Violence, agressivité en psy (agression, maltraitance....)

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fanmapuce
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Message par fanmapuce »

Ce n'est heureusement pas notre lot quotidien mais quand une situation traumatisante comme celle ci se produit, nous faisons facilement appel au psycho de la victimologie. Les personnes qui en ont bénéficié trouvent que ça les aident beaucoup.
Je me laisse pousser les envies... (Tété)

C'est pendant qu'on calcule, qu'on analyse les pour et les contre que la vie passe et qu'il ne se passe rien... (Marc Lévy)
alise
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Message par alise »

Il y aurait tellement à dire... Je ne me hasarderai pas à donner mon opinion sur les patients en question, je ne les connais pas et ne connais pas le contexte. Ce que je peux dire, c'est que de telles violences ne sont jamais normales, quelle(s) qu'en soit la (ou les) cause(s).

J'ai déjà écrit pas mal sur le sujet, donc là je vais m'axer plutôt sur la formation.

Dernièrement j'ai croisé une élève qui faisait son dernier stage de psy... en gériatrie. Sous prétexte que les vieilles personnes sont démentes ! Ca n'a pourtant rien à voir avec la psy. Mais si les monitrices elles-mêmes ne le savent pas, qui va l'expliquer aux futures infirmières ? Quant au premier stage, elle l'avait fait dans une clinique privée à but lucratif. Autant dire qu'elle ne savait pas grand-chose, et le déplorait d'ailleurs.

Quand il y a eu le drame de Pau (comment ne pas y penser ?), tout le monde a dit des trucs du genre "plus jamais ça". Mais personne ne s'en donne les moyens. Et les moyens du "plus jamais ça", ça passe par une formation solide, entre autres. De toute façon on ne peut pas augmenter les mesures de sécurité à l'infini, et souvent on obtient quelque chose qui est trop astreignant et finalement injuste et irritant pour les patients ordinaires, et de toute façon pas assez efficace pour les patients "extraordinaires" comme celui de l'autre topic.

Je voudrais, à tout hasard, rappeler que la psy, ça consiste en premier lieu et essentiellement dans une observation attentive des gens, et non dans l'action. C'est LE préalable à tout abord d'une personne. On regarde, on écoute. Cela, beaucoup d'infirmiers ont du mal à l'admettre, parce que lorsqu'ils ne font rien ils ont l'impression de ne pas bosser. Pourtant c'est comme ça, en psy on bosse mieux quand on prend le temps d'observer ce qui se passe que quand on se précipite pour réagir sans connaître les gens et savoir de quoi il retourne. C'est entre autres parce que cette connaissance des patients est si essentielle que je suis opposée à l'introduction d'aides-soignants dans les services de psy. Parce que les infirmiers doivent être auprès des patients dans tous les domaines, qu'il en va de leur sécurité, de leur efficacité dans le soin, et donc de la bonne prise en charge des patients.

Ensuite, il y a des trucs simples à savoir. Par exemple, on ne rattrape pas un patient énervé qui veut à tout prix quitter le service. On ne se met pas en travers de son chemin, on le laisse sortir. On n'est pas des gardiens de taule, on est des infirmières et on n'a pas à se prendre des coups. Le patient hurle et s'agite et nous bouscule pour sortir de la chambre, on laisse faire. Il s'en va, et alors ? Soit il est vraiment très dangereux et après qu'il ait défoncé la porte du service on appelle du renfort, on alerte le psy de garde, et ensemble on voit ce qu'on fait; soit il n'est pas plus dangereux que ça et parfois le seul fait d'avoir réussi à sortir le calme, et finalement dehors ça va se passer très bien, en tout cas pas si mal. Non seulement les soignants ne sont pas des surhommes, mais encore on oublie ou on ne veut pas entendre que les patients sont parfois réellement mieux hors de l'hôpital. Tout dépend des cas, bien sûr.
Je dis cela sans vouloir aucunement culpabiliser la personne qui a réagi ainsi. Elle a évidemment voulu faire au mieux. Mais la façon de réagir dans ce genre de situation, c'est typiquement ce qui s'enseigne par l'exemple des plus anciens. Encore faut-il, comme je le disais plus haut, que les plus anciens du service soient eux-mêmes bien formés et/ou aient une solide expérience (et un brin d'intuition, aussi).

