Quelles innovations en plaies et cicatrisations pour 2016 ? Petit tour d’horizon des nouveautés en matière de soins de plaies cette année, proposé par l’infirmière Isabelle Fromantin, spécialiste des plaies à l’Institut Curie. Merci à Avenir et Santé, le magazine de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) pour le partage de cet article.
Isabelle Fromantin est infirmière spécialiste des plaies à l'Institut Curie. Elle en dit plus sur les nouveautés en matière de soins de plaies.
Il y a assez peu de nouveautés en matière de pansements cette année
, déplore Isabelle Fromantin, infirmière au sein de l’Institut Curie et Docteur en Science et ingénierie. C’était également le cas les années précédentes. Le fait, pour les innovations, de devoir entrer dans une catégorie de pansements ou de s’inscrire en nom de marque pour être inscrite à la LPPR, limite leur nombre
, précise-t-elle. Néanmoins, certaines ont vu le jour et pourront être utilisées par les IDEL. Parmi elles : RespoSorb Silicone®, proposé par Hartmann et inscrit à la LPPR, est un mélange de polyacrylate et de cellulose : il se compose d’une compresse absorbante et d’une interface en silicone et est utilisable comme pansement primaire et secondaire absorbant
, détaille Isabelle Fromantin. Autre nouveauté : le Mepilex® XT, un pansement hydrocellulaire microadhérent silliconé avec canaux de drainage pour les plaies chroniques, plus absorbant et drainant que le Mepilex® "normal", fabriqué par le laboratoire Molnlycke
, souligne l’infirmière. Le Mepitel® Film, du même fabriquant, inscrit à la LPPR, voit quant à lui ses indications élargies : outre les cas de traitements par pression négative, il peut désormais être utilisé comme pansement secondaire au-dessus de crèmes, pommades et gels, pour la protection des peaux fragiles et pour la prévention des réactions cutanées radio-induites.
Une réforme de la nomenclature
Attention à la réforme de la nomenclature : Un changement est à noter en 2016, non pas d’un point de vue technique mais du point de vue de la nomenclature : les hydrocellulaires sont désormais répartis en trois classes, selon leur type d’absorption (peu absorbant, moyen et super absorbant) et leur adhésivité, avec un tarif qui leur est propre.
Pression négative et électrostimulation
En matière de traitement par pression négative, justement, les pansements Pico® de Smith&Nephew, qui existent depuis 2 ans mais étaient très discrets au départ, voient leurs utilisations et indications s’élargir et se démocratiser (pour maintenir des greffes en place et aider à leur cicatrisation, par exemple), permettant ainsi leur utilisation plus fréquente à l’hôpital, mais aussi en cas d’hospitalisation à domicile. Par ailleurs, en matière de traitement par électrostimulation, l’appareil WoundEL® (Molnlycke), qui avait vocation à appliquer sur la peau des impulsions électriques en courant continu pulsé et qui a cessé d’être commercialisé en France, est remplacé sur le marché par un nouveau modèle, similaire, baptisé Posifect® et proposé par un fabricant concurrent (DTF Medical).
Prévention
Plus surprenant : destiné à prévenir des plaies, Pareplaie® (Mercure Innovation), qui ne connaît pas encore d’équivalent, vient d’arriver en France. Il s’agit d’une sorte de filet à mailles épaisses qui, enfilé autour des bras ou des jambes, permet de protéger les membres d’une personne ayant la peau fragile contre les coups, chocs, frottements, etc, explique Isabelle Fromantin. Il peut être proposé à une personne âgée un peu confuse risquant de se blesser contre son lit, par exemple.
Un produit inattendu qui a le mérite d’être original.
Les pansements du futur sont peut-être déjà nés
Une matrice extracellulaire décellularisée de peau de poisson.
- Les ingénieurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont conçu ce qui va peut-être devenir « le pansement du futur », a récemment révélé le célèbre Institut américain. Ce « pansement intelligent » est composé d’une matière adhésive, extensible, ressemblant à un gel qui peut intégrer des capteurs de température. Il est ainsi à même, en réponse aux variations de température de la peau, de délivrer de minuscules quantités de médicament, contenu dans de petits réservoirs. Des voyants lumineux s’allument si la quantité de médicament baisse et atteint un seuil critique.
- L’islandais Kerecis a conçu un pansement, ou plus précisément, une matrice extracellulaire décellularisée de peau de poisson pour le soin de plaies. Assez cher, ses produits ont obtenus le marquage CE. Sans doute finira-t-il par déposer un dossier pour les inscrire à la LPPR. Un tel type de pansement n’est pas si surprenant. En effet, en 2015 par exemple, une équipe de chercheurs chinois de l'université de médecine de Shanghai a constaté l’efficacité du collagène extrait de la peau des poissons sur la rapidité de la cicatrisation des plaies et ce, sans aucune des autres complications jusqu'ici constatées avec l'utilisation de collagène issu d'autres sources.
Laura CHAUVEAU
Cet article est paru dans le magazine de la FNI Avenir et Santé n° 442, avril 2016, p. 36/37.
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