Le sinistre de la psychiatrie.

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Argrath
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par Argrath »

Tenez voici le gout de la sauce qui accompagne le travail en psychiatrie:
:fleche: http://www.meah.sante.gouv.fr/meah/uplo ... omplet.pdf" target="_blank
Que ceux qui ont lu de A jusqu'à Z sans envie de suicide ou d'acte kamikaze dans une ARH me previennent. :choque:
Ya que deux sortes d'infirmiers: les infirmiers psy et ceux qui rêvent de l'être.
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

Soins psychiatriques : Comprendre l'émotion, garder la raison
Paris, le 12 Décembre 2008

La visite du Président de la République dans un établissement de soins psychiatriques est une première à laquelle les organisations signataires ont été sensibles et chacun mesure l'importance de cet événement dans l'histoire de la psychiatrie française.

Toutefois, la focalisation excessive de l'allocution du Président de la République sur les seules questions d'ordre public et de sécurité a beaucoup surpris l'assistance rassemblant les représentants des usagers patients, familles et de la communauté professionnelle.

Aussi, les organisations signataires souhaitent rappeler que la sécurité de tous – patients, familles, concitoyens, soignants – est l'une des préoccupations constantes de la pratique soignante en psychiatrie.

Dans une mission de soins, elle y prend place d'une manière naturellement différente de celle des magistrats et des policiers mais les professionnels concernés savent que la maladie mentale peut porter la violence, surtout lorsqu'elle est mal soignée. La mesure et la prudence sont également de mise quant à la communication publique sur ces sujets, qui peut avoir un fort retentissement sur des personnes fragiles et suggestibles.

Plus généralement, il importe de souligner que l'immense majorité des 1 500 000 personnes qui chaque année ont recours aux services de psychiatrie ne présente aucun danger, vivent dans la cité et sont avant tout des concitoyens qui souffrent de leur pathologie, leurs fragilités les exposant en outre à être onze fois plus victimes de crimes violents que la population générale (Rapport de la Commission Violence et Santé Mentale- Anne Lovell – mars 2005). L'indication dans le discours présidentiel que les maladies mentales se situeraient aujourd'hui dans une trilogie de lieux possibles – hôpital, rue ou prison – reflète insuffisamment cette réalité.

C'est pourquoi, dans un esprit constructif qui permette de lever les malentendus et de promouvoir des soins psychiatriques de qualité qui sont le meilleur moyen de prévenir la violence et la première sécurité des patients, de leurs proches et de leurs concitoyens, les organisations signataires souhaitent formuler un certain nombre d'axes de réflexion et de propositions pouvant faire l'objet d'un futur projet de loi :
- Une explicitation de la politique en psychiatrie et santé mentale doit être mise en œuvre par les pouvoirs publics dans une approche globale intégrant les travaux de la Commission Couty et une réforme sanitaire de la Loi de 1990 veillant à un juste équilibre : qualité des soins, respect des libertés individuelles et légitime souci de sécurité de nos concitoyens. A cet égard, la possibilité de soins sans consentement en ambulatoire et la création de 4 UMD évoquées dans le discours du Président répondent à un réel besoin d'adaptation de notre dispositif de soins et de prévention.

- Une poursuite de l'humanisation des hôpitaux psychiatriques en matière de réhabilitation des locaux et des infrastructures dans une cohérence d'ensemble où les moyens de sécurité matériels ne remplaceront jamais un personnel compétent en nombre suffisant.

- Une spécialisation des personnels infirmiers qui depuis 1992 expriment un grand besoin de formation complémentaire et qui pose réellement la question de la transmission du savoir faire infirmier en psychiatrie.

- Des mesures spécifiques concernant la démographie médicale dans une discipline exigeant une couverture territoriale s'articulant avec l'ordre public et le respect des libertés individuelles, et où le niveau de technicité doit être à la hauteur de la gravité des décisions à prendre et des responsabilités engagées.

- Un soutien effectif des familles et des proches aidant les personnes malades.

Liste des organisations signataires
Pr Franck BAYLE
Chargé de mission médico-légale du Syndicat Universitaire de Psychiatrie(CASP)
Tél. 01 45 65 89 51

Dr Olivier BOITARD
Président de l'Union Syndicale de la Psychiatrie (CASP)
Tél 03 44 77 50 17

M. Jean CANNEVA
Président de l'Union Nationale des Amis et FAmilles de Malades psychiques (UNAFAM)
Tél 01 53 06 30 43

M. Yves-Jean DUPUIS
Président de la Fédération des Etablissements Hospitaliers et d'Aide à la Personne (FEHAP)
Tél 01 53 98 95 06

Dr Pierre FARAGGI
Président Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (CASP)
Tél 05 56 76 52 94

Mme Claude FINKELSTEIN
Présidente de la Fédération Nationale des Associations d'(Ex) Patients en Psychiatrie(FNAP-Psy)
Tél 01 43 64 85 42

Dr Yvan HALIMI
Président de la Conférence des Présidents des Commissions Médicales d'Etablissement des Centres Hospitaliers
Spécialisés
Tél 02 51 09 72 92