Je passe sur l'importance de l'écoute, du respect, de la qualité de l'accueil des patients. Il n'empêche que bien souvent, les conflits entre soignants et patients viennent de malentendus qui peuvent tenir à pas grand-chose, notamment souvent à l'impression qu'a le patient de n'être pas compris, pas pris au sérieux.
Evidemment, je sais qu'un bon accueil et une écoute de qualité ne peuvent guère se faire quand le service est plein comme un oeuf, rempli pour moitié de personnes qui n'ont rien à y faire, et fermé de surcroît. Je ne connais que trop bien les conditions d'hospi du secteur psy public, et je le déplore. Il n'empêche que si les infirmiers étaient de nouveau mieux formés, on pourrait éviter bien des catastrophes. Et peut-être seraient-ils à nouveau eux-mêmes davantage pris au sérieux par les psychiatres, davantage écoutés.

Voilà, j'ai fait très long, mais faire court sur ce genre de sujet, je ne sais pas. Et encore, je me suis censurée. J'ai connu trop de violences en psy pour ne pas m'en émouvoir. Mais je sais aussi maintenant comment on peut éviter ça, que de telles situations ne sont pas fatales, et j'essaie de transmettre ce que j'ai appris. Toutefois, je sais aussi qu'en psy publique le but est presque impossible à atteindre, tant il y faudrait changer de choses. Mais presque, ça fait une différence...

En tout cas, bon courage à tous ceux qui bossent dans ces services. Je sais qu'il y a aussi de bons moments, et heureusement !
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Gutts
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Message par Gutts »

Merci Alise, chacune de tes interventions m'est précieuse. :)
alise
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Message par alise »

Ben... Merci... :)
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Message par malou70 »

Gutts a écrit :Merci Alise, chacune de tes interventions m'est précieuse. :)


+1

Par fois dans les protocoles de service on trouve des incohérences.

La procédure de fugue est d'aller rechercher nous même me patient dans les alentours ou en voiture de service, en sachant que'en partant du service cela peut générer un risque pour les collegues, de plus s'est nous exposer volontairement .

Si l'on suit le protocole à la lettre, c'est essaye de recup le patient puis appel medecin de garde.

Je ne suis pas une bonne IDe car je fais l'inverse et dans certaines situations je pense que nous pouvons continuer de générer l'aggressivité du patient, et la nourrir.

Souvent sure décision médicale, il y a appel aux forces de l'ordre.

Après, la cohésion d'équipe doit être nécessaire, certains collegues peuvent vouloir s'interposer et mettre en danger, le patient, les autres patients et nous m^mes. PAs besoin de têtes brulées chez nous. je me suis déjà retrouver dans cette situation à quelques reprises avec la même personne, et bien la temporisation est difficile :roll:
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Message par nnawak »

C'est quand meme assez absurde ce protocole de fugue... Donc vous faites comment ? vous etes 3 IDE sur un roulement par exemple, 1 du service puis un d'un autre service ou 2 du meme service pour aller le chercher ? Parce que je vois le bordel que ca peut etre ! sachant que l'IDE ou les IDE qui restent doivent surement s'occuper d'appeler le médecin donc pas du tout disponible pour les autres patients... Et j'imagine pas comment ca se passe avec une equipe de 2 IDE... !

+++
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malou70
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Message par malou70 »

sur le meme pavillon 2 services et fermé et un libre pour le meme secteur
avec pour effectif par matin et AM 4 personnes pour chaque service, soit 2 IDE et 2 AS/AMP

donc en général 1 IDE et 1 AS restent dans le service, les autres partent rechercher le patient avec un collegue de l'autre étage.

Ben oui, c'est le bor*** mais c'est comme cela malheureusement
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Message par T'choupi »

alise a écrit :Ensuite, il y a des trucs simples à savoir. Par exemple, on ne rattrape pas un patient énervé qui veut à tout prix quitter le service. On ne se met pas en travers de son chemin, on le laisse sortir. On n'est pas des gardiens de taule, on est des infirmières et on n'a pas à se prendre des coups. Le patient hurle et s'agite et nous bouscule pour sortir de la chambre, on laisse faire. Il s'en va, et alors ?


Je voulais rebondir sur ce que tu dis là Alise !!
Tu fais bien de le rapeller, j'ai eu le problème ce WE.
18h00 : un patient commence à monter en balançant tout ce qui se trouvait à sa portée, essayons avec mon collègue d'aller lui parler savoir pourquoi il était dans cet état d'un coup. La dessus un deuxième patient (plus dangeureux celui ci et en HO) qui s'immisse dans la situation, très menaçant envers l'équipe et particulièrement envers moi.
Il s'est amené à 5cm de moi "soit tu m'ouvres, soit je te pète la tête", là j'avais deux solutions, soit je refusais soit j'ouvrais, autant dire que connaissant le patient j'ai ouvert.
L'histoire c'est finalement bien terminé, il a fumé sa clope et est remonté dans le service.
Je voulu juste ré-appuyer sur le fait que même en HO, même dangeureux j'ai préféré ouvrir le service, j'ai de suite apellé le MDG pour prévenir et on était prêts à faire appel aux forces de l'ordre pour le ramener.
C'était soit ça soit je refusais lui devenait aggressif, l'autre patient qui est toujours enervé en aurait profiter pour monter aussi, les autres patients auraient surement réagi aussi, et là qui sait ce qui en aurait été...

