Le dispositif Asalée est-il sur le fil ? Aujourd'hui plus de 2 000, les infirmiers Asalée travaillent en collaboration avec 9 000 médecins sur tout le territoire, grâce à un financement de l’Assurance Maladie. Créé en 2004, le dispositif s’appuie sur une collaboration entre médecins généralistes et infirmiers pour accompagner les patients atteints de maladies chroniques, (diabète, troubles cardiaques, asthme, troubles du sommeil...) notamment via des séances d’éducation thérapeutique.
D'importants dysfonctionnements pointés du doigt par l'IGAS
L'activité des infirmiers "très inférieure à l'objectif"
« L'activité des infirmiers (...) est très inférieure à l'objectif minimal fixé dans la convention de 2019, s'agissant du nombre de patients à rencontrer annuellement. En 2022 et 2023, moins de 10% des infirmiers satisfaisaient la condition exigée », ajoute le rapport.
Dans ce contexte, le gouvernement demande instamment à l’association de se conformer aux recommandations formulées par l'IGAS et de «remettre en ordre sa gestion et son organisation». En parallèle, les ministres ont demandé à l’association de «travailler avec un tiers indépendant, chargé de contrôler la mise en œuvre des mesures correctrices et la mise en place d’une direction opérationnelle capable de conduire les réformes nécessaires».
Un délai accordé par le gouvernement
Malgré tout, le gouvernement reste attaché à la poursuite du dispositif. À titre exceptionnel, les ministres ont proposé une prolongation transitoire de quatre mois de la convention avec l’Assurance Maladie (jusqu’à fin octobre 2025), l'Assurance Maladie qui finance l'association (cf notre encadré ci-dessous), pour lui donner le temps d’assainir sa gestion, sous réserve que l’association Asalée démontre sa volonté réelle de se réformer pour continuer à bénéficier d’un financement public.
Nous croyons dans le modèle Asalée et dans l’éducation thérapeutique, qui améliore la prise en charge des patients chroniques. Mais nous devons aussi garantir une gestion exemplaire des fonds publics.
« Nous croyons dans le modèle Asalée et dans l’éducation thérapeutique, qui améliore la prise en charge des patients chroniques. Mais nous devons aussi garantir une gestion exemplaire des fonds publics. C’est pourquoi nous demandons à l’association de se réformer », a ainsi déclaré Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. « Le dispositif Asalée constitue un levier pleinement intégré à notre politique de santé publique en faveur de l’accès aux soins, en renforçant la prévention et le suivi des patients, grâce à l’expertise des professionnels engagés. Son déploiement doit s’inscrire dans un cadre lisible, stabilisé et partagé » a souligné à son tour Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins.
Un "changement de posture" également attendu
Le rapport de l'Igas préconise aussi un «changement de posture» de l'association, dont les réponses se traduisent «plus par des invectives à l'encontre de l'administration que par l'apport d'éléments factuels» alors qu'elle reçoit «un financement par subvention publique quasi intégral dépassant les 100 millions d'euros». Dans un communiqué, la présidence d'Asalée estime pour sa part que les accusations portées sur sa gestion «au prétexte qu’elle est une démocratie sanitaire, ADN de l’association, loin de salir Asalée l’honorent, en ces temps où la démocratie sanitaire est bafouée».
L'association Asalée : un historique chaotique
- Née en 2004 dans les Deux-Sèvres, l'association a essaimé progressivement dans toute la France, apportant un service salué par l’Etat, la Cnam et toutes les études spécialisées.
- Mais en 2023, après une accélération de sa croissance, les relations se sont tendues avec l’Assurance maladie. Celle-ci fournit la totalité du budget annuel et voulait avoir plus de contrôle sur l'activité de l'association.
- Depuis la fin de l'hiver, l'association vivait au mois le mois, sans être certaine de recevoir le chèque mensuel de la Cnam lui permettant de rémunérer ses infirmières.
- Au final, la Cnam s'est engagée sur une enveloppe «de 90 millions d'euros sur 2024», et «102 millions si l'on inclut des paiements rétroactifs», a indiqué le docteur Amoros, co-fondatrice et présidente de l'association, qui permet de financer 1 550 équivalents temps plein (ETP), soit le nombre de postes actuel (certaines infirmières sont en temps partiel).
- La Cnam a indiqué de son côté que son engagement financier était de «près de 105 millions d'euros». «L'ampleur du déploiement nécessite une évaluation régulière et un pilotage rigoureux au regard des sommes engagées», a-t-elle indiqué.
Découvrez ici le rapport de l'IGAS sur le dispositif.
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