Dr Alain MERCUEL
Président de l'Intersyndicale de Défense de la Psychiatrie Publique (IDEPP : SPEP - SPS)
Tél

Dr Olivier LEHEMBRE
Président de la Fédération Française de Psychiatrie (FFP)
Tél

Mme PERRIN-NIQUET Annick
Présidente du Comité d'Etudes des Formations Infirmières et des pratiques en Psychiatrie (CEFI-PSY)
Tél 04 72 42 11 87

M. Roland LUBEIGT
Président de l'Association Des Etablissements participant au service public de Santé Mentale (ADESM)
Tél 01 69 92 52 52

Dr Roger SALBREUX
Président de l'Association Française de Psychiatrie
Tél 01 55 30 13 39

Pr Jean-Louis SENON
Président du Collège de Recherche et d'Information Multidisciplinaire en Criminologie de l'Université de Poitiers
(CRIMCUP)
Tél 05 49 44 57 35

Dr Pierre STAEL
Président du Syndicat des Psychiatres Français
Tél 01 42 71 41 11

M. Gérard VINCENT
Délégué Général de la Fédération Hospitalière de France (FHF)
Tél 01 44 06 84 41
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Message par SUD Montperrin »

[Info-psy] Après la nuit de Bicêtre, les ténèbres d’Antony !


Mediapart

Après la nuit de Bicêtre, les ténèbres d'Antony !

12 déc 2008 Par Paul Machto

Edition : Contes de la folie ordinaire
Marie Didier(1) a raconté dans un récit saisissant et émouvant, la vie et l'itinéraire de Jean Baptiste Pussin, l'ancêtre mémorable des infirmiers psychiatriques. Comment cet homme simple, se retrouve à Bicêtre en 1771, et va, au fil des années rendre leur dignité d'hommes aux fous enfermés, enchaînés, réduits à l'état de bêtes. Sa rencontre avec Philippe Pinel, le premier des aliénistes, va ouvrir une nouvelle ère pour un « traitement moral » des insensés.


Nicolas Sarkosy, au « nom de sa responsabilité vis à vis des victimes et de la société », constant dans son obsession depuis son passage au Ministère de l'Intérieur, maniant le simplisme et le « bon sens », ramène à l'état de dangerosité, de potentialité criminelle, les fous, les malades mentaux. Il décide, tout en faisant preuve de force dénégations, le grand renfermement, l'assimilation du malade au délinquant sous surveillance électronique, et consacre les établissements de « soins » dans une orientation carcérale et de surveillance, après, bien évidemment, une introduction démagogique à l'égard des personnels soignants dont il a mis en exergue le dévouement et l'amour du métier...
C'est à une régression intolérable que nous conduit le Président, une régression à l'époque antérieure à la Révolution Française.


Ce n'est pas la subtile distinction entre les hospitalisés d'office et les autres qui permettra d'éviter les effets ravageants d'un tel discours. Effets d'abord sur les malades qui reçoivent une image déformée de leurs souffrances, renforçant leurs peurs d'eux-mêmes, des pensées qui les assaillent, des persécutions qui les envahissent. Effets sur leur entourage, parents, enfants, voisins, qui peuvent voir leurs craintes, leurs incompréhensions, leurs inquiétudes « officialisés », par le premier élu de la Nation. Effets sur les soignants qui exercent depuis de nombreuses années dans des conditions très difficiles, confrontés parfois à des situations complexes de violence, mais aussi et surtout à un vécu de non-reconnaissance de leurs engagements thérapeutiques par un envahissement de la gestion comptable, des protocoles, et de l'administratif, politique qui avait été dénoncée en 2003 lors des États Généraux de la Psychiatrie. L'ambiance même, l'atmosphère relationnelle dans les lieux de soins vont s'en trouver contaminées.
À instrumentaliser deux faits divers, un drame qui a fait une victime à Grenoble en novembre 2008, deux horribles meurtres à l'hôpital de Pau en décembre 2004, à jouer sur la peur, ce Président provoque les pires dangers : car tout praticien, tout soignant le tient de son expérience clinique, c'est la peur qui suscite le danger, c'est la contrainte injuste et le vécu d'abandon qui provoque la violence !


Que peut signifier cette méconnaissance , ou plutôt cette volonté délibérer d'ignorer les études des experts, le rapport de la Commission « Violence et santé mentale » en 2005 ? Il faut redire inlassablement les faits : sur 51411 mis en examen dans des affaires pénales (crime ou délit) 212 ont bénéficié d'un non-lieu pour irresponsabilité mentale, c'est à dire 0,4 % des crimes et délits ! Mais par contre, la prévalence des crimes violents contre les patients psychiatriques est 11,8 fois plus importante que par rapport à la population générale. La proportion des vols à leur encontre est 140 fois plus importante !


Ce sont d'abord eux les victimes : victimes de leurs tourments, de leurs délires, de leur exclusion, de leur isolement, de leur rejet.


