de célébrer», au-delà de la technicité du travail, l'importance cruciale «des gestes et des rapports humains», un aspect difficilement «mesurable» et pourtant essentiel.
Lors de la préparation de son long-métrage, la réalisatrice a d'ailleurs mené de très nombreuses interviews avec des infirmières pour mieux comprendre la relation au patient, pour cerner les enjeux du métier. Elle s'est aussi rendue dans plusieurs hôpitaux pour observer le rythme du travail, le vocabulaire des professionnelles entre elles, etc.
Un film comme "un cri de guerre"
Lorsqu'elle a dirigé son actrice principale, la réalisatrice voulait que le spectateur perçoive la motivation de l'infirmière. «Elle n'a pas un problème avec son travail, qu'elle aime, ce n'est pas non plus un problème d'ordre psychologique, mais c'est une course contre le temps. C'est le drame à la fois simple et profond que vivent les infirmières qui ne peuvent pas se dédoubler». Lorsque j'ai fait mes recherches, j'ai rencontré beaucoup de femmes super motivées, ce n'est pas un problème de motivation, mais bien un problème de système. Le film est aussi «un cri de guerre», assure Petra Volpe qui espère du moins, changer la perpective des gens.
"En première ligne" de Petra Volpe, avec Leonie Benesch, Sonja Riesen, Selma Adin, sur les écrans le 27 août 2025.