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Infirmière en institut médico-éducatif : « Il y a un côté magique à aider les jeunes »

Publié le 17/02/2025

Pauline est infirmière dans un institut médico-éducatif (IME) où sont accueillis des jeunes atteints de handicap mental. Si c’est vraiment par désir qu’elle a choisi cette spécialité, son parcours pour y parvenir, n’a pas été linéaire…

Adolescent en institut médico-légal

Crédit photo : Pixabay

« Au moment de me lancer dans les études, j’ai hésité à devenir éducatrice. Pendant deux ans, en pré-stage, j’ai pu découvrir ce métier mais également celui d'infirmière en IME. C’est à ce moment-là que j’ai eu le déclic. » A 28 ans, Pauline a alors repris des études à l’IFSI dans cet objectif. Sauf que, à l’issue de cette formation, en 2007, elle décide de repousser son intégration dans un tel établissement.  « J’ai eu peur de me fermer des portes en débutant ma carrière dans un IME. J’ai pensé qu’il était important de maîtriser les soins techniques car il y en a finalement assez peu à réaliser dans ce type de structure. »

S’est alors présentée l’opportunité d’intégrer la maternité du CHU local. Elle y est restée durant cinq années très enrichissantes mais aussi très fatigantes, avec de nombreuses astreintes, notamment de nuit. Son médecin traitant lui propose alors un poste d’infirmière libérale, qu’elle accepte. « Je suis partie travailler en libéral pendant un vingtaine d’années, en ayant toujours en tête l’envie de revenir en IME. Lorsque j’ai, il y a quelques années, commencé à y chercher une place, il n’y avait pas de postes disponibles. En 2019, j'ai eu la possibilité d’y faire un remplacement de congé maternité. Puis il y a eu le Covid, des départs et j’ai finalement décroché une place à l'IME que je visais, en 2020», raconte-t-elle.

Les instituts médico-éducatifs (IME)
Les instituts médico-éducatifs sont des établissements français qui accueillent les enfants et adolescents atteints de handicap mental, ou présentant une déficience intellectuelle liée à des troubles de la personnalité, de la communication ou des troubles moteurs ou sensoriels. L’équipe encadrante a pour mission d’accompagner ces jeunes et de tout mettre en œuvre pour favoriser leur intégration dans les différents domaines de la vie, de la formation générale et professionnelle.
Cet accompagnement comporte :
•    l'accompagnement de la famille et de l'entourage habituel de l'enfant ou de l'adolescent
•    les soins et les rééducations ;
•    la surveillance médicale régulière, générale, ainsi que celle de la déficience et des situations de handicap ;
•    l'enseignement et le soutien pour l'acquisition des connaissances et l'accès à un niveau culturel optimal ;
•    des actions tendant à développer la personnalité, la communication et la socialisation.
(source : MDPH -Les instituts médico-éducatifs

Le quotidien  dans un IME

La plupart des 120 jeunes accueillis dans cet IME souffrent de déficience intellectuelle. Mais ils sont aussi de plus en plus nombreux à présenter des problèmes de comportement. N’étant pas acceptés en Section d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa), ils sont orientés vers l’IME. « Globalement, ces jeunes, qui ont entre 13 et 23 ans, sont tous assez attachants, se réjouit Pauline. Ils font face à des problématiques d’adolescents. Certains d’entre eux peuvent parfois être agités mais ce n’est pas la majorité. Même si nous avons eu effectivement le cas d'un jeune qui était scolarisé et qui a décompensé. S’en est suivie une prise en charge très difficile car aucun traitement ne fonctionnait. Et comme il n’existe plus de véritable relais en établissement psychiatrique, nous l’avons intégré. Cela s’est révélé assez lourd. »
Les jeunes sont scolarisés et pris en charge par des instituteurs détachés de l'Éducation nationale. Il existe aussi pour eux des classes externalisées en collège et en lycée. Ils suivent en outre des ateliers autour du bois, de la cuisine, etc. Les éducateurs les y accompagnent sur place en bus. 20% de ces élèves dorment à l’internat de l’IME. Les autres rentrent chez eux. L’objectif étant qu’ils arrivent, au final, avec tout cet encadrement, à partir en Établissement et service d'accompagnement par le travail (Esat), à avoir un appartement à eux, à se faire à manger et à vivre le quotidien.

Parfois ils arrivent avec un bobo et ils repartent avec un grand sourire simplement parce qu’on prend un petit peu soin d’eux.

Le rôle de l’infirmière

Dans le cadre de ce suivi, le rôle principal de l’infirmière est d'accueillir les jeunes. Elle s’occupe bien sûr de les soigner s’ils tombent, se brûlent, etc. Mais sa journée de travail comprend aussi d’autres tâches très variées. « Ce matin je suis arrivé à l’IME et me suis rendue directement en réunion d’équipe. Puis j'ai distribué les piluliers aux jeunes, raconte Pauline. Lorsque j’ai gagné mon bureau, cinq d’entre eux m’attendaient pour diverses douleurs et blessures. J’ai enchaîné par des tests de vue en prévision des visites médicales à venir. Il peut aussi m’arriver d’en accompagner un chez le dentiste ou un autre spécialiste. Faute de temps, je délègue souvent les rendez-vous médicaux externes aux éducateurs, avec lesquels nous sommes très en lien. »
Comme l’IME propose des ateliers pratiques, il arrive aussi que certains se blessent. « On fait appel au médecin traitant en cas de suture ou autres...Quand il ne s’agit pas d’urgences, poursuit Pauline. « J’ai eu une fois un jeune

Prodiguer et organiser les soins

Au jour le jour, l’infirmière distribue donc les traitements (en particulier des neuroleptiques), fait des prises de sang, pose des pansements. Elle organise les visites médicales : « Le médecin vient tous les jeudis et voit une dizaine de jeunes. Sachant que l’IME en compte 120, cela nécessite pour nous de gérer les certificats et l’ensemble du volet administratif. »
Le médecin traitant est également disponible par téléphone en cas de besoin. Et l’établissement collabore aussi avec un psychiatre. 

L’aspect humain

« Selon moi, si l’on choisit d’être infirmière en IME, c’est que l’on aime le social et que l’on est touchée par la population accueillie, conclut Pauline. Je trouve qu’il y a un côté magique à aider les jeunes. Parfois ils arrivent avec un bobo et ils repartent avec un grand sourire simplement parce qu’on prend un petit peu soin d’eux. Beaucoup d’entre eux sont issus de familles un peu "défaillantes", dans lesquelles on ne s’occupe pas nécessairement bien d’eux. Alors le fait que l’on soit bienveillant, leur fait oublier le reste. C'est un métier riche du point de vue des échanges avec les jeunes et de ce que l'on peut leur apporter. »

 

Elise Kuntzelmann

Source : infirmiers.com