Si la loi infirmière, votée dans la nuit du 10 au 11 mars, satisfait un grand nombre de représentants de la profession infirmière, elle ne fait toutefois pas l’unanimité. Surtout au sein des spécialités – infirmiers anesthésistes (IADE), de bloc opératoire (IBODE) et de puériculture (IPDE). Dans un communiqué, le Collectif Inter-Blocs (CIB) s’inquiète d’un texte qui a choisi de ne pas garantir la pérennité d’un exercice IBODE qu’il estime par ailleurs menacé par le décret sur le dispositif des mesures transitoires et sa formation en accéléré. En cause, le fameux article 2 de la loi, qui propose de reconnaître certains diplômes de spécialité comme relevant de la pratique avancée, qui ne répond pas du tout aux attentes des professionnels. Et ce à plus d’un titre.
Pratique avancée contre mesures transitoires
Il y aurait d’abord une absurdité à reconnaître d’un côté l’exercice IBODE comme de la pratique avancée alors, que de l’autre, l’on s’emploie à permettre à certains infirmiers en soins généraux d’y accéder après une simple formation de 21 heures (contre 2 800 heures pour un Master IBODE). « Il est incohérent de prétendre donner une reconnaissance aux IBODE en les intégrant à la pratique avancée tout en autorisant des infirmiers non spécialisés à exercer leurs actes sans formation obligatoire ni exclusivité de fonction », souligne ainsi le CIB, pointant un « double discours » qui « met en péril » la profession. Un amendement, supprimé au cours des débats à l’Assemblée nationale, prévoyait de mesurer l’impact des mesures transitoires sur l’attractivité de la formation IBODE ; sa suppression constitue « un signal alarmant » pour l’avenir de la profession et la sécurité des soins, avance-t-il.
Risques d'une "segmentation absurde"
Et ce serait également se tromper de paradigme. Plutôt qu’une reconnaissance en pratique avancée, il vaut mieux protéger et valoriser les compétences spécifiques des IBODE, poursuit le Collectif. « Il est inquiétant de voir que certaines organisations ouvrent grand la porte à la pratique avancée, alors qu’on les attendait sur d’autres sujets fondamentaux bien avant cela. » L’article 2 de la loi infirmière fait craindre « une segmentation absurde » de la spécialité, qui doit déjà composer entre les IBODE issus d’un institut de formation et les différents profils d’infirmiers en mesures transitoires. « Cette complexification n’apportera rien d’autre qu’un flou juridique et organisationnel, au détriment des professionnels et de la sécurité des patients », argumente-t-il.
Le CIB n’est pas la première organisation d’infirmiers de spécialité à s’opposer à cet article 2. Quelques jours après le vote de la loi à l’Assemblée, le Syndicat national des infirmiers anesthésistes (SNIA) faisait déjà part de son inquiétude. Une extension artificielle de la pratique avancée risquerait de diluer les compétences et les spécificités de chaque spécialité infirmière, affirmait-il notamment.
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