Nous sommes très loin, d'un tout autre discours, prononcé dans un hôpital psychiatrique, à Sotteville les Rouen, en 1981. Celui d'un Ministre de la Santé, Jack Ralite. Celui-ci s'appuyait sur la culture,, sur ce courant humaniste qui a fait la gloire de la psychiatrie française, qui avait permis par les recherches théoriques et les pratiques mises en œuvre depuis la Résistance, l'apport de la psychanalyse, des thérapies institutionnelles, des traitements psychotropes, d'insérer la psychiatrie et les malades dans la Cité, d'œuvrer pour des innovations thérapeutiques et des améliorations indéniables. De telles perspectives avaient permis alors cette alliance nécessaire entre la communauté des soignants, les administratifs et la société. Il faisait l'éloge de l'humanité des malades, inscrivait la psychiatrie dans une perspective de progrès, soutenait les soignants.


À l'inverse, ce Président fait preuve d'une incroyable suspicion à leur encontre, tenant des propos où affleure le mépris, lorsqu'il évoque que « les décisions de sortie ou de permissions ne doivent pas être prises à la légère», pour justifier des procédures administratives lourdes et complexes.


Connaît-il le travail d'équipe dans les lieux de soins, les réunions où sont discutés et élaborés les histoires cliniques des patients, où sont débattus souvent les décisions importantes par rapport aux projets thérapeutiques ... et notamment les sorties ?


Connaît-il la dérive des pratiques à l'œuvre dans les services depuis plusieurs années ? Des causes multiples et complexes ont déjà provoqué un retour à des pratiques d'enfermement et de contention que l'on croyait oubliées: pénurie d'effectifs, fermeture de lits, abandon des alternatives à l'hospitalisation, entraves administratives et budgétaires aux créations ou à la continuité d'unités de suite après l'hospitalisation, fermeture d'unités extra-hospitalières, disparition des formations spécifiques des infirmiers et des psychiatres, prééminence des approches médicamenteuses ou biologiques par rapport aux thérapies institutionnelles, abandon des patients à la rue, à la prison.
En proposant une approche sécuritaire, il vient parachever la destruction de la psychiatrie soignante, pour en faire une annexe carcérale où enfermer, surveiller, contrôler sera la triade inscrite au fronton des Directions « hospitalières ».


Certains, tout en déplorant la dimension sécuritaire, ont voulu souligner l'apport de quelques mesures.


Ce discours, parce qu'il avance une approche politique de fond qui provoque une rupture radicale avec la dimension humaine des soins psychiatriques, doit être rejeté en bloc ! Des excuses pour l'offense faite aux patients et aux soignants, devraient être exigées ! C'est une lutte pour la dignité qui doit regrouper toutes les énergies. Ensuite seulement, une concertation la plus large pourra envisager les mesures nécessaires pour des conditions d'accueil et de soins dignes et humaines, facteur d'une prévention possible qui, il faut le répéter, ne pourra jamais être totale tant le comportement humain ne peut être prévisible et l'irrationnel surgir.
Ce discours de ce sinistre 2 décembre 2008 doit nous rappeler « qu'une société se juge à la façon dont elle traite ses fous » ! Avec ce qui se met en place dans d'autres champs, notamment judiciaire, culturel, audiovisuel, économique, social (sans papiers, SDF), le fond de l'ère effraie : un Ordre Nouveau est en train de se mettre en place.

Paul Machto



(1) - Marie Didier : « Dans la nuit de Bicêtre », Ed. Gallimard 2006
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par pyocianik »

Argrath a écrit :Tenez voici le gout de la sauce qui accompagne le travail en psychiatrie:
:fleche: http://www.meah.sante.gouv.fr/meah/uplo ... omplet.pdf" target="_blank
Que ceux qui ont lu de A jusqu'à Z sans envie de suicide ou d'acte kamikaze dans une ARH me previennent. :choque:
Ben, c'est pas entièrement négatif, même si c'est un tantinet indigeste à lire. Le fait d'avoir des chiffres de fréquentation permet quand même d'avoir des arguments pour une augmentation des moyens. Moyens dont la psychiatrie manque cruellement dans certains domaines. :fache:



PS: dis mon trollichou, c'est parce que tu n'as pas aimé le fait qu'il t'ai amené une nuisette rose :wouahh:que t'as encastré le père Noël dans le mur :evacuation: :pitie: ou c'est ta déco de Noël? :hihi: :lol:
Tout ce que vous ferez sera insignifiant. C'est justement parce que c'est insignifiant que c'est important que vous le fassiez car qu'il n'y a que vous qui puissiez le faire.
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par Argrath »

Cette potentielle augmentation promise par nos dirigeants est un leurre.
Il y a un budget determiné, un point c'est tout.
C'est ce qui nous a été expliqué à l'ARH vendredi matin. Au pire on ponctionnera sur un autre budget pour le refiler à la psychiatrie, mais ces moyens en propres n'augmenterons pas.
Le MEAH sert juste à mesurer qui coute le moins cher à tous les niveaux: de l'agent, au service, à l'hopital. Et ensuite on écrème ce qui coute cher. Les moyens de mesure (AVQ, RIM-P) sont tellement mal fait qu'ils ne servent qu'a cela.
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par binoute1 »

erick a écrit :J'ai signé la pétition.

