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ÉTUDES INFIRMIÈRES

Les priorités d’Ilona Denis, présidente de la Fédération des étudiants infirmiers

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Publié le 27/11/2024

Ilona Denis, 22 ans, a remplacé Pauline Bourdin à la tête de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI). Poursuite des travaux sur la refonte de la formation et de l’universitarisation font partie de ses priorités pour l’année à venir.

ilona denis, présidente de la fédération nationale des étudiants en sciences infirmières, portrait

Élue en octobre 2024 à la tête de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI)*, Ilona Denis s'est inscrite en Master 1 en santé publique à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) de Rennes après l'obtention de sa licence en soins infirmiers. « Mais je fais une année de césure pour pouvoir m’engager pleinement dans mon mandat associatif », rassure-t-elle. D’autant qu’elle n’en est pas à sa première expérience en tant que représentante des étudiants. « J’ai commencé l’associatif en étant présidente de mon association locale à Dijon, la Corporation des Étudiants en Soins Infirmiers Dijonnais (CESID) », raconte-t-elle. Un engagement qui lui fait connaître la FNESI. En 2023, elle la rejoint et prend le poste de vice-présidente chargée des affaires sociales. « Là, je me suis beaucoup penchée sur des thématiques liées à la précarité étudiante, notamment, mais aussi aux conditions de vie des étudiants infirmiers (ESI). »

Des sujets de préoccupation qui demeurent prioritaires pour la Fédération alors que l’une ne risque guère de se résorber, notamment en raison des coûts de la rentrée universitaire qui continuent d’augmenter, et que les secondes se dégradent, entre nécessité de conjuguer formation dense et job étudiants, et terrains de stage qui manquent cruellement de tuteurs et d’encadrement.

Les mois à venir seront déterminants avec la mise en œuvre de la réforme de la formation socle infirmière.

 Les mois à venir seront « déterminants » pour la refonte de la formation

Le mandat de Pauline Bourdin a été largement dominé par les travaux autour de la refonte du référentiel de formation, qui représente l’opportunité d’accélérer et finaliser le processus d’universitarisation. « La réforme de la profession n’est pas tout à fait finalisée, celle de la formation non plus », relate Ilona Denis. « Globalement, il y a eu [au cours de l’année] énormément d’échanges, de partages d’idées pour améliorer l’universitarisation de nos formations en général et les mois à venir seront déterminants avec la mise en œuvre de la réforme de la formation socle infirmière », réagissait d’ailleurs la FNESI à l’issue de son Congrès. « Il est impératif que cette réforme puisse répondre aux besoins grandissants de la profession. »

La mise en application du nouveau référentiel de formation est en effet prévue pour la rentrée 2025. Avec l’espoir que les ESI puissent enfin être pleinement intégrés à l’université. Car depuis le lancement du processus en 2019, certaines des garanties promises par l’universitarisation ne sont toujours pas en place : accès aux services universitaires (restauration, bibliothèque…) du fait de l’éloignement entre instituts de formation (IFSI) et universités, mais aussi activités physiques en raison d’horaires d’ouverture souvent incompatibles avec ceux des ESI, répète régulièrement la FNESI. « C’est même de toute une vie étudiante dont ils sont privés, ils en sont marginalisés », déplore sa nouvelle présidente.

Une nouvelle loi pour réduire la précarité alimentaire des étudiants

Pour autant, quelques avancées semblent aller dans le bon sens, comme la loi Lévy. Promulguée en avril 2023, elle vise à réduire la précarité alimentaire des étudiants en sanctuarisant l’accès à des repas à des tarifs modérés. « Elle se décline en 3 possibilités », rappelle Ilona Denis. Soit les étudiants ont un accès à un restaurant universitaire, « auquel cas, il n’y a pas de problématique », soit ils en sont trop éloignés. « Dans ce cas, il faut construire un agrément, une convention entre le CROUS et un service de restauration collective de proximité […]. Dans le cas des ESI, il s’agit souvent de celui de l’hôpital. » En l’absence de telles offres, les étudiants peuvent percevoir une aide financière pour se nourrir, « mais sur laquelle nous n’avons pour l’instant pas d’information. À la FNESI, nous serons vigilants sur l’application de cette loi, pour que les ESI aient bien une solution d’accès à la restauration. »

Il faut pouvoir identifier le mal-être des ESI et le mettre en évidence.

Les 50 propositions de la FNESI pour la refonte de la formation

Parallèlement, la FNESI entend continuer à défendre le reste de ses 50 propositions, soumises lors de l’ouverture des travaux sur la refonte, parmi lesquelles la revalorisation des tuteurs, des stages et des indemnités kilométriques, ou encore la valorisation de l’engagement associatif. Sur ce point en particulier, « on observe une différence entre la formation infirmière et ce qu’il se pratique dans les autres filières », précise Ilona Denis. « Il y a souvent des unités d’enseignement optionnelles qui reposent sur l’engagement des étudiants et qu’ils peuvent valider. Ce qui permet parfois d’augmenter un peu les moyennes. » Or l’engagement associatif suppose de mobiliser des connaissances et des compétences en lien avec celles attendues par la formation, fait-elle valoir. « Notre enjeu, c’est que les étudiants puissent bénéficier de ces dispositifs, qu’il y ait une vraie reconnaissance. » Enfin, la FNESI prévoit de continuer à alimenter sa nouvelle application, le FNESI’GAME, pensée pour aider les étudiants à réviser, et d’organiser une nouvelle enquête sur le bien-être des ESI ; la dernière remonte à 2022 et avait mis en lumière une inquiétante dégradation de leur santé mentale et physique. « Il faut pouvoir identifier le mal-être des ESI et le mettre en évidence », puis de proposer des pistes d’amélioration.

Un ensemble de chantiers qui « prend du temps »

Reste que les sujets liés à l’universitarisation et aux conditions de vie et d’apprentissage des étudiants constituent des chantiers de taille. Et que leur mise en œuvre ne peut être que graduelle. « On sait que cela prend du temps, et que ce sont des temporalités qui nous paraissent énormes, parce que notre formation ne dure que 3 ans », souligne la nouvelle présidente de la FNESI. Mais même à petits pas, les choses progressent. « Certaines universités ont mis en place des départements universitaires en sciences infirmières », soit une avancée dans l’universitarisation. « Ce sont aussi des représentations à faire évoluer sur la place des étudiants en sciences infirmières à l’université notamment », sans oublier de se reposer sur les ESI qui s’investissent au sein des associations étudiantes infirmières en local, conclut-elle.

* lors du congrès annuel de la FNESI qui s’est tenu du 3 au 6 octobre 2024


Source : infirmiers.com