SYNDICATS

Les IPA en libéral, un "échec" : l'attaque des médecins qui indigne la profession

Publié le 06/08/2025

Quand l'Union Française pour une Médecine Libre – Syndicat dénonce un "échec" du modèle des IPA en libéral, ces derniers répondent en appelant à l'instauration d'un modèle de rémunération prenant en compte les enjeux de leur exercice. Et à mettre fin aux réactions corporatistes, qui freinent l'amélioration de l'accès aux soins.

infirmière libérale en consultation à domicile, personne âgée

Crédit photo : GARO/PHANIE

Le discours est « fallacieux », s’insurge l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (UNIPA) ; il s’agit d’une « provocation », voire d’une « manœuvre d’ingérence », s’indigne la Fédération nationale des infirmiers (FNI). La source de cette colère : une énième attaque des médecins contre la profession d’infirmiers en pratique avancée (IPA), menée cette fois par l'Union Française pour une Médecine Libre – Syndicat (UFML-S) et son président, Jérôme Marty.

Dans un communiqué, le syndicat de médecins tacle en effet le modèle des IPA en libéral, soulignant qu’avec 300 professionnels en exercice – contre 130 000 médecins libéraux – celui-ci représente tout simplement « un échec, total, indubitable ». Et d’y ajouter, pour bonne mesure, l’instauration des Communautés professionnelles de santé (CPTS), pensées notamment pour faciliter l’accès aux soins.  Dix ans après leur création, « 7 millions de Français demeurent sans médecin traitant », constate-t-il. L’UFML-S, « soucieuse des dépenses publiques et de la cohérence des politiques sanitaires », propose donc, en ce contexte de restrictions budgétaires drastiques dont les effets pourraient être particulièrement délétères pour les plus fragiles, de mettre tout bonnement fin au « financement des CPTS et des IPA ». « Des centaines de millions d’euros sont ainsi dépensés chaque année sans aucune amélioration démontrée de l’accès aux soins », avance-t-elle comme argument, dénonçant, tout de même, un report « pour des raisons économiques » des revalorisations conventionnelles pour certaines spécialités médicales sinistrées.

Un torpillage de la profession et des arguments "infondés"

De quoi provoquer l’ire chez les infirmiers. « Depuis la création de la pratique avancée, certaines corporations médicales  […] ont activement freiné le déploiement des IPA en secteur libéral » en s’appuyant sur des arguments « infondés », réagit ainsi l’UNIPA : soit des infirmiers qui seraient mieux rémunérés que les médecins – alors que le modèle libéral de l’IPA souffre justement d’un mode de financement inadapté au vu des prises en charge –, qui alourdiraient la responsabilité juridique des médecins, et qui supposent d’instaurer une vraie collaboration dont la conséquence serait de leur faire perdre du temps. La FNI, elle, voit dans cette sortie une volonté de « torpiller un dispositif utile à l’amélioration de l’accès aux soins dans les territoires » du plus mauvais effet alors qu’ont débuté les négociations conventionnelles pour les infirmiers libéraux (IDEL), qui prévoient un volet dédié aux IPA. « Ce n’est pas la prétendue inefficacité des IPA qui dérange l’UFML, mais leur indépendance grandissante et leur action très appréciée des patients chroniques. Les IPA répondent à un besoin urgent de santé publique, en particulier dans les zones sous-dotées », s’agace le syndicat, qui verrait dans leur suppression « une absurdité sanitaire ».

Mieux rémunérer les IPA en libéral pour accélérer leur déploiement

Face aux faibles chiffres d’IPA libéraux avancés par l’UFML-S, l’UNIPA préfère avancer comme explication leur modèle de rémunération actuel, incapable de prendre en compte la réalité de leur exercice. À savoir la prise en charge de patients complexes nécessitant un suivi rapproché et « chronophage », que les médecins ne sont pas en capacité d’assurer. À cela s’ajoutent l’accès direct et la primo-prescription, certes enfin cadrés par les textes réglementaires, mais qui ne bénéficient pas d’un financement spécifique. « Résultat : un infirmier libéral qui devient IPA perd environ 30 000 euros par an ». Une réalité que même Jérôme Marty reconnaît, souligne l’UNIPA.

Pour sortir de l’impasse, le syndicat réclame « une convention propre aux IPA », qui permettrait de négocier des rémunérations correspondant à un cadre d’exercice « spécifique et complexe » mêlant accès direct, complexité des cas, récurrence des consultations et responsabilité clinique. Avec un objectif : répondre justement aux besoins de soin de ces 7 millions de Français qui n’ont pas de médecin traitant. « Le déploiement des IPA, s’il dérange certains équilibres corporatistes, répond à un enjeu de société : celui d’une santé accessible, humaine, territorialisée. C’est cela, notre boussole. »

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com