Le 4 mars c’est la Journée mondiale de l’Obésité, une pathologie dont la croissance a été quasiment exponentielle ces vingt dernières années. En 2020, l’OMS estime que le surpoids et l’obésité n’affectent pas moins de 2 milliards d’individus dans le monde. Pourtant malgré sa prévalence en hausse, cette maladie est encore mal connue du grand public. Ainsi, elle reste sujette a beaucoup de préjugés et d’idées reçues comme le démontre un récent sondage Odoxa réalisé auprès de la population.
En France, on estime que l’obésité touche 8 millions de personnes soit environ 17% de la population. Une prévalence qui n’a cessé d’augmenter vu que l’Insee indiquait que 5,3% de la population en était atteinte en 1981, puis l’enquête Obépi relevait 9,6% en 2000 et 15% en 2012. Aujourd’hui, cette pathologie causerait indirectement la mort de 180 000 personnes par an selon la Ligue contre l’Obésité. En ce qui concerne les plus jeunes, un élève en classe de 3ème sur 6 serait obèse selon les dernières données de la DREES actualisées en 2019. Plus précisément, les chiffres suggèrent que 18% des adolescents seraient en surcharge pondérale et 5% souffriraient d’obésité sévère.
Au vu de la journée mondiale de l’Obésité qui se déroule le 4 mars, Odoxa a réalisé un sondage auprès de plus de 1000 Français représentatifs de la population. Le premier enseignement que l’on peut tirer de cette enquête c’est que les citoyens ont conscience que cette maladie est un enjeu majeur puisque 84% d’entre eux estiment que c’est un problème de santé publique. Une opinion particulièrement prégnante chez les femmes et les seniors. En parallèle, 67% des sondés pensent que l’on ne se préoccupe pas suffisamment de cette question.
Obésité rime avec cliché et préjugés
Si l’on questionne le Français sur leurs connaissances concernant l’obésité, on remarque qu’ils sous-évaluent fortement la prévalence de cette pathologie : 70% d’entre eux l’évaluent à la moitié de ce qu’elle est réellement (9% versus 17%). D’ailleurs 64% d’entre eux sont persuadés qu’elle est une maladie reconnue alors que, dans les faits, elle n’est pas considérée comme une affection de longue durée (ALD).
D’une part, les Français ont parfaitement conscience pour près de 80% d’entre eux de l’impact des perturbateurs endocriniens et du fait qu’il existe des gènes pouvant favoriser l’obésité. Ils sont également 72% à savoir qu’une mauvaise qualité du sommeil est aussi un facteur de risque et 62% à connaître l’effet pervers des régimes restrictifs qui, comme l’a démonté une étude de l’Anses de 2010, provoque un effet yoyo
et potentiellement des troubles du comportement alimentaire.
D’autre part, les idées reçues ont tout de même la vie dure. 6 à 7 Français sur 10 ont déjà dit d’une personne atteinte de cette maladie qu’elle s’alimentait mal (67%) ou qu’elle ne devait pas pratiquer beaucoup de sport (58%). Or cette pathologie est plus complexe et souvent multifactorielle. Mère cruelle de nombreuses pathologies, l’obésité se révèle dramatiquement coûteuse pour les finances sanitaires des Etats qui brandissent les facteurs de style de vie comme seuls remèdes à l’épidémie mondiale. L’apport alimentaire calorique élevé et le manque d’activité physique ne peuvent, à eux seuls, expliquer l’augmentation rapide des taux d’obésité dans le monde entier
, s’agace Agnès Maurin directrice générale de la Ligue contre l’Obésité.
Plus précisément, d’autres facteurs entrent en ligne de compte et peuvent en partie causer un surpoids, voire une obésité. La génétique, les dérèglements hormonaux, le manque de sommeil, un déséquilibre microbiotique, des facteurs environnementaux comme la pollution, les perturbateurs endocriniens ou des traitements médicamenteux, un seul de ces facteurs ne suffit pas à expliquer la survenue d’un surpoids à lui seul, cette maladie se doit de bénéficier d’une approche personnalisée et multidisciplinaire afin d’assurer aux patients un suivi plus adapté. D’ailleurs la Ligue contre l’Obésité estime que la campagne du gouvernement manger moins, bouger plus
en plus de n’être pas très efficace renforce le sentiment de culpabilité ressenti par les personnes obèses ou en surcharge pondérale.
Marwa Loud, rappeuse engagée contre la grossophobie
vient de sortir un nouveau titre intitulé « Allez les gros ». Elle y tourne en dérision son surpoids avec le rappeur Naza.
Les personnes touchées par le surpoids ne prennent pas assez soin d’elles ?
Toujours d’après le sondage Odoxa, près de la moitié des Français estime qu’une personne atteinte d’obésité ne prenait pas assez soin d’elle ou qu’elle devait avoir du mal à nouer des relations amicales et amoureuses. En outre, 37% des personnes interrogées ont déjà pensé d’une personne en situation d’obésité qu’elle n’était pas très dynamique et 23% qu’elle était moins performante au travail. Pire, plus d’un Français sur dix pense qu’elle ne donnait pas une très bonne image de l’entreprise où elle travaillait.
Les statisticiens remarquent tout de même que certaines populations ont plus tendance à émettre ce genre de jugement. Les hommes notamment sont 12% de plus à estimer qu’un individu souffrant d’obésité ne prend pas soin de lui. Les cadres, les professions « intellectuelles supérieures » et les moins de 35 ans présentent également davantage de préjugés.
Ces nombreuses idées reçues qui subsistent font des personnes obèses des cibles de discrimination insidieuse ou non, et ce, dans leur vie de tous les jours. Cette « grossophobie » est bien évidemment alimentée par ces préjugés qui demeurent ancrés dans les mentalités du grand public.
D’après la Ligue contre l’Obésité, 73,7% des patients ont déclaré avoir été victimes de « racismes anti-gros ». Un pourcentage considérable qui s’explique en partie par le fait qu’une majorité de Français reste persuadée que si les personnes obèses sont malades c’est avant tout de leur faute ! En effet, 67% des sondés estiment que perdre du poids est en premier lieu une question de volonté. C’est pourquoi ils sont 55% à considérer qu’il ne faut pas hésiter à mettre une personne en situation d’obésité face à ses responsabilités
. Or, l’obésité est une maladie à causes multiples et les raisons pour lesquelles chaque individu touché par la pathologie a pris du poids méritent d’être comprises, et analysées.
Stigmatiser les personnes en surpoids soi-disant pour leur bien demeure une stratégie encore parfaitement assumée notamment aux Etats-Unis. On peut le remarquer sur les réseaux sociaux comme lors des prises de paroles publiques. Pourtant, ces fat shaming
sont loin d’être sans conséquences pour les sujets visés : l’université de Pennsylvanie a d’ailleurs démontré que les femmes les plus régulièrement montré du doigt étaient celles qui par la suite avaient le plus de difficultés à perdre du poids !
Pour en savoir plus
Plusieurs interviews de professionnels ont été réalisés par des professionnels de santé sur Acteurs de la Santé TV en prévision de cette journée
Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
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