Bref j'ai fait long pour enfoncer une porte ouverte mais souvent les étudiants sont pas informés la dessus et c'est bien dommage...
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Message par patchanka »

je suis bien d'accord avec typhaine. Il ne faut jamais oublié que c'est notre santé qui passe en premier.
Tu te fais menacer, tu ouvres.
C'est l'une des premieres choses que je dis aux étudiants.
Quand des femmes discutent devant un Nespresso, c'est bien de Chuck Norris qu'elles parlent.
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Message par T'choupi »

patchanka a écrit :je suis bien d'accord avec typhaine.


Euh si c'est de moi que tu parles, moi c'est Marlène ;)
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Re: violence sur soignant en psychiatrie

Message par malou70 »

vendredi dernier, me suis rendue à la journée de l'IDE Psy de l'est.
Je m'étais préinscrite à la table ronde violence et psychose, pensant avoir quelques éléments pour améliorer mes pratiques, ben non, les seules réponses apportées à une situation de violence était la PEC institutionnelle à travers les PTI (Protecteur du Travailleur Isolé) et une formation de self sauvegarde ("pour maitriser sans faire mal, noi se faire mal") :mal:
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Re: violence sur soignant en psychiatrie

Message par dan65 »

Alice a dit : Mais la façon de réagir dans ce genre de situation, c'est typiquement ce qui s'enseigne par l'exemple des plus anciens. Encore faut-il, comme je le disais plus haut, que les plus anciens du service soient eux-mêmes bien formés et/ou aient une solide expérience (et un brin d'intuition, aussi). le seul problème, chère alice, c'est que les anciens partent :pleure: , que les turnovers sont trop importants pour recréer une véritable "culture psy" qui existait avant 1992, d'après ce que me disent les "vieux" encore présents. J'ai plus appris en écoutant, en regardant qu'en agissant (alors que mes patients -ados- m'auraient permis d'user de ma force sans trop de pb). Puisque tu parlais de Pau, une de mes collègues vient de là-bas, elle nous a confié toute sa souffrance et s'est arrêtée 2 mois (burn-out, dépression). Elle revient demain. Dans quel état ? :?
je soigne tout ce qui bouge ! Et parfois même ceux qui ne bougent pas...
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Re: violence sur soignant en psychiatrie

Message par alise »

Moi c'est Alise ! :D

Ben oui, je sais bien que les vieux inf psy quittent les services lâchement, c'est ce que j'ai fini par faire... trop de choses m'énervaient. Mais bon, c'est vrai que parfois je culpabilise... :(

Mais je me demande si la seule chose sensée à faire, du moins dans le public, ne serait pas justement de partir, pour manifester de façon efficace qu'il y a vraiment de gros gros soucis. Mais que faire des patients ? Et je me dis que les administratifs, qui déjà se demandent à quoi on sert, seraient tout contents d'avoir un prétexte pour remplacer le personnel bac+3 payé bac+2 par du personnel bac+1 voire sans bac du tout... puisque finalement ça marche quand même... (c'est vrai, sur le papier, ça marche, les entrées et les sorties se poursuivent, que le service soit bien ou mal géré, que les prises en charge soient pertinentes ou pas et les soignants formés ou non, le prix de journée rentre. Le reste, hein... du moment que ça ne se voit pas... )
Ah ! oui ! C'est ça qu'il faudrait faire, en réalité : ameuter la presse à chaque incident.

Oui, mais ça se retournerait contre les patients. Je vois déjà l'annonce de nouvelles "mesures de sécurité" à la "Alcatraz".

Ce qu'il faudrait au moins, c'est mettre de vrais bons formateurs, infirmiers psy, dans les écoles d'inf. Et pas des "cadres". Je veux dire qu'améliorer la formation en psychiatrie est si urgent que la priorité serait d'embaucher des gens qui sachent parler de la psy, sans exiger la formation de "cadre" qui ne me paraît pas indispensable dans ce cas.

Mais bon, bien sûr, ça risquerait d'enlever des infs dans les services de psy. C'est la quadrature du cercle.