le temps de la relation d'aide dans mon service de cancéro est réduit à néant, je ne peux pas voir la psy se dégrader.

idem pour la gériatrie...
"Le psychiatre sait tt et ne fait rien, le chirurgien ne sait rien ms fait tt, le dermatologue ne sait rien et ne fait rien, le médecin légiste sait tout, mais un jour trop tard"
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

Visite éclair et sans prévenir de Bachelot au CH Ste Marguerite.
SUD était pourtant là:
:fleche: Position de SUD Santé sur les réformes de la psychiatrie
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

antochrit a écrit :Le nouvel appel de bondy est sur acpsy
Venez signer
http://www.acpsy.com/
Mais:
[Info-psy] Nouvel appel de Bondy


c'est interessant mais suppose une étude attentive de ce qui est décliné par exemple :
2-recentrer chaque secteur sur la réalité humaine d'une Cité, son assise politique. Pour cela, tous les soins doivent être présents dans le tissu de la ville et les élus locaux doivent installer, avec tous les partenaires du champ de la Santé Mentale, y compris usagers et familles, le Conseil Local de Santé Mentale
Sauf que les usagers et familles et leurs associations sont ceux qui dans les conseils d'administration soutiennent partout la politique menée actuellement par le gvt.

7-contractualiser en urgence un nombre suffisant de psychiatres libéraux pour faire face à la vacance des postes du service public (2ème pays le plus riche en psychiatres), et revaloriser le statut des psychiatres du service public
A sud on a toujours revendiqué la "nationalisation" des medecins libéraux et la fin de la libre installation. Car une contractualisation risque de se faire (comme d'hab) au prix fort et à conditions de ne pas être dans des quartiers difficieles et/ ou désertiques, etc....
8-créer une spécialisation des infirmiers 'en psychiatrie' pour leur redonner, grâce à cette identité, le 'souffle' et le dynamisme dont ils ont l'ambition et dont les patients ont tant besoin. Soutenir 'le travail d'équipe pluri professionnelle'

Je rappelle que Sud est contre la spécialisation mais pour le retour à une formation initiale en psy en Y .... la spécialisation donnant 5000 spé qui seront des experts coordonnateurs alors que nous avons besoins de professionnelles en nombre et formés au près du patient quotidiennement

11-humaniser la gestion des équipes de secteur généralistes en déléguant à chaque secteur un responsable administratif, 'à son niveau', pouvant aussi gérer les activités sociales et médico-sociales proches

Rassurez-vous ou inquiétez-vous un adminsitrtif vous l'aurez à proximité... dans le pole !
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par Argrath »

Libération 15 décembre 2008
Itinéraire meurtrier dans un système délaissé
Retour en Isère où, le mois dernier, un patient a tué un étudiant.

SAINT-ÉGRÈVE (Isère), envoyé spécial É.F.

En ces jours de décembre, il a beau neiger à Saint-Egrève, dans la banlieue de Grenoble (Isère), rien ne tient. Devant l'hôpital psychiatrique, le sol dégouline. Dans l'immense parc, il n'y a personne. Juste quelques égarés qui fument sur les marches des pavillons. Et tout au long, un mur d'enceinte. «Les murs ? Ça se saurait si ça protégeait de la folie», lâche un infirmier.

Quelques jours après la mort de Luc Meunier, l'étudiant assassiné par hasard, le 12 novembre, dans une rue commerçante de Grenoble par un malade schizophrène qui venait de fuguer de Saint-Egrève, Nicolas Sarkozy, dans un discours à Antony (Hauts-de-Seine), avait tapé du poing sur la table ; s'énervant comme il sait si bien le faire. Et avait lancé un plan de «sécurisation des hôpitaux psychiatriques». «Il veut nous enfermer à double tour», avait réagi avec véhémence la communauté psychiatrique (lire page 4).

Insuffisances. Pour autant, le président de la République n'avait pas tort sur tout. Il avait raison d'affirmer «que la fatalité avait bon dos». Car dans cette histoire de Saint-Egrève, il y a comme un condensé de toutes les insuffisances de la politique de santé mentale de ces dernières années. On voit défiler tous ces plans qui se suivent et ne sont qu'en partie appliqués : on note concrètement le manque de lits ; on constate que le personnel est désabusé, les psychiatres abandonnant le navire du public ; les malades absents et une politique publique sans la moindre cohérence.

