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Escarres du sujet âgé hospitalisé : quel coût, quels moyens ?

Publié le 08/12/2011
VAC Therapy

VAC Therapy

Coût de prise en charge des escarres

Coût de prise en charge des escarres

statistiques prise en charge des patients escarres

statistiques prise en charge des patients escarres

Les dépenses de santé liées à la cicatrisation des plaies complexes sont élevées. Le poids économique et social ira en augmentant du fait du vieillissement de la population : nous passerons de 8.000 centenaires en 2000 à 21.300 en 2020. Cette augmentation de l'espérance de vie entraînera donc une augmentation de la population affectée. Or, aujourd'hui,  il est possible de mieux soigner les plaies complexes en dépensant moins. Une étude réalisée à l'hôpital René Muret (93) sur la prise en charge des escarres du sujet âgé hospitalisé présentée le 29 novembre 2011 à l'occasion de la première Rencontre : « Plaies complexes, stratégies de prise en charge dans sa dimension médicale, soignante et économique » organisée à Paris en témoigne.

L'escarre, est une pathologie courante en milieu hospitalier et la prévention et le traitement des escarres sont une préoccupation majeure, tant leurs conséquences peuvent être importantes, aussi bien pour les patients (risque d'augmentation de la durée de séjour, du risque infectieux, du risque chirurgical, de la douleur physique et physiologique) que pour les établissements de santé (en terme de mobilisation de ressources humaines et financières).

L'amélioration de la prise en charge des escarres constitue donc un enjeu majeur de santé publique. Depuis une quinzaine d'année, la prise en charge des plaies aiguës et chroniques par pression négative (TPN) est représentée en France par la V.A.C.® Therapy, considérée comme la technique de référence. Cette dernière à fait par ailleurs l'objet de nombreuses publications, qui ont permis d'établir son efficacité, dans le cadre d'une utilisation en traitement de plaies aiguës et chroniques. L'intérêt de la V.A.C.® Therapy a par ailleurs été confirmé par une large utilisation en pratique quotidienne. Son intérêt clinique dans le traitement des plaies chroniques a été validé en deuxième intention par la Haute autorité de santé (HAS) dans son rapport sur le traitement des plaies par pression négative (TPN) (mars 2010).

Rappelons que les systèmes de traitement des plaies par pression négative (TPN) sont des adjuvants de la cicatrisation de certaines plaies chirurgicales à haut risque de complications ou de certaines plaies chroniques ne cicatrisant pas en première intention. Ils sont utilisés jusqu’à obtention d’un tissu de granulation ou de conditions suffisantes pour un geste chirurgical. Le TPN consiste à placer la surface d’une plaie sous une pression inférieure à la pression atmosphérique ambiante. Pour cela, un pansement spécialement réalisé est raccordé à une source de dépression et à un système de recueil des exsudats.

Une étude rétrospective à l'hôpital René Muret

L’hôpital René Muret est confronté depuis de longues années au traitement des plaies complexes chez les personnes âgées. Ces pathologies représentent un véritable enjeu de santé publique de par leur prévalence importante et leurs conséquences socio-économiques pour l’hôpital et pour les personnes hospitalisées. Le traitement des plaies par Pression Négative (TPN), et en particulier la V.A.C.® Therapy, est utilisé régulièrement avec succès à l’hôpital René Muret. L'intérêt thérapeutique de cette thérapeutique fait l'objet d'une première enquête à l'Hôpital René Muret. Il restait néanmoins à évaluer les conditions économiques de la diffusion de cette technologie, par comparaison aux traitements classiques.

L’hôpital René Muret a donc souhaité réaliser une étude pilote rétrospective intitulée « Evaluation médico-économique de la prise en charge des escarres du sujet âgé hospitalisé » et le Laboratoire KCI Médical a apporté sa contribution dans la définition de la stratégie de cette étude et l’analyse des données.

L'objectif était d'estimer et de comparer les ressources utilisées pour la prise en charge de plaies complexes (escarres) chez des patients âgés aux comorbidités multiples.

En terme de méthodologie, les données ont été recueillies à partir des éléments figurant dans le dossier médical des patients sur une période rétrospective de 3 ans.