Pour ta collègue psy, franchement, je serais elle je quitterais la psy. Il ne s'agit pas de fuir systématiquement, je pense que les gens qui le peuvent doivent essayer de lutter sur le terrain pour changer les choses. Mais dans son cas, c'est sa santé qui passe avant et je me dis que peut-être, faire un vrai break, quitter la psy un moment pourrait lui être bénéfique. Enfin, c'est le sentiment que ça m'inspire spontanément.
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Re: violence sur soignant en psychiatrie

Message par alise »

Bon, pour être plus constructive...

L'exemple que tu racontes, t'choupi, montre bien qu'ouvrir à ce patient, non seulement était évidemment la seule chose à faire à ce moment-là, dans ce contexte-là, mais encore que ça n'a pas eu de conséquences désastreuses, au contraire, ça a calmé le jeu, fait baissé la pression, ce qui était la priorité. Tu as donc agi en vraie professionnelle, tu t'es protégée, tu as protégé ton collègue, les autres patients et même le patient qui te menaçait. En effet, tu lui as évité de "passer à l'acte", ce faisant d'aggraver son "cas", de tomber définitivement dans la case "patients très dangereux", avec toutes les conséquences pour lui en terme de réputation auprès des soignants, de prise en charge "serrée", de médication, etc. (enfin, il était peut-être déjà dans cette case, mais ça vaut pour tous les autres patients : parfois la réaction d'un soignant, en déterminant celle du patient, a des conséquences lourdes sur l'avenir de celui-ci).

Encore une fois, on n'est pas en taule et on n'a pas pour objectif d'être "plus fort" que le patient. On est des soignants, on a pour mission d'écouter, d'apaiser, d'expliquer, et aussi de nous montrer humains et accessibles. Bien sûr cela n'exclue pas de savoir être ferme, mais à bon escient.

Les infirmiers rigides, avec qui aucune négociation n'est possible, qui refusent de céder sous prétexte que ça montrerait leur faiblesse, ne rassurent pas le patient comme on pourrait le croire, mais au contraire le stressent. Ce qui rassure les patients, c'est quand ils sentent que l'équipe est soudée, cohérente et que les différents membres s'entendent bien entre eux. C'est aussi quand ils se sentent écoutés et considérés. Mais ce n'est pas la rigidité, qui suppose qu'on n'est pas capable de s'adapter à eux, d'entendre leurs différences, leurs particularités. Avoir en face de soi quelqu'un de rigide, c'est comme avoir en face de soi un mur, et c'est très angoissant.

A moins d'avoir affaire à un manipulateur, auquel cas de toute façon la meilleure solution pour tout le monde c'est souvent de le faire sortir, "lâcher du lest", céder devant un patient énervé le soulage parfois du seul fait qu'il a été entendu -le soulage et d'ailleurs parfois aussi le déroute (ton patient qui est remonté sans problème après avoir fumé sa clope en est peut-être un exemple; j'ai l'impression qu'il n'était finalement pas si sûr de lui, peut-être aussi inquiet de ce qui allait se passer pour lui après, en tout cas un brin déstabilisé). C'est une situation beaucoup plus intéressante, qu'il faut bien sûr reprendre avec le psy, mais qui peut permettre de débloquer une prise en charge en impasse, qui peut donner envie au patient de parler enfin de ce qui lui arrive, qui peut lui donner paradoxalement plus de confiance dans ses soignants et plus d'estime. Tout dépend du patient bien sûr, mais souvent les situations qui sortent de l'ordinaire, où il se passe quelque chose d'inhabituel, sont les situations les plus riches et constructives, si on sait en faire quelque chose, réfléchir dessus, en reparler, etc.

Finalement, le choix qu'on va faire (d'ouvrir ou pas, dans ton cas) tient beaucoup à l'évaluation qu'on a de la situation, et une évaluation correcte repose en grande partie sur la bonne connaissance des gens qu'on a en face de soi et sur des notions de psychologie élémentaires.

Pour conclure, l'enjeu pour l'infirmier n'est pas d'avoir toujours le dernier mot, sous prétexte de "cadrer" (je déteste ce terme) des patients dont souvent les soignants sous-estiment considérablement les facultés. On voit d'ailleurs dans l'exemple de makab59 que deux patients "pourtant délirants" ont su voler à son secours, donc avoir dans cette circonstance concrète une attitude civique tout à fait en phase avec la réalité. Non, l'enjeu, il est toujours de trouver les ressorts pour aider l'autre au mieux, et notamment en s'appuyant sur ses ressources.
En psy le soin est une affaire d'interaction soignant-soigné, et il n'y a pas d'interaction fructueuse si les deux parties se sous-estiment, se méfient l'une de l'autre, se craignent et ne se comprennent pas.
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Re: violence sur soignant en psychiatrie

Message par nnawak »

Ce fut constructif et instructif Alise !

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