Le Dr Pierre Muri, qui préside la commission médicale (CME) de l'hôpital de Saint-Egrève, ne décolère pas : «On se fixe sur nous. Mais allez voir comment cela se passe aux urgences en psychiatrie du CHU de Grenoble , s'indigne-t-il. Il n'y a pas de moyens, pas de lits. Bien souvent, des patients en hospitalisation d'office - donc classés dangereux pour eux ou pour les autres - vont rester 24 ou 48 heures à traîner dans les couloirs avant d'arriver chez nous.» Et de poursuivre : « Aux urgences, ce sont des médecins à diplôme étranger, deux Hongroises et deux Roumaines, qui travaillent seules dans des conditions très difficiles.» Que faire ? «C'est ça, l'état de la psychiatrie en France.»Il se tait, puis lâche : «Je ne suis pas tout à faire d'accord quand j'entends dire qu'il n'y a jamais de problèmes de violences avec les schizophrènes. Je ne dirais pas cela. Ce que je sais, c'est que bien pris en charge, il n'y a aucun problème. Mais, aujourd'hui, le sont-ils, bien pris en charge ?»

L'histoire de ce malade, Jean-Pierre G., 58 ans, schizophrène en perdition et meurtrier de l'étudiant à Grenoble, est en tout cas une succession de ratés ; avec une prise en charge au long cours totalement incohérente. Des agressions ? Jean-Pierre G. en a commis une série depuis plus de dix ans. Et il le disait. Comment comprendre sa vie ? On ne connaît de lui que ses violences. Ses deux parents étaient infirmiers psychiatriques à l'hôpital de… Saint-Egrève. Etudiant en biologie, il part, en 1980, enseigner en Algérie. C'est là, selon son avocate, qu'on lui aurait «jeté un mauvais sort» et qu'il se serait mis «à entendre des voix».

Il est malade, il délire. De retour en Isère, il est hospitalisé régulièrement, la plupart du temps à Saint-Egrève, parfois, aussi, au CHU de Grenoble. Entre deux séjours à l'hôpital, il vit dans la rue.

Quincaillerie. Dans son dossier, on dit qu'il est atteint d'une «schizophrénie paranoïde». Etonnamment, il répétera toujours la même agression. Le 8 mai 1995, il quitte en douce le CHU, où il est hospitalisé. Il va dans une rue centrale, se rend dans une quincaillerie, toujours la même, et demande «un couteau de boucher». En sortant, il se précipite sur le premier passant qu'il croise. Ce jour-là, sa victime le bouscule et s'en va. Jean-Pierre G. retourne à l'hôpital, et il recommence quelques jours plus tard. Le 10 mai, M. Duvert, agent des impôts, est très grièvement blessé. «C'était à 13 heures, je ne me suis rendu compte de rien», nous a-t-il raconté.

Une décision d'hospitalisation d'office est prise à l'égard de Jean-Pierre G., arrêté peu après. La justice décidera, trois mois plus tard, d'un non-lieu pour cette tentative de meurtre. Jean Pierre G. est alors hospitalisé pendant plus de trois ans dans une unité pour malades difficiles à Sarreguemines (Moselle). Cela se passe mal. A plusieurs reprises, il tentera d'étrangler un autre patient. Ensuite ? Il retourne à l'hôpital de Saint- Egrève et alors qu'il n'a que 50 ans, on lui trouve une place dans une maison de retraite à Miribel (Isère). En 2006, il poignarde un résident, qui décédera quelques mois plus tard. Après cette agression, Jean-Pierre G. est à nouveau hospitalisé à Sarreguemines, puis à Saint-Egrève. En mai, il bénéficie d'un non-lieu judiciaire pour l'agression de 2006. «Donc formellement, en mai, l'hospitalisation d'office dont il relevait change de nature», tente de comprendre Hervé Gerbi, avocat des parents de la dernière victime. Le préfet de l'Isère a dû recevoir un dossier pour lui prolonger son hospitalisation d'office. Ensuite, à l'automne, le préfet lui autorise deux sorties d'une heure par semaine, le mardi et le vendredi. Sur quoi s'est-il basé ? se demande l'avocat. Qu'y a-t-il dans son dossier administratif ?»

On est à l'automne 2008, à Saint-Egrève. Jean- Pierre G. y a ses habitudes. Il est en HO [hospitalisation d'office, ndlr] dans le service du Dr Pierre Cornier, un psychiatre plutôt réservé, humain, de tendance analytique. Jean-Pierre a droit à deux sorties par semaine dans le parc, autorisées par la préfecture sur avis des médecins.

Conflits. L'hôpital de Saint-Egrève ? Il va un peu plus mal que les autres. Pendant plus de vingt-cinq ans, jusqu'en 2007, il a eu un même directeur. Et il ne s'est pas passé grand-chose, si ce n'est que le nombre de lits d'hospitalisation, comme partout en France, a singulièrement baissé. Passant de 1 000 unités à 350. L'hôpital a vivoté, puis s'est rétréci. Chaque secteur de psychiatrie vivant en autarcie, au gré du dynamisme, ou non, de son médecin chef. D'autant que de sérieux conflits entre médecins ont même surgi. Certains voulant créer des unités dites de réhabilitation, d'autres s'y opposant. Résultat ? Tout s'est figé un peu plus. Les autorités de tutelle ? Elles ont laissé faire. Comme il n'y a eu aucune rénovation, le budget de l'hôpital a toujours été en équilibre. Les autorités ont ainsi supporté, sans trop d'inquiétude, que près de dix pavillons ne soient pas aux normes incendies. Ils devraient être fermés ; ils ne le sont toujours pas. Mais qui s'en soucie ?

