Depuis le 26 novembre 2025, les soignants du CHRU de Tours sont en grève et affirment ne plus croire au projet de réorganisation annoncé par la direction de l’établissement. Pour eux, la situation nécessite des réponses immédiates. Ils dénoncent notamment, au micro de La Nouvelle République, une charge de travail trop importante, des patients beaucoup plus complexes qu’il y a quelques années et une multiplication de tâches annexes comme la gestion pharmaceutique, la formation des étudiants ou la révision des protocoles. Beaucoup disent être arrivés à un niveau d’épuisement qu’ils estiment dangereux pour la qualité des soins.
Des besoins en personnel urgents
Afin de soulager les équipes, les personnels demandent l’ajout d’un infirmier et d’un aide-soignant dits «de coupe», dont les horaires chevaucheraient les équipes du matin et du soir et qui n’auraient pas de patient attitré. Ces renforts permettraient notamment d’assurer les transferts et de fluidifier l’activité. La direction aurait indiqué, début décembre, qu’elle approuvait l’idée d’un renfort infirmier, mais uniquement dans le cadre de la réorganisation globale qui ne verra le jour qu’au printemps, ce que les soignants jugent beaucoup trop tardif.
Dans une déclaration commune transmise par la CGT, les équipes mobilisées affirment que les infirmières, aides-soignantes et les agents hospitaliers sont tous confrontés aux mêmes conditions dégradées. Elles dénoncent un établissement qui, selon elles, affiche une belle image en façade mais où les agents «donnent jusqu’à ne plus pouvoir». Certains racontent qu’on leur répond «on ne vous retient pas !» lorsqu’ils évoquent l’idée de partir, ce qu’ils interprètent comme une forme de mépris et une preuve supplémentaire du fossé entre la communication institutionnelle et la réalité vécue.
De nombreux services concernés
La CGT souligne que les difficultés touchent de nombreux services, à commencer par la psychiatrie où elle demande le maintien des postes infirmiers, la réouverture des 84 lits fermés et un effectif adapté aux besoins des unités de Surveillance Continue Chirurgicale (USCC) et de Réanimation traumato-Chirurgicale (URTC), actuellement en grève. Le syndicat réclame également un renfort pérenne pour l’Ermitage (Soins de Suite et de Réadaptation), un service fragilisé par l’absence de remplacements, ainsi que des moyens supplémentaires pour le service de Médecine Interne Post-Urgences (MIPU), avec le maintien du poste transverse et des équipes dûment formées pour les blocs du troisième étage et l’Unité de Diagnostics et de Thérapeutiques Ambulatoires (UDTA). En pneumologie, en chirurgie digestive et à l’hôpital de Clocheville, les soignants demandent du personnel en nombre suffisant et l’achèvement des travaux, estimant que le service pédiatrique est laissé dans des conditions indignes qui impactent l’ensemble de l’hôpital.
Selon les syndicats, les sous-effectifs et les fermetures de lits entraînent un engorgement des urgences, des retards de diagnostic, des attentes interminables pour les patients. À cela s’ajoutent l’augmentation des tensions, la fatigue extrême des équipes, les arrêts maladie non remplacés et même des démissions. Les personnels mobilisés affirment avoir besoin de réponses concrètes et demandent à la direction de prendre en considération chacune de leurs revendications afin d’enrayer une dégradation qui, selon eux, met aujourd’hui en péril autant les soignants que les patients.
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