Deux groupes ont été constitués :

  • patients sous V.A.C.® Therapy avec ou sans pansements traditionnels ;
  • patients bénéficiant uniquement de pansements traditionnels (groupe témoin)

Quelle typologie des données recueillies :

  • caractéristiques des patients (âge, sexe, facteurs de risque...) ;
  • caractéristiques de la plaie (stade, infection...) ;
  • filière avale de prise en charge ;
  • durée d’hospitalisation dans le service ;
  • durée jusqu’à l’obtention du tissu de bourgeonnement ;
  • durée de traitement ;
  • modalités de traitement : pansements traditionnels seuls versus V.A.C.® Therapy +/- pansements traditionnels ;
  • ressources consommées (interventions infirmières, médicaments et dispositifs médicaux).

Les caractéristiques des patients

Il n’a pas été constaté de différences significatives entre les groupes concernant l’âge et le sexe des patients inclus dans l’étude, ainsi qu’au niveau de leurs comorbidités (obésité, diabète, dénutrition…) et des caractéristiques de leurs escarres (localisation, chronicité…).

Évaluation médico-économique

Les ressources consommées ont été valorisées en adoptant le point de vue de l’hôpital, selon une approche dite de « microcosting », avec les bases de calculs suivantes : prix de journée moyen réel issu de la comptabilité analytique de l’établissement, coût horaire moyen du personnel hospitalier en vigueur au sein de l’hôpital, consommables (pansements, dispositifs médicaux, médicaments…) sur la base du prix d’achat pour l’hôpital.

Le critère de jugement retenu était la durée jusqu’à obtention du bourgeonnement de la plaie.

« On estime à 3,35 milliards d'euros par an le coût total de la prise en charge des escarres en France. »

Éléments de réflexion

Le faible nombre de patients de cette étude ne peut que nous amener à être très prudents et l’interprétation des résultats devra être confirmée par une étude prospective de taille plus importante. Des difficultés méthodologiques liées au recueil rétrospectif des données ont également été rencontrées.

A noter un premier enseignement de cette étude, à savoir le faible pourcentage d’utilisation de la V.A.C.® Therapy en première ligne (20 %) contre 80 % en seconde ligne en cohérence avec les actuelles recommandations générales de la Haute Autorité de Santé sur l’utilisation du Traitement des plaies par Pression Négative (2010).

Pour les patients sous V.A.C.® Therapy en 2ème intention, la priorité est la prise en charge prioritaire des différentes comorbidités. Le traitement de la plaie n’influe pas sur la durée d’hospitalisation de ces patients, et le traitement des escarres demande plus de soins et de temps.

En conclusion

Le groupe de patients traité par V.A.C.® Therapy en première intention montre des durées de séjour, des durées de traitement et des durées d'obtention du tissu de granulation plus faibles que pour le groupe de patients traités par V.A.C.® Therapy en seconde intention. La première priorité pour les patients traités en première intention est la prise en charge de leurs escarres et une sortie rapide de l'hopital. Pour les patients sous V.A.C.® Therapy en 2ème intention, la priorité est la prise en charge prioritaire des différentes comorbidités. Le traitement de la plaie n’influe pas sur la durée d’hospitalisation de ces patients, et le traitement des escarres demande plus de soins et de temps.

La V.A.C.® Therapy en première intention a permis une cicatrisation plus rapide des escarres, ce qui peut avoir un effet sur la durée moyenne de séjour et entraîner un poids économique global plus faible pour l’institution. Enfin, il est à noter la faible proportion des coûts liés aux consommables et au personnel médical dans l'ensemble des coûts asscociés à la V.A.C.® Therapy, ces derniers représentant plus de 95 % des coûts considérés dans cette étude. Ces résultats devront être confirmés par une étude prospective, multicentrique sur un échantillon de patients plus important.

• 1ère Rencontre : « Plaies complexes, stratégies de prise en charge dans sa dimension médicale, soignante et économique », Journée scientifique organisée par KCI Médical le 29 novembre 2011, Hôtel Scipion, Paris. Communication «Evaluation médico-économique de la prise en charge des escarres du sujet âgé hospitalisé », M. Tandia, F. Le Magny, R. Ratiney, G. Sebbane, Hôpital René Muret, Hôpitaux Universitaires Paris Seine-Saint-Denis (93).

Docteur Robert RATINEY Chef de service de Pharmacie, Hôpital René Muret Hôpitaux Universitaires Paris Seine-Saint-Denis (93)


Source : infirmiers.com