«La violence à l'hôpital ? Elle est récente, raconte le Dr Muri. Jusque dans les années 90, il n'y avait aucune chambre d'isolement ; mais il y avait, alors, du personnel. Désormais, tous les secteurs ont leur chambre d'isolement. Mais ce qui manque, ce sont des lits. On n'en a pas assez, on a un taux d'occupation de 105 %. On jongle, on fait sortir trop vite des patients.» Un infirmier de ce secteur : «Cela fait dix ans que je fais ce métier, je l'aime. On a besoin de nos aînés, c'est l'expérience qui nous fait comprendre et deviner la dangerosité de certains patients. Les murs, ajoute-t-il, sont une fausse sécurité.» Le chef de secteur : «A Saint-Egrève, il y a autour de 30 agressions sérieuses par an. On nous dit "envoyez vos patients difficiles en UMD"… Mais il y a plus de six mois d'attente !» Ce même médecin, qui ajoute, bien abattu : «Ces derniers mois, nous avons trois médecins hospitaliers qui ont quitté l'hôpital pour s'installer dans le privé.»

A Saint-Egrève, s'il n'y a pas de postes de psychiatres vacants, c'est qu'ils sont remplacés, la plupart du temps, par des généralistes à diplôme étranger. Il y a néanmoins une trentaine de postes d'infirmiers non pourvus. Depuis six mois, un nouveau directeur tente de faire bouger les murs. Mais cet automne, sur décision de l'Agence régionale de l'hospitalisation, le CHU de Grenoble a fermé une vingtaine de lits en psychiatrie ; estimant que, de toute façon, les patients iront à Saint-Egrève. «Mais où ?» se demande le président de la CME.

De tout cela, de tous ces manques en cascade, qu'en sait-il, Luc Meunier, jeune étudiant de 26 ans ? Il va se marier, il va soutenir sa thèse. C'est un étudiant brillant. Le 12 novembre, en plein centre de Grenoble, il cherche à acheter des croissants. Un peu plus tôt, vers 9 heures, Jean Pierre G. est, lui, dans le parc de l'hôpital. Il se rend chez l'économe, prend son argent de poche. «Je le voyais souvent, on discutait, il était vraiment très gentil», raconte un agent administratif. Il devait revenir dans son pavillon à 10 heures. «Pour sortir d'un pavillon, c'est compliqué, on surveille. Mais vérifier qu'à 10 heures, le patient est bien rentré…»

«Voix». A 10 h 30, Jean-Pierre G. est loin. Il est dans la quincaillerie de Grenoble - toujours la même -, venu pour acheter «un couteau de boucher». Une semaine auparavant, il avait déjà fugué et, déjà, acheté un couteau. Quand il avait tenté de poignarder un passant, il avait été bousculé par ce dernier et était retourné à l'hôpital. Personne ne l'a su. Le 12 novembre, il ne laisse aucune chance à Luc Meunier ; le 20, il comparait devant deux juges d'instruction. Son avocate commise d'office, Danielle Toubiana, est à ses côtés. «Il était attaché, bourré de médicaments et il bavait, nous raconte-t-elle. Il dit que, depuis vingt ans, il entend une voix qui lui demande de tuer quelqu'un. Il déclare ne même pas avoir regardé sa victi me. Quand je lui ai demandé s'il regrettait, il m'a dit que non, qu'il devait le faire. Je lui ai demandé où il voulait aller ? Il m'a répondu : "Oh non, pas la prison, je veux aller à l'hôpital, je les connais bien."» Mis en examen, il a été placé en détention à Sarreguemines.

A Saint-Egrève, sur ordre de l'Elysée, le directeur a été suspendu ; le préfet remercié. Le président de la CME est perplexe : «On nous dit : "Surveillez les permissions de sortie." On en a vingt par jour. Comment fait-on ? Le Président veut que ce soit un collège de trois personnes qui décide, mais où les trouve-t-il ? Ici, il n'y a plus que deux experts psychiatres au tribunal, et plusieurs mois d'attente.»
A méditer...
Ya que deux sortes d'infirmiers: les infirmiers psy et ceux qui rêvent de l'être.
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par nnawak »

A nous de méditer mais au gouvernement d'en faire quelque chose !
Et on pourrait changer le nom de l'hopital par celui de chaque CHS de France !

+++
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par antochrit »

Que ce soit pour la psychiatrie ou pour la santé en général, ou encore mieux pour notre société, il est grand temps de dire stop à ces manœuvres de casse organisée du service public.
Aucun de nos gouvernements, et encore moins celui-ci ne semble avoir pris la mesure des répercussions de leurs agissements. Seule compte la rentabilité.

Les lycéens ont réussi a faire faire une pause à Darcos, les lycéens et les étudiants sont la plaie des gouvernements car eux sont capables de tenir le pavé autant de temps qu'il le faut.

Pour la mobilisation générale du 29 janvier prochain, en première ligne il faut que les étudiants de tous bords soient là. L'avenir du pays passe par eux.

S'il n'y a qu'un seul mouvement dans lequel s'inscrire c'est celui-ci, il faut que le message soit fort et que la crainte de l'insurrection soit réelle.

Alors à vos agendas et aucune excuse pour le 29....seule la réquisition préfectorale devrait nous empêcher d'etre dans la rue :bang: :bang2: :grab:
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par Invite1 »

antochrit a écrit : ... il faut que le message soit fort et que la crainte de l'insurrection soit réelle.
Bon alors nos dirigeants vont pouvoit dormir sur leurs deux oreilles car la crainte d'une insurection réelle de la part des soignants, et plus particulièrement de IDE, est inexistante chez nos dirigeants. Les soignants et les infirmière arrivent en DERNIER dans la liste des opposants. Les lycéens, les métallos, les imprimeurs, les agriculteurs eux, ils peuvent faire reculer le gouvernement. Pas les soignants. Ce sont des rigolos d'un point de vu politique, ils crient, ils crient, ils s'indignent et retournent sagement travailler, avec l'assentiment de la plupart des syndicats qui marchent mains dans la mains avec les directions.

La population, la psy, ça ne l'intéresse que quand elle se sent menacée, sinon la société ne veut pas entendre parler des malades mentaux, c'est bien pour ça qu'il sont mis dans des asiles. Depuis 1991, et la réforme hospitalière, tout le monde était d'accord pour réduire les dépenses en faisant sortir le maximum de patient et en réduisant le nombre de lits. Maintenent on feint de découvrir la situation.
Sarkosy a été élu pour mener un politique de droite. On a une politique de droite. Rendre l'hôpital rentable.
QUAND BIEN MEME ON RÉHOSPITALISERAIT TOUT CEUX QUI SONT DANGEUREUX OÙ LES METTERAIENT ON ET QUI S'EN OCCUPERAIT, le nombre de lit est réduit au maximum et le personnel aussi.

Sincerement vous n'avez rien vu venir depuis toutes ces années, ça m'étonne.
Invite1

Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par Invite1 »

La vraie question pour moi c'est : QUI VA DEVOIR PORTER LE CHAPEAU, QUEL LAMPISTE VA ETRE SACRIFIÉ SUR L'AUTEL DE LA RESPONSABILITÉ ?
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Re: Le sinistre de la psychiatrie.

Message par SUD Montperrin »

arguema a écrit : Ce sont des rigolos d'un point de vu politique, ils crient, ils crient, ils s'indignent et retournent sagement travailler, avec l'assentiment de la plupart des syndicats qui marchent mains dans la mains avec les directions.
Des noms! :mrgreen:

Le progrès 16/12/08

Neuf ans après le meurtre de Geneviève, infirmière en psychiatrie

Au terme de nombreuses années de procédure, les parents de Geneviève se retrouvent aujourd'hui devant le tribunal à Lyon. Ils avaient déposé plainte contre l'administration de l'hôpital de Saint-Jean-Bonnefonds.

Pour cette famille de La Talaudière, la vie s'est arrêtée le 3 juillet 1999.

Ce coup de téléphone que redoutent tous les parents, Gaston et Marie-Cécile Psomas l'ont reçu un peu avant minuit. Geneviève, leur fille aînée, infirmière en psychiatrie à Saint-Jean-Bonnefonds depuis cinq ans, venait d'être agressée par un malade. « Nous avons été prévenus six heures après les faits. Le personnel, sous le choc, voulait nous préserver. Notre fille n'a jamais repris conscience et si elle avait survécu, elle serait restée à l'état végétatif. »
Neuf longues années plus tard, le procès a lieu. Aujourd'hui, devant le tribunal administratif. Au pénal, l'action a été éteinte.

Le coupable s'est donné la mort le 12 juillet 2001, peu avant sa comparution devant la cour d'assises.
« Il avait 22 ans, rappelle la maman de Geneviève. On ne peut pas vraiment lui en vouloir car c'était un grand malade. Depuis l'enfance, il multipliait les séjours en psychiatrie. Son départ pour le centre d'internement de Cadillac en Gironde était prévu, mais en attendant qu'une place se libère, il restait à Saint-Jean-Bonnefonds, en chambre d'isolement. »

Le 3 juillet, Geneviève rentrait de vacances. « On lui avait dit qu'il était plus calme et qu'un accompagnement thérapeutique dans le parc serait judicieux ».


Pour les sorties, la décision était prise par le médecin responsable du service au cours d'une réunion hebdomadaire : « Il y avait déjà eu des menaces et des dégradations de la part du malade à l'encontre des infirmières. Notre fille avait eu ses pneus crevés et il y avait eu des départs d'incendie non élucidés dans un service. »

Pour les parents, au-delà du sous-effectif, « il y avait, en ce samedi d'été, trois infirmières pour vingt-trois malades », il n'y a qu'un responsable : le chef de ce service.

Les parents ont appris quelques années plus tard, par notre journal, que ce médecin avait été nommé responsable d'un autre service de psychiatrie dans la région : « Nous étions atterrés », expliquent-ils.

« Notre fille avait demandé à plusieurs reprises sa mutation dans un autre service. Sans succès. Ce chef de service n'était présent que le lundi matin, pour une réunion, mais il n'y avait aucun écrit, aucun suivi des dossiers. »

Gaston et Marie-Cécile Psomas ont souvent failli baisser les bras, abandonner ce combat du pot de terre contre le pot de fer que représente l'administration hospitalière. « Mais nos deux autres enfants voulaient qu'on aille jusqu'au bout.

Si on n'avait rien fait, on aurait eu l'impression d'abandonner notre fille. Elle n'est plus, mais si ce drame pouvait faire prendre conscience du manque de personnel en psychiatrie, des dangers que courent, comme notre fille, des infirmières qui se dévouent au quotidien, alors on aurait un peu de baume au cœur.

Laurence Perbey


L'agression s'est produite le samedi 3 juillet 1999


Le samedi 3 juillet 1999 à 18h20, les services de police interviennent à l'hôpital psychiatrique de Saint-Jean-Bonnefonds. Geneviève Psomas, une infirmière de 31 ans, a été agressée par un jeune malade, hospitalisé sous contrainte depuis plusieurs années.
Considéré comme dangereux, le jeune homme était placé en chambre d'isolement, avec des sorties dans le parc de l'hôpital, toujours accompagné d'un personnel soignant.
Il devait être transféré quelques jours plus tard à l'unité pour malades difficiles de Cadillac. À 17h45, une collègue, il n'y avait que trois infirmières en poste à cette heure-là, avait vu sortir Geneviève Psomas en compagnie du patient pour une promenade prévue dans le contrat de soins.
Ne les voyant pas revenir, ses collègues partaient à sa recherche et la retrouvaient, inanimée et en sang, dans l'amphithéâtre.
D'après les éléments de l'enquête, Geneviève Psomas n'ayant jamais repris connaissance, il apparaît que le patient a saisi la jeune infirmière à la gorge avant de la projeter dans les escaliers de l'amphithéâtre.
Cette chute a provoqué de très graves blessures à la boîte crânienne et entraîné des lésions cérébrales irréversibles.

Le patient, une fois son geste accompli, prenait la fuite à travers l'établissement. On le retrouvait peu après, les mains tachées de sang. Geneviève est décédée le 8 juillet.
Transféré à l'unité pour malades difficiles de l'hôpital de Montfavet, son agresseur s'est suicidé le 12 juillet 2001 quelques mois avant son procès.



Des mesures pour assurer la sécurité du personnel

La psychiatrie a été progressivement transférée à l'hôpital Nord, et Saint-Jean-Bonnefonds transformé en plate-forme d'accueil d'entreprises de haute technologie.

« À Nord, les locaux ont été adaptés, précise Hervé Chapuis, directeur adjoint chargé du pôle psychiatrie. Il y a désormais des accès directs entre les services, ce qui n'était pas possible à Saint-Jean-Bonnefonds, avec ses pavillons disséminés dans le parc. »
<p>Le secteur ados et pré-ados, est également conçu pour permettre au personnel des secteurs adultes d'intervenir, sans passer par l'extérieur, en cas de nécessité. Un couloir central facilite l'accès à chaque service, avec un système de contrôle d'ouverture des portes, réservé au personnel.

Sur la sécurité des infirmiers, chaque soignant est désormais muni d'un dispositif de protection du travailleur isolé.
L'alerte se déclenche dans trois situations : lorsque l'infirmier l'active volontairement, en cas d'arrachement, mais aussi quand il y a perte de verticalité.
Chaque soignant en est équipé et un système de repérage permet de savoir où et qui est en danger. L'alarme est aussitôt répercutée sur les autres services et sur le central de sécurité de l'hôpital : « Les appareils sont vérifiés tous les mercredis. »
Des actions de formation sur les situations de violence ont également été mises en place.
« Depuis trois ans, ajoute Hervé Chapuis, tous les nouveaux infirmiers ont un tuteur, un professionnel qui pratique depuis au moins cinq ans et peut les aider à vaincre certaines difficultés. »
Tous les mois, a lieu une réunion d'équipe, animée par un superviseur (psychiatre ou psychologue). Sous forme d'échanges d'expériences et de difficultés, c'est une sorte de retour sur l'analyse de la pratique. Sur le plan de l'effectif, en psychiatrie, à l'hôpital Nord, vingt lits sont disponibles et vingt infirmiers affectés au service.
Ils se relaient pour assurer les gardes 24 heures sur 24.
Pour finir, Hervé Chapuis rappelle que les dossiers des malades sont revus au quotidien. « Après chaque consultation, le médecin référent du malade complète son dossier médical.
De leur côté, les infirmiers font part au quotidien de leurs observations, écrites et orales, et les transmettent à la relève. Médecins et infirmiers sont en lien constant. »

Laurence